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Pavlovisme politique ! (ndlr)

Apporter la Mort et la Destruction aux Musulmans

par Paul Craig Roberts - Counterpunch

mardi 22 janvier 2008

Après avoir cédé, la semaine dernière, aux exigences du gouvernement de droite du Premier ministre israélien Ehoud Olmert, le président des Etats-Unis, George W Bush, est allé porter la campagne israélo-néoconservatrice contre l’Iran aux pays arabes. Paraissant aussi authentique que le « Singe Philippin »[1], Bush a dit aux pays arabes que « l’Iran est le principal Etat du monde qui soutient la terreur » et que « les actions de l’Iran menacent la sécurité des nations partout dans le monde ».

Cela n’a eu aucun effet. Tous les pays du monde, à l’exception de l’Amérique, savent désormais que les Etats-Unis sont le premier Etat du monde à soutenir la terreur et que la campagne des néoconservateurs pour l’hégémonie américaine sur le monde menace partout la sécurité des nations. Mais avant d’aborder ce sujet, regardons d’abord ce que Bush entend par « terroriste » et soutien de l’Iran au terrorisme.
Bush considère que l’Iran est le principal Etat qui soutient la terreur, parce que l’on pense que l’Iran finance le Hezbollah au Liban et le Hamas dans le ghetto palestinien. Le Hezbollah et le Hamas sont deux organisations qui existent à cause de l’agression d’Israël contre la Palestine et le Liban. Ces deux organisations sont désignées comme « terroristes » parce qu’elles résistent contre le vol par Israël de la Palestine et contre les desseins d’Israël au sud du Liban. Ces deux organisations sont des organisations de résistance. Elles résistent à l’expansion territoriale d’Israël et cela fait d’elles des organisations « terroristes ».

Elles sont terroristes parce qu’elles ne reçoivent pas des milliards de dollars d’armement en aide militaire étasunienne et qu’elles ne peuvent pas placer des armées sur le terrain, avec des chars, des avions et des hélicoptères de combat, soutenus par les satellites espions étasuniens et les armes nucléaires israéliennes - bien que le Hezbollah, une petite milice, ait vaincu par deux fois l’armée israélienne. Cependant, la Palestine est si complètement sous les bottes israéliennes que le Hamas ne peut résister qu’avec des poseurs de bombe suicides et des roquettes obsolètes. Il est malhonnête d’accuser la réponse terroriste et pas les politiques qui provoquent de telles réponses.

Les Etats-Unis sont en guerre en Irak, parce que les néoconservateurs veulent débarrasser Israël des gouvernements musulmans - l’Irak, l’Iran et la Syrie - qui ne sont pas des substituts américains et, par conséquent, sont prêts à financer la résistance palestinienne et libanaise contre l’agression israélienne. Israël, protégé par les Etats-Unis, a désobéi pendant quatre décennies aux résolutions de l’ONU et a méthodiquement fait sortir les Palestiniens de Palestine.
Les Américains ne pensent pas qu’eux-mêmes ou Israël sont des Etats terroristes, mais les preuves sont complètes et accablantes. Grâce à la puissance du lobby d’Israël, les Américains ne connaissent que la version israélienne de l’histoire, qui est que ces diables de Palestiniens antisémites ne laisseront pas les Israéliens irréprochables vivre en paix et qu’ils persistent dans leurs attaques terroristes injustifiées contre un Etat israélien innocent.

Pourtant, les faits diffèrent remarquablement de la propagande du Lobby d’Israël. Israël occupe illégalement la Palestine. Israël envoie des bulldozers dans les villages Palestiniens et détruit des maisons palestiniennes, tuant à l’occasion une militante américaine dans le processus et arrache les oliveraies palestiniennes. Israël coupe les villages palestiniens de l’eau, des hôpitaux, des terres agricoles, de l’emploi et des écoles. Israël construit des routes spéciales à travers la Palestine que seuls les Israéliens peuvent emprunter. Israël établit des barrages partout pour faire obstacle au déplacement des Palestiniens vers les hôpitaux, les écoles et entre les enclaves ou ghettos. De nombreux Palestiniens meurent de l’incapacité à passer aux barrages pour recevoir des soins médicaux. Israël construit des colonies illégales sur les terres palestiniennes. Les « colons » israéliens sionistes prennent sur eux d’évincer les Palestiniens de leurs villes et villages afin de les convertir en colonies israéliennes. Un immense mur a été construit pour séparer les terres palestiniennes volées des ghettos palestiniens restants. Les soldats israéliens tirent sur des enfants palestiniens dans les rues. Tout comme le font les « colons » israéliens sionistes.

Tout ceci a été documenté tant de fois par tant d’organisations qu’il est pathétique que les Américains soient si ignorants. Par exemple, des groupes israéliens pacifistes comme Gush Shalom ou le « Comité Israélien Contre les Démolitions de Maison » de Jeff Halper fournissent une documentation abondante sur le vol par Israël de la Palestine et sur la persécution des Palestiniens. A chaque fois que les Nations-Unies votent une résolution condamnant Israël pour ses crimes, les Etats-Unis mettent leur veto.

Le film des Comités pour l’Aide de l’Agriculture Palestinienne, « The Iron Wall » [Le Mur de Fer], révèle l’énormité des crimes d’Israël contre la Palestine.

Le Président Jimmy Carter a essayé d’apporter la paix au Proche-Orient, mais il a été entravé par Israël. Carter a été diabolisé par le Lobby d’Israël pour avoir appelé franchement cette situation qu’Israël a créée, un « Apartheid ».[2

Des historiens, y compris les meilleurs historiens israéliens, tels que Ilan Pappe, ont documenté « Le Nettoyage Ethnique de la Palestine », titre du livre d’Ilan Pappe, publié en 2006.

Des Israéliens, comme Uri Avnery, un ancien membre de la Knesset, sont des détracteurs plus forts de la politique d’Israël vis-à-vis de la Palestine que ceux que l’on peut trouver en Amérique. Le quotidien israélien Haaretz est plus franc dans sa critique de la politique d’Israël que n’importe quel journal oserait l’être en Amérique ou en Europe.
Mais cela ne sert strictement à rien dans une Amérique dont les cerveaux ont été lavés et où les Israéliens sont toujours les bons et les Arabes toujours les méchants.

L’ignorance des Américains met la politique étrangère des Etats-Unis au service d’Israël. Ainsi qu’Uri Avnery l’a écrit dans CounterPunch, le 14 janvier 2008[3], un visiteur d’une autre planète, qui aurait assisté à la dernière conférence de presse à Jérusalem, aurait conclu qu’Olmert est le dirigeant de la superpuissance et que Bush est son vassal.
Les Américains ne savent pas ce qu’est la terreur. Pour savoir ce qu’est la terreur, on doit être Palestinien, Irakien ou Afghan. Layla Anwar, une blogueuse irakienne, décrit ce qu’est la terreur. La terreur, c’est des familles qui participent à un mariage et qui sont réduites en morceaux par une bombe ou un missile américain et les survivants qui sont mis en pièces lors des funérailles des jeunes mariés. La terreur, c’est des soldats qui fracturent votre porte au milieu de la nuit, plaçant des armes à feu sur votre tempe et emportant frères, fils et maris en leur mettant des sacs sur la tête et qui reviennent violer les femmes qui se retrouvent sans protection.

La terreur, c’est être plongé dans l’eau dans l’un des donjons de torture de l’Amérique. La terreur, c’est « lorsque vous courez d’hôpital en hôpital, de prison en prison, de milice en milice pour chercher les êtres qui vous sont chers, seulement pour les reconnaître grâce à leurs plombages dentaires dans une morgue ».

Pour les peuples qui sont visés par l’hégémonie américaine, la terreur c’est réaliser que les Américains n’ont aucune conscience. La terreur est le manque de médicaments à cause des embargos américains qui ont conduit à la mort de 500.000 enfants irakiens. A la question de Lesley Stahl lui demandant si la politique américaine valait la mort de ces enfants, Madeleine Albright, la secrétaire d’Etat de Bill Clinton, a répondu : « Oui, je crois que le prix en vaut la peine ».

Dans les esprits faibles du Crétin de la Maison Blanche et de ses supporters immoraux, les morts massives dont l’Amérique est responsable, y compris celles infligées par Israël, n’ont rien à voir avec l’inimitié musulmane vis-à-vis de l’Amérique. A la place, les Musulmans nous haïssent pour notre « liberté et notre démocratie », la véritable menace d’où viennent les mesures d’Etat policier de Bush et les élections volées.

Il y a une controverse sur le nombre d’Irakiens tués ou assassinés par l’invasion illégale de Bush, un crime de guerre selon la norme de Nuremberg, mais tout le monde s’accorde à dire que le chiffre est très élevé. De nombreuses morts résultent du bombardement américain de populations civiles, comme les Israéliens l’ont fait au Liban et le font [en ce moment-même] à Gaza. Il n’y a rien de neuf au sujet de ces bombardements. Le Président Clinton a bombardé les civils en Serbie afin de dicter la politique à la Serbie. Mais lorsque les Américains et les Israéliens bombardent d’autres peuples, ce n’est pas de la terreur. Ce n’est de la terreur que lorsque les Etats-Unis ou Israël sont attaqués en représailles.

L’attaque aérienne par Israël contre des immeubles d’habitation à Beyrouth n’est pas de la terreur. Mais lorsqu’un Palestinien met une ceinture d’explosifs et se fait sauter dans un café israélien, c’est de la terreur. Lorsque Clinton bombarde un train serbe de passagers, ce n’est pas de la terreur, mais lorsqu’un explosif enterré fait sauter un char américain quelque part en Irak, c’est de la terreur.

Les agresseurs ont toujours des excuses pour leur agression. Hitler était expert ! Comme le sont les Etats-Unis et Israël.

Malheureusement pour le monde, il y a peu de chance que cela change en Amérique ou en Israël. Les candidats présidentiels (Ron Paul et Dennis Kucinich) qui apporteraient le changement à Washington, sans lequel il n’y aura aucun changement en Israël, ne sont pas dans la course pour la nomination de leur parti. Ainsi que John J. Mearsheimer l’a fait remarquer le 12 janvier, les candidats en lice sont autant inféodés au Lobby d’Israël que Bush. Ces candidats sont des clones de Bush, aussi fortement engagés que Bush pour l’hégémonie, la guerre, Israël et le pouvoir exécutif.

L’exception possible est Obama. S’il est une exception, cela fait de lui une menace pour les autorités et, comme nous l’avons peut-être observé dans les primaires du New Hampshire, les machines électroniques à voter Diebold fournies et programmées par des Républicains peuvent être aisément truquées pour l’empêcher d’obtenir la nomination démocrate.[4] Hillary ne résistera pas aux souhaits d’Israël et la présidence de son mari a bombardé à volonté ses victimes diabolisées.
Il n’y a pas de différence fondamentale entre les candidats ou entre les candidats et George W Bush. Le Gouverneur de l’Alabama, George Wallace, le candidat à la présidence d’un troisième parti qui a étonnamment bien réussi, déclarait déjà en 1968, « Il n’y a pas dix centimes de différence entre les partis Démocrate et Républicain ». Aujourd’hui, quatre décennies plus tard, il n’y même pas un seul centime de différence entre eux, pas une feuille de papier à cigarette ! Ces deux partis se sont révélés être des partis belliqueux favorables à l’Etat policier. La Constitution des Etats-Unis a peu d’amis dans la capitale.
Notes :

[1] En référence à la personne qui harcèle par radio les navires dans le Détroit d’Ormuz et dont le nom de code donné par les Etats-Unis est « Filipino Monkey »

[2] « la politique d’Apartheid d’Israël est pire que celle de l’Afrique du Sud », par Jimmy Carter (Haaretz, 11 déc. 2006)

[3] « Les mains d’Esaü », par Uri Avnery (CounterPunch, 14 janvier 2008)

[4] « Hillary a-t-elle vraiment gagné dans le New Hampshire ? », par Dave Lindorff (CounterPunch, 11 jan. 2008)

Questions Critiques - Version française à : http://questionscritiques.free.fr/e...
Version anglaise à : http://counterpunch.org/roberts0117...
Traduction : Jean-François Goulon