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Source : Counterpunch

« Aucun président des Etats-Unis ne peut s’opposer à ’Israël’ »

par PAUL CRAIG ROBERTS

samedi 18 août 2007

La « relation particulière »

« Aucun président des Etats-Unis ne peut s’opposer à ’Israël’ » , tels sont les mots du fougueux amiral Thomas Moorer, chef d’état major de la marine des Etats-Unis (1970-1974). Moorer était peut-être le dernier chef militaire des Etats-Unis doté d’un esprit indépendant.

L’amiral Moorer savait de quoi il parlait. Le 8 juin 1967, les forces militaires sionistes ont attaqué un navire de renseignement de la marine des Etats-Unis, le USS Liberty. Cette attaque a coûté la vie à 34 marins et en a blessé 173 autres. Les sionistes ont même mitraillé les bateaux de sauvetage, tout comme les marins qui quittaient le bateau frappé.
Il semble que le Liberty ait intercepté des communications des sionistes montrant la responsabilité du régime de Tel Aviv dans le déclenchement de la guerre des 6 jours. Aujourd’hui encore, les livres d’histoire et la majorité des étasuniens continuent à attribuer la responsabilité de ce conflit aux Arabes.

La Marine des Etats-Unis savait la vérité, mais le président des Etats-Unis s’est rangé du côté de l’entité sioniste contre l’armée de son pays, et a ordonné à la Marine des Etats-Unis de rester silencieuse. Le président Lyndon Johnson a déclaré qu’il ne s’agissait que d’une « erreur ». Plus tard dans sa vie, l’amiral Moorer a formé une commission et a présenté la vérité sans fard aux étasuniens.
La puissance du lobby sioniste dans la politique étrangère des Etats-Unis est considérable. En mars 2006, deux universitaires distingués, John Mearsheimer et Stephen Walt, ont fait état, dans la London Review of Books de leur crainte que le lobby sioniste ne détourne la politique étrangère étasunienne dans des directions qui ne servent ni les intérêts des Etats-Unis, ni d’ailleurs ceux du régime de Tel Aviv. Ces deux experts pensaient qu’ils allaient provoquer un débat capable de venir à la rescousse des politiques étatsuniennes et sionistes de coercition qui conduisent surtout à l’échec et ont pour résultat essentiel d’intensifier la haine du monde arabo musulman pour le régime sioniste et pour les Etats-Unis. Le lobby sioniste était opposé à pareille ré-évaluation et a essayé de le refermer par des épandages intensifs d’épithètes tels que « haïsseur de juif », « antisémite », et même « anti-américain ». Aujourd’hui, les citoyens de l’entité sioniste qui s’opposent aux plans pour le « Grand Israël » sont dénoncés comme « antisémites ».

Beaucoup de nos concitoyens n’ont pas conscience de l’influence du lobby sioniste. Ils pensent plutôt que les Etats-Unis sont « la seule superpuissance du monde », une sort de nouvel Empire Romain, à tendance macho, dont les directives doivent être suivies sans discussion, sinon , la non-entité qui se le permet sera « ramenée à coup de bombes à l’âge de pierre. » Beaucoup d’entre eux sont convaincus que la coercition militaire sert nos intérêts. Ils citent la Lybie, la Serbie, l’Afghanistan, l’Iraq, et ils sont prêts aujourd’hui à mettre l’Iran et le Pakistan à genoux à coup de bombes.

Le résultat de cette arrogance est le meurtre de dizaines de milliers, peut-etre de centaines de milliers, d’hommes, de femmes, et d’enfants, et beaucoup d’étasuniens semble croire qu’un tel destin est approprié pour les pays qui refusent l’hégémonie des Etats-Unis.
La coercition est ce que la politique étrangère des Etats-Unis est devenue. Les super-patriotes machistes adorent ça. Beaucoup de ces super-patriotes prennent une sorte de plaisir par procuration dans leur illusion que « l’Amérique est en train de botter le cul de ces foutus nègres ! »

C’est cela, l’Amérique du régime Bush. Si on laissait faire certains de ces superpatriotes, tout « antipatriote supporter de terroristes » qui ose critiquer la guerre contre les « islamofascistes » serait envoyé à Guantanamo, ou à défaut fusillé sur le champ.

Ces supporters de Bush ont donné au parti Républicain la forme d’un Parti de Chemises Brunes. Ils ont du mal à attendre pour attaquer l’Iran, de préférence avec des armes nucléaires. Impatients de l’Armageddon, certains sont tellement remplis de manque de mesure et de la certitude de leur bon droit qu’ils croient vraiment que leur soutien de moyens condamnables leur garantit le paradis.

Les démocrates se trouvent paralysés, car « leur » parti se trouve bien dans l’Amérique de Bush, et se refuse à faire quoi que ce soit pour arrêter l’agression du régime de Bush contre le peuple Iraqien ou pour empêcher l’attaque du régime de Bush contre l’Iran.

Les Démocrates pourraient facilement obtenir la mise en accusation de Bush et de Cheney à la Chambre des Représentants, car la mise en accusation n’y requiert qu’un vote à la majorité. Ils ne pourraient pas obtenir la condamnation, au Sénat, sans un soutien Républicain, car la condamnation exige la ratification des 2/3 des sénateurs présents. Néanmoins, une mise en accusation à la Chambre ferait très largement retomber le vent qui souffle dans les voiles de la guerre, ce qui sauverait un nombre incalculable de vies et peut-être même épargner à l’humanité un holocauste nucléaire.

Des rationalisations ou des excuses diverse et variées ont été élaborées pour justifier la complicité des Démocrates dans ces agressions qui ne servent pas les Etats-Unis. La justification la plus habituellement avancée est que les Démocrates laissent délibérément les Républicains agir sans entraves, de façon à obtenir une désapprobation d’une telle ampleur que les Démocrates seront assurés d’un raz-de-marée dans l’élection de 2008.

Il est douteux que les Démocrates supposent que des hommes aussi rusés que Karl Rove et DickCheney ne comprennent pas les conséquences électorales d’un bas niveau d’approbation publique et dirigent sans rien voir vers une déculottée électorale. Le départ de Rove ne signifie évidemment pas qu’il n’y a pas une stratégie en place.
Qu’y a-t-il donc qui explique la complicité du Parti Démocrate dans une politique que les citoyens des Etats-Unis, et particulièrement l’électorat Démocrate, rejette ? Une explication se trouve peut-être trouvée dans une information publiée par le Minneapolis-St. Paul Star Tribune du 01 août 2007, selon laquelle le représentant Démocrate Keith Ellison va passer une semaine en zone sioniste au cours d’un « voyage financé par des dons privés et parrainé par la Fédération Israélo-Américaine de l’Education (AIEF). L’AIEF, qui est le bras charitable du Comité Israélo-Américain des Affaires Publiques (AIPAC), envoie 19 membres du Congrès des Etats-Unis rencontrer des responsables de l’entité sioniste. Le groupe, essentiellement constitué de jeunes élus Démocrates, doit rencontrer les premier ministre Olmert et le président [pantin] Palestinien Abbas. Le membre du Congrès le plus ancien de cette tournée est le Leader de la Majorité de la Chambre des Représentants, Steny Hoyer, qui a déjà fait le voyage trois fois...Ce voyage est le second pour Ellison depuis qu’il est élu au Congrès. »

Selon le Star-Tribune, un groupe Républicain, comportant la représentante (républicaine) du Minnesota, Michele Bachmann, et conduit par le représentant (républicain) de Virginie Eric Cantor ets déjà dans la zone sioniste. Selon ces informations, 40 autres succéderont à ces deux groupes au vours des vacances du Congrès en août, et « d’ici à la fin de l’année, chaque membre du Congrès aura été faire une tournée dans l’entité sioniste. » Cette prévision est sans doute un peu exagérée, mais elle montre avec quel soin le sionisme s’occupe de la politique des Etats-Unis au Proche Orient.

Ailleurs dans le monde, et particulièrement parmi les musulmans, le soupçon est bien établi que la véritable raison qui fait que la guerre contre l’Iraq ne peut pas se terminer, et la raison pour laquelle l’Iran et la Syrie doivent être attaqués, est que les Etats-Unis doivent détruire toute opposition musulmane au vol de la Palestine par l’établissement sioniste, ce qui transforme un peuple tout entier en réfugiés chassés de leurs maisons et des terres où ils ont vécu pendant bien des siècles. Les Américains peuvent penser qu’ils ne font rien d’autre qu’intervenir pour le contrôle du pétrole, et le garder hors d’atteinte des terroristes, mais ce n’est pas du tout comme cela que le reste du monde voit le conflit.

Jimmy Carter a été le dernier président des Etats-Unis qui a tenu bon face à l’entité sioniste et exigé que la diplomatie des Etats-Unis soit, au moins officiellement sinon toujours en pratique, équilibrée dans son approche de l’entité sioniste et de la Palestine. Depuis la présidence de Carter, l’approche équilibrée s’est lentement retirée de la politique des Etats-Unis au Proche Orient. Le régime néoconservateur Bush/Cheney a abandonné même la prétention à l’approche équilibrée.

Cela est très regrettable, pare que la coercition militaire s’est révélée inefficace. Epuisé par le conflit, le système militaire des Etats-Unis, selon l’ancien secrétaire d’état et ancien président du comité des chefs d’etat-major Colion Powell, « presque détruit ». L’élite démoralisée des diplômés de West Point quitte l’armée à une vitesse jamais vue depuis 30 ans. Les désertions augmentent rapidement. Un de mes amis, officier de fusiliers marins qui a combattu au Vietnam, m’a récemment écrit que l’unité de fusilier marins de son fils, qui s’entraîne actuellement en vue de son troième déploiement en Iraq en septembre prochain, compte 12 à 16 hommes manquants dans chaque section, et s’attend à davantage d’absences injustifiées avant le départ pour l’Iraq.

Au lieu de ré-évaluer une politique dont l’échec est manifeste, le « tsar de la guerre » de Bush, le général Douglas Lute, a appelé à la reprise de la conscription. Le général Lute ne voit pas pourquoi les étasuniens ne retourneraient pas au service militaire pour éviter à l’administration Bush d’avoir à corriger une politique moyen-orientale erronée qui engage les Etats-Unis à d’autres agressions et à un conflit à long terme débilitant au Moyen Orient.

Il est difficile de voir en quoi cette politique est utile à autre chose que le très étroit intérêt de l’industrie d’armement.

Apparemment, rien ne peut être fait pour changer cette politique désastreuse jusqu’à ce que le lobby sioniste finisse par réaliser que l’intérêt du sionisme n’est en rien servi par la politique actuelle de coercition militaire.

Paul Craig Roberts a été Secrétaire adjoint au Trésor dans l’administration Reagan. Il a été Rédacteur en Chef Adloint de la page Opinions du Wall Street Journal et Chroniqueur à la National Review. Il est co-auteur de « La Tyrannie des Bannes Intentions ». Il peut être joint à PaulCraigRoberts@yahoo.com

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Et voici l’original en anglais

August 15, 2007
The Peculiar Relationship
"No American President Can Stand Up to Israel"
By PAUL CRAIG ROBERTS
"No American President can stand up to Israel."
These words came from feisty Admiral Thomas Moorer, Chief of Naval Operations (1967-1970) and Chairman of the Joint Chiefs of Staff (1970-1974). Moorer was, perhaps, the last independent-minded American military leader.
Admiral Moorer knew what he was talking about. On June 8, 1967, Israel attacked the American intelligence ship, USS Liberty, killing 34 American sailors and wounding 173. The Israelis even strafed the life rafts, machine-gunning the American sailors leaving the stricken ship.
Apparently, the USS Liberty had picked up Israeli communications that revealed Israel’s responsibility for the Six Day War. Even today, history books and the majority of Americans blame the conflict on the Arabs.
The United States Navy knew the truth, but the President of the United States took Israel’s side against the American military and ordered the United States Navy to shut its mouth. President Lyndon Johnson said it was all just a mistake. Later in life, Admiral Moorer formed a commission and presented the unvarnished truth to Americans.
The power of the Israel Lobby over American foreign policy is considerable. In March 2006, two distinguished American scholars, John Mearsheimer and Stephen Walt, expressed concern in the London Review of Books that the power of the Israel Lobby was bending US foreign policy in directions that serve neither US nor Israeli interests. The two experts were hoping to start a debate that might rescue the US and Israel from unsuccessful policies of coercion that are intensifying Muslim hatred of Israel and America. The Israel lobby was opposed to any such reassessment, and attempted to close it off with epithets : "Jew-baiter," "anti-semitic," and even "anti-American." Today Israeli citizens who oppose Zionist plans for greater Israel are denounced as "anti-Semites."
Many Americans are unaware of the influence of the Israel lobby. Instead they think of the US as "the world’s sole superpower," a macho new Roman Empire whose orders are obeyed without question or the insolent nonentity is "bombed back to the stone age." Many Americans are convinced that military coercion serves our interest. They cite Libya, Serbia, Afghanistan, Iraq, and now they are ready to bring Iran and Pakistan to heel with bombs.
This arrogance results in the murder of tens of thousands, perhaps hundreds of thousands, of men, women and children, a fate that many Americans seem to believe is appropriate for countries that do not accept US hegemony.
Coercion is what American foreign policy has become. Macho superpatriots love it. Many of these superpatriots derive vicarious pleasure from their delusions that America is "kicking those sand niggers’ asses."
This is the America of the Bush Regime. If some of these superpatriots had their way every "unpatriotic, terrorist supporter" who dares to criticize the war against "the Islamofacists" would be sent to Gitmo, if not shot on the spot.
These Bush supporters have morphed the Republican Party into the Brownshirt Party. They cannot wait to attack Iran, preferably with nuclear weapons. Impatient for Armageddon, some are so full of hubris and self-righteousness that they actually believe that their support for evil means they will be "wafted up to heaven." [see
It has come as a crippling blow to Democrats that "their" political party is comfortable with Bush’s America, and will do nothing to stop the Bush regime’s aggression against the Iraqi people or to prevent the Bush regime’s attack on Iran.
The Democrats could easily impeach both Bush and Cheney in the House, as impeachment only requires a majority vote. They could not convict in the Senate without Republican support, as conviction requires ratification by two-thirds of Senators present. Nevertheless, a House vote for impeachment would take the wind out of the sails of war, save countless lives and perhaps even save humanity from nuclear holocaust.
Various rationales or excuses have been constructed for the Democrats’ complicity in aggression that does not serve America. Perhaps the most popular rationale is that the Democrats are letting the Republicans have all the rope they want with which to produce such a high disapproval rating that the Democrats will sweep the 2008 election.
It is doubtful that the Democrats would assume that men as cunning as Karl Rove and Dick Cheney do not understand the electoral consequences of a low public approval rating and are walking blindly into an electoral wipeout. Rove’s departure does not mean that no strategy is in place.
So what does explain the complicity of the Democratic Party in a policy that the American public, and especially Democratic constituencies, reject ? Perhaps a clue is offered from the Minneapolis-St. Paul Star Tribune news report (August 1, 2007) that Democratic Congressman Keith Ellison will spend a week in Israel on "a privately funded trip sponsored by the American Israel Education Federation. The AIEF—the charitable arm of the American Israel Public Affairs Committee (AIPAC)—is sending 19 members of Congress to meet with Israeli leaders. The group, made up mostly of freshman Democrats, has plans to meet with Isreali Prime Minister Ehud Olmert and [puppet] Palestinian President Mahmoud Abbas. The senior Democratic member on the trip is House Majority Leader Steny Hoyer, who has gone three times. . . . The trip to Israel is Ellison’s second as a congressman."
According to the Star-Tribune, a Republican group, which includes Rep. Michele Bachmann (R, Minn), led by Rep. Eric Cantor (R, Va) is already in Israel. According to news reports, another 40 are following these two groups during the August recess, and "by the time the year is out every single member of Congress will have made their rounds in Israel." This claim is probably overstated, but it does show careful Israeli management of US policy in the Middle East.
Elsewhere on earth and especially among Muslims, the suspicion is rife that the reason the war against Iraq cannot end, and the reason Iran and Syria must be attacked, is that the US must destroy all Muslim opposition to Israel’s theft of Palestine, turning an entire people into refugees driven from their homes and from the lands on which they have lived for many centuries. Americans might think that they are merely grabbing control over oil, keeping it out of the hands of terrorists, but that is not the way the rest of the world views the conflict.
Jimmy Carter was the last American president who stood up to Israel and demanded that US diplomacy be, at least officially if not in practice, even-handed in its approach to Israel and Palestine. Since Carter’s presidency, even-handedness has slowly drained from US policy in the Middle East. The neoconservative Bush/Cheney regime has abandoned even the pretense of even-handedness.
This is unfortunate, because military coercion has proven to be unsuccessful. Exhausted from the conflict, the US military, according to former Secretary of State and former Chairman of the Joint Chiefs of Staff, Colin Powell, is "nearly broken." Demoralized elite West Point graduates are leaving the army at the fastest clip in 30 years. Desertions are rapidly rising. A friend, a US Marine officer who served in combat in Vietnam, recently wrote to me that his son’s Marine unit, currently training for its third deployment to Iraq in September, is short 12-16 men in every platoon and expects to be hit with more AWOLs prior to deployment.
Instead of re-evaluating a failed policy, Bush’s "war tsar," General Douglas Lute, has called for the reinstitution of the draft. Gen. Lute doesn’t see why Americans should not be returned to military servitude in order to save the Bush administration the embarrassment of having to correct a mistaken Middle East policy that commits the US to more aggression and to debilitating long-term military conflict in the Middle East.
It is difficult to see how this policy serves any interest other than the very narrow one of the armaments industry. Apparently, nothing can be done to change this disastrous policy until the Israel Lobby comes to the realization that Israel’s interest is not being served by the current policy of military coercion.
Paul Craig Roberts was Assistant Secretary of the Treasury in the Reagan administration. He was Associate Editor of the Wall Street Journal editorial page and Contributing Editor of National Review. He is coauthor of The Tyranny of Good Intentions.He can be reached at : PaulCraigRoberts@yahoo.com