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Paix et Justice au Moyen-Orient (volet N° 48)

Aujourd’hui : des Etats-Unis au Pakistan, en passant par le Maghreb, l’état policier se renforce

Notre rubrique géopolitique

mercredi 15 août 2007

Strasbourg, le 16 août 2007

A quoi servent les « plans de paix » israéliens ?

Après l’agression de l’Irak par les colonialistes anglo-américains, G.W.Bush prétendait que « le monde était devenu plus sûr ». Loin d’être plus sûr, l’actualité du monde nous apprend le contraire. A commencer par l’Irak où les attentats en tous genres se poursuivent. Le chaos et l’incompétence du gouvernement de Nouri Al- Mliki ont conduit 17 ministres sur 37 à démissionner. Pire, les attentats n’épargnent pas Tal Afar, une localité au Nord de l’Irak, citée par Georges Bush comme un modèle de réussite. Par ailleurs, le nombre de militaires américains tués en Irak approche les 4000, auxquels il faut ajouter les blessés, deux fois plus nombreux que prévu.

Autres aveux flagrants d’échec : afin de « renforcer la coopération sécuritaire en Irak », les Etats-Unis débattent avec l’Iran et la Syrie, leurs ennemis d’hier. De plus, le premier ministre britannique Gordon Brown pourrait annoncer, en septembre, le retrait d’Irak des troupes britanniques.

La situation n’est guère meilleure en Afghanistan, l’unique narco- état du monde, où, selon les propos de Hamid Karzaï : « la sécurité s’est certainement détériorée ces deux dernières années. Il n’y a aucun doute là-dessus. » (Le Monde du 07/08/07).

Les situations de l’Afghanistan et du Pakistan étant étroitement liées, H. Karzaï et Pervez Musharraf devaient participer ensemble à une « Loya Jirga » (assemblée) de paix à Kaboul, du 9 au 11 août, réunissant plus de 700 responsables tribaux des deux pays. L’objectif étaient de « trouver une solution à la violence qui secoue principalement le sud et l’est de l’Afghanistan » (F.CHIPAUX- LM du 0708/07).

Le problème, c’est que lesdits chefs tribaux ont des liens étroits avec le mouvement islamiste, puissant en zone pachtoune. Avec les militaires (au pouvoir) et les civils laïc (représentés par Benazir Bhutto et Nawaz Sharif), les islamistes forment la troisième composante de l’Etat pakistanais. Ils n’ont jamais exercé directement le pouvoir, mais souhaitent y accéder. Or, sur ordre du dictateur Musharraf (et des Etats-Unis), leurs « frères » ont été massacrés à la mosquée rouge d’Islamabad. Cette rupture devait annoncer la recomposition de l’Etat pakistanais en faveur des laïcs civils, sans influence notable sur les masses musulmanes. Il semble qu’une ultime tentative de rapprochement s’opère avec les « islamistes » affaiblis, ayant des bases solides au sein de la population musulmane.

Musharraf, considéré comme le « bourreau » des « islamistes » et qui n’a pas participé à la « Loya Jirga », fait pression sur les « islamistes » et la société toute entière, en menaçant de décréter l’état d’urgence.

Questions : les chefs tribaux participant à la « Loya Jirga », auront-ils une parcelle du pouvoir pakistanais, sans toutefois avoir le droit de l’« islamiser » davantage ? Alors que les chefs tribaux des régions les plus agitées du Waziristan ne participent pas à la réunion, de quel poids pèsent les participants auprès des « islamistes » ? A supposer que lesdits participants à la « Loya Jirga » représentent l’ensemble des « islamistes », pourquoi accepteraient-ils de s’associer à la répression des talibans, ce qui les éloignerait de leurs bases et leur ferait perdre un moyen de pression sur les militaires ? L’impasse semble totale.

Concernant la Palestine, les médias occidentaux restent euphoriques et tirent des plans sur la comète. Ils publient des « indices » et parlent de « frémissements ». Sous forme de scoop alléchants, différents plans, plus farfelus les uns que les autres, sont « dévoilés » par les journaux israéliens. Ces plans servent de moyen de pression sur Mahmoud Abbas et le Fatah, pour les pousser à davantage de concessions. Une « source palestinienne » ne cache pas son inquiétude : « Nous sommes prêts pour une paix sur la base de l’accord de Genève. Je crains cependant qu’Olmert se satisfasse d’un simple retour à la situation d’avant l’Intifada » (LM du 10/08/07).

Tout porte à croire que les colonialistes sont en crise et, pour se protéger, s’entourent de lois anti-démocratiques. Celles-ci sont secrètement en place depuis 2002 et les Etats-Unis adoptent officiellement les pratiques d’une société dictatoriale : « le congrès américain adopte la loi sur les écoutes téléphoniques ». Même Nancy Pelosi, le porte-parole des démocrates au Congrès, a voté contre, estimant que la loi « faisait violence à la Constitution » (LM du 08/08/07).

Signes d’inquiétude et de faiblesse, les autres régions du monde n’échappent pas à la déferlante liberticide de l’administration Bush. En prévision d’un retournement de la situation, les régimes « amis » se murent dans leur forteresse, vissent, revissent, étendant le contrôle policier et restreignent le peu de libertés démocratiques dont bénéficie le peuple.

En Algérie où la dictature militaire s’affiche en costume civil, la violence n’a jamais cessé depuis l’annulation, par le régime militaire, des élections remportées, dans les années 1980, par le Front Islamique du Salut (FIS). Même si on se réfère aux informations partiales fournies par la presse officielle, on apprend que : « en juillet, le nombre de victimes dues à la violence a plus que doublé par rapport à juin et s’est élevé à 58… » (LM du 03/08/07).

Au Maroc où, selon l’éditorial du Monde du 10/08/07 « la presse (est) l’une des plus libres du monde arabe », la censure s’exerce en permanence. Deux hebdomadaires ont été saisis. Dans un éditorial, le directeur des hebdomadaires, M. Benchemsi, avait reproché aux autorités d’avoir lancé « une offensive généralisée » contre la presse. Par ailleurs, Ali Ammar, directeur du Journal hebdomadaire, a accusé le pouvoir de « terroriser la chaîne de production de la presse indépendante » (LM du 08/08/07).

En Jordanie, le 31 juillet, le Front de l’action islamique (FAI) a retiré ses candidats aux élections municipales, accusant le gouvernement de « fraudes massives » et dénonçant « un massacre pour la démocratie et une attaque flagrante contre la volonté du peuple » (LM du 02/08/07).

On peut contester l’idéologie islamiste et la pratique inadmissible de certains djihadistes. Mais force est de constater que les résistances militaires irakienne, afghane palestinienne et libanaise, couplées à la résistance des pays souverains comme l’Iran et la Syrie, empêchent l’humanité de tomber sous la coupe de la dictature fascisante américaine.

Le comité de rédaction