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Paix et Justice au Moyen-Orient (volet N° 63)

Aujourd’hui : Le carcan colonialiste ou la liberté ?

Notre rubrique géopolitique

lundi 3 décembre 2007

Strasbourg,, le 02 décembre 2007

Quel sera le jugement de l’Histoire sur Mahmoud Abbas ?

La participation de la Syrie à la réunion d’Annapolis a donné lieu à d’innombrables commentaires : satisfaisants pour le camp colonialiste, inquiétants pour le camp anti-colonialiste.

Faut-il rappeler que, jusqu’en novembre 2006, date des élections à mi mandat aux Etats-Unis, la Syrie était « persona non grata » de la scène politique internationale. L’Occident avait transformé la Syrie en « peste » non fréquentable et souhaitait « résoudre » les problèmes du Proche-Orient sans la participation de la Syrie. La Syrie fut critiquée et soi-disant « isolée » hermétiquement par Chirac, « porte- parole » de la famille des Hariri, ses intimes et richissimes « amis » libanais, ainsi que par G.Bush, l’actuel président américain. Voilà pourquoi l’invitation de la Syrie à la réunion d’Annapolis est en soi une victoire du camp anti-colonialiste. C’est, une fois de plus, le signe de l’échec de la politique unilatérale occidentale qui prend le Moyen-Orient pour sa « chasse gardée ». C’est le signe que « les temps ont changé » et que rien ne peut se faire sans la participation du camp anti-colonialiste, force montante de la région.

Tout en condamnant la politique répressive du gouvernement syrien, force est de constater que l’actuelle classe dirigeante syrienne tient farouchement à l’intégrité territoriale et à la souveraineté politique du pays et sa victoire est due, avant tout, à son appartenance au camp anti-colonialiste, formé de divers mouvements de résistance et de l’Iran, pays qui renforce sa puissance militaire et développe son réseau d’influence régionale.

En acceptant le carcan colonialiste, la Syrie aurait-elle une meilleure chance pour récupérer le Golan ? L’expérience montre que, sur la scène diplomatique mondiale, on ne peut rien obtenir sans établir un rapport de force militaire et diplomatique.

Quant au Fatah de Mahmoud Abbas, qu’a-t-il obtenu en pliant l’échine devant les colonialistes américano-sionistes ? Rien que des promesses. La constitution de l’Etat palestinien, promise pour 2005, est reportée aux calendes grecques. Tandis que la colonisation de la Cisjordanie se poursuit, rendant impossible la continuité territoriale, donc, la constitution d’un Etat palestinien viable. Une fois dans les bras du colonialiste, Mahmoud Abbas, président affaibli de l’Autorité palestinienne, sans véritable poids politique et militaire, perd son autonomie et sa personnalité, se prête à toutes les compromissions et finira par accepter un « bantoustan » qui ne sera même pas nommé « Etat palestinien ». En revanche, il sera « honoré » du titre accablant d’« ami » respectable de l’Occident !

Une armée puissante représente la colonne vertébrale d’une politique indépendante et souveraine. Alors, les colonialistes commencent par désarmer l’« Autorité palestinienne ». « Le général américain James Jones a été nommé, mercredi, envoyé spécial de la secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, pour superviser notamment la réorganisation des services de sécurité palestiniens » (Le Monde du 30/11/07). Que restera-t-il de Mahmoud Abbas, sans véritable armée et transformé en pantin, car mis sous tutelle américaine ? Quel sera le jugement de l’Histoire ?

Tous les pays « amis » moyen-orientaux des Etats-Unis portent le carcan colonialiste. En effet, les « experts militaires américains » sont présents à tous les échelons des armées « amies », en particulier dans les états majors. Est-ce cela que cherchent les Syriens ? Pas si sûr, conscients qu’une fois acceptée le carcan américain, ils perdront, comme les Egyptiens, leur souveraineté politique.

La libération du Golan peut attendre. La discussion peut continuer en attendant le renforcement du potentiel militaire du camp anti-colonialiste qui porte chaque jour des coups mortels aux armées occidentales, sources d’insécurité, discréditées, en déliquescence, perdant du terrain en Irak, en Afghanistan et au Liban.

A en croire Oxfam, l’organisation non gouvernementale britannique, « les 55000 soldats de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) de l’OTAN et de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis contribuent à l’insécurité en Afghanistan, qui s’est « nettement aggravée » depuis 2006 » (LM du 25-26/11/07). Toujours selon Oxfam : « Sur 1200 civils morts, « environ la moitié ont été tués dans des opérations des forces internationales et afghanes » ».

La résistance afghane tire profit des bombardements aveugles et de la brutalité des forces occidentales qui poussent la population dans les bras de la résistance. Le même phénomène s’observe en Irak, où l’armée américaine, démoralisée, et les mercenaires étrangers tirent sur tout ce qui bouge. Tandis qu’au Liban « les sous–munitions israéliennes continuent de tuer (…) En un peu plus d’un an, les démineurs ont désamorcé ou fait exploser plus de 130000 sous-munitions. Un chiffre énorme, mais qui apparaît dérisoire au regard d’un million de sous-munitions non explosées » (LM du 13/10/07). A quand un tribunal international pour juger les armées occidentales et israélienne pour des crimes commis contre l’humanité ?

Les pays du Moyen-Orient tiennent à leur souveraineté ; la résistance à la persécution coloniale ne fait que gagner en intensité. Les jeux ne sont pas faits, ni en Palestine ni au Moyen-Orient. En difficulté, les gouvernements allemand et français se rapprochent des Etats-Unis. Camp colonialiste contre camp anti-colonialiste.

Laurent Zecchini, journaliste, révèle dans Le Monde du 29/11/07 qu’avec le missile Achoura, un missile à propulsion solide, l’Iran a fait un « saut technologique et stratégique important (…) cela lui confère un avantage dissuasif ». L’« équilibre de la terreur » continue son chemin. La bataille sera longue

Le comité de rédaction