Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > PALESTINE AU COEUR

Eclairage

PALESTINE AU COEUR

par Philippe Lewandowski

mardi 29 janvier 2008

DE LA DIFFICULTÉ
ET DE LA NÉCESSITÉ
ÉTHIQUE ET POLITIQUE
DE DÉVELOPPER UN MOUVEMENT DE MASSE
DE SOUTIEN AU PEUPLE PALESTINIEN

Ceux d’entre nous qui se souviennent de l’écho imposant rencontré par les initiatives en faveur du syndicat ouvrier polonais Solidarnosc interdit par le général Jaruzelski, ou encore de la popularité réelle dont bénéficiait le mouvement d’opposition à la guerre du Vietnam, ne peuvent que s’interroger sur la faiblesse persistante qui affecte depuis 40 ans les tentatives de défense de la cause palestinienne.

Rechercher les causes de cette faiblesse se révèle donc indispensable pour espérer parvenir à la surmonter, car il ne suffit pas de dire, ainsi que l’écrit à juste titre le journaliste israélien Gidéon Lévy, que l’année juive écoulée (5767) a été relativement calme :

Seulement 457 Palestiniens tués et dix Israéliens - selon l’organisation B’Tselem - y compris ceux qui ont été tués par des roquettes Qassam. Moins de tués que la plupart des années précédentes, mais cela aura été une année terrible : 92 enfants palestiniens tués (aucun enfant israélien n’a, par chance, été tué par les Palestiniens, malgré tous les Qassam). Un cinquième des Palestiniens tués sont des enfants et des adolescents - une proportion dont il n’y avait quasiment pas eu d’exemple.

Les médias occidentaux oublient de s’indigner, la société israélienne, dans sa majorité, refuse de s’en préoccuper, les organisations politiques palestiniennes semblent passer leur temps à se combattre, voire à s’entretuer. Les diplomaties franco-américaines préparent l’opinion à une guerre contre l’Iran.

Ainsi que l’écrit Ali Abunimah,

La propagande israélienne et américaine, adoptée maintenant aussi par l’Union Européenne, tente d’obscurcir cette compréhension fondamentale que la Palestine est un combat pour la libération d’un peuple colonisé.

Il faut donc revenir sur cette compréhension fondamentale, l’expliquer et la faire connaître. Et c’est là que commencent les difficultés. Car que cachent les discours sur « le droit d’Israël à se défendre » ? D’abord, et avant tout, la nature de l’agresseur : tous les historiens dignes de ce nom reconnaissent maintenant que la responsabilité de la guerre des six jours et des 40 ans d’occupation qui s’ensuivent doit être attribuée à Israël. La mansuétude extraordinaire dont profitent les colonisateurs est due à une combinaison de propagande particulièrement efficace et de pressions insoutenables sur toutes les voix qui pourraient s’avérer discordantes.

Il importe d’ajouter que l’oppression subie par le peuple palestinien n’a fait que s’accentuer au fil des années : mépris israélien des résolutions de l’ONU, assassinat ou emprisonnement de tout ce qui pourrait devenir une direction (et donc une perspective) politique, poursuite de l’implantation des colonies, humiliations quotidiennes, construction d’un mur dit de protection, maltraitances sanitaires et sociales, sanctions économiques, nettoyage ethnique, longue est la liste, dont chaque titre peut donner matière à un article entier, des exactions commises par « la seule démocratie du Proche Orient » (mais pour une seule partie de sa population), qui, paradoxalement, n’a pas hésité à user de la force envers deux gouvernements issus d’élections reconnues libres par les observateurs internationaux, mais dont les résultats ne plaisent pas aux les gouvernementaux occidentaux : le Liban (guerre des 33 jours) et la Palestine (dont une partie des députés et du cabinet initial sont toujours détenus dans les geôles israéliennes).

S’il est vrai que la politique des principales organisations palestiniennes (Fatah et Hamas) ne suscite pas l’enthousiasme, il n’en est pas moins tout aussi vrai que la réalité de leur action est systématiquement déformée par les médias : qui donc a entendu parler de la tentative de coup de force de Mohammed Dahlan à Gaza ?

Le but de cet article n’est cependant pas de s’ériger en analyse de l’orientation politique des organisations palestiniennes. Son objectif est en effet d’attirer l’attention sur la situation de la population palestinienne :

Les gens, enfermés par les exclusions réciproques, fatigués des luttes fratricides et déçus par les partis, préfèrent pour la plupart s’abstraire du jeu politique plutôt que de miser sur une troisième voie. Ils connaissent la responsabilité de la communauté internationale dans leur misère, ils n’oublient pas l’occupation qui, de toute façon, se rappelle à eux tous les jours mais, pour l’instant, ils ne voient que le désastre quotidien et critiquent les dirigeants qu’ils ont, quels qu’ils soient.

Tout comme il n’était pas nécessaire d’être en accord avec l’intégralité du programme du parti communiste vietnamien pour soutenir la résistance du peuple vietnamien contre l’agression américaine, tout comme il n’était pas nécessaire d’être en accord avec l’ensemble du programme de Solidarnosc pour défendre un syndicat ouvrier interdit par la bureaucratie polonaise, il n’est pas nécessaire d’être en accord avec le Hamas ou avec le Fatah pour œuvrer en faveur de conditions de vies décentes et humaines pour le peuple palestinien.

La discrétion médiatique n’atteint heureusement pas les sites internet dont deux sont particulièrement riches en informations :
• Celui de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien relate surtout les actions concrètes de solidarité existantes : http://www.protection-palestine.org/
• Info-Palestine donne de son côté nombre d’informations et d’analyses de la situation sur le terrain : http://www.info-palestine.net/

Les deux sites offrent également des liens électroniques permettant d’approfondir les recherches.

Pour (re)devenir crédible, la gauche se doit de mener aussi ce combat et surtout…ne pas se tromper de camp. Le politique, ici, est rattrapé par l’éthique.

Philippe Lewandowski

(Démocratie & Socialisme 149, novembre 2007)