Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Protestation des journalistes et parlementaires français et européens (...)

Communiqué de presse de la délégation de l’AJPF en Israël et en Palestine occupée

Protestation des journalistes et parlementaires français et européens présents sur le terrain (ndlr)

Francis Würtz, parlementaire européen était sur place et nous avait déjà fait vivre en direct depuis Bilin et au milieu de l’armée occupante et des gazs lacrymogènes certains épisodes particulièrement révoltants.

mercredi 21 novembre 2007

Palestine du 13 au 18 novembre 2007

Une délégation de l’AJPF s’est rendue en Israël et en Palestine du 13 au 18 novembre 2007. Composée de parlementaires français (dont un député européen), d’élus de municipalités françaises, de syndicalistes, de responsables associatifs, de représentants de la société civile et du Journal l’Humanité (représenté par son directeur), la délégation était venue rencontrer des élus et partenaires israéliens et palestiniens, constater la situation sur place et continuer les actions de solidarité et de coopération décentralisée, notamment dans le cadre de la campagne « pour le droit à l’éducation des enfants palestiniens » co-lancée par l’AJPF, le Forum pour un autre monde et le journal l’Humanité.

En premier lieu, nous voulons fermement protester contre les conditions d’accueil qui nous ont été réservées aussi bien à l’arrivée qu’au départ à l’aéroport de Tel Aviv. Nous avions pourtant prévenu de notre visite le Quai d’Orsay, l’Ambassade de France en Israël et le Consulat Général de France à Jérusalem, précisé son contenu et indiqué la composition précise de notre délégation. La France ne doit plus accepter qu’un pays traite ses ressortissants, élus et citoyens de la sorte, comme des « coupables », de manière humiliante et avec des démonstrations de force injustifiées, en toute impunité. La règle de la réciprocité internationale exige que nous soyons traités de la même manière que les élus et citoyens israéliens qui se rendent en France.

La délégation a été reçue à la Knesset où les députés rencontrés ont insisté sur l’énorme écart entre la réalité de terrain et les discussions autour des prochaines négociations de paix. Elle a échangé avec des pacifistes israéliens dont il faut saluer l’action courageuse. Elle est allée à Jérusalem Est et a pu constater la multiplication des sites colonisés en territoire palestinien, la progression de la construction du mur et l’enfermement achevé des villes et villages palestiniens.

La délégation s’est ensuite rendue dans les territoires palestiniens, à Ramallah où elle a été reçue par le Premier Ministre palestinien, par des députés de l’Autorité palestinienne, par le Président du groupe Fatah au parlement palestinien, par le conseiller politique du Président Abu Mazen, le responsable des relations entre l’Europe et l’autorité palestinienne, la Maire de Ramallah ainsi que des responsables du comité de soutien aux prisonniers palestiniens. Elle a été également reçue par le Consul Général de France à Jérusalem.

Puis elle s’est rendue dans les camps de réfugiés d’El Amari, Kalendia, Dheisheh, Shufat, Aqaba Jabr et Silwad.

Tous nos interlocuteurs nous ont fait part de leur grande inquiétude, souvent de leur désarroi face à la situation actuelle. La préparation des négociations de la conférence d’Annapolis prévue en novembre et pilotée par les Etats Unies est au cœur des préoccupations des responsables politiques rencontrés tant palestiniens qu’israéliens. Quelques jours seulement avant la tenue de cette conférence qui doit relancer le processus de paix, aucun accord ne semble avoir été trouvé par les négociateurs israéliens et palestiniens sur le contenu et le programme de la conférence.

Les Palestiniens sont déterminés à se rendre à Annapolis avec un ordre du jour précis sur les bases de l’application des résolutions de l’ONU et du droit international. Ils craignent que cette conférence, comme les précédentes conférence de paix, n’aborde pas les questions de fond et n’aboutisse sur aucun accord, retardant encore la création de l’Etat palestinien. Pourtant leur attente de résultats est très forte notamment d’un calendrier clair et précis de négociations pour arriver à la paix. C’est pourquoi les palestiniens ont réclamé que cette conférence d’Annapolis se tienne en présence de la communauté internationale dans son ensemble et particulièrement avec l’Union Européenne, afin que le monde soit réellement témoin de ce qui est en train de se passer sur le terrain. Il faut prendre conscience qu’un échec d’Annapolis aurait des conséquences désastreuses dans tout le Proche Orient et des répercussions en Europe.

Les Palestiniens demandent de relayer leur message pour que l’Europe prenne sa place dans le rapport de force unilatérale qui bloque toute avancée vers la paix, divise les forces politiques palestiniennes et crée une instabilité politique dans la région.

Nous étions à Ramallah le 15 novembre, jour de la célébration de la déclaration de l’indépendance de la Palestine par Yasser Arafat, en 1988 à Alger. Depuis, la position palestinienne, confirmée par les accords internationaux, n’a pas changé : la création d’un état palestinien viable sur les frontières de 1967 avec Jérusalem Est pour Capitale aux côtés de l’Etat d’Israël et la reconnaissance du droit au retour des réfugiés palestiniens.

Or, l’unité et la stabilité politique palestiniennes, la sécurité de l’Etat d’Israël et la paix ne seront sauvés que si une condition indispensable est respectée : l’arrêt de la colonisation. La colonisation est au cœur du problème et la clé de la solution. Sur le terrain, nous avons pu constater, qu’au contraire, Israël renforce la colonisation et instaure un état de siège permanent.

Nous avons été choqués par les murs et clôtures qui empiètent sur le territoire palestinien, emprisonnent les populations civiles, enferment les villes et les villages et empêchent tout contact entre les palestiniens.

Comment envisager la création d’un Etat palestinien viable sur un territoire encore réduit et aujourd’hui morcelé ?

Nous avons été choqués de constater l’instauration d’un apartheid par l’enfermement des palestiniens, par la création de routes réservées aux israéliens et de « routes palestiniennes » grâce à un système de ponts et de tunnels.

Nous avons été choqués de constater l’humiliation quotidienne faite aux palestiniens, particulièrement aux check-points, la dégradation des conditions de vie, notamment sanitaires et sociales dans les camps de réfugiés.

Nous avons été choqués de la progression fulgurante des colonies israéliennes illégales en territoire palestinien, de la politique d’aménagement et d’élargissement du territoire pour imposer une présence israélienne en territoire palestinien.

En résumé, nous avons été choqués de constater l’application sur le terrain d’une stratégie de faits accomplis, minutieusement élaborée et programmée de longue date, rendant impossible la création d’un Etat palestinien viable.

Nous avons été impressionnés par le courage et la dignité des Palestiniens qui en réponse aux humiliations et à la violence invoquent le droit international (à l’exemple de ce comité populaire du village de Bil’In soutenu par des pacifistes israéliens, mobilisé contre le tracé du mur séparant le village en deux),qui maintiennent le dialogue et prouvent ainsi qu’ils sont un partenaire fiable pour les négociations.

Le sort réservé à la Palestine et à tous les habitants de ce territoire est inadmissible et indigne. L’Europe doit peser de tout son poids pour en finir avec cette injustice. Nous, élus et citoyens français, clamerons haut et fort la vérité et continuerons à témoigner pour empêcher la mort annoncée d’un peuple et d’un Etat.

Le voyage et les témoignages en direct permettent de prendre la mesure du désastre humain et des enjeux mondiaux qui se jouent sur place. Chacun doit se sentir concerné, en premier lieu par solidarité avec un peuple qui réclame légitimement sa liberté, mais aussi par communauté d’intérêts car les prochaines décisions appliquées à cette région auront des répercussions jusqu’en Europe.