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Extrêmistes, mafieux, fous de « Dieu » et leur « comité de soutien », Israël une fois de plus se distingue ! (ndlr)

Israël : Un comité de soutien pour l’assassin d’Yitzhak Rabin

par Monique Mas

vendredi 26 octobre 2007

publié le jeudi 25 octobre 2007.

« Si Israël est prêt à libérer des terroristes pour la paix, au nom du même principe, nous exigeons la libération d’Ygal Amir », lance Itamar Ben Gvir, l’un des responsables du comité de soutien de l’assassin d’Yitzhak Rabin, Ygal Amir, un juif religieux radicalement hostile a toute idée d’un quelconque partage territorial avec les Palestiniens. Comme il l’a expliqué sans manifester de regrets, l’intention d’Ygal Amir était en effet de « neutraliser politiquement » le Premier ministre, prix Nobel de la Paix 1994 aux côtés du président israélien actuel, à l’époque chef de la diplomatie, Shimon Pérès, et du défunt chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat. Et cela pour leur contribution à l’accord d’Oslo de 1993 et à la naissance de l’Autorité palestinienne. Douze ans après le meurtre, des activistes continuent de dénoncer le « traître Rabin » et font campagne pour réhabiliter les adversaires d’Oslo.

Ce 4 novembre 1995 (le 12 heshvan, selon le calendrier lunaire hébraïque), le ciel était tombé sur la tête des Israéliens rassemblés pour la paix autour de Yitzhak Rabin, à Tel Aviv, lorsqu’un jeune juif de 25 ans, Ygal Amir, avait tiré trois balles dans le dos du Premier ministre. Dans le cadre de la commémoration lancée mardi soir, une vidéo du drame, retravaillée pour une meilleure lisibilité, était en ligne ce matin sur le site du principal quotidien israélien, Yediot Aharonot.
Au moment du meurtre, Shimon Pérès était tout près du Premier ministre. Aux policiers qui l’ont interrogé peu après, Ygal Amir affirmait d’ailleurs qu’il était en mesure de tuer aussi le travailliste mais qu’à ses yeux, il ne constituait qu’une « cible secondaire ».

L’assassin « ne regrette rien »

« L’assassin lui a tiré dans le dos mais il a touché la nation au cœur. L’histoire et le peuple ne le lui pardonneront pas », commente aujourd’hui le président Pérès qui n’a pas du tout l’intention de songer à gracier Ygal Amir. « Je ne regrette rien, Dieu m’en garde », affirmait l’assassin à l’issue de son interrogatoire, comme en témoigne l’enregistrement remis lundi par la police israélienne à Dalia Rabin, la fille du défunt Premier ministre. Du reste, selon son avocat, Ygal Amir « n’a pas déposé de demande de libération anticipée ou de réduction de peine ». « Il a été condamné à la prison à vie et il n’a purgé que 12 ans », rappelle-t-il. Mais pour les contempteurs d’Oslo réunis dans son comité de soutien, l’objectif est plus vaste.

Baptisé « comité pour la démocratie », le comité de soutien d’Ygal Amir prétend dévoiler « le véritable visage de Rabin », l’un des pères accoucheurs de l’Autorité palestinienne concédée à Oslo, et donc un traître à la cause du Grand Israël selon les activistes privés de formation politique, notamment depuis l’interdiction dans les années quatre-vingt-dix du Kach, le parti fondé dix ans plus tôt par le rabbin Meïr Kahane, dissous entre autre pour ses appels à la haine contre les Palestiniens. Leur commémoration de l’attentat contre la paix prend forme de célébration et c’est « au nom des droits de l’homme » et de la « réconciliation nationale » qu’ils entendent ratisser le plus largement possible, à l’heure d’un nouveau round de discussions israélo-palestiniennes entre le Premier ministre actuel, Ehud Olmert, et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Exposé par des membres de la famille Amir dans un CD vidéo de 15 minutes édité à 150 000 exemplaires, le message du « comité de soutien » est simple. D’après lui, Ygal Amir est en quelque sorte un martyr qui s’est « sacrifié » pour défendre Eretz Israël, le Grand Israël incluant la Cisjordanie que Yitzhak Rabin était allé « brader à Oslo ». « Nous ne soutenons pas l’acte d’Ygal Amir, bien que nous considérions Yitzhak Rabin comme un traître , assure le chef de file du comité de soutien, Ben Gvir. Mais, poursuit-il, « nous nous élevons contre l’hypocrisie de la gauche israélienne qui ne s’oppose pas à la libération de Marwan Barghouthi », le leader palestinien du Fatah incarcéré depuis 2002 en Israël pour plusieurs attentats, condamné à vie et considéré comme une possible monnaie d’échange avec les Palestiniens.

Un crime politique

Les adversaires les plus résolus du principe d’un échange de « la terre contre la paix » avec les Palestiniens voient l’affaire Ygal Amir comme un possible cheval de Troie politique. Ils font, officiellement, l’unanimité contre eux du côté des partis qui ont pignon sur rue. Et cela, jusque dans les rangs des faucons. Sur les ondes de l’armée, le chef du Likoud par exemple, l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, s’indigne « d’un crime politique qui a brisé un tabou dans le pays ». « Si cela tenait à moi, ajoute-t-il, je ne le libèrerais jamais ». « Il aurait fallu le tuer, non pas parce qu’il s’agit de mon père mais parce que l’assassin a tiré dans le dos de la démocratie », soutient de son côté Dalia Rabin.

Quant à l’action du comité de soutien d’Ygal Amir : « Si Israël veut se suicider, il n’a qu’à laisser cette campagne se développer », dit-elle.
Pris en flagrant délit sous l’œil des caméras, Ygal Amir a toujours revendiqué la responsabilité de son crime. Il s’est marié en prison en 2004 et en 2006, la Cour suprême lui a reconnu le droit de concevoir un enfant, à naître en ces jours de commémoration qui ne sont donc point de deuil pour la famille Amir et ses partisans. Aujourd’hui encore et contre toute évidence, ces derniers continuent de dire l’assassin de Rabin victime d’une machination dans laquelle le président Pérès aurait tenu lieu de commanditaire. Une théorie du complot à laquelle semble croire une proportion importante de colons juifs et de religieux ultra-nationalistes.

par Monique Mas

Article publié le 24/10/2007 Dernière mise à jour le 24/10/2007 à 15:16 TU
http://www.rfi.fr/actufr/articles/094/article_58174.asp

Monique Mas