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Discours sur la méthode (ndlr)

Vers une Nième nakba ? (ndlr)

« Ces genss attendent vraiment la violence avec impatience »

dimanche 23 septembre 2007

Le principal outil du nettoyage ethnique est, toujours, la saisie des terres palestiniennes ainsi que l’expansion des colonies. Les diverses étapes du processus d’annexion ont lieu à l’évidence dans la région à l’origine rurale de la Cisjordanie, représentant 60% de sa surface.

À ce jour, 9% des terres de la Cisjordanie ont été transférés sous le contrôle direct des colonies.

Une enquête récente de La Paix Maintenant (juillet 2007) a révélé que seuls 12% de ces terres sont utilisés. « L’état attribue des surfaces énormes aux colonies, loin de toute proportion avec leur taille, afin d’empêcher la construction palestinienne dans ces secteurs.
Pourtant, quand un secteur est fermé aux Palestiniens, les colons commencent à saisir les terres palestiniennes voisines, souvent des propriétés privées, qui se trouvent à l’extérieur de leur juridiction. »

Selon BTselem, l’organisation israélienne de droits de l’homme, déjà en 2002, 41.9 % de la Cisjordanie avait été assignée aux conseils régionaux israéliens.

Et pendant des années, l’ensemble du secteur rural de la Zone C a été sous le contrôle administratif de la prétendue « administration civile », qui travaille dur, en collaboration étroite avec d’autres branches de l’armée israélienne et les colons, pour rendre la vie de ses habitants palestiniens aussi misérable que possible ; avec l’objectif évident de les faire partir. (Une information complète peut être trouvée, par exemple, dans le Magazine de l’Occupation, le site internet des activistes israéliens contre l’occupation.)

Dans le reste de la Cisjordanie, les Palestiniens sont devenus des prisonniers virtuels dans leurs propres villes et villages. Chaque aspect de la vie palestinienne normale – l’économie, la santé, l’éducation, est écrasé par une machine militaro-bureaucratique bien organisée et délibérée, qui se fait passer pour un établissement de sécurité. De temps à autre, le noeud coulant d’étranglement autour de l’existence des Palestiniens est reserré.
Le nettoyage ethnique, au moyen de démolitions de maisons et de l’agriculture, est également appliqué avec soin par l’Etat d’Israel à ses citoyens bédouins vivant dans le désert de Negev (voir l’excellent film sur le site internet d’Adalah - le Centre Juridique pour les droits des minorités arabes)

Tout cela n’est à peine compris par mes compatriotes. Ces n’est pas étonnant puisque cela est couvert par un monumental canular mais fortement cru des « négociations avec Abu-Mazen », des efforts diplomatiques et des promesses de gestes de bonne volonté envers les Palestiniens (qui ne sont toujours pas appliquées, ou appliquées de façon marginale pendant de courtes périodes).

Pour des raisons qui leur sont propres, certains politiciens palestiniens, y compris le Président Abbas, ont choisi de participer à cette farce.

L’Israélien juif moyen n’est pas au courant - ou ne veut pas savoir - du programme de nettoyage ethnique exécuté par son Etat – il ou elle préfère penser qu’il s’agit du « combat contre le terrorisme ».

Les citoyens juifs Israéliens vivent dans une réalité virtuelle, que leur fournissent gentiment leurs dirigeants, les médias, et le système d’éducation. Dans cette réalité, les Israéliens figurent comme étant de braves types, se battant pour leur existence, plutôt que comme colonisateurs et occupants.

Dans ce monde virtuel, on croit que notre gouvernement a travaillé dur pour arriver à un accord de paix avec les Palestiniens ; et si cet objectif n’est pas atteint, c’est en raison de l’intransigeance des Palestiniens.

L’obstacle des colons dans les négociations est admis, mais les colons sont vus comme des extrémistes ennuyeux, plutôt que comme une ramification de la politique annexionniste délibérée et constante du gouvernement israélien.

Mais les principaux politiciens israéliens le SAVENT : le projet de nettoyage ethnique ne pourrait probablement pas fonctionner sans cela. Je m’étais demandé si chaque nouveau ministre dans le gouvernement israélien obtient à un manuel expliquant les faits de la vie, rédigé dans le passé par quelqu’un comme Golda Meir ou Arik Sharon.

Autrement, comment expliqueriez-vous la remarquable continuité de la politique israélienne dans les territoires occupés pendant les longues années d’occupation ?

Comment est-ce possible que les cartes actuelles des colonies juives et des enclaves palestiniennes correspondent aux plans de Drobless et de Sharon pour la colonisation de la Cisjordanie, préparés il y a plusieurs décénnies ?

Cependant, je pense plutôt qu’un tel manuel n’existe pas et qu’on s’attend à ce que chaque ministre le comprenne tout seul.

Yitzhak Rabin a payé de sa vie ce qui semblait alors être un effort sincère pour se détacher du programme de nettoyage ethnique (bien que Rabin n’ait jamais même tenté d’enlever des colonies ; et que les infâmes « routes de contournement » pour les colons étaient son idée.)

En fin de compte, les années Oslo se sont avérées être une magnifique occasion pour l’expansion des colonies sous couvert du faux « processus de paix »

Barak, un parrain des projets de colonisation à grande échelle en Cisjordanie, semble avoir fait le dernier effort raté pour établir une forme (très limitée) de coexistence avec les Palestiniens. Mais il a du finir par décider que « si vous ne pouvez pas le combattre, adhérez-y », comme l’indique ses activités actuelles en tant que nouveau Ministre de la Défense.

(On trouve un exemple récent dans l’article « Un Hamastan comme défi », par Shlomo Gazit, NRG, 25 juin 2007 : "Simultanément à sa prise de contrôle de la Bande de Gaza, la direction du Hamas a appliqué un cessez-le-feu unilatéral avec Israel.

Pendant une semaine, pas une seule roquette Qassam n’a été tirée sur Sderot et les secteurs environnants.
Mais alors, juste après sa première journée en tant que Ministre de la Défense, le nouveau ministre (Ehud Barak) a autorisé une nouvelle opération pour rechercher des personnes sur la liste des « Wanted » dans la région de Khan Younis. Cinq Palestiniens ont été tués et plusieurs autres ont été blessés. Et comme par magie, le tir des roquettes Qassam sur Sderot a repris dès le lendemain."

Maintenir un certain degré de violence semble nécessaire à la politique israélienne actuelle afin de présenter les Palestiniens comme des terroristes et présenter les projets de colonisation israélienne et les opérations militaires visant à écraser les Palestiniens - en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza - comme une « lutte contre le terrorisme ».)

C’était Sharon, un brillant politicien, qui, sous couvert du « désengagement de Gaza », a converti le programme de nettoyage ethnique en « seul objectif autorisé » dans la politique israélienne.

À ce jour, l’ensemble de l’establishment sioniste a été recruté, des colons d’Hebron au Shomer Hatzair (mouvement des jeunes socialistes), qui, en tant qu’appelés dans l’armée, fournissent à ces mêmes colons une protection de sécurité.

La politique actuelle de l’Etat d’Israel est déterminée par la collusion de l’appétit insatiable des colons pour la terre, et l’appétit insatiable des généraux pour « l’action ». Les responsables élus qui exécutent cette politique sont aussi bien des partisans sincères que des complices plus ou moins disposés, attentifs à leurs carrières.

Actuellement, aucun des dirigeants ne s’oppose activement au programme de nettoyage ethnique.

Dans le fond, il y a le bourdonnement de la propagande toujours intensifiée qui désigne les Palestiniens - les citoyens et les non-citoyens - comme un DANGER DÉMOGRAPHIQUE QUI DEVRAIT ÊTRE ABORDÉ

La politique israélienne envers des Palestiniens peut être résumée brièvement : « Infligez leur tous les préjudices que vous pouvez vous permettre. »

Mais comment les dirigeants israéliens envisagent-ils la fin de cer objectif ?

Les nationalistes du noyau dur le relayent avec force : « un transfert », c.-à-d. l’expulsion des Palestiniens. Mais que pensent les principaux dirigeants - ceux qui effectuent en réalisé l’expulsion (actuellement - l’expulsion interne, vers les ghettos et les enclaves palestiniens) ?

L’opération est trop bien organisée pour que l’on puisse penser que la fin du jeu ait été envisagée.

Je crois que l’objectif final de nos dirigeants est de préparer le terrain pour une deuxième Naqba. Autrement, pouquoi pousser sans fin les Palestiniens vers la violence ? Toute personne un peu réfléchie comprend que la politique israélienne dans les territoires occupés mènera à un paroxysme certain de la violence. Ne me dites pas que nos dirigeants n’y ont jamais pensé.
D’accord, parmi eux il y a de véritables opportunistes qui se moquent de tout sauf de rester au pouvoir.

Mais quelqu’un pousse au nettoyage ethnique. Sharon a été le premier d’entre eux, mais à en juger d’après la suite bien organisée, ses partenaires sont complètement opérationnels et ils sont partis.

Ces genss attendent vraiment la violence avec impatience. Ils ont les yeux sur les prix des biens ’immobiliers : la Cisjordanie. Un paroxysme de violence permettrait à l’état d’Israel d’annexer la Cisjordanie – l’ensemble de la Cisjordanie, c’est-à-dire, en se débarassant de la plupart de ses habitants palestiniens. Tout comme en 1948. C’est, selon moi, l’objectif envisagé.

Où proposent-ils d’expulser les Palestiniens ? La Jordanie ? La bande de Gaza ? La Syrie ? Je ne sais pas.

Le nettoyage ethnique réussira-t-il ?

Les auteurs de cette politique comptent évidemment là-dessus. es prémices sont là, avec l’administration américaine actuelle qui soutien Israel quoi qu’il fasse, et l’Union Européenne et les pays arabes incapables ou peu disposés à tenir tête aux Etats-Unis.

Il est probable que le prochain accès de la violence sera lancé par les Palestiniens désespérés et sans ressources ; et puis, pour la énième fois, notre machine de propagande pourra nous présenter au monde comme des victimes, et les Palestiniens comme des persécuteurs. Des réponses israéliennes seront présentées en tant qu’actions défensives légitimes.

Plus tard, l’histoire en jugera peut-être autrement, mais en attendant (si la constellation politique actuelle persiste un certain temps), qui s’inquiète des Palestiniens.

Mais à long terme, le désastre menace Israel. Mais nous sommes une petite nation, et les Palestiniens sont une nation de taille identique qui fait d’ailleurs partie du vaste monde musulman.

L’expérience de l’Afrique du Sud suggère que le régime du genre Apartheid imposé aux Palestiniens n’est pas viable à long terme, même s’il semble invincible au départ.

Comme l’a montré l’invasion de l’année dernière au Liban, la performance de l’armée israélienne s’est détériorée, corrompue par des années de fonctionnement en tant que milice coloniale. En même temps, les généraux deviennent de plus en plus déchainés et irréfléchis.

L’économie Israélienne repose sur le soutien lui aussi irréfléchi de l’establishment politico-affairiste américain, mais ce soutien très couteux ne devrait pas durer toujours. La capacité des Etats-Unis à s’imposer au monde est également susceptible de s’affaiblir car la Russie et la Chine deviennent de plus en plus puissantes.

Et peut-être d’une manière plus importante - le dôme du Rocher - le troisième lieu le plus saint de l’Islam - est en jeu

Selon moi, mon pays Israel s’est embarqué dans une politique suicidaire. Cela s’est déjà produit dans l’histoire juive, il y a environ 1940 ans : voir « la guerre juive », de Josephus Flavius.

Et comme à cette époque, la majeure partie de public israélien ne réalise pas qu’il est entraîné vers un désastre par ses propres dirigeants.

Source : counterpunch 

Traduction : MG pour ISM