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Chronique de l’occupation fasciste de la Palestine

Vendredi, 30 novembre 2007

vendredi 30 novembre 2007

La réunion d’Annapolis a été d’une telle brièveté que les innombrables articles rédigés à son sujet un peu partout dans le monde, soit la veille, soit le jour même de son ouverture...............ont été publiès et rediffusés........alors qu’elle était déjà close.

Il est intéressant de prendre connaissance « à posteriori » d’un certain nombre de ces articles et de mesurer le fossé abyssal qui sépare le contenu de leurs souhaits et espérances des résultats obtenus.

Inutile d’insister sur l’état d’âme de la plupart des auteurs de ces articles que nous avons choisi de publier malgré que la comédie en plusieurs actes se soit terminée dès le début de la fin du premier..

La Syrie est satisfaite, on a prononcé le mot « Golan » ; c’est déjà ça !

M.F.


nombre d’entrées : 8

Envoyé le 29/11/07

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42701

Séparés mais inégaux en Palestine : la route vers l’Apartheid

Mohammed Khatib est l’un des responsables du Comité Populaire Contre le Mur de Bilin et le secrétaire du conseil municipal de Bilin.

A la veille de la réunion destinée à relancer les négociations entre « Israël » et les Palestiniens à Annapolis, Maryland, le Premier ministre Ehud Olmert a annoncé qu’ « Israël » ne construira pas de nouvelles colonies en Cisjordanie, mais qu’il n’« étranglera » pas les colonies existantes.

Cela signifie que les 149 colonies sionistes de Cisjordanie qui étranglent les Palestiniens, y compris les colonies installées sur les terres de notre village, resteront de façon constante.

L’annonce cynique d’Olmert confirme nos craintes qu’ « Israël », avec l’appui des États-Unis, insistera sur le maintien de la plupart des colonies de Cisjordanie lors des prochaines négociations, enfermant les Palestiniens dans une situation de « séparés mais inégaux »

Quand le Secrétaire d’État américain, Condoleezza Rice, est venue au Moyen-Orient, il y a quelques semaines, les gens de notre petit village de Bil’in ont rejoint les habitants des villages voisins pour lui envoyer un message.

Nous avons protesté pacifiquement contre une route de Cisjordanie qui est réservée aux colons juifs israéliens et interdite aux Palestiniens, mais elle a été construite sur des terres palestiniennes. Notre banderole disait : « Condi, Qu’aurait fait Rosa Parks ? »

Nous savons que Mme Rice a connu le goût amer de la discrimination grandissante dans le sud des États-Unis au cours de la lutte pour les droits civiques. A Bil’in, nous nous sommes inspirés du mouvement des droits civiques américain pendant nos trois ans de campagne de résistance non violente contre l’occupation militaire de la politique discriminatoire sioniste.

Nous partageons l’admiration de Mme Rice pour le courage de Rosa Parks qui a été arrêtée en Alabama, l’Etat où vit Rice, pour avoir refusée de donner son siège dans le bus à un homme blanc.

En tant que Palestiniens, nous ne sont même pas autorisés à monter dans les bus sur de nombreuses routes dans notre propre pays, parce que 200 kilomètres des meilleures routes de la Cisjordanie sont réservées aux colons juifs.

La couleur des plaques d’immatriculation palestiniennes est différente de celle des plaques d’immatriculation sionistes. Les plaques d’immatriculation palestiniennes ne sont pas autorisées sur la plupart des routes qui traversent la Cisjordanie, dont beaucoup ont été construites grâce à des financements du gouvernement américain.

Depuis 5 ans, les Palestiniens sont interdits d’accès à la route 443 où nous avons protesté.
(http://www.btselem.org/)

Selon le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA), il y a 561 obstacles physiques et checkpoints à l’intérieur de la Cisjordanie, limitant la circulation des Palestiniens en Cisjordanie, en comparaison avec les seulement huit checkpoints qui séparent la Cisjordanie d’Israël.

En Cisjordanie, presque tous les obstacles et checkpoints sont situés le long des routes réservées aux sionistes. Aller à l’hôpital, à l’école et au travail ou rendre visite à la famille est devenu très difficile, voire impossible, pour nous.

Ce morcellement de la Cisjordanie a dévasté notre économie. Pour les Palestiniens, accepter un Etat en Cisjordanie et dans la bande de Gaza sur seulement 22% de notre patrie historique était déjà un compromis spectaculaire.

Mais le Président Bush a promis à Israël en 2004 que, dans tout accord négocié avec les Palestiniens, « Israël » conserverait ses « grands centres de population déjà existants » en Cisjordanie

Toutefois, toutes les colonies sont illégales en vertu du droit international.

En annexant à Israël les groupes de colonies situés de façon stratégique, ou « blocs de colonisation », et leurs routes qui découpent les secteurs palestiniens en enclaves isolées, Israël va acquérir un contrôle permanent de nos déplacements, des frontières, de l’eau, et nous séparera de Jérusalem

L’organisation israélienne, La Paix Maintenant, a signalé il y a quelques semaines que le taux de croissance démographique dans les colonies est trois fois supérieur au taux de croissance à l’intérieur d’Israël.

Nous constations une telle rapidité de croissance des colonies autour de Bil’in et dans toute la Cisjordanie, que je ne peux même pas trouver une carte exacte de la Cisjordanie pour mon fils.

En 2001, des promoteurs sionistes ont commencé à construire des maisons de colons sur des terres saisies à mon village de Bil’in et ont décrété que c’était un un quartier du bloc de colonie de Modi’in Illit.

Quatre ans plus tard, le Mur d’Apartheid séparé Bil’in de 50% de nos terres agricoles sous prétexte de protéger cette nouvelle colonie.

En réponse, nous avons organisé plus de 200 manifestations non-violentes avec des supporters israéliens et internationaux. Des centaines d’entre nous ont été blessés et arrêtés.

Après nos protestations, la Cour Suprême sioniste a statué que le tracé du Mur à Bil’in devait être modifié pour nous rendre environ la moitié de nos terres saisies.

Même si nous avons célébré ce succès, « Israël » continue de construire sur notre terre qui ne nous a pas été rendue et prévoit de l’annexer en tant que partie du bloc de colonie de Modi’in Illit

Israël a déjà annexé de fait 10,2% de la Cisjordanie qui se trouve entre la Ligne Verte et le Mur de Séparation, y compris les grands blocs de colonisation et 80% des 450000 colons.

Le Mur d’Apartheid, les colonies et les routes de colonisation transforment les secteurs palestiniens en enclaves isolées

Nous prions pour que nos enfants ne passent leur vie sous occupation militaire. Nous espérons que la réunion d’Annapolis nous rapprochera de nos rêves de liberté.

Mais nous sommes préoccupés par le fait que si « Israël » est autorisé à conserver la plupart de ses colonies et les routes qui les relient, alors le système existant de « séparés mais inégaux » sera entériné dans un État palestinien.

Source : http://www.apartheidmasked.org/  Traduction : MG pour ISM

ISM et Mohammed Khatib - Cisjordanie - 28-11-2007

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=7904&type=analyse≤sujet=Apartheid

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42702

Empêchons la démolition illégale de l’école primaire de Fasayil, initialement prévue pour le 29 novembre 2007

Le droit à l’éducation tel qu’énoncé dans la Déclaration Universelle des Droits Humains en 1948, est repris en droit international ainsi que dans la Convention Internationale pour le respect des Droits Economiques Sociaux et Culturels et dans la Convention des Droits de l’Enfant.

L’éducation est un moyen crucial pour permettre aux enfants palestiniens de faire face aux dures conditions de vie sous l’occupation, elle ouvre une perspective meilleure qu’un futur comme travailleurs agricoles dans les plantations coloniales.

L’article 50 de la Quatrième Convention de Genève stipule que le pouvoir occupant doit, avec la coopération des autorités nationales et locales, faciliter le travail propre à toutes les institutions qui doivent prendre soin des enfants et les éduquer.

Décrit par les Nations Unies comme à la fois un droit humain en soi et un moyen indispensable dans la réalisation d’autres droits, le droit à l’éducation est un moyen essentiel dans la préparation des jeunes Palestiniens confrontés à la nécessité de reconstruire leur société fragmentée, de relancer leur économie alors qu’elle est en mauvais état et de construire leur état dans le futur.

Le 17 octobre 2007, le Ministre (sioniste) de l’Administration Civile a émis un ordre de démolition de l’école primaire de Fasayil et d’une maison palestinienne du village. Pour pouvoir construire, les Palestiniens doivent obtenir un permis de la part du pouvoir occupant mais depuis l’occupation de la Cisjordanie en 1967, les permis ne sont pas accordés.

L’interdiction systématique de construction a clairement pour but, de pousser les Palestiniens à quitter la Vallée du Jourdain alors que des générations y ont vécu depuis plus de 5000 ans.

L’école primaire de Fasayil doit servir à l’éducation de quelques 115 enfants qui sinon, ne peuvent pas être éduqués sur place.

Le Comité des Nations Unies pour le respect des Droits économiques, sociaux et culturels a déclaré que l’éducation devait pouvoir se faire dans des conditions sûres pour les concernés.

La décision militaire de l’Administration d’occupation de priver la communauté de ses ressources fait partie d’une politique plus large de nettoyage ethnique de la région.

L’école primaire de Fasayil est située dans les territoires palestiniens illégalement occupés. La démolition d’une propriété civile par des forces occupantes constitue une violation de la Convention de Genève.

Signez la pétition en ligne

ISM et Brighton Palestine - Palestine - 29-11-2007

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=7842&type=campagne≤sujet=Nettoyage%20ethnique

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42703

Stop the Wall : Déclaration de Principes et des Droits Nationaux

Gravement préoccupés pour notre cause nationale et nos droits légitimes ayant fait l’objet d’une attaque directe et systématique de l’occupation sioniste et des États-Unis, qui veulent liquider la lutte des Palestiniens en profitant de la division qui nous a affaiblis face à l’énorme pression qu’eux et leurs alliés ont mis en oeuvre,

Nous, les soussignés, des mouvements politiques et populaires, des fédérations et des réseaux de la société civile, des institutions du secteur privé et des personnalités nationales, à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine, affirmons ce qui suit :

D’abord : que les droits inaliénables de notre peuple doivent être le principe central de toute action politique palestinienne. Ces droits fondamentaux ne doivent jamais être un sujet de négociations et ne doivent pas être compromis :

1. Le droit des réfugiés à rentrer dans leur patrie et dans leurs propriétés, d’où ils ont été expulsés, conformément à la résolution des Nations Unies 194. Ce droit est un droit fondamental qui n’est pas négociable et ne peut donc être fondé sur un « accord sur une solution » ;

2. Le droit à l’autodétermination, la fin de l’occupation militaire et la création d’un Etat palestinien indépendant jouissant d’une pleine souveraineté ;

3. Jérusalem Occupée est la capitale de la Palestine, affranchie de colons et de colonies ;

4. Le départ de tous les colons sionistes de notre terre, qui a été occupée dans un acte d’agression en 1967, et le démantèlement du Mur d’Apartheid et de toutes les colonies qui sont illégales et défient le droit international et les accords internationaux.

Deuxièmement : que toute démarche politique ou négociations au niveau local, régional ou international devraient avoir lieu sous supervision internationale, en se fondant sur les principes de la justice et du droit international et viser l’application des droits historiques et inaliénables de notre peuple, et l’établissement d’un échéancier pour une telle mise en oeuvre et non pas des négociations sur les droits eux-mêmes.

1. Parce que la réunion d’Annapolis n’est pas fondée sur ces principes, et parce qu’elle ne vise pas l’application du droit international, nous demandons à l’OLP et à l’Autorité Palestinienne de ne pas participer à cette réunion, nous invitons également les pays arabes à boycotter Annapolis et à ne pas encourager le désir des États-Unis d’étendre son agression dans la région et ses tentatives pour écraser toutes les forces opposées à sa domination dans la région.

2. Dans le cas où l’OLP et l’Autorité Palestinienne décideraient d’assister à la conférence d’Annapolis, ils ne doivent céder en aucun cas aux demandes de concessions étasuniennes et sionistes sur ces droits fondamentaux, sous aucune justification.

3. Nous avertissons tous les individus et les organisations qui tentent de toucher aux droits inaliénables de notre peuple et de promouvoir la normalisation des relations avec l’occupation et ses institutions sous les slogans de « paix » et de « dialogue ». Ces efforts et ces initiatives de normalisation doivent être largement boycottés par la société palestinienne, et tous les promoteurs de la normalisation doivent être dénoncés et humiliés.

4. Nous appelons au boycott de toutes les conférences et rencontres bilatérales, régionales et internationales qui ne sont pas basées sur les principes énoncés ci-dessus, maintenant ou à l’avenir.

5. Nous insistons sur l’unité du peuple palestinien dans toutes les régions de notre patrie et dans la diaspora, et sur l’unité de nos droits nationaux et de la cause

Troisièmement : Nous rejetons catégoriquement toute tentative de reconnaissance du régime sioniste en tant qu’ « État juif », car cela signifierait nécessairement :

1. Exonérer Israël des crimes de nettoyage ethnique perpétrés contre notre peuple au cours des soixante dernières années ;

2. Renoncer au droit au retour des réfugiés palestiniens dans leur patrie et leurs propriétés, d’où ils ont été expulsés en 1948 et les années suivantes ;

3. Justifier et renforcer le système sioniste de discrimination raciale et d’apartheid à l’égard des citoyens palestiniens de la zone sioniste, en prélude à leur expulsion de leur patrie, sous prétexte de préserver l’État juif ;

4. Renforcer l’idéologie sioniste, qui est basée sur le racisme, le colonialisme et le nettoyage ethnique.

Par conséquent, nous considérons que toute reconnaissance de cette nature équivaut à une concession du droit au retour, ce qui conforterait l’exil et la dépossession de notre peuple et mettrait fin à notre cause. Quiconque envisage de prendre cette voie portera la responsabilité historique qui en résultera.

Quatrièmement : Nous affirmons la nécessité d’entreprendre une action sérieuse et immédiate pour trouver une solution au recours aux conflits armés internes dans la bande de Gaza, à travers le dialogue national, afin de mettre fin aux divisions dans la société palestinienne dans le but de :

1. Réunifier la Bande de Gaza et en Cisjordanie en une seule entité, et accepter de commencer les préparatifs pour des élections législatives et présidentielles anticipées basées sur le document d’Accord national ;

2. Parallèlement à ce qui précède, commencer à mettre en œuvre l’Accord du Caire sur la réforme de l’OLP à travers l’activation du Comité Préparatoire de l’élection du Conseil national palestinien, avec la participation de toutes les forces nationales et islamiques palestiniennes.

Source : http://www.apartheidmasked.org/  Traduction : MG pour ISM

ISM et Stop the Wall - Palestine - 26-11-2007

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=7891&type=analyse≤sujet=Boycott

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42704

Les Palestiniens manifestent contre la réunion d’Annapolis

« Nous ne voulons plus de fausses conférences de paix qui ne nous apportent que plus de souffrance. Nous préférons la misère à une paix honteuse. »

« Nous ne nous reconnaissons pas dans ceux qui participent à des entretiens à Annapolis ; ils ne représentent pas les Palestiniens, » a déclaré Ismail Haniyeh, le premier ministre palestinien limogé, en réponse au sommet palestino-israélien d’Annapolis tenu sous les auspices de Washington.

Les rues en Palestine témoignent que ce n’est pas uniquement le dirigeant du Hamas qui n’accorde pas de légitimité à l’équipe de négociateurs palestiniens à la conférence d’Annapolis. Le mardi 27 novembre une large foule de Palestiniens dans Gaza est sortie de ses maisons - de même que leurs frères et soeurs de Cisjordanie - pour protester contre ce qu’ils appellent « le renoncement aux droits légitimes des Palestiniens. » Ceux qui critiquent la conférence ont participé à de grandes manifestations et de larges rassemblements dans le territoire côtier, exprimant leurs fortes objections par rapport à la réunion d’Annapolis.

« Non à la reconnaissance d’ « Israël » ! Non à la reconnaissance d’« Israël » ! » ont crié des milliers de manifestants devant le bâtiment du Conseil Législatif Palestinien (CLP) dans la ville de Gaza.
Une jeune femme participant à un grand rassemblement féminin pleurait de colère : « Nous ne voulons plus de fausses conférences de paix qui ne nous apportent que plus de souffrance. Nous préférons la misère à une paix honteuse. »

Un jeune homme dans un rassemblement voisin exprimait de pareils sentiments : « De quelle paix sont-ils en train de parler ? Ils veulent que nous abandonnions nos droits légitimes. Nous préférons encore plus d’années à souffrir que l’abandon de nos droits. »
Le porte-parole du Conseil Législatif, le docteur Ahmad Bahar, a déclaré devant la foule : « Aujourd’hui, les Palestiniens disent à ceux qui sont à la réunion d’Annapolis qu’ils refusent de céder sur les droits que personne ne peut leur retirer. »

Bahar a indiqué aussi que le Conseil Législatif avait voté une nouvelle loi interdisant l’abandon du droit au retour des réfugiés palestiniens aussi bien que celui de la nation palestinienne sur Jérusalem et le droit de résister à l’occupation.

« Cette loi est faite pour protéger les droits palestiniens contre ceux qui font leur arrangements avec l’entité israélienne, » a ajouté l’orateur, faisant référence au gouvernement non élu du président Abbas qui participe à des entretiens avec « Israël ».
Beaucoup d’organisations palestiniennes dont le Hamas, le Jihad islamique, des partis ou intellectuels liés à l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), ont fait connaître leur opposition à la tenue du sommet d’Annapolis.

Le docteur As’ad Abu Sharekh, professeur de littérature anglaise et analyste politique dans Gaza, estime que les efforts en cours ne mèneront pas à une véritable paix.

« Cette conférence devrait être organisée par les Nations Unies qui ont suivi la question palestinienne durant les six dernières décennies. Les Nations Unies sont l’organisation qui devrait mettre en application ses résolutions depuis longtemps en attente concernant le conflit israélo-palestinien. »

« La résolution 194 votée en 1949 qui exige le retour vers la Palestine historique ainsi que des compensations pour les réfugiés palestiniens devrait être en tête de toutes les résolutions » a-t-il ajouté.
L’universitaire palestinien pense que la solution se situe dans la création d’un état palestinien sur toute la Palestine historique, incluant des Palestiniens et des Juifs israéliens.

« Ces protestations contre le sommet d’Annapolis doivent renforcer l’équipe palestinienne qui négocie. Elles envoient un message repris par tous les Palestiniens : pas de renoncement aux droits légitimes des Palestiniens, » explique encore Abu Sharekh.

Le Président palestinien Mahmoud Abbas représente l’OLP et participe à cette réunion aux Etats-Unis à un moment où les territoires palestiniens sont divisés - géographiquement et politiquement - entre deux camps : le mouvement du Fatah d’Abbas qui cherche à contrôler la Cisjordanie et le Hamas qui tient sous son emprise la bande de Gaza.

Les forces palestiniennes de sécurité [liées au Fatah - N.d.T] en Cisjordanie ont hier dispersé des rassemblements de protestation contre la conférence pour la paix en usant de la violence contre des manifestants et des journalistes - un manifestant a été tué dans Hébron et des dizaines d’autres ont été blessés sur l’ensemble de la Cisjordanie.
Des manifestations ont également eu lieu dans d’autres endroits dans la région, des réfugiés palestiniens dans les pays arabes voisins et dans la Diaspora exprimant leur exigence du droit au retour vers la Palestine historique et leur refus de toute solution qui pourrait menacer ce droit.
La réunion d’Annapolis se tient après une récente demande israélienne que les Palestiniens reconnaissent Israël comme un état exclusivement juif, ce qui signifierait l’abandon du droit au retour pour les réfugiés et exposerait les citoyens palestiniens de l’état israélien à davantage de discrimination et à une possible expulsion.

Avant la conférence, Washington a déclaré que la réunion d’Annapolis avait pour objectif de remettre en marche le processus israélo-palestinien pour la paix, sur la base d’une solution à deux états.
L’OLP a déjà reconnu et signé les accords de paix d’Oslo avec Israël en 1993, accords réduits en pièces après qu’Israël les ait violés en doublant, entre autres choses, le nombre de colons vivant dans ses colonies illégales en Cisjordanie et dans la bande de Gaza sous occupation.

En l’an 2000, Washington a organisé des négociations de paix à Camp David , lesquelles n’ont pas abouti après qu’Israël ait refusé de reconnaître le droit au retour des Palestiniens et n’ait ni abandonné ses principales colonies ni évacué Jérusalem-est qui est sous occupation depuis 1967.

Selon la résolution 194 de l’Assemblée Générale des Nations Unies votée en 1949, Israël doit permettre aux réfugiés palestiniens qui ont été expulsés ou qui se sont enfuis de leurs maisons et villages pendant la création de l’état d’Israël, de retourner dans leurs lieux d’habitation d’origine et de recevoir une compensation. Les données fournies par les Nations Unies mentionnent qu’il y a presque cinq millions de Palestiniens réfugiés dispersés dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO), en Jordanie , en Syrie et au Liban.

En 1967, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a publié la résolution 242 exigeant qu’Israël se retire des terres arabes qu’il a occupées en juin 1967, ce qui comprend la bande de Gaza, la Cisjordanie (Jérusalem-est en faisant partie) et les hauteurs du Golan en Syrie.
Israël maintient une poigne de fer sur les Territoires Palestiniens. Des colonies exclusivement juives ont été installées sur l’ensemble de la Cisjordanie, laquelle a vu encore plus de terres annexées par Israël avec la construction de la barrière qui intègre autant de colonies et autant de terre palestinienne du côté occidental du mur [d’Apartheid] tout en incorporant aussi peu de Palestiniens que possible.
Et durant ce temps, dans Gaza, la population endure, sous l’approbation des Etats-Unis, un siège économique qui la paralyse, comme elle endure régulièrement des bombardements et des incursions militaires « israéliennes ».

Rami Almeghari contribue actuellement à différentes publications dans les medias, dont la Chronique de Palestine, aljazeerah.info, IMEMC, les news de Radio Paroles libres et de l’Intifada Électronique. Rami est aussi un traducteur en anglais confirmé, il est rédacteur en chef du centre de presse international du Service d’Information Palestinien basé à Gaza. On peut le contacter à rami_almeghari@hotmail.com.

Du même auteur :
 Planter les graines de l’indépendance
 Etre handicapée à Gaza et se donner les moyens de son autonomie
 Comment vais-je pouvoir m’occuper de mes enfants ?

Info-Palestine et Rami Almeghari - The Electronic Intifada – jeudi 29 novembre 2007

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3263

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42705

Fiction contre réalité en Palestine/ « Israël »

« Israël a-t-il le droit moral de continuer l’occupation ? » « Israël a-t-il le droit moral de conserver en sa possession les maisons et la terre des Palestiniens expulsés et dépossédés en 1948 ? »

Les gros titres pour Annapolis

L’Institution Annapolis - comme pourraient l’appeler ceux en Israël, en Palestine et aux Etats-Unis qui ont tout intérêt à donner au sommet d’Annapolis un semblant de sérieux - suscite un élan d’enthousiasme, étrangement irréel à l’approche de la conférence ; un élan qui prédit son succès impossible et prétend exprimer une volonté nouvelle américaine d’élaborer une certaine paix. La plupart des Palestiniens, profondément sceptiques, n’y croient pas.

Dans une brume d’irréalité, les gros titres de Ha’aretz de dimanche, 25 novembre, se sont félicités du retour triomphal des Etats-Unis à la direction du Moyen-Orient et du monde pour avoir organisé avec brio le sommet, après des années de déboires dans la région. Un journaliste éminent de Ha’aretz, habituellement réaliste, y déclare que les Etats-Unis « redevenaient le leader du Moyen-Orient » et qu’ils feront passer, à Annapolis, ce message que « lorsque les Etats-Unis lancent une convocation, le monde vient à leur côté ». Le journaliste apprécie cela, bien sûr, comme un grand coup de fouet donné aux intérêts d’Israël. D’autres titres voient comme une « victoire » (pour Israël et les USA) la décision des dirigeants arabes de participer au sommet et donc de le légitimer, et prédisent que ces rebondissements seront un « coup sérieux » porté pour l’affaiblissement du Hamas.

D’une manière déconcertante, les Palestiniens rattachés à l’Autorité palestinienne s’expriment pareillement, quoiqu’en termes moins excessifs, à propos de perspectives de progrès réels avec Annapolis et semblent s’accorder avec un commentateur israélien éminent qui veut nous faire croire que l’administration Bush serait enfin prête à « s’engager » pour accélérer la conclusion d’un accord de paix sur deux Etats. Ces Palestiniens de l’establishment, d’après un analyste palestinien sérieux, sont pratiquement prêts à tout pour que l’Amérique s’implique, seul espoir à leurs yeux de rompre avec l’intransigeance israélienne et d’avancer vers un accord de paix. Ils pensent que maintenant que les Etats-Unis se sont engagés et soutiennent Mahmoud Abbas, le processus de paix aura quelque crédibilité, et ils agissent en fonction de cette hypothèse naïve qu’en gagnant un processus de paix, ils gagneront la paix.

Mais, dans la vie réelle, celle où les Palestiniens connaissent la sinistre réalité quotidienne de l’occupation et l’expérience de deux décennies gaspillées en efforts stériles pour construire la paix, toute référence à Annapolis est accueillie avec cynisme et mauvaise humeur. Aux allégations de ceux au pouvoir qui prennent leurs désirs pour des réalités, disant que Condoleezza Rice comprend bien la position des Palestiniens pour Annapolis, l’homme palestinien de la rue répond en passant une brève vidéo sur son téléphone portable - un clip si largement diffusé qu’il est difficile de trouver quelqu’un qui ne l’a pas vu -, une vidéo qui montre une Rice, charmeuse, faisant voleter ses boucles brunes, se dandinant, tressant des couronnes aux dirigeants arabes « modérés » assis devant elle (ceux que l’on connaît pour être plus ou moins dans la poche des USA) et leur disant qu’ils sont « de bons petits » pour avoir fait ce que les Etats-Unis demandaient.

Ce qu’on appelle la « rue » en Palestine - un terme, il est important de le savoir, qui recouvre un large spectre de gens ordinaires mais très politisés et très bien informés - est parfaitement conscient de la vraie dynamique derrière tout cela comme derrière les « processus de paix » précédents : conscient des dérobades d’Israël et de ses atermoiements sans fin, des refus systématiques des Américains de rappeler à l’ordre Israël pour ses tromperies, de la carence des Etats-Unis à comprendre, et même à se soucier, des réalités politiques. Les Palestiniens ont pris du recul avec le système et ne se sont pas laissés séduire, la plupart savent parfaitement que les négociations dans le style américano-israélien sont surtout un processus dépourvu de tout contenu - guère plus qu’un moyen de détourner l’attention de l’occupation et d’écarter Israël de toute pression pendant qu’il est occupé à absorber les territoires palestiniens.

Alors qu’il n’y a guère de quoi fonder le moindre optimisme sur le terrain, en Palestine, et que beaucoup parlent franchement de la défaite de la Palestine et de la victoire d’Israël et des USA, on a le sentiment que la plupart des Palestiniens ne se laissent pas aller à l’échec et qu’ils vont continuer à résister partout où c’est possible. Pendant que les politiciens palestiniens au pouvoir s’envolent vers Annapolis, les chefs populaires de la Palestine animent des campagnes de boycotts, de désinvestissements et de sanctions. Environ 500 personnes ont participé à une conférence de Palestine BDS campaign à Ramallah, la semaine dernière. Ils se mobilisent pour des campagnes de protestations contre le mur de séparation et contre la conférence d’Annapolis elle-même. Le Hamas, l’acteur dans ce « processus de paix » que tout le monde essaie résolument d’ignorer, a organisé un grand rassemblement dimanche, à Gaza, et une manifestation populaire est prévue pour mardi à Ramallah, au moment même de l’ouverture d’Annapolis. Ils parlent des « thawabit », les principes immuables, c’est-à-dire du refus de céder des positions qui sont l’essence même du combat des Palestiniens.

Un jeune militant, au bout d’une soirée passée à discuter sur la résistance populaire et la nécessité de rester fermes - immuables - sur les questions de fond tel que le droit au retour, est revenu sur le sujet que l’on croyait avoir épuisé. Il a dit vouloir ajouter un mot sur l’importance, pour les Palestiniens, du droit au retour : « Si vous abandonnez ce droit, vous réduisez à néant la cause palestinienne dans sa totalité, dit-il. Cela ôterait le cœur même de la cause palestinienne et tout le vécu des Palestiniens. Il ne faut pas l’abandonner. »
On a le sentiment que les Palestiniens ne laisseront personne agir dans leur dos, ni leurs propres dirigeants, ni Israël, ni les Etats-Unis. Aucune victoire palestinienne n’apparaît à l’horizon - c’en est loin -, mais cet esprit de résistance peut empêcher le pouvoir palestinien de capituler à Annapolis sur les droits fondamentaux.

Un journaliste israélien, Gideon Lévy, a effleuré l’essence du conflit dans un article paru dans Ha’aretz (version française), lequel article s’est trouvé en contradiction totale avec les gros titres enthousiastes et, en fait, avec la base même du sommet d’Annapolis. Stigmatisant les inquiétudes israéliennes sous-jacentes à propos des concessions coûteuses que pourrait faire Israël sous la pression, Lévy fait remarquer qu’il n’a pas été demandé aux Israéliens de « céder » quoi que ce soit aux Palestiniens, mais seulement de « leur rendre les territoires qu’ils leur ont volés et leur respect d’eux-mêmes qu’ils ont foulé aux pieds, en même temps que leurs droits humains fondamentaux et leur humanité. » C’est cela, dit-il, « la question de fond prioritaire », mais personne n’en parle ; la justice « a délibérément été écartée de toutes les négociations ».

La prise de conscience de Lévy est un élément extrêmement important pour comprendre tout ce qui ne va pas avec Annapolis, comme avec toutes les démarches américaines pour la paix, en remontant bien avant celles de l’actuelle administration Bush. La justice pour les Palestiniens n’a jamais été un élément de l’équation, c’est pourquoi aucune action pour la paix n’a jamais réussi et c’est pourquoi Annapolis échouera tôt ou tard. Lévy pose la question : « Israël a-t-il le droit moral de continuer l’occupation ? » et il souligne que le monde, même la direction palestinienne, et plus particulièrement les Israéliens qui « en portent la responsabilité », le monde ne s’est jamais posé cette question fondamentale.

Lévy ne parle que des 40 années d’occupation, peut-être ne réalise-t-il pas que, une fois cette question posée, une autre question est incontournable : « Israël a-t-il le droit moral de conserver en sa possession les maisons et la terre des Palestiniens expulsés et dépossédés en 1948 ? » Aucune vraie paix ne sera possible tant qu’on n’aura pas réglé au moins ces deux questions-là.
Peut-être que ce que dit Lévy est un réel espoir pour l’avenir : il y a des Israéliens pour qui l’honnêteté est une priorité - qui reconnaissent, dit-il, que les questions clé admises communément ne sont que secondaires par rapport à la « question de fond prioritaire » de la justice - et qui savent que, en définitive, la grande injustice qu’Israël commet à l’égard des Palestiniens ne peut se perpétuer.

Bill Christison a été haut responsable à la CIA. Il a servi comme officier dans les services de renseignements des Etats-Unis et comme directeur du bureau des analyses régionales et politiques de l’Agence américaine.
Kathleen Christison est une ancienne analyste politique de la CIA et a travaillé sur les questions du Moyen-Orient pendant 30 ans. Elle est l’auteur de Perceptions of Palestine et de The Wound of Dispossession
Ils peuvent être contactés à l’adresse : kathy.bill.christison@comcast.net.

Des mêmes auteurs :
 "Israël/Palestine : rencontrer l’autre ?" - 12 novembre 2007- Counterpunch.
 "L’hypocrisie du nucléaire au Moyen-Orient" - 8 septembre 2007 - Counterpunch.

Jérusalem, le 26 novembre 2007 - CounterPunch - Traduction : JPP

Info-Palestine et Kathleen et Bill Christison - CounterPunch – mercredi 28 novembre 2007

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3248

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42706

Un geste en faveur des services pénitentiaires

Une nouvelle libération de 440 prisonniers palestiniens constitue un beau geste à l’égard des services pénitentiaires [israéliens]. Il allège, au moins partiellement, la terrible surpopulation dans les prisons. Il réduit quelque peu le fardeau qui pèse sur l’establishment de la Sécurité qui ne parvient pas à se dérober totalement à son obligation de permettre une visite aux détenus par une partie de leurs proches, une fois tous les quinze jours.

La libération de prisonniers qui « n’ont pas de sang sur les mains » - ou dans un langage moins aseptisé : de ceux qui n’ont pas été condamnés pour le meurtre de Juifs - est une légère correction apportée par l’establishment de l’occupation aux procédures d’arrestation, de jugement et de condamnation de Palestiniens. La condamnation dans les tribunaux militaires est presque toujours écrite à l’avance. Les peines sont lourdes et exagérées sur chaque point de l’acte d’accusation. Elles sont guidées par l’esprit de vengeance des représentants du peuple occupant contre des représentants du peuple sous occupation. A aucun détenu n’est accordé le droit minimum requis pour se défendre des accusations. La menace d’une détention (dans des conditions insupportables) jusqu’au terme de l‘enquête pousse l’accusé et ses représentants à plaider coupable en échange d’une condamnation moins lourde, sans examen des témoins à charge ni contrôle de leur fiabilité.

Il est vrai que les tribunaux civils ne sont pas non plus immunisés contre la discrimination et les préjugés, mais on peut raisonnablement supposer que si les tribunaux militaires étaient menés comme les tribunaux civils, beaucoup parmi les prisonniers palestiniens n’auraient tout simplement pas été condamnés, par manque de preuves solides, et que d’autres auraient été condamnés à des peines beaucoup plus courtes. Dès lors, cette libération de prisonniers est aussi un geste pour les juges militaires qui auront ainsi sur la conscience moins de mois de détention injustifiés.

Dans les années 90, Israël a libéré un millier de prisonniers palestiniens dans le cadre de l’accord d’Oslo. Comme en Irlande, comme en Afrique du Sud, c’est une pratique qui a cours : lorsque dans la lutte contre une oppression nationale, les parties sont d’accord de faire la paix, l’occupant reconnaît que la violence des prisonniers qu’il libère était une réponse à sa propre violence. Ce n’est pas une question de geste mais une démarche indispensable à une solution.

Parmi les Palestiniens libérés se trouvaient la grande majorité de ceux qui avaient été condamnés pour l’assassinat d’autres Palestiniens (sur le soupçon de collaboration). Mais Israël avait refusé de libérer des Palestiniens condamnés pour l’assassinat de Juifs, refusé de libérer des prisonniers de Jérusalem-Est, des hauteurs du Golan et d’Israël. 84 prisonniers de ces quatre groupes sont maintenant en prison depuis de 18 à 30 ans, pour une condamnation à la perpétuité qui signifie jusqu’à la mort.

Si ces prisonniers avaient été juifs, ils auraient été libérés depuis bien longtemps : soit que, en tant que Juifs ayant assassiné des Palestiniens, leur peine aurait été, une fois ou deux, réduite par le Président de l’Etat (Ami Popper qui a assassiné sept ouvriers et qui jouit de congés réguliers mais n’a pas été libéré, est l’exception parmi les Juifs ayant tué des Palestiniens) ; soit que d’emblée, ils auraient été condamnés pour moins qu’un meurtre et n’aurait pas été jugés par des tribunaux militaires.

Si Said Al-Atabeh, de Naplouse, vétéran des prisonniers palestiniens, avait été juif, il n’aurait pas commencé en juillet à purger sa 31e année de prison, sans en voir la fin : il avait été condamné comme commandant d’une cellule du Front Démocratique dont un des membres avait dissimulé une charge explosive, qui avait tué un Israélien et blessé 32 autres.

Si Moukhles Bourgal, de Lod, avait été juif, lui qui a été condamné, il y a 20 ans, pour avoir lancé une grenade, qui n’a jamais explosé, sur un autobus qui transportait des soldats, il n’aurait pas été emprisonné jusqu’aujourd’hui et pour encore 20 ans - privé du droit à des congés, privé du droit d’aller embrasser sa mère de 70 ans.
Ce sont là les prisonniers dont la libération aujourd’hui, hier, ou il y a dix ans, aurait fait la preuve qu’Israël est effectivement intéressé par un changement, reconnaît sa propre violence à longueur d’années et est désireux de la réduire.

Leur non libération n’est pas seulement une amère déception pour leur famille et leurs amis. C’est un coup pour tous ceux qui sont intéressés par une solution de paix.

Sur le même thème :
 Les prisonniers palestiniens, une réserve inépuisable, éditorial du Ha’aretz, 23 novembre 2007

De la même auteure :
 L’occupant définit les règles et juge
 Prisonniers vs criminels
 Le pouvoir d’un roi d’Angleterre
 Quel genre d’assassinat ?
 Que se passe-t-il les jours de calme ?

Amira Hass - Ha’aretz, le 21 novembre 2007
Version anglaise : A gesture to the Prisons Service
Traduit de l’hébreu par Michel Ghys

Info-Palestine et Amira Hass – vendredi 23 novembre 2007

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3199

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42707

La conférence d’Annapolis : « Un verre vide »

A Gaza, le chef du Hamas rejette la conférence d’Annapolis : « Un verre vide ». Mahmoud al-Zahar ne veut pas de la négociation qui s’ouvre aux Etats-Unis. Il veut « faire souffrir » Israël.

De l’Université islamique au Ministère des affaires étrangères, la route n’est pas longue. Mais le 4x4 noir, qui roule vite, est une cible visible. « Vous n’avez pas peur ? »

Mahmoud al-Zahar sourit à peine et donne une petite tape du plat de la main sur le genou de son hôte. « Si j’avais peur, je ne bougerais plus ! » Il y a quatre ans, un F-16 israélien a lâché une bombe sur sa maison du bord de mer. Son fils Khaled en est mort, sa femme et sa fille ont été grièvement blessées, lui légèrement. Il en parle sans émotion, glacé.
Triumvirat ultra

Depuis quelque temps, Israël ne cherche plus à liquider du ciel les chefs du Hamas, qui le savent. Pareille opération serait de toute manière impensable au moment où se prépare la conférence d’Annapolis qui va tenter mardi prochain de relancer les négociations « de paix » au Proche-Orient.

Zahar, ces jours, ne risque rien. Ceux qui, en Israël, ne souhaitent pas la reprise des pourparlers ont besoin d’une voix comme la sienne : celle d’un adversaire implacable d’Annapolis. « Certains se demandent, à propos de cette conférence, si le verre sera à moitié plein ou à moitié vide. Moi, je sais qu’il est vide. De quel droit Abou Mazen (le président Mahmoud Abbas) va-t-il négocier, ajoute ce sexagénaire à la peau foncée et à la barbe qui blanchit. Qui représente-t-il ? Pas Gaza, en tout cas. Pas les 6 millions de Palestiniens de l’exil, qui n’ont pas été consultés. » Ce chiffre est peut-être faux, mais on sent qu’il le savoure : 6 millions.

Qui dirige à Gaza le Mouvement de la résistance islamique ? Depuis que le fondateur, le cheikh Ahmed Yassine, et son successeur, Abdel Aziz Rantisi, ont été tués par des tirs israéliens ciblés, le Hamas tait le nom de son chef dans la bande. Le leader extérieur, Khaled Meshaal, empoisonné puis guéri (sur ordre d’Abdallah de Jordanie) par le Mossad, se protège à Damas.

A Gaza, depuis le coup de force de juin qui a renversé l’éphémère gouvernement d’union et éliminé le bras armé de l’Autorité palestinienne, le pouvoir réel est aux mains d’un triumvirat ultra : Zahar, Ahmad Jabari le militaire, et Said Siyam, ex-ministre de l’Intérieur. Des trois, le docteur a la voix intransigeante la plus puissante.
Mahmoud al-Zahar est un chirurgien formé au Caire. Il était le médecin personnel de cheikh Yassine, avec qui il a fondé le Hamas. Après la victoire électorale de janvier 2006, tout le monde le voyait premier ministre. Le mouvement a préféré mettre en avant un homme moins proéminent et moins extrême, Ismail Haniyeh. Zahar fut ministre des Affaires étrangères, remplacé après la formation de la coalition avec le Fatah par un indépendant, Ziyad Abou Amr.

Depuis le coup de juin qui l’a démis, Abou Amr, resté à Gaza, occupe un petit bureau près du marché aux poissons sans pêcheurs et sans pêche. Il fait partie de ceux qui, discrètement, maintiennent les fils entre le Hamas et le Fatah désormais séparés par le sang.
Du temps « gaspillé »

Après sa course rapide dans les rues encombrées d’ordures, le 4x4 s’arrête devant un bâtiment massif dont un pan a été détruit par les bombes israéliennes ; l’autre est en voie de réparation. C’est le Ministère des affaires étrangères. Dans le Gaza post-révolutionnaire et coupé du monde, Mahmoud al-Zahar en a repris possession pour en faire son quartier général. Quelques fonctionnaires (toujours payés par l’Autorité vaincue !) le saluent. Les cadres qui sont de son camp l’embrassent.

Dans un petit salon, il fait servir du café. Il bouge dans son fauteuil, se penche en avant, touche le genou, encore, pour convaincre. « A Annapolis, pour tout ce qui importe aux Palestiniens - la colonisation, Jérusalem, le droit au retour, et mille choses - leur agenda sera vide. Abbas, Olmert sont faibles, et il faudra attendre deux ans pour qu’un nouveau pouvoir s’installe vraiment aux Etats-Unis. Cette conférence gaspille notre temps. »
Zahar en veut spécialement aux Etats arabes et musulmans qui iront à Annapolis : « En s’asseyant autour d’une table avec Ehoud Olmert, ils manifesteront qu’ils reconnaissent l’Etat d’Israël. Ils vont abandonner la seule vraie carte que nous avons en main, et en échange de rien ! »
Mahmoud al-Zahar ne veut pas négocier avec Israël, il veut le faire souffrir. « Les Israéliens n’ont pas évacué Gaza pour nous faire un cadeau. La situation était devenue intenable pour eux. Ils peuvent revenir : ils souffriront davantage. Le Hezbollah leur a donné l’an passé au Sud-Liban une leçon qu’ils devraient méditer. » En fait, le docteur parle comme s’il souhaitait une intervention.

Ils défendent les tirs quotidiens de Qassams rudimentaires en direction de Sderot ou d’Ashkelon : « C’est une réaction minuscule. Israël a des F-16. Et même la bombe atomique ! » Mais pourquoi ces petites piqûres qui sont du pain bénit pour les faucons israéliens ? L’explication est en creux dans cette autre réponse de Zahar : « Quiconque abandonne maintenant un seul grain de la terre de Palestine entre le Jourdain et la mer, entre Naplouse et Rafah, s’ampute d’un membre. »

Jamais de négociations, alors ? Mahmoud al-Zahar fait penser à Menahem Begin : même disgrâce dans les traits. Or Begin est l’homme qui a signé pour Israël, avec l’Egypte, le seul accord qui tienne. A Gaza, beaucoup le disent : une paix se signe entre les durs, pas entre des modérés affaiblis.

Mais le verbe négocier ne passe pas encore entre les lèvres du docteur Zahar. Il n’aurait même pas discuté avec Yitzhak Rabin, que les ultras israéliens ont assassiné ? « Rabin ? Je l’ai rencontré deux fois, en 1988 et 1989. Ensuite, il m’a fait arrêter. J’ai été torturé. »

[commentaires : pas trop envie d’en écrire, ces jours-ci, mais lisez cet article. S’il ne fallait en retenir qu’une seule phrase : « Quiconque abandonne maintenant un seul grain de la terre de Palestine entre le Jourdain et la mer, entre Naplouse et Rafah, s’ampute d’un membre. » Enfin le langage qu’il faut tenir !]

Du même auteur :
 Al-Qaida perd la guerre
 Mourir devant la frontière : Israël serre la vis à Gaza
 La diplomatie suisse s’aventure dans Gaza aux mains du Hamas
 La grande cassure des chrétiens libanais

Alain Campiotti, Gaza - Le Temps, le 22 novembre 2007

Info-Palestine et Alain Campiotti - Le Temps – vendredi 23 novembre 2007

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3198

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42708

Annapolis : la paix sinon rien

Palestine : Sommet d’Annapolis, la paix sinon rien Non à l’échec !

Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller de Jimmy Carter, et d’autres responsables américains, démocrates comme républicains, demandent à Bush de tout faire pour réussir.

La conférence de paix israélo-palestinienne offre une occasion unique de progresser vers une solution à deux Etats. Le Moyen-Orient est embourbé dans la pire crise qu’il ait connue depuis des années, et cette conférence, si elle avait une issue positive, pourrait être déterminante pour mettre un frein aux vagues actuelles d’instabilité et de violence. Son échec, en revanche, risque d’avoir des conséquences dévastatrices dans la région et ailleurs. Gardant à l’esprit les leçons de Camp David il y a sept ans, où l’on avait déjà tenté de résoudre les problèmes qui divisent les deux parties, nous estimons que, pour être couronnée de succès, la conférence doit : 1. porter sur le fond ; 2. être fédératrice ; 3. avoir des répercussions concrètes sur le quotidien des Israéliens et des Palestiniens.

La conférence internationale doit porter sur les éléments de fond d’une paix permanente. Un accord de paix global étant impossible à atteindre, Annapolis doit se concentrer sur l’objectif final et définir les contours d’une paix durable, qui devront par la suite être ratifiés par une résolution du Conseil de sécurité. Les dirigeants israéliens et palestiniens devraient tout faire pour arriver à un tel accord. Dans le cas contraire, le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et Nations unies), sous l’égide duquel il est préférable qu’ait lieu cette conférence, devra proposer son propre projet, fondé sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, sur les “paramètres Clinton” de 2000, sur l’initiative arabe pour la paix de 2002 et sur la feuille de route de 2003.

Ce projet devrait reprendre les points suivants :

— deux Etats dans les frontières du 4 juin 1967, avec des modifications mineures, réciproques et définies d’un accord entre les parties, sur la base d’un échange équitable de territoires ;

— deux capitales à Jérusalem, les quartiers juifs étant placés sous souveraineté israélienne et les quartiers arabes sous souveraineté palestinienne ;

— des accords spécifiques pour la Vieille ville de Jérusalem, donnant à chacune des parties le contrôle de ses lieux saints et assurant un accès sans entrave de chaque communauté à ces sites ;

— une solution au problème des réfugiés qui soit adaptée à la solution à deux Etats, qui remédie au profond sentiment d’injustice des réfugiés palestiniens et leur offre une compensation financière significative et une aide à la réinstallation ;

— des mécanismes de sécurité qui tiennent compte des inquiétudes israéliennes tout en respectant la souveraineté palestinienne.
Par ailleurs, la conférence ne doit pas être une initiative ponctuelle : elle doit mettre en marche des négociations crédibles, soutenues et permanentes placées sous le contrôle de la communauté internationale et rythmées par un calendrier par étapes, afin de concrétiser tant la solution des deux Etats que l’intégralité de l’initiative arabe de paix (pour l’instauration de relations normales entre Israël et les pays arabes).

La conférence doit être fédératrice :

— afin d’améliorer la confiance d’Israël dans le processus, les pays arabes qui n’ont pas à l’heure actuelle de relations diplomatiques avec Israël doivent être présents à Annapolis ;

— nous approuvons la décision du gouvernement [américain] d’inviter la Syrie à la conférence : elle doit être suivie d’un engagement authentique . Une avancée en la matière pourrait bouleverser le paysage régional. La conférence devrait lancer des pourparlers israélo-syriens sous l’égide de la communauté internationale ;

— quant au Hamas, nous estimons qu’un dialogue authentique avec le mouvement est de très loin préférable à son isolement. Ce dialogue pourrait par exemple être mené par les Nations unies et les envoyés du Quartette au Moyen-Orient. La promotion d’un cessez-le-feu entre Israël et Gaza serait un bon point de départ. La conférence doit aboutir à des résultats ayant des répercussions concrètes.

Trop souvent par le passé, les progrès ont été sapés par le fossé existant entre d’ambitieuses déclarations et les réalités du terrain. La conférence d’Annapolis doit donc déboucher sur un accord définissant des étapes concrètes pour l’amélioration des conditions de vie et de sécurité, avec notamment un cessez-le-feu réciproque et total en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, l’échange de prisonniers, la lutte contre le trafic d’armes, la répression des milices, la liberté de circulation des Palestiniens, le retrait des postes de contrôle injustifiés, le démantèlement des implantations sauvages israéliennes et d’autres mesures tangibles visant à mettre plus rapidement un terme à l’occupation.

Il est de la plus haute importance, pour que la conférence soit un tant soit peu crédible, qu’elle s’accompagne d’un gel de l’expansion des colonies israéliennes. Il est impossible de mener des discussions sérieuses sur la fin de l’occupation si l’expansion des colonies se poursuit à un rythme soutenu. Par ailleurs, tout doit être mis en œuvre pour améliorer la situation à Gaza et permettre à la vie économique de reprendre.

Les trois volets sont liés. Si la conférence ne débouche pas sur des résultats de fond sur un statut permanent, aucune des parties en présence n’aura la motivation ni le soutien de l’opinion nécessaires pour prendre des mesures difficiles sur le terrain. Une attitude d’ostracisme à l’égard de la Syrie ou du Hamas augmenterait le risque de voir ces deux acteurs jouer les trouble-fête : cela pourrait se traduire par une escalade des violences venues de Cisjordanie ou de Gaza, ce qui, dans les deux cas, anéantirait toute réalisation politique, augmenterait le coût politique des compromis pour les deux camps et réduirait à néant la volonté ou la capacité des Israéliens d’atténuer leurs mesures de sécurité restrictives.

De la même façon, un cessez-le-feu total ou un échange de prisonniers est impossible sans la coopération du Hamas. Et si les deux populations ne voient aucune amélioration concrète de leur vie, les accords politiques risquent d’être qualifiés de pure rhétorique, ce qui limitera d’autant plus le soutien à la solution des deux Etats. Que les parties en présence et la communauté internationale, après une interruption de sept longues et coûteuses années, semblent envisager la résolution du conflit est une bonne nouvelle. Les enjeux sont d’une telle importance qu’il est indispensable d’obtenir des résultats. Cela suppose d’avoir le courage de sortir des sentiers battus.

Cette lettre a été adressée le 10 octobre au président George W. Bush et à la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice. Elle a été signée par :
Zbigniew Brzezinski (ancien conseiller à la Sécurité nationale du président Jimmy Carter),

Lee H. Hamilton (ancien parlementaire américain, coprésident avec James Baker du Groupe d’étude sur l’Irak),

Carla Hills (ancienne représentante américaine au Commerce de George H.W. Bush),

Nancy Kassebaum-Baker (an­cienne sénatrice),
Thomas R. Pickering (ancien sous-secrétaire d’Etat de Bill Clinton),
Brent Scowcroft (ancien conseiller à la Sécurité nationale des présidents Gerald Ford et George H.W. Bush),
Theodore C. Sorensen (ancien conseiller spécial de John F. Kennedy),
Paul Volcker (ancien président du bureau des gouverneurs de la Réserve fédérale des Etats-Unis).

D’un sommet à l’autre

Quelle sera la contribution du sommet d’Annapolis à un processus diplomatique qui est dans une impasse sanglante depuis sept ans ? Entre juillet 2000 à Camp David et janvier 2001 à Taba (Egypte), Israéliens et Palestiniens étaient péniblement tombés d’accord sur le retrait d’Israël de la plupart des Territoires occupés, la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale (sauf le quartier juif de la Vieille Ville et la ceinture des nouveaux quartiers juifs) et la résolution financière du problème des réfugiés.

Mais ces accords n’ont jamais été ratifiés. En décembre 2003, des négociateurs israéliens et palestiniens ont rendu public un accord de Genève plus précis que les plans de l’année 2000, mais sans davantage d’effets, sur le terrain. De quoi discutera-t-on à Annapolis ? D’une version actualisée de l’accord de Genève, assurent les optimistes, convaincus duvolontarisme de l’administration Bush. Des promesses sans lendemain, pronostiquent les pessimites.

S’étant engagé auprès de l’aile ultra de son gouvernement à ne pas fixer par écrit le sort des colonies, Ehoud Olmert vient ainsi de promettre - oralement - de ne plus construire de nouvelles colonies et de démanteler les noyaux “illégaux” d’implantation, une promesse maintes fois répétée depuis deux ans.

Le Courrier international

Zbigniew Brzezinski
 « Assez d’hystérie, stoppons cette paranoïa »
 Iran : Zbigniew Brzezinski lance une bombe politique

[commentaire : vous pardonnerez à votre rammasseur de feuillets épars de vous faire part de ses multiples émois. Le premier est de constater que Zbig, qui avait commencé, en tant que conseiller de Lyndon Baines Jonson, sa carrière comme l’un des plus déterminés prophètes de la nécessaire hégémonie étasunienne sur l’ensemble de la planète, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, en vienne à une vue plus large et plus sobre. Le second est qu’il a l’estomac de l’écrire, et dans une mettre publique adressée à Bush en temps utile (et apparemment en pure perte). Et les autres signataires ont aussi un certain curriculum...Le troisième est que sa recommandation : retour au centimètre près à la ligne de 1967, quelques concessions très mineures pouvant être convenues, de commun accord, par la suite, et le reste aussi reprend, à 99%, ce que n’importe qui pouvait aisément reconnaître comme la seule solution pour donner quelques chance de vivre à une solution à deux états. Je me permets d’ajouter un point que Zbig omet de mentionner, mais qui est au coeur de la chose : c’est qu’il est essentiel de préserver l’égalité de droits et de dignité entre Palestiniens et Israéliens...]

Info-Palestine et Zbigniew Brzezinski - The New York Review of Books – jeudi 29 novembre 2007

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3238

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