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Asad Khan, interne spécialiste en médecine respiratoire, Hôpital Wythenshawe, Manchester, M23 9LT

A LIRE ABSOLUMENT ET A DIFFUSER svp (ndlr)

PS : je suis un Musulman qui refuse d’être catalogué antisémite pour avoir simplement critiqué la politique oppressive de l’état d’Israël

vendredi 12 octobre 2007

Ce témoignage pourrait être celui de centaines « d’internationaux » qui ont fait l’effort d’aller sur le terrain se rendre compte par eux mêmes de la réalité et de l’horreur de la situation. Sans ce « ressenti », il n’est pas possible de s’engager autrement que superficiellement.
Puisse ce témoignage vous convaincre de la nécessité de vous inscrire pour une mission civile et de ne pas rester dans un doute permanent sur la terrible réalité des faits.
M.F.

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J’ai suivi le débat dans les colonnes de ce journal avec un mélange d’intérêt et d’incrédulité. Je me demande combien de ceux qui accusent Tom Hickey et Derek Summerfield « d’avoir un parti-pris anti-israélien » et « d’antisémitisme » ont visité Israël et la Cisjordanie ou Gaza afin de voir les faits par eux-mêmes. J’ai eu la chance de visiter Israël et la Cisjordanie pendant deux semaines en août. Ce que j’y ai vu sur place a changé ma vie pour toujours.

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Nous avons passé beaucoup de temps aux check-points en Cisjordanie.

Malheureusement, le mot check-point parait très bénin car il n’arrive pas à faire passer l’horreur de l’endroit. Avez-vous déjà vu un hangar rempli de bétail entassé ? Avec une seule porte de sortie, porte gardée par un fermier tenant un bâton ? Et bien, remplacez ce fermier par un soldat israélien armé - et les animaux par les Palestiniens- et vous n’êtes pas loin de la réalité.

Au check-point de Huwwara près de Naplouse, nous avons vu une queue qui s’étendait sous un soleil impitoyable à plus d’un kilomètre et demi hors du hangar. Les Palestiniens étaient appelés un par un et leurs documents inspectés. Certains passaient, d’autres étaient refoulés. Tout cela selon l’humeur du soldat. L’explication donnée au check-points « sécurité », est un mensonge, étant donné que les barrières sont la plupart du temps positionnées entre les zones urbaines et les villes palestiniennes et pas entre la Palestine et Israël.

Israël avec son système de 700 check-points, barrages de routes et monticules de terre, étrangle en Cisjordanie la liberté de se déplacer des Palestiniens. Soixante huit femmes ont été obligées d’accoucher aux check-points depuis 2000 (http://www.ifamericansknew.org). La moitié des bébés impliqués sont décédés tout comme 4 des femmes. Beaucoup des bébés nés dans ces conditions ont souffert de dommage cérébral irréversible. Imaginez ce que peut ressentir le mari ou le fils impuissant d’une femme obligée d’endurer la douleur d’un accouchement sur le sol brûlant d’un check-point (avec un soldat armé qui la regarde) et vous pourrez commencer à comprendre pourquoi et comment sont nés des kamikazes.

18.000 maisons ont été démolies par Israël depuis 1967, souvent sur la tête de leurs habitants ([http://www.icahd.org] ). La raison qui est à nouveau donnée ? Le grand mensonge : la sécurité. La vérité est que même si un Palestinien possède un morceau de terre afin de construire ou étendre une habitation déjà existante, il doit déposer une demande qui coûte 20.000$. Et celle-ci est presque toujours rejetée et, alors que sa famille s’accroît, il est obligé de construire illégalement. Alors arrivent les bulldozers. Les Palestiniens doivent alors débarrasser eux-mêmes les décombres et payer au gouvernement israélien le coût de la démolition de sa maison.

Il y a eu dans ces colonnes plusieurs références aux tentatives d’attaques terroristes par des docteurs musulmans en Grande Bretagne. Il serait bon que ces personnes se souviennent que le premier « docteur terroriste » était juif : Baruch Goldstein, qui, en 1994, a abattu 29 Palestiniens et blessé 140 autres lors de la prière dans la ville de Hébron. Un monument honorant Goldstein a été érigé dans la colonie fanatique de Kiryat Arba. On peut lire sur la plaque : « au pieux Baruch Goldstein qui a donné sa vie pour le peuple juif, la Torah et la nation d’Israël ». C’est devenu un lieu de pèlerinage pour les personnes d’extrême droite.

Dans la vieille ville de Hébron, 400 colons fanatiques (protégés par les soldats des forces de défense israéliennes) terrorisent les quelques 30.000 Palestiniens. Ils jettent des pierres et donnent des coups de pied aux habitants tandis que l’armée israélienne interdit aux Palestiniens de rouler en voiture -et dans certains endroits de même de marcher) dans les rues. J’ai moi-même vu les blocs en ciments, les ordures et les excréments humains lancés sur les Palestiniens qui passaient près des colons qui occupent illégalement les appartements au-dessus des boutiques arabes ; Les graffiti racistes sont choquantes : « les Arabes à la chambre à gaz » - « Attention Fatima, nous allons violer tous les Arabes » - « Mohammed est un porc ». En-dessous de ce graffiti, un dessin montrant un cochon lisant le Coran. « Si vous, les Arabes, aviez juste utilisé un préservatif de merde, alors aucun d’entre vous n’aurait jamais existé ».

Si quelqu’un trouve cela incroyable, donnez-moi votre adresse email et je ne serais que trop content de vous envoyer les photos comme preuve.)

En marchant dans Hébron, vous passez des rangées après rangées de magasins abandonnés, leurs portes soudées entre elles et une étoile de David peinte dessus. Tout cela évoquait des souvenirs du ghetto de Varsovie et faisait froid dans le dos.

Quant à la conception qu’Israël est « la seule démocratie au Moyen Orient » et qu’elle « traite tous ses habitants pareillement », je vous invite à visiter le désert du Néguev en Israël. L’organisation israélienne « Physicians for Human Rights (www.phr.org.il ) nous a raconté la situation désespérée des Bédouins. Il y a 60 villages qui existaient avant 1948, une existence qu’Israël ne reconnaît pas. En conséquence, ces villages n’ont ni centres de santé, ni électricité ni eau potable. Le taux de mortalité infantile est 7 fois supérieur à la moyenne israélienne : et cela dans le 4ième pays le plus riche du monde, avec peut-être le meilleur système de santé du monde.

Ceux qui pleurent devant le risque d’une perte potentielle de la liberté universitaire que le boycott d’Israël risque de provoquer, devraient bien s’informer sur la violation de la liberté universitaire palestinienne. Nous avons visité l’Université de Birzeit à côté de Ramallah. Yasser Darwish, le responsable des relations publiques de l’université, nous a raconté comment lors de la deuxième Intifada, les Israéliens avaient construit un check-point entre la ville de Ramallah et Birzeit. Ce check-point n’était rien d’autre qu’une série de monticules de terre, des amas d’ordures et des énormes pierres s’étendant sur 2.40 kilomètres et dont le seul but était d’empêcher le passage des personnes.

Et ce n’est pas tout : les gens essayant d’atteindre l’université en marchant et en contournant obstacles, étaient souvent accueillis par des coups, des tirs de balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes. Parfois des étudiants et des professeurs obtenaient le droit de se rendre le matin à Birzeit mais le check-point était totalement fermé l’après-midi au moment de retourner à la maison. Cinq mille étudiants et professeurs étaient alors obligés de suivre une route détournée à travers les collines et les vallées, ce qui prenait jusqu’à 2 heures.

Les étudiants (y compris les étudiantes) étaient soumis à des fouilles corporelles humiliantes. Les soldats sont plusieurs fois entrés en force dans les dortoirs des étudiantes, brisant les fenêtres, les portes et le mobilier. Les lignes de téléphone, l’eau et l’électricité de Birzeit et de Ramallah ont été coupés, isolant les habitants du monde extérieur.

Les services de santé ne font pas partie « des droits humains fondamentaux » en Palestine. Il est incroyable que des personnes mettent en valeur la bienveillance d’Israël qui consent à soigner les blessés et les malades palestiniens. Selon les Conventions de Genève, une puissance occupante est responsable de la santé des personnes vivant sous son occupation.

Nous avons visité à Naplouse l’Hôpital Rafidia, le principal hôpital général. Le Docteur Sadaqah, le directeur adjoint de l’hôpital, est venu à notre rencontre. Il nous a raconté que chaque fois que les Israéliens envahissent Naplouse, la première chose qu’ils font est d’encercler l’hôpital, empêchant le passage du personnel et des malades et provoquant de ce fait des morts qui auraient pu être évités. Parfois des malades doivent être transférés vers des hôpitaux à Jérusalem ou en Israël, mais les Israéliens créent des obstacles chaque fois que possible. Et souvent, le temps que la permission soit obtenue (un minimum de 2 jours même en cas d’urgence), le malade meurt : cela est arrivé à un patient gravement brûlé deux jours avant notre visite.

Au plus fort des invasions et des couvre-feux des années 2002-2003, Rafidia recueillaient de 8 à 9 cas de blessures graves chaque jour. L’équipe médicale a fini par vivre dans l’hôpital durant 23 jours. L’armée israélienne empêchait les blessés de la Vieille Ville de se rendre à Rafidia : afin de les soigner, une clinique a été installée dans une mosquée de la Vieille Ville. Le Dr Sadaqah nous a raconté que la clinique a été obligée d’effectuer 2 amputations en urgence et ce, sans anesthésie. Les Israéliens empêchaient également que les corps soient enlevés pour inhumation : en conséquence la morgue de l’hôpital débordait et des camions de crèmes glacées ont dû être utilisés pour conserver les corps.

Il nous a également raconté que les Israéliens entraient régulièrement dans l’hôpital et qu’ils avaient en fait enlevé 4 patients de leurs lits. Un des malades était en soin intensif et venait juste de revenir d’une opération majeure. Quand les docteurs et les infirmières ont demandé les raisons de ces actions, les soldats les ont simplement poussés de côté. Nous avons été horrifiés en apprenant qu’au moment où les soldats ont enlevé les malades de l’hôpital, des docteurs israéliens les accompagnaient, docteurs qui n’ont à aucun moment essayé d’empêcher cela. Les soldats ont souvent fait sortir les malades des ambulances au moment où ils les vérifiaient.

Avez-vous entendu l’Association Médicale Israélienne protester contre ces graves violations des droits humains par Israël ?

J’ai eu la chance d’interviewer 2 étudiants de l’Ecole de Médecine de l’Université Al-Quds à Jérusalem. Afin de comprendre la situation exceptionnelle à laquelle font face les étudiants d’Al-Quds (et en fait tous les Palestiniens de Jérusalem) il est important de réétudier 1967 quand Israël a occupé la Cisjordanie et Gaza et qu’elle a annexé illégalement Jérusalem Est. Israël avait déclaré Jérusalem comme étant la « capitale unifiée d’Israël », une position non-reconnue par la communauté internationale, y compris les Etats-Unis.

La citoyenneté israélienne a été proposée aux habitants palestiniens de Jérusalem mais cela entraînait un serment d’allégeance à Israël. Sans surprise, la plupart ont refusé. Ils ont donc été déclarés « résidents » sans citoyenneté et ont été obligés de porter sur eux des cartes d’identités israéliennes de couleur bleue. L’emplacement sur ces cartes en face de la mention : nationalité reste vide. Les habitants de la Cisjordanie eux ont des cartes d’identité de couleur verte.

Les détenteurs de cartes d’identité bleue ne peuvent pas se déplacer en Cisjordanie et ceux avec une carte d’identité verte, ne peuvent pas entrer dans Jérusalem. Cette situation divise les familles, y compris les couples mariés. Si un résident de Jérusalem épouse un Palestinien cisjordanien, ils n’ont pas le droit de vivre ensemble que ce soit en Cisjordanie ou à Jérusalem. En conséquence beaucoup de couples vivent illégalement, avec la peur constante que l’un des deux soit découvert et expulsé. Le seul précédent à cette situation obscène est celle de l’Afrique du Sud sous l’apartheid.

Les étudiants ont expliqué que le campus de l’école de médecine est situé à Abu Dis, la banlieue de Jérusalem. L’hôpital principal pour l’enseignement, Maqassed, se trouve dans la ville même. Il était dans le passé impossible de dire où s’arrêtait Abu Dis et où commençait Jérusalem. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Le Mur de Séparation d’Israël les a séparés et en fin de compte, pour tout ce qui relève du domaine administratif, Abu Dis se trouve maintenant en Cisjordanie.

Un des étudiants nous a dit que sur les 40 étudiants de sa promotion, 5 avaient des cartes d’identité bleues et les autres des cartes d’identité vertes. Vous pouvez bien comprendre ce que cela signifie. Pour se rendre à Maqassed pour leur formation, les étudiants détenteurs de cartes d’identité vertes ont besoin d’un permis spécial qui est très difficile à obtenir. Même ceux qui réussissent à l’obtenir ne sont jamais sûrs qu’ils parviendront à l’hôpital étant donné que très souvent ils sont refoulés sans raison au check-point. La plupart des étudiants détenteurs de cartes d’identité vertes sont obligés d’aller dans des hôpitaux cisjordaniens pour leurs consultations en passant par encore plus de check-points.

La situation est inverse pour les étudiants détenteurs de cartes d’identité bleues : ils peuvent assister aux consultations cliniques mais sont souvent empêchés de suivre les conférences à Abu Dis. De plus, ce n’est pas un trajet direct : ce qui ne devrait pas prendre plus de 10 minutes peut durer une heure et demi à cause des check-points et de la route détournée que doivent prendre les étudiants.

Une fois diplômés, les médecins d’Al-Quds n’ont pas le droit de travailler dans les hôpitaux de Jérusalem et d’Israël étant donné que leur diplôme n’est pas reconnu par Israël. Les hôpitaux en Cisjordanie sont les seules options pour les détenteurs de cartes d’identité vertes. Cette situation oblige beaucoup d’entre eux à partir à l’étranger.

Quant à ceux qui prétendent qu’Israël avec ses violations des droits humains ne fait « que se défendre », j’aimerais attirer votre attention sur les statistiques suivantes de la BBC : en 2006, 660 Palestiniens ont été tués par les « forces de sécurité » israéliennes. Ce chiffre inclut 141 enfants. Le nombre total d’Israéliens tués par les Palestiniens en 2006 ? 23. Vous pouvez lire l’histoire sur : http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/mi...

Maintenant que je suis revenu en Grande Bretagne et que j’ai ouvert ma bouche dans ces colonnes, je sais que je vais être accusé d’antisémitisme. Cela est totalement absurde. J’ai beaucoup d’amis juifs en Grande Bretagne et maintenant en Israël. Ils sont dégoûtés par le comportement d’Israël et livrent un combat courageux et souvent dangereux, parfois au risque d’être frappés d’ostracisme de la part de leurs familles et amis. Les critiques dominants de la politique israélienne (Noam Chomsky, Amira Hass, Ilan Pappe, Norman Finkelstein, la regrettée Tanya Reinhart) sont tous juifs.

Ceci n’est pas un conflit vieux de plusieurs siècles entre Juifs et Musulmans. (Rappelez-vous que 12% des Palestiniens sont chrétiens et ce chiffre inclut des personnages importants comme Hanan Ashrawi et le défunt Edward Saïd). C’est une question de droits humains fondamentaux. Si l’on critique les démolitions de maisons, les check-points, les assassinats extrajudiciaires etc. et que l’on se retrouve accusé d’antisémitisme, alors celui qui accuse est en effet très bizarre. Car pour que ces critiques soient antisémites, l’accusateur doit accepter que ces violations de la loi internationale soient les caractéristiques inhérentes du judaïsme. Alors qui est ici vraiment antisémite ? Une autre question qui risque de m’être posée est : « Il y a aujourd’hui tant de conflits dans le monde, pourquoi êtes-vous tellement obsédé par la Palestine ? » Au cas où vous n’auriez pas deviné jusqu’à présent, la justice pour la Palestine est la clé pour la paix au Moyen Orient. C’est un abcès suppurant dans la chair de chaque Arabe ; plus ce conflit continuera, plus ils éprouveront du ressentiment vis-à-vis de l’occident.

Oui, c’est vrai, il y a des conflits terribles comme au Darfour, en Somalie, au Congo, en Tchétchénie et au Cachemire. Mais ces conflits sont relativement récents alors que l’oppression des Palestiniens dure depuis 60 ans. C’est la plus longue occupation actuelle en cours dans le monde et la seule à part l’Irak. Et c’est le seul conflit où l’oppresseur est financé et armé jusqu’aux dents par le « monde civilisé ».

Vous vous demandez ce que tout cela à faire avec le débat autour du boycott. Et bien, malgré des voix individuelles dissidentes, il est clair que le milieu universitaire israélien et l’Association Médicale Israélienne n’ont pas réussi à se présenter comme un bloc unitaire pour condamner l’occupation. Et ce malgré les appels répétés des Palestiniens, Israéliens et les organisations internationales pour les droits humains. De par leur silence, ils sont devenus complices des abus des droits humains. Je n’ai pas d’autre choix que de faire campagne pour un boycott.

L’échange d’idées n’a mené nulle part : malgré des années de discussions au niveau gouvernemental, une juste paix pour les Palestiniens demeure un rêve lointain. Il est temps que les habitants dans d’autres pays adoptent des mesures qui stigmatisent Israël, chose que leurs gouvernements refusent de faire. Il y a un précédent : l’Afrique du Sud. Etant donné que beaucoup de Sud Africains éminents (dont Nelson Mandela, Ronnie Kasrils et Desmond Tutu) ont déclaré publiquement que l’oppression des Palestiniens par Israël est bien pire que celle de l’Afrique du Sud sous l’apartheid, alors pourquoi hésiter à imposer un boycott ?

Et pour ceux qui sympathisent avec les Palestiniens mais qui sont contre les boycotts, j’ai une simple question : dans ce cas, que vont-ils faire pour les Palestiniens, que le monde a boycotté et abandonné depuis si longtemps ? Si la liberté académique des Israéliens est sacrée, ne devrions-nous appliquer cela aussi aux Palestiniens ?

Pour un compte-rendu complet de mon voyage : http://chestdocinpalestine.blogspot.com.