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Source : ISM
Quel rôle aujourd’hui pour les partisans palestiniens ?
Par Agustin Velloso
jeudi 16 août 2007
Aujourd’hui, la question est de savoir comment traiter avec le sionisme au 21ème siècle.
La cause palestinienne existe parce que les Palestiniens sont les victimes du sionisme, comme la cause irakienne existe parce que les Irakiens sont les victimes de l’impérialisme.
1. Soutenir la résistance palestinienne : aujourd’hui comme en 1947.
A la question du journal chilien en ligne « Hoja de Ruta » (1) : « Que signifie aujourd’hui l’engagement dans l’action politique pro-palestinienne ? », la première chose à laquelle j’ai pensé est : la même chose qu’il y a quarante ans (en 1967) et qu’il y a soixante ans (en 1947). C’est-à-dire, soutenir la résistance palestinienne, qui lutte contre le projet sioniste en Palestine.
Etre à la fois observateur et participant n’aide pas à faire une telle comparaison. Ce qui importe est la vision générale actuelle des gens concernés : la situation s’est détériorée.
On peut arguer que la situation n’a pas réellement changé, mais les perceptions de celle-ci parmi certains de ses supporters ont changé et, en conséquence, leur position politique. Pour le dire clairement : il y a une atmosphère de déclin et de confusion dans le camp occidental de la solidarité.
Pour les gens politiquement non motivés, la grande majorité, le conflit palestinien, bien que sensible, est un problème lointain et, presque par définition, impossible à résoudre. Il fait partie du « paysage » politique de leurs vies.
Pour ceux qui sont impliqués dans la politique, les termes habituels de gauche ou droite sont employés sans discuter leur imprécision.
Si la droite est désavouée pour des raisons évidentes, la gauche est divisée en deux : les gouvernements de gauche et les sympathisants de gauche.
On ne peut pas dire grand bien des gouvernements, puisque les politiques des partis de gauche et de centre-gauche, démocrates, socio-démocrates et consorts, sont pro-sionistes.
Ceci est clairement le cas des gouvernements de l’Union Européenne (accord préférentiel avec le régime sioniste, manœuvres militaires conjointes avec le régime sioniste, échanges militaires et de renseignements, etc.) et des Etats-Unis (bien que le Parti Républicain soit maintenant au pouvoir, le Parti Démocrate ne s’en différencie pas au sujet du régime sioniste).
Le point principal est de faire la différence entre les paroles et les actes, puisque les politiciens de gauche se sentent obligés d’enrober leurs politiques de déclarations apparemment en faveur de la paix et de la législation internationale.
C’est mission impossible, car la législation internationale est catégorique au sujet du droit au retour des réfugiés, du retrait israélien des Territoires occupés, de la construction illégale du mur, parmi autres questions.
C’est pourquoi, la plupart du temps, les politiciens de gauche évitent les questions légales et parlent de « responsabilité gouvernementale », « extrémistes » et « terreur » lorsqu’il s’agit de la Palestine, et de « sécurité », « efforts de paix » et « démocratie » lorsqu’il s’agit du régime sioniste.
Il n’y a aucun doute sur l’action politique à mener : dénoncer et rejeter les politiques pro-sionistes des gouvernements de gauche. Les militants de gauche doivent choisir aujourd’hui entre le soutien à ces partis de gauche, c’est-à-dire soutenir le sionisme, ou soutenir la cause palestinienne.
Une autre question problématique aujourd’hui est la relation entre la gauche et l’Islam politique. Beaucoup de gens de gauche ne trouvent pas confortable (pour ne pas dire plus) de frayer avec des islamistes barbus. La prétendue incompatibilité entre les partis de gauche et le camp islamiste est l’argument favori de la gauche « officielle » pour masquer ses politiques pro-sionistes.
Il ne faut pas perdre de temps à s’opposer à cette « incompatibilité » grossière. Le Hamas a facilement gagné les élections tenues dans les Territoires Occupés en janvier 2006, et a appelé depuis au dialogue national et à un gouvernement d’unité nationale.
De toutes façons, ce n’est pas aux étrangers de choisir les représentants des Palestiniens. Qu’ils cherchent à le faire en dit long sur les attitudes paternalistes profondément enracinées chez les occidentaux.
Les défenseurs de la cause palestinienne doivent réfléchir aux actions absolument anti-démocratiques – haute trahison, disons-le, même s’il incombe aux Palestiniens de le définir – menées par quelques dirigeants du Fatah et autres éléments associés, et décider ensuite qui ils doivent soutenir en Palestine.
On ne peut pas dire que le camp international pro-palestinien vive ses meilleurs moments. Malgré tout, la cause palestinienne est plus légitime que jamais. L’action politique doit répondre aux nouvelles circonstances. Toutes ne sont pas mauvaises. Il suffit de considérer l’échec des avocats de la Déclaration de Principes de Washington de 1993.
Les gens de gauche doivent-ils revenir avec insistance sur cette Déclaration, alors que ça fait déjà 20 ans que le Hamas a déclaré que les pourparlers de paix sont des jeux pour les enfants ? Pourquoi les gens de gauche ne veulent-ils pas admettre que les Palestiniens ont retiré leur soutien au Fatah à cause de son échec politique et de sa corruption ?
2. Le déclin de la cause palestinienne
On dit que la situation palestinienne est sombre. Les Palestiniens vivent sous blocus sioniste et international. Leur terre est volée quotidiennement. La violence et la répression sionistes augmentent sans cesse, ainsi que la pauvreté et la souffrance.
Cependant, la situation actuelle est-elle pire que par le passé ?
3. Division interne en Palestine
En plus de l’augmentation de la violence israélienne dans les Territoires Occupés, le blocus international et le déclin consécutif des conditions de vie, les affrontements internes, provoqués par un groupe de dirigeants du Fatah après que le Hamas ait gagné les élections, a engendré des confrontations armées dans la Bande de Gaza.
La raison principale de ces affrontements, ce sont les politiques inhumaines des sionistes et de leurs alliés contre les Palestiniens, et non le Hamas, comme la propagande sioniste sur la guerre internationale contre la « terreur islamique » essaie de le faire accroire aux Occidentaux.
Le but d’Israël en Palestine, comme c’est le cas pour toute autre puissance coloniale dans la zone sous son contrôle, est de soumettre la population par tous les moyens possibles, y compris par la tactique du diviser pour mieux régner.
Les collaborateurs et les traîtres ne sont pas nouveaux dans les milieux politiques palestiniens. On peut aussi en trouver partout dans le monde, dans d’autres luttes nationales de libération.
Au cours des derniers mois, la situation a empiré parce que ces éléments ont travaillé dur, main dans la main avec l’occupant et ses alliés, ce qui a eu un effet désastreux sur les sympathisants occidentaux de la cause palestinienne.
L’argument le plus commun à l’Ouest sur cette question des combats intestins est aussi le plus faible. Il dit : si les Palestiniens se tuent entre eux et sont incapables de faire front commun, comment peuvent-ils attendre que les sympathisants étrangers les soutiennent ?
Au lieu d’étendre l’action contre l’occupation et de multiplier le soutien aux Palestiniens dans des temps aussi difficiles, les gens sont paralysés et perdent intérêt à la cause.
Beaucoup sont induits en erreur sur ce qui se passe en Palestine, et la confusion est soigneusement entretenue par les médias de masse. Ceci aggrave la vulnérabilité du peuple palestinien face aux attaques sionistes.
Avec presque aucun témoin étranger dans les Territoires Occupés, et la plupart des médias soutenant leur agresseur, la dernière chose dont ont besoin les Palestiniens, c’est que les Occidentaux se détournent de leur cause. C’est comme donner le feu vert à l’entreprise sioniste pour travailler plus dur et plus vite vers ses objectifs.
Enfin, il y en a quelques-uns qui sont du côté du Président de l’Autorité Palestinienne et de sa cohorte. Cela défie le bon sens que des individus qui se considèrent comme des sympathisants du peuple palestinien puissent prendre le parti de ce groupe. On ne peut l’expliquer, comme dit plus haut, que par l’influence des médias et l’aversion de la « gauche officielle » pour l’Islam politique.
4. Conclusion
Une action politique pertinente aujourd’hui veut dire, tout d’abord, réaffirmer l’urgence de la justice pour les Palestiniens et, en conséquence, la paix pour chacun dans cette zone et au-delà, en insistant sur la suprématie de la résistance palestinienne sur toute autre chose : processus de paix, sommets de la paix, initiatives de paix, envoyés spéciaux du Quartet ou des Nations Unies.
Ensuite, la démarche suivante est de soutenir la résistance en accord avec ses dirigeants élus démocratiquement.
Les questions pertinentes à se poser sur l’action politique sont : qui dirige la résistance, confrontée à un ennemi bien supérieur qui ne fait jamais aucune concession ?
Et qui a abandonné la résistance en échange de rien, à part de belles paroles ?
Qui tire des bénéficies du dialogue avec l’ennemi, et qui, d’un autre côté, souffre et résiste à l’occupation ?
A quoi ont abouti les pourparlers de paix ?
Que peut attendre une nation de la part de dirigeants corrompus rampant devant Israël, les Etats-Unis et l’Union Européenne, ces mêmes puissances qui nourrissent l’occupant ?
Les réponses à de telles questions indiquent qui doit être soutenu dans la lutte de libération, et qui doit être désavoué.
Toute autre action équivaut à jouer le jeu sioniste, qu’il endosse son costume Likud ou son costume travailliste. Faire autrement est aussi se rendre complice du tour de passe-passe de la gauche vis-à-vis du problème de la Palestine.
Ce n’est pas par hasard que le Parti Travailliste est membre de l’Internationale Socialiste, dont les principes – bien que non mis en application – de « paix, désarmement, solidarité, justice, démocratie et droits de l’homme » sont la base.
Avant de demander aux Palestiniens de resserrer les rangs, il serait bien plus utile que les gauches européennes disent publiquement si elles envisagent de continuer à offrir aux Palestiniens des principes éthiques vides – comme le font leurs gouvernements – ou si elles envisagent de soutenir fermement la résistance.
Si elles prennent la mauvaise décision, tout ce que les Occidentaux perdront est leur sens de l’honneur. Mais les Palestiniens peuvent, eux, tout perdre.
(1) Hoja de ruta : feuille de route en espagnol, ndt.
Parce que le problème n’a pas changé : une entreprise colonialiste est en marche, d’une étendue qui menace l’existence même des Palestiniens en tant que peuple.
Le colonialisme sioniste est de la plus extrême nature, puisqu’il vise à expulser les habitants originaux de Palestine et à s’approprier leur terre pour faire de la place aux Juifs du monde entier qui veulent s’installer sur la totalité de la Palestine.
Depuis 1947, la manière d’atteindre cet objectif a été violente : la combinaison de l’expulsion d’autant de personnes que possible avec la répression de ceux qui restent sur place et résistent.
Le projet sioniste, prétendument destiné à protéger les Juifs du monde entier, est mis en oeuvre par le sacrifice de millions de Palestiniens, dont le seul crime est d’être nés en Palestine, la terre qu’ils ont habitée depuis des temps immémoriaux mais que les sionistes convoitent depuis le 19ème siècle.
Aujourd’hui, la question est de savoir comment traiter avec le sionisme au 21ème siècle.
La cause palestinienne existe parce que les Palestiniens sont les victimes du sionisme, comme la cause irakienne existe parce que les Irakiens sont les victimes de l’impérialisme.
Les deux cas sont en opposition totale aux Droits de l’Homme, à la paix internationale et aux droits des nations.
Le soutien au peuple palestinien (ou aux Irakiens) ne veut pas dire qu’on le considère comme supérieur aux autres peuples, ni qu’on est pro-islamiste, ni évidemment qu’on est anti-sémite, sans tenir compte de la perversion de ce terme par les sionistes.
Au contraire, si nous sommes d’accord pour dire que toutes les nations doivent vivre en paix sur leur propre terre et jouir de tous les droits qui leur sont internationalement reconnus, nous devons nous tenir aux côtés des peuples qui en sont privés, et, par conséquent, combattre les responsables de ces violations.
Bien que la cause palestinienne soit la même aujourd’hui qu’en 1947 et que la réponse éthique soit la même, les circonstances ont changé au cours des années et les actions politiques doivent être adaptées aux nouvelles circonstances.
Il est nécessaire d’étudier plusieurs données : le déclin de la cause palestinienne, la crise interne en Palestine, les changements sociaux et démographiques en zone sioniste, l’amplification de la résistance arabe et musulmane, la situation internationale. On n’abordera ici que les deux premières.
Source : Uruknet Traduction : MR pour ISM