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Source : ISM - International Solidarity Movement

Si ce n’est pas de la démence, c’est de la trahison

Par Dr. Hasan Afif El-Hasan

lundi 20 août 2007

Né à Naplouse, Palestine, le docteur Hasan Afif El-Hasan est analyste politique et auteur. Il travaille actuellement sur un livre : "The betrayal of the Palestinians : How Palestine was delivered". Il vit aux Etats Unis depuis le milieu des années 60 et a travaillé pendant 30 ans à Avionics Engineering.

En rendant au gouvernement Abbas et Fayyad 120 millions de dollars de revenus de taxes, le régime sioniste a réussi le plus beau marché que l’argent peut acheter. C’est de l’argent palestinien qui sert à acheter le partenaire palestinien pour combattre la résistance palestinienne à l’occupation et aux colonies. Encore plus fort, le partenaire est le Président palestinien et l’argent est la récompense de sa collaboration avec les sionistes à condition que lui et son Premier Ministre Fayyad ne renouent pas de contacts avec le Hamas.
Abbas a tenu sa part du marché. Il a rejeté toute réconciliation avec le Hamas et a refusé de payer les salaires des 19.000 fonctionnaires embauchés par le précédent gouvernement Hamas.

Que cela lui soit venu à l’esprit ou non, la discrimination d’une partie importante des Palestiniens fait de lui un dirigeant encore plus faible qu’il ne l’est réellement. Il est bien incapable de parvenir au cessez-le-feu que le régime sioniste lui demande avant d’engager des négociations sur cette éventualité, sans l’accord du Hamas.

Comme partie de la récompense aux sionistes, les forces de sécurité d’Abbas ont coopéré avec les agences de l’occupation en pourchassant les cellules résistantes palestiniennes en Cisjordanie, pendant que l’armée d’occupation lâchait tous les jours des attaques aériennes contre les cibles du Hamas dans la Bande de Gaza, tuant les militants et les civils et détruisant les biens. Les dirigeants de l’Autorité Palestinienne ont facilité la tâche du régime sioniste visant à diviser les Palestiniens en modérés et extrémistes et ont repris les assassinats et les arrestations de ceux qui s’opposaient à l’occupation partout sur la terre occupée.

Les arrestations des résistants du Hamas par les forces de sécurité de l’Autorité Palestinienne ont été coordonnées avec les forces d’occupation, qui contrôlent étroitement les territoires. Les agences de presse ont rapporté que quelquefois, l’armée d’occupation visait les mêmes individus que l’Autorité Palestinienne avait arrêtés.

La Secrétaire d’Etat US Rice a averti Abbas que le Premier Ministre sioniste Ehud Olmert ne poursuivrait pas ses rencontres régulières avec lui ou ne ferait aucune concession pour améliorer son image "s’il re-embauchait le Hamas". Tant qu’il aide les sionistes à réprimer la résistance, les USA et le régime sioniste l’aiment et l’adorent. Il aura encore plus de photos le montrant avec le Président Bush et Rice !

Abbas a suivi les injonctions sionisto-US en refusant de démarrer un processus de réconciliation avec le Hamas et ses partisans. Il a rejeté tout effort de médiation du Président du Yemen Ali Saleh, ou du Secrétaire Général de la Ligue Arabe Amr Moussa pour renouer le dialogue avec le Hamas à quelque niveau que ce soit. Boycotter les Palestiniens qui sont affiliés au Hamas ne fait pas d’Abbas un dirigeant fort, même si on flatte sa légitimité avec de belles paroles et des gestes.

Abbas parle de parvenir à un cadre qui irait au-delà des déclarations lors de la réunion à venir proposée par les Etats-Unis.

Peu importe que le Ministre de la Défense sioniste Ehud Barak pense qu’un accord de paix avec les Palestiniens, dans un avenir proche, est un "fantasme", Abbas a choisi de ne pas être le président de tous les Palestiniens. Le régime sioniste croit qu’Abbas n’a gagné que l’argent des taxes et des occasions d’être pris en photo avec le Premier Ministre Olmert toutes les deux semaines pour les services qu’il a rendus. Le Ministre de la Défense sioniste, qui contrôle la Cisjordanie et qui a organisé le siège total de la Bande de Gaza grâce aux Forces d’Occupation, a suggéré, le 10 août 2007, que le régime sioniste maintienne les checkpoints, en Cisjordanie, pendant encore plusieurs années. Le Ministre de la Défense a ajouté que les rencontres régulières entre Olmert et Abbas n’étaient que des relations publiques.

La déclaration de Barak, chef du Parti Travailliste, connu pour être la « colombe de gauche » sur l’échiquier politique sioniste, laisse entendre qu’en dépit de la coopération d’Abbas, l’expansion des colonies exclusivement juives continuerait, et que la paix avec les Palestiniens ne se ferait que selon les termes du régime sioniste. Barak, membre clé du gouvernement israélien, ne parle pas dans le vide.

Olmert profitera de la proclamation de son ministre pour déclarer que le public sioniste n’est pas prêt à des discussions sur les négociations finales avec les Palestiniens. Il n’y aura aucune fin du siège de la terre et de la mer à Gaza, ni retrait de Cisjordanie, ni suppression des centaines de checkpoints et barrages routiers érigés en Cisjordanie, qui empêchent la circulation des gens et des marchandises.

Lors de sa visite au Moyen Orient le 31 juillet, la Secrétaire d’Etat US Rice a répété l’accusation du Président Bush, à savoir que l’Iran nourrit le terrorisme au Liban, soutient les milices en Irak et aide le Hamas dans les Territoires Palestiniens. La direction de l’Autorité Palestinienne a acquiescé à ses accusations et a même été encore plus loin. Ils ont affirmé que la résistance palestinienne coopérait avec les jihadistes internationaux.

Nabil Amr, un proche d’Abbas et ancien ministre de l’information de l’Autorité Palestinienne, a déclaré lors d’une interview au journal al-Hayat que le Hamas abritait et cachait des membres d’Al-Qaeda à Gaza. Cette accusation est dénuée de toute crédibilité parce que le Hamas n’est pas une organisation jihadiste comme Al-Qaeda, mais on voit que cela ne pose aucun problème à Abbas et à ses partisans de diffuser des mensonges pour soutenir le régime sioniste et les USA, lorsqu’ils prétendent que la résistance palestinienne fait partie du terrorisme international.

Ils justifient ouvertement les attaques continues du régime sioniste contre leur propre peuple. Que les dirigeants palestiniens mettent dans le même sac le groupe Hamas et les terroristes d’Al-Qaeda, au moment où les USA combattent bec et ongle le terrorisme, est une invitation par les acolytes d’Abbas à écraser la résistance palestinienne.

Et le 30 juillet, l’envoyé d’Abbas aux Nations Unies a bloqué les efforts du Qatar qui voulait introduire une résolution qui aurait attiré l’attention sur les souffrances des Palestiniens à Gaza et la nécessité de sauver un million et demi de personnes de la maladie et de la famine dues au siège israélien. L’homme d’Abbas s’est arrangé pour "faire retirer la résolution" et a épargné au régime sioniste l’effort de défendre ses actes inhumains et illégaux contre les habitants de la plus grande prison au monde, nommée Bande de Gaza.

Abbas et ses aides n’ont ni conscience ni honte à rejoindre le gouvernement des colons dans la lutte contre la résistance palestinienne, à affamer et à tuer le peuple dont il prétend être le président.

Si ce n’est pas de la démence, c’est de la trahison.

Source : Palestine Chronicle  Traduction : MR pour ISM