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Les points sur les i ! ndlr

« La Palestine : Game is over ! »

Par Nahla Chahal

mercredi 20 juin 2007

La colère, que la colère, est à la mesure de la tristesse que nous ressentons tous ! Il est encore plus insupportable que tout de contempler l’étonnement feint de tous ces hypocrites qui « déplorent » la situation en Palestine et vont même jusqu’à s’inquiéter du sort des civils ! Et de montrer leur bonne volonté en débloquant les transferts d’aides humanitaires, comme si les Palestiniens étaient des sous humains dont les droits essentiels seraient de pouvoir manger !

N’était-elle pas prévue, cette situation ? Non parce que Gaza a été transformée en prison à ciel ouvert, où un million et demi d’êtres humains tentent de survivre avec trois fois rien, et de s’accommoder de l’étouffement dans cette surface exigë, mais parce que le processus de paix, oui, ce fameux processus de paix démarré avec les accords d’Oslo en 1993, a été délibérément saboté. Faut-il faire la liste de cette préméditation acharnée ? Faut-il aussi rappeler la patience extraordinaire de la direction palestinienne, du peuple palestinien, qui s’accrochaient quand même, acceptaient les mille modifications et ajournements des plans de paix pourtant internationalement prorogés, alors que pas un jour n’ont cessé les assassinats dits ciblés et qui ne l’étaient pas, les incursions meurtrières, les milliers d’arrestations, l’élargissement constant des colonies, la construction du mur, les humiliations infligées au président Arafat, le méchant d’alors. Signes du mépris israélien tenace de toutes les résolutions internationales.

Pas que ! Les palestiniens ont été jusqu’à organiser des élections sous l’occupation. Situation inédite. Mais voilà que le Hamas sort majoritaire du scrutin. Il a été « autorisé » à participer car personne n’avait pensé qu’il remporterait plus que quelques sièges. Les Etats-Unis et l’Union européenne n’y ont pas vu du mal : il fallait jouer le jeu de la démocratie ! Mauvais calculs, mais ce n’est pas grave, car les puissants ont une réponse à tout, preuve est-il, s’il faut, de la démonstration permanente du pragmatisme américain en Iraq, qui expérimente l’une après l’autre des solutions à l’échec de la gestion du pays sous occupation. Pour la Palestine ça sera le boycott de cette démocratie malvenue, et l’étranglement de la vie de millions d’hommes et de femmes. Sourds - alors - à toutes les interpellations des organismes humanitaires qui mettaient en garde contre l’aggravation de la situation et son pourrissement, les puissants ont persisté.

Mais pas que ! Des plans ont été établis pour changer la donne. Des plans politiques, financiers, sécuritaires et militaires : encourager le président de l’Autorité, Mahmoud Abbas à se débarrasser de cette « faute » électorale, lui adresser mille signes de promesse de reconnaissance ( ?) s’il le fait. Voilà le premier pas dans l’organisation de la division des rangs des palestiniens. Puis monnayer certains petits chefs ambitieux, tel le très connu Mohammad Dahlan, qui entretient des relations intimes de tout genre avec les autorités israéliennes. Faire croire à Dahlan qu’il sera le prochain leader de la Palestine, et le pousser à agir. Créer des corps de services de sécurité constitués par des centaines de jeunes hommes qui crevaient de faim à Gaza et à qui on offre un salaire mensuel et des assurances. Entraîner " les hommes de Dahlan"– l’Egypte n’a pas réfuté les infos qui soulignaient l’établissement sur son sol d’un camp militaire où 5 000 hommes suivaient sous supervision américaine un entraînement à l’assaut d’une ville. Le Hamas considère sa mainmise violente sur Gaza comme un pas pour devancer le plan de Dahlan. Cela ne justifie en rien le glissement vers la guerre fratricide, la prise en otage des habitants, et les pratiques nauséabondes d’achèvement de blessés ou d’exécution sommaires imputées au Hamas à Gaza.

Une guerre pour le pouvoir, dit-on ? Quel pouvoir tout d’abord ? C’est là que réside l’erreur fatale, le glissement le plus dangereux des deux partis palestiniens, le Fatah et le Hamas. Parler de pouvoir gomme l’impasse politique totale où se trouve la situation en Palestine, impasse due à la volonté israélienne de pérenniser l’occupation, d’engloutir la Palestine, cette volonté étant soutenue par les administrations américaines successives, et sinon autant soutenue par l’UE complice, du moins bénéficie-t-elle de la lâcheté politique européenne. Les régimes arabes organisent entre-temps l’accès aux bénéfices : des vieux rêves de Monarchie unie reviennent à l’ordre du jour en Jordanie, et l’Egypte se fait « difficile » quant aux projets qui consisteraient à la charger de gérer Gaza : il faut lui verser beaucoup d’argent (américain et du Golfe) pour qu’elle accepte, et encore. Il faut soutenir son régime sans états d’âme…De toute manière, ces « propositions » seront examinées et remaniées à la lumière de la décomposition-recomposition de l’ensemble de la région du Moyen-Orient, opération en cours qui établit le chaos depuis l’Iraq, en passant par le Liban, sans pour autant se terminer en Palestine.

Quels choix devant ce pourrissement de la situation ? Remettre les points sur les i ! Nommer l’occupation occupation, et dire qu’il est impossible d’avoir une Autorité palestinienne, présidence, gouvernement, parlement et même municipalité, tant que dure l’occupation. Récupérer la dignité de la direction palestinienne et la confiance des Palestiniens, seules assises pour reprendre espoir. Dire que le « game is over », démissionner ensemble devant l’Assemblée générale de l’ONU, et mettre le monde devant ses responsabilités. C’était devant cette même Assemblée que Yasser Arafat, il y a maintenant trente ans, avait supplié la communauté internationale de « ne pas faire tomber la branche d’olivier de sa main ». L’olivier, arbre mythique et sacré étant le symbole de la paix…C’était avant que l’occupation n’arrache tous les oliviers de la Palestine, et que les EU ne traitent les sociétés de cette région comme des pièces de lego.

Nahla Chahal