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« En ce temps de duperie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire ».

Le printemps du Liban contre l’axe « usraélien »

Par Jacqueline Amidi

vendredi 8 juin 2007

Beyrouth. L’immense manifestation du 1er décembre 2006,
organisée par l’opposition guidée par le général Michel Aoun et sayyed Hassan Nasrallah :

« Ce premier décembre 2006, on peut dire qu’il fut le début du véritable printemps libanais ».

http://www.tayyar.org/galleries/thumbnails.php?album=885

BEYROUTH, .

George Orwell écrit un jour : « En ce temps de duperie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire ».

Il suffit de parcourir les journaux – de gauche ou de droite, si on en distingue encore la diffé-rence ! – pour se rendre compte qu’il s’agit sans vergogne de proxénétisme médiatique. Et les télé-visions ? Des lupanars qui turbinent sur le trottoir de la globalisation.

L’information est dictée par le « Grand frère » et partout on a droit désormais aux mêmes nou-velles, formulées avec les mêmes termes et le même ton. Un tapage et un rabattage de médiatisa-tion totalitaire en somme, une vraie politique de terrorisme qui constitue à proprement parler la désinformation. Les sacro-saints journaux télévisés sont avalés, ruminés et digérés sans scrupule ! La masse s’engraisse en liesse des bassesses, mensonges et vulgarités proférés par tous les mass média.

Tout semble bien aller vers le pire !

« Ça va ! », criait le diable victorieux dans la chanson de Jacques Brel(1).
Du temps de la guerre froide, les deux pôles USA-URSS se tenaient à distance, se scrutaient, s’évitaient, se pointaient et se relâchaient. Et avant de se frotter, ils prenaient bien la peine de rai-sonner, se mesurer, s’équilibrer et se calmer. Car une guerre n’est pas un jeu d’enfant !

Mais depuis la chute de l’URSS, place libre à la dictature américaine : on décide allègrement guerre par ci, extermination par là, destruction et mort de n’importe quelle nation. Depuis 1991 USA la faucheuse n’a plus retenu son appétit de larmes et de sang.

Aujourd’hui la Russie s’éveille et se renouvelle, après la longue léthargie qui suivit la chute du totalitarisme communiste.

Il était temps de reprendre quelques éléments d’équilibre, au niveau de la politique interna-tionale ! Peut-être aurait-on enfin droit prochainement à des temps plus humains et pacifiques. Le contrepoids d’une Russie nouvelle au gangstérisme global israélo-américain, et peut-être même un contrepoids chinois, rééquilibreraient alors dans une certaine mesure les pouvoirs entres les états
(1) Le diable (Ça va !), Chanson de Jacques Brel, 1953.

1. La machine de l’agression et son grain de sable

Aujourd’hui la machine usraélienne de l’agression, de la destruction et de la terreur est prête à être lancée à nouveau contre le Liban et le Moyen-Orient.
Mais chaque machine, tôt ou tard, a son grain de sable pour la mettre en panne.
Et grâce à Dieu, l’acte révolutionnaire de dire la vérité est encore un vent qui enfièvre les es-prits qui combattent la duperie universelle. Leur devise : le vrai, le bien et le beau. La passion pour la justice est leur arme.
Le Liban est en train de vivre actuellement sa période la plus périlleuse et décisive. Le monde a décidé de le rabattre encore, ce vieux Cèdre, afin de lui interdire toute possibilité de liberté et de renaissance.
Mais le voici pointer, le premier grain de sable (grand et fort, en réalité, comme une montagne) : la manifestation tant attendue et voulue du peuple libanais, qui a commencé le vendredi 1er décembre 2006. La majorité du peuple, gui-dée par le général Michel Aoun et sayyed Hassan Nasrallah, décide alors de tenir les rênes des événements, manifeste massivement depuis des mois son opposition et livre son combat :

A. contre ceux qui veulent continuer dans la même politique de corruption, de concessions et de trahison ;

B. contre le gouvernement anticonstitutionnel de Fouad Siniora et ses alliés, des filous qui ont fait du Liban leur propriété privée, prenant le peuple en otage, troquant notre sort contre leurs louches intérêts de vieux mafieux.

Le sit-in ne s’est pas arrêté d’un jour, depuis lors. Et ne doit pas s’arrêter.

Qu’on chasse cette vieille carcasse décrépite de la malencontreuse politique libanaise moisie et putréfiée ! Et que l’ère de la justice et de la légalité prenne l’envol !

Ce premier décembre 2006, on peut dire qu’il fut le dé-but du véritable printemps libanais. Printemps de l’unité libre et souveraine du Liban. Unité en marche victorieuse depuis mars 1989, date du début de la « Guerre de libération » conduite par le général Michel Aoun contre l’occupation syrienne. Marche qui s’est poursuivie en juillet-août 2006, date de la défense et de la victoire du Hezbollah et du Liban contre l’agression israélienne. Marche qui se poursuit toujours, sous la conduite du général Aoun et de sayyed Nasrallah.

2. Qui est l’opposition ?

Qui sont ceux qui manifestent contre le gouvernement ?
Tout d’abord, le sit-in qui se déroule encore aujourd’hui dans les deux places du centre de Beyrouth – Place Riad Solh et Place des Martyrs – n’est pas exclusivement organisé par le Hezbol-lah, comme disent les médias occidentaux. Mais aussi :

A. par le Courant Patriotique Libre (CPL), parti du général Michel Aoun ;
08-fr
Jacqueline Amidi
Le printemps du Liban contre l’axe usraélien, in effedieffe.com, dimanche 3-6-2007
http://www.effedieffe.com/interventizeta.php?id=2040¶metro=esteri

B. par les Marada, maronites du Nord du Liban fidèles à la famille Franjieh, représentée au-jourd’hui par Sleimane Franjieh, petit fils de l’ancien président de la République libanaise ;

C. par les sunnites ayant à leur tête Omar Ka-rameh, ancien premier ministre et député, actuelle-ment leader de Tripoli, et Oussama Saad, député de Saïda ;

D. par les druzes de l’émir Talal Arslan.

Que demandent-ils tous ces libanais, toute communauté confondue (d’ailleurs tout le mouve-ment représente une entente purement politique et n’a rien à faire avec des questions confessionnelles) ?
Ils demandent la chute de ce gouvernement qui s’est approprié des fonctions qui ne lui reviennent pas. Ces collabos des ennemis usraéliens du Liban – qui se font appeler anti-syriens et qui jusque hier en-core miaulaient sous la botte syrienne – ces serviteurs de plusieurs maîtres, ces marionnettes qui représentent le régime actuel, sont une minorité qui s’accroche au pouvoir sans tenir compte de la volonté électorale du peuple, et qui veut absolument poursuivre dans son existence illégitime et anticonstitutionnelle.

Les manifestants demandent donc la chute de ce gouvernement et la formation d’un nou-veau gouvernement d’unité nationale, qui devrait promulguer une nouvelle loi électorale selon la-quelle se dérouleraient les élections législatives pour élire un nouveau parlement qui à son tour éli-rait le nouveau président de la république. C’est alors qu’on pourrait parler d’une vraie démocratie, et non de celle, factice, qui nous est imposée, à la Bush.

3. Qui est le général Michel Aoun ?

.
Le général Aoun est le seul homme politique libanais à avoir combattu l’occupation syrienne du temps où il était à la tête de l’armée libanaise, puis quand il était chef du gou-vernement et enfin durant son exil. Lui, le vainqueur de la prodigieuse et héroïque bataille de Souk el Gharb en mars 1989 contre l’armée d’occupation syrienne. Lui, l’âme du Li-ban rebelle durant la “Guerre de Libération”.

Quand à la fin du mandat présidentiel d’Amine Gé-mayel ce dernier lui confia un gouvernement transitoire, le 22 novembre 1988 (fête de l’indépendance libanaise), le gé-néral Aoun s’exprimait en ces termes :
« [...] Libanais, Nous voulons recouvrer une patrie avant toute chose. Le temps est révolu où l’on reculait devant l’annonce de ses convictions. Elle est terminée cette politique du mensonge réciproque et de la profanation des valeurs les plus sacrées. On nous a assez méprisés et leurrés, et nous leur avons suffisamment emboîté le pas en nous mé-prisant nous-mêmes, en négligeant nos intérêts et en nous désistant de notre volonté [...].

« En toute simplicité, sincérité et détermination, nous exigeons notre droit. Nous voulons notre droit à une patrie entière [...].
« Notre terre, notre peuple et notre dignité ne sont pas des mar-
chandises à vendre ou à hypothéquer dans un quelconque marché régional ou international. [...] Nous déclarons no-tre volonté d’investir toutes nos capacités et nos relations fraternelles et amitiés internationales dans l’objectif de la li-bération de notre patrie et de mettre un terme à l’humiliation de notre peuple. Comme nous déclarons que nous résis-terons politiquement, économiquement et militairement à toute occupation et atteinte à notre souveraineté sur notre territoire ».
Déjà on devine de son discours combien il devait déranger les ennemis du Liban, parce qu’il parlait de libération et de résistance. Et le peuple s’enflamma, l’appuya, l’adopta et lui fut fidèle.

Fidèle encore aujourd’hui. Les convoque-t-il à une manifestation ? Une marée humaine ac-court. Dès le début, à chaque discours adressé à ce peuple qu’il aime plus que tout, il engage son allocution par « Grand peuple du Liban ! ». Et jusqu’aujourd’hui, chaque jour, il redit les mêmes vérités et confirme ses programmes sans y avoir changé un iota, tandis que le gang de traîtres minoritaires (qui se disent “majoritaires”, forts de la loi électorale imposée par les syriens et surtout s’appuyant sur les tricheries électorales éhontées desquelles ils ont quand même eu besoin pour pouvoir s’affirmer) changent de masque et quémandent les trente deniers aux portes de toutes les ambas-sades des pays complices des agresseurs du Liban.

Voici le discours du général Aoun le vendredi 1er décembre 2006, journée de l’immense mouvement de protestation organisé par l’opposition libanaise et soutenu par la majorité du peu-ple libanais, plus déterminé que jamais :

« Grand peuple du Liban !

« En ces moments historiques, je m’adresse à vous dans une atmosphère pleine d’espoir et non d’appréhension, car nous avons la conscience tranquille et nous cherchons à atteindre nos objectifs nationaux de façon à garantir la sécurité, la souveraineté et l’indépendance de notre patrie. Aujourd’hui, nous concrétisons ensemble les concepts na-tionaux et éthiques qui ne sont plus des slogans creux, mais une réalité vécue dans chaque maison et dans tous les coeurs. Nous consolidons aujourd’hui l’unité nationale qui est devenue un mode de vie que nous choisissons pour l’avenir. [...]
« Nous avons suffisamment de détermination, de patience et de sagesse pour chercher à obtenir le retour du fils prodigue à ce grand peuple qui n’aspire qu’à unifier tous ses fils. [...]

« C’est une honte de faire des distinctions entre les Libanais sur des bases confessionnelles. Nous nous sommes réunis sous la bannière nationale et nous en sommes fiers sans aucune honte à ressentir devant le monde entier. [...]

« La décision libre est de nous rencontrer entre libanais et par l’entente sur la politique intérieure, la politique étrangère et celle de défense, nous obtenons notre libre décision et cela ne peut se faire que par l’entente des Libanais sur la politique intérieure, la politique étrangère et la politique de défense du pays. [...]

« Nous comptons préserver nos amitiés et établir des liens d’amitié avec tout le monde, à l’Est comme à l’Ouest, à condition que ceux-ci respectent notre volonté nationale et nous laissent décider de nos questions internes.

« Nous considérons que tout appui au gouvernement Siniora de quelque État qu’il vienne n’est point un sou-tien amical, mais vise à provoquer des confrontations au sein de la société et que le complot vise le Liban et son unité nationale. [...]

« Nous souffrons aujourd’hui d’une marginalisation systématique et certaines parties au pouvoir veulent pro-voquer une atmosphère de confrontation que nous ne cherchons pas. Nous autres, nous sommes ouverts au dialogue et nous cherchons toute accalmie qui nous conduirait à une unité nationale où tous les libanais participeraient à l’élaboration de ses décisions. [...] »(2).

Mais déjà en janvier 1989, lors de la rencontre à Tunis avec six ministres arabes, quand ces derniers lui demandent quelles étaient ses intentions quant à ses projets de réformes politiques à effectuer au Liban, le général répond :

« Je suis personnellement avec toutes les réformes auxquelles consentirait librement le peuple libanais. Je ne suis pas ici pour représenter ou remplacer une partie ou le tout du peuple libanais. Depuis 1972, il n’y a pas eu d’élections au Liban. Assurons des élections libres au Liban et nous aurons tous à nous plier au verdict populaire. Pour cela deux conditions préalables, imposées par la nature de la situation sur le terrain, sont à remplir. Il faut procéder au désarmement des milices et au retrait de toutes les forces non-libanaises du territoire libanais. L’armée pourrait s’apprêter à assurer la sécurité sur tout le territoire libanais et une commission de l’ONU et de la Ligue arabe pourra superviser le déroulement du scrutin. Si vous pensez que je suis ici au nom des chrétiens libanais, dé-trompez-vous, je ne porte pas ce mandat. Je suis le chef d’un gouvernement libanais légal et constitutionnel, j’assume mes responsabilités et mon devoir ».

Il est évident qu’après de telles déclarations, le général Aoun – pour les ennemis du Liban : USA, Israël et Syrie – était désormais l’homme à abattre. C’est quelqu’un qui leur met les bâtons dans les roues, leur trouble-fête.

Durant la « Guerre de libération » contre l’occupation syrienne, en 1989, quand désormais il était clair que la Syrie, appuyée par la politique israélo-américaine (avec la complicité de certains pays arabes, dont toujours l’Arabie Saoudite), acheminait le Liban vers sa disparition et son anéantisse-ment, le général Aoun, dans un mélange de vérité amère et d’humour, expliqua aux libanais la si-tuation en ces termes :
« On nous convoyait dans un cercueil vers notre dernière demeure. Et nous avons soulevé le couvercle, leur criant que nous étions toujours vivants ».

Et d’ajouter : « Nous comptons sur nous-mêmes uniquement. Nous sommes dans une situation de légitime défense. Les forces syriennes occupent notre pays et nous attaquent à l’intérieure de nos frontières. Nous combattons l’armée syrienne sur notre territoire et pas en Syrie. C’est notre droit le plus élémentaire ».

Accuser aujourd’hui le général d’être un “prosyrien” ? Accuser aussi d’être “prosyrien” le peuple qui le suit ?

Le général Aoun est le seul homme politique libanais à avoir le plus payé à cause de son combat acharné contre l’occupation syrienne, qui prit fin en avril 2005. Et il a subi 14 ans d’exil. Et il est le seul, avec la majorité du peuple qui l’appuie, à payer encore.

Pas à cause de la Syrie, qui désormais s’est retirée du Liban, mais à cause des vieux vassaux de la Syrie : cette même minorité qui aujourd’hui – illégitimement et anticonstitutionnellement, avec un style typiquement mafieux – veut “gouverner” contre une majorité du peuple libanais qui n’en veut pas.

4. Qui est le Hezbollah ?

Comme le déclare le député britannique George Galloway, le Hezbollah « n’est pas une organisa-tion terroriste, c’est Israël qui est un État terroriste. [...] Le Hezbollah fait partie de la résistance nationale du Li-ban et essaie de repousser Israël – ayant repoussé avec succès la plupart des israéliens de leurs terres en 2000 – du reste de leurs terres et de reconquérir ces [...] prisonniers libanais qui ont été kidnappés par Israël selon les termes de leur occupation illégale du Liban »(3).

Qui sont donc les hezbollahis ? Des résistants, qu’on veut surtout diaboliser à tout prix.

Pourquoi ?

- Pour ne pas avoir permis un retour glorieux de Tsahal en Israël l’été 2006.
- Pour avoir résisté à la brutalité de l’armée israélienne.
- Pour avoir peut-être déclenché le déclin du despotisme bush-olmertien.
- Pour avoir enfin mis dans l’embarras cet État d’Israël édifié sur le mensonge et le sang.

(3) Interview du député britannique G. Galloway sur Israël, l’Irak, les États-Unis, le Liban, 6-8-2006, in Babnet.net, 11-8-2006 : http://www.babnet.net/rttdetail-8521.asp.

Rappelons, d’abord, que sous occupation étrangère les formations paramilitaires de résis-tance et de libération ont toujours existé.
Qu’Israël nous épargne donc ses plaintes, puisque la formation libanaise paramilitaire du Hezbollah a existé surtout et d’abord pour faire résistance, sur sa propre terre, à l’occupation israé-lienne du Liban en 1982, les chiites ayant souffert le plus – de toutes les communautés libanaises – de cette occupation, payant le tribut le plus lourd en vies de civils.

Et puis, Israël même a connu ce type d’organismes.

Sauf que ces organismes hébreux étaient illégaux et terroristes, vu que le pays où ils ont eu naissance à l’époque n’était pas le leur, et s’appelait Palestine. Et la Palestine, après la première guerre mondiale, était sous mandat britannique.

En 1937 sont donc fondées les formations juives paramilitaires clandestines : l’Irgoun (renom-mée pour ses actions terroristes à l’époque, contre les palestiniens et les britanniques à la fois) et la Haganah (qui, suite à la naissance de l’État d’Israël en 1948, formera le noyau de l’armée israélienne).
La Haganah, avec à sa tête Ben Gourion, et l’Irgoun de Menahem Begin se sont entretuées d’ailleurs, et de ces frères ennemis c’est la Haganah qui l’a emporté sur l’Irgoun, dans le souci « d’unifier le fusil », paraît-il.
Passer par le sang, comme toujours ! Mais pour un “bien commun” pour juifs seulement, bien entendu. C’est-à-dire chasser ou tuer les palestiniens, s’emparer de leur terre, pour voir fina-lement naître l’État d’Israël.

Pour en revenir au Hezbollah, et pour les âmes agitées et anxieuses, rappelons aussi que « par la voix du président de l’Union en exercice au 1 août 2006, l’Union Européenne signale que le Hezbollah ne sera pas inscrit sur la liste des organisations terroristes »(4).

Le Hezbollah est par contre considéré « terroriste » par les États-Unis, Israël et leurs compères. De toute manière, pour ces seigneurs, ou on est avec eux ou on est « terroriste ». Mais ce raisonne-ment si stupide n’a aucune valeur et est totalement absurde : syllogisme sans prémisses.

L’ONU non plus ne classe pas le Hezbollah dans la liste des organisations terroristes, même si le Conseil de sécurité appelle à son désarmement(5).

Un autre détail, juste une mise au point, pour rassurer les anxieux et trouillards : Hezbollah dé-clare ne soutenir d’aucune façon Al-Qaïda et ne rien avoir à faire avec ses trop suspects “complots islamistes” (ou israélo-américains ?).

Enfin, depuis qu’il a signé en février 2006 le Document d’entente avec le général Aoun, le Hez-bollah travaille pour un équilibre politique intérieur, prône l’entente et le dialogue « sans ingérence exté-rieure » (c’est à dire sans aucun ordre à recevoir de la part de quiconque, Syrie et Iran inclus), et son chef, sayyed Hassan Nasrallah, appelle au dialogue et se prononce en faveur d’un gouvernement d’unité nationale, ayant donc choisi en fin de compte une voie de droiture et mettant en route, sur-tout grâce à l’entente avec le général Aoun et le Courant patriotique libre, le processus de guérison
(
(5) La Résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’ONU de septembre 2004 demande entre autres « que toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées ». On entend évidemment par « non libanaises » les pales-tiniens, qui n’ont nullement ni dissout leur milice ni se sont désarmés. Sayyed Hassan Nasrallah par contre, si-gnant avec le général Aoun (le 6 février 2006, dans la crypte de l’Église Saint Michel, dans le quartier de Chiyah) le Document d’entente, a parfaitement délibéré de remettre – dans les conditions qui seraient précisées avec l’adoption, de la part du gouvernement, d’une efficace politique de défense nationale qui sache assurer la pro-tection du pays contre toute agression étrangère, protection et défense jusqu’ici abandonnée à l’initiative de par-ticuliers – ses armes à l’État libanais.

A. Qui était Rafic Hariri ?Qui était-il ? Un homme, avant tout, qui avait troqué sa nationalité libanaise contre celle saoudienne.

L’homme qui mit à genoux l’économie libanaise et qui fut la cause d’émigration de centaines de milliers de libanais et la cause de tant de pauvreté au Liban.

En moins de treize ans, Hariri a au moins sextuplé sa fortune (à sa mort son héritage remon-tait à 17 milliards de dollars américains). D’où lui vient toute cette fortune ? De quelle spoliation ? Comment expliquer le phénomène selon lequel les dettes du Liban devaient atteindre et peut-être dépasser les 40 milliards de dollars, tandis que parallèlement des fortunes immenses gonflaient les comptes personnels de Hariri ?
Hariri dirigeait l’État « comme s’il s’agissait de sa propriété personnelle »(15).

L’héritage que Hariri a laissé à l’économie libanaise et à chaque foyer du Liban est d’une du-reté écrasante.

Certes son assassinat reste un crime, et la pitié humaine et chrétienne va à celui qui en a été la victime et à ses proches.

Assassiné peut-être, ou très vraisemblablement, par ceux-là mêmes sur lesquels il croyait pouvoir s’appuyer. Külbel dans son interview en fait une étude très intéressante, où se trouvent impliqués à la fois Israël, les États-Unis et la France. La France avec à sa tête le grand ami de Hariri : Chirac, qui est, toujours selon Külbel, « non seulement un partenaire de machinations étasuniennes dans le Levant, mais il a même cherché activement à convaincre Bush de donner carte blanche à la France dans son ancienne zone coloniale d’influence ». « Bien évidemment », poursuit Külbel, « la France est parmi les principaux responsables de la catastrophe qui a frappé le Liban depuis la mort de Hariri »(16).

Hariri était-il un “anti-syrien” ?

Le monde entier savait la façon dont Hafez Assad formait des gouvernements et des minis-tres au Liban. C’était Assad qui les nommait et les destituait selon le besoin.

Et Hariri a été nommé par Hafez Assad.

Et ne fut-ce pas Hariri à vouloir appeler « autoroute Hafez Assad » l’autoroute menant vers l’aéroport international de Beyrouth ?

Et qui, sinon Hariri, a payé intégralement les frais de scolarité des deux fils cadets du briga-dier syrien (par la suite ministre syrien de l’intérieur) Gazi Kanaan, qui ont fréquenté la George Washington University ?
Saurait-on un jour le montant des “cadeaux” offerts aux politiciens libanais et étrangers, sy-riens en particulier, que Rafic Hariri proposait sans cesse, dans le seul but d’utiliser son argent pour conquérir et garder le pouvoir ?

Après l’Accord de Taëf, à travers un industriel français, Rafic Hariri propose au général Aoun le “cadeau” de trente millions de dollars afin que celui-ci quitte son poste de premier minis-tre et reconnaisse ce traité de trahison nationale du nom de Taëf.

À quoi le général répondit, se débarrassant en ces termes de son hôte : « Si cet argent est pour moi, je ne vivrais pas assez longtemps pour le dépenser. Si c’est pour vendre le pays, le prix est trop faible »(17).

Juste par respect aux morts, je m’arrêterais là.
L’histoire suivra son cours !
(15) Jürgen Cain KÜLBEL, article cité.
(16) Ibidem.
(17) Abdallah BOU HABIB, Le feu orange, pp. 176-177. Abdallah Bou Habib était, à l’époque, ambassadeur du Liban à Washington.
08-fr
Jacqueline Amidi
Le printemps du Liban contre l’axe usraélien, in effedieffe.com, dimanche 3-6-2007
http://www.effedieffe.com/interventizeta.php?id=2040¶metro=esteri
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B. Qui sont Siniora, Saad Hariri, Geagea et Joumblatt ?

Mais c’est quand même incompréhensible, à l’égard de cette enquête « biaisée », que Saad Hariri, le fils de l’assassiné, semble préférer qu’on trouve coûte que coûte des syriens comme responsables de l’assassinat de son père, plutôt que de chercher dans toutes les pistes qui mènent aux vrais coupables.

Les boss de l’« Axe de la tutelle israélo-américaine ».

De gauche à droite : Samir Geagea, Fouad Siniora,
Saad Hariri et Walid Jumblatt

D’ailleurs Saad Hariri avait aussi d’autres soucis à régler, semble-t-il, comme celui par exemple – selon ce que relate Külbel – de la prime d’assurance : « Début Juillet 2006, Sleiman Franjieh, président du parti libanais Marada, a déclaré, au cours d’une interview transmise à la té-lévision, qu’on avait exercé des pressions sur lui alors qu’il était ministre de l’intérieur. Il devait dire que la bombe qui a tué Hariri avait été placée sous terre, afin que la famille du dé-funt pût bénéficier de la prime d’assurance ».

Qu’en penser ?

Pourtant quelle tragédie pour notre Liban qu’il ait eu à subir des premiers ministres du cali-bre de Hariri et Siniora !
Et qui est Siniora ?

Un premier ministre qui a peur de rencontrer les manifestants ! Politiquement, un cadavre qui subit l’acharnement thérapeutique pour une réanimation désespérée. Il est déjà perdant. Et sera évincé et abandonné par ceux-là mêmes qui l’appuient à présent, c’est-à-dire les États-Unis, Israël et la France.

Avec lui, trois personnages surtout dégradent for-tement la scène politique libanaise : c’est-à-dire Saad Hariri, le sponsor richissime des “bons” terroristes sa-lafistes mercenaires, et deux criminels sanguinaires de la guerre libanaise des années 80, à savoir Geagea et Joumblatt.

Les leaders pro-israélo-américains : Samir Geagea,
Saad Hariri et Walid Joumblatt, se croyant triomphants

Le premier est un fils à papa qui croit – comme son père, d’ailleurs – qu’avec l’argent tout s’achète et tout se vend : un pays, un gouvernement, des person-nes, des votes... Saad Hariri se pointe après la mort de son père et décide du jour au lendemain de faire de la politique.
Dangereux à cause de son argent.
Grâce aux États-Unis et à Israël, il reçoit des armes au Liban.
Contre qui ?
Les deux criminels Walid Joumblatt et Samir Geagea, selon le journal al Chourouk et ses sources françaises, comme le relate l’AGI, ont successivement encaissé 15 et 25 millions de dollars(18). Ils sont eux aussi actuellement armés par Israël et les États-Unis.
Contre qui ?
(18) Libano, assassinio Hariri. Possibili sviluppi, in AGI, article cité.

Joumblatt se dit anti-syrien ?

Mais n’était-ce pas lui qui en mars 1989 s’était allié à l’armée syrienne d’occupation contre l’armée libanaise durant la bataille de Souk et Gharb, bataille menée par le général Aoun ? N’était-ce lui qui fut obligé, bon gré mal gré, de faire partie du gouvernement Karameh – alors qu’il avait essayé auparavant à y faire résistance – déclarant sans honte : « Je suis retourné malgré moi, sur insistance des frères syriens »(19).

Sur Joumblatt, Külbel aura une belle trouvaille : « Je ne souhaite pas parler de Joumblatt, car je ne suis pas psychiatre »(20).

Geagea est celui qui se dit chrétien maronite, mais qui a tout du mal. Il est responsable de crimes innombrables.

Il est armé surtout par Israël : « Les bandes de Geagea ont été fournies [d’armes] directement par Israël, pendant la guerre de l’année passée : pendant des semaines, tandis que le reste du Liban était bombardé, les hélicoptères israéliens atterrirent dans les zones contrôlées par Geagea [et sa milice, les « Forces libanaises », qu’il serait bien plus exact d’appeler « Forces de trahison » !], débarquant des armes.

Aujourd’hui les armes pour les différentes bandes arrivent directement dans des zones de l’aéroport [de Beyrouth] rendues inaccessibles à la sécurité libanaise. L’objectif commun de l’assassin psychopathe Geagea, du mafieux richissime Saadeddine Hariri et du druze Walid Joumblatt est d’essayer d’amorcer, comme en Iraq, un processus de “guerres de milices” au Liban. Alors arriveraient les “pacificateurs” américains, à faire le reste »(21).

Geagea est anti-syrien ?

Mais qui trinquait durant la bataille de Souk el Gharb pour la ruine de Michel Aoun pendant sa guerre contre l’occupation syrienne (témoignage direct de Cheikh Farid Hamadeh, grand et honnête notable druze libanais) ?

Et comment un “anti-syrien” eut-il à combattre farouchement contre le seul à avoir mené la guerre de libération contre l’occupation syrienne, à savoir le général Aoun ? Que fit en effet Geagea ? Il dirigea les canons de sa milice contre les populations civiles libanaises qui résistaient aux côtés du général et combattaient contre les forces syriennes.
Alors, encore une fois, Hariri, Joumblatt et Geagea contre quoi et contre qui s’arment-ils ?

Contre le Liban. Parce qu’ils n’aiment pas le Liban.

« Aime, et fais ce que tu veux », dit Saint Augustin. Malheureusement, pour ceux qui n’aiment pas et font beaucoup de dégâts, l’histoire se répète : ils finiront mal, très mal.

6. Qui profite d’un Liban toujours en guerre ?

En premier, Israël tire toujours profit du chaos libanais. D’ailleurs, comme l’explique Klaus von Raussendorf dans son article du 27 octobre 2006(22), les douleurs de l’enfantement d’un Nou-veau Moyen-Orient, nouvelle stratégie de la politique usraélienne, visant à remodeler la région en question, n’aurait pas pour nom de code « Chaos créatif » ?

(19) Elias HRAOUI, Le retour de la République. Des mini-États à l’État, Dar an-Nahar, Beyrouth, 2001, p. 292.
(20) Jürgen Cain KÜLBEL, article cité.
(21) Agostino SANFRATELLO et Maurizio BLONDET, Libano. È sempre il piano Kivunim, in effedieffe, 23-5-2007 :
http://www.effedieffe.com/interventizeta.php?id=2000¶metro=esteri.
(22) Klaus VON RAUSSENDORF, Neues vom « Neuen Mittleren Osten ». Condoleezza Rice und das « kreative Chaos » an mehreren Fronten, in Berliner Umschau, 27 oktober 2006 :
http://www.berlinerumschau.com/index.php?set_language=de&cccpage=27102006ArtikelPolitik3.
Traduction française in Tlaxcala, 27-10-2006 :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=1457&lg=fr.
08-fr
Jacqueline Amidi
Le printemps du Liban contre l’axe usraélien, in effedieffe.com, dimanche 3-6-2007
http://www.effedieffe.com/interventizeta.php?id=2040¶metro=esteri
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Et qu’est-ce que le « Chaos créatif » ?

Le démantèlement de plusieurs pays du Moyen-Orient en plusieurs mini-États, et pour y ré-ussir il faut d’abord y instaurer le désordre nécessaire, le climat de confusion adéquat pour une si-tuation de conflit et de division. Et le Li-ban, selon la nouvelle stratégie des tyrans usraéliens – nouvelle, mais fidèle aux vieux plans israéliens, dont celui d’Oded Yi-non(23) – le Liban donc devrait être divisé comme la vieille Yougoslavie, comme on tente de le faire depuis 2003 en Irak. Et l’annonce tapageuse d’une guerre contre l’Iran devrait aboutir au même résultat, c’est-à-dire au démembrement du pays.

Et il en serait de même pour d’autres pays de la région, sans en épargner aucun, même ceux-là qui se croient à l’abri de la tempête (je pense surtout à l’Arabie Saou-dite, la Jordanie et l’Égypte).

En août 2006 le Conseil mondial des Églises a déclaré, au retour d’une délégation qui avait visité Beyrouth et Jérusalem : « L’agression israélienne contre le Liban était déjà planifiée avant même que le Hezbollah ne procède à la moindre attaque. Elle avait pour but d’ en-foncer un coin de discorde entre les différentes confessions religieuses qui cohabitent en harmonie dans ce pays [...]. Nous rentrons du Liban en par-tageant l’impression que cette destruction a été pla-nifiée. Et que même si l’opération du Hezbollah a servi de détonateur, il s’agissait d’une opération qui n’attendait plus qu’un feu vert [...]. Les représen-tants des différentes communautés du Liban que nous avons rencontrés ont été unanimes à dire que la destruction du Liban était à la fois délibérée et planifiée »(24).

La commission d’enquête israélienne dirigée par le juge Eliyahu Winograd a bel et bien confirmé récemment la thèse de la planification de longue date de l’agression israélienne contre le Liban.
L’un des innombrables et “invincibles” Merkava
protagonistes de l’agression israélienne de juillet-août 2006.
Agression contre laquelle le Hezbollah a remporté une victoire mémorable.

Entre parenthèses, cette commission d’enquête nous a été de grande utilité, à nous libanais : d’abord, Israël a reconnu sa défaite contre nous, donc la victoire de la résistance libanaise, à savoir la
victoire du Hezbollah et de tous les libanais, qui ont soutenu le Hezbollah et qui jusqu’aujourd’hui re-fusent d’abandonner leur pays ; et deuxièmement, Israël a reconnu, de la bouche même d’Olmert, d’avoir organisé la guerre et donc d’avoir comploté (pour la énième fois) contre le Liban(25).

Au Liban donc, aujourd’hui, ce que l’invasion israélienne de l’été dernier n’a pas réussi à ré-aliser, c’est-à-dire la fin irrévocable du Liban, des vétérans du crime et des massacres, les Samir Geagea et Walid Joumblatt, marionnettes actuelles des usraéliens, feront l’impossible pour y réus-sir, à savoir causer des troubles tels à faire sauter le pays : assassinats, voitures piégées et autres.

La longue expérience de Geagea et Joumblatt en matière de crimes, a fait qu’on les ait choisis à eux précisément pour les futures guerres du Liban. C’est l’ensemble de leurs compétences en provocations de bains de sang qu’ils mettent au service des ennemis du Liban. Leurs crimes ma-fieux leur ont donné la notoriété de parfaits Judas de l’heure.
La tactique ? Provoquer des guerres à l’intérieur du pays, guerres appelées tour à tour « guerres civiles », « guerres confessionnelles », ou « guerres fratricides ».

Saad Hariri se chargera de sa “guerre sunnite” contre les chiites, par le biais entre autres de l’argent saoudien, se servant des terroristes de Fatah al-Islam.

Enfin, sur le quotidien israélien Yedioth Aharonot du 5 octobre 2006 on relate une déclaration de Bush que voici : « Il n’y a aucune raison de discuter maintenant avec les syriens. Le président Assad sait par-faitement ce qu’il a à faire s’il veut jouer un rôle positif »(26).
Question : Qu’a-t-il le président Assad à faire pour jouer un « rôle positif » ?

Et ce « rôle positif » pourrait-il être négatif pour le Liban, comme en 1990 ? Car tant que la Syrie n’envisage pas la démarche – finalement positive et intelligente ! – de reconnaître la souveraineté du Liban et ses frontières, établir des rapports diplomatiques et relâcher les prisonniers libanais qu’elle détient dans ses prisons, on ne saurait percevoir et comprendre le « rôle positif » de la Syrie.

Sinon, de quel « rôle positif » parlerait Bush ?

Est-il possible que la Syrie – que l’administration américaine classe dans l’« Axe du mal », que le monde occidental considère comme pays « terroriste » – eh bien, est-il possible que la Syrie, par quel tour de magie, redevienne une « alliée » ou « partenaire » considérable des États-Unis ? Malheureu-sement l’invasion syrienne d’octobre 1990 nous le confirme : afin de pouvoir envahir tranquille-ment l’Irak en janvier 1991, le Liban a été fait cadeau par les États-Unis à la Syrie, et l’invasion et les massacres du 13 octobre 1990 eurent lieu. Pour servir les intérêts nationaux et la sécurité d’Israël, l’administration américaine serait prête à tout pacte, peut-être même jusqu’à refaire cadeau du Liban à la Syrie.

7. Comment sortir du gouffre ?

Il se peut que le Liban trouve fin à ses malheurs parallèlement à des conjonctures géopoliti-ques régionales et internationales qui fassent arriver le moment propice pour une libération sé-rieuse.

À condition bien sûr que d’ici là :

A. le Liban sache résister indomptablement à la trahison, exercée par le gouvernement anti-
(constitutionnel et illégal de Siniora-Hariri-Feltman-Welch(27) et par le clan qu’on peut très bien appeler “la clique du 14 mars”, dont Geagea et Joumblatt ;

B. et que le peuple libanais – autour et sous la conduite de ses deux chefs, le général Michel Aoun et sayyed Hassan Nasrallah, qui guident sa résistance et sa marche vers la reconquête – regagne réellement le terrain en chassant les traîtres des lieux institutionnels qu’ils usurpent aujourd’hui, les traînant aux tribunaux pour tous leurs crimes et leur haute trahison.

Sayyed Hassan Nasrallah et le général Michel Aoun
le jour de la signature du “Document d’entente”,
dans la crypte de l’Église Saint Michel du quartier
chiite de Chiyah, à Beyrouth, le 6 février 2006.

Les libanais se trouvent face à la « guerre des traîtres » qui veulent les étouffer et décider, sans leur concours, à leur triste sort de vendus et soumis à la tutelle de leurs ennemis.

Mais un ensemble de mutations seraient en train de subvertir le scénario global prévu par l’“empire” améri-cain.

À savoir :

A. L’engouffrement de la politique américaine dans le bourbier de sa guerre contre l’Irak.

B. L’écroulement du mythe de l’invincibilité d’Israël, suite à la « victoire divine » du Hezbollah et du Liban en juillet-août 2006.

C. La reprise en force de la Russie sur la scène géopolitique, économique et militaire, qui reconquiert progressivement son rôle de grande puissance mondiale, barrant la route aux rêves d’unipolarité triomphante et absolue des États-Unis.

D. L’émergence de la Chine en tant que pôle mondial ultérieur de puissance.

8. Le dernier grain de sable

Et voici le dernier grain de sable (récompense peut-être à quelques derniers grains de nos chapelets ?), qui vient entraver la machine de l’agression : le scandale publiquement dévoilé de cette fâcheuse administration Bush et de ses compères libanais de l’« Axe de la tutelle israélo-américaine » – les Hariri-Geagea-Joumblatt-Siniora – qui ont recruté, financé et armé leurs “bons” terroristes mercenaires du Fatah al-Islam.

Trois textes en particulier, parmi bien d’autres, donnent les premiers éléments nécessaires :

A. l’interview récente de Seymour Hersh à la CNN, transcrite dans l’article de David ED-WARDS et Muriel KANE, L’Administration Bush a organisé le soutien aux militants attaquant le Liban, du 22 mai 2007(28) ;
(27) Jeffrey Feltman, ambassadeur des États-Unis au Liban. David Welch, secrétaire d’État adjoint améri-cain pour le Proche-Orient.
C’est Welch, à l’occasion de sa dernière visite au Liban, du mardi 15 au jeudi 17 mai 2007 (au cours de la-quelle il a “convoqué” directement à l’ambassade américaine, pour leur dicter les exigences usraéliennes, les dé-putés soi-disant “majoritaires” et les membres du soi-disant “gouvernement” Siniora, c’est à dire l’« Axe anti-libanais », ou « Axe de la tutelle israélo-américaine »). Et c’est Welch qui aurait alors « dopé » (L’Orient - Le jours, 18-5-2007) tous ces “loyalistes de l’ennemi” et donné le feu vert à l’agression intérieure de Fatah al-Islam du diman-che 20 mai 2007 (agression qui ne s’est pas encore arrêtée), comme prélude aux rounds successifs d’agressions intérieures et extérieures.
(28) David EDWARDS and Muriel KANE, Hersh : Bush administration arranged support for militants attacking Leba-non, in The raw story, tuesday may 22, 2007 (with video Hersh-CNN) :
http://rawstory.com/news/2007/Hersh_Bush_arranged_support_for_militants_0522.html.
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Jacqueline Amidi
Le printemps du Liban contre l’axe usraélien, in effedieffe.com, dimanche 3-6-2007
http://www.effedieffe.com/interventizeta.php?id=2040¶metro=esteri

B. l’article de Franklin LAMB, Les dessous de la crise libanaise, du 24 mai(29) ;

C. l’article de NIDAL, Les Hariri financent “Al-Qaïda”, mais c’est pour la bonne cause, également du 24 mai(30).
Mais d’autres éléments, relatés par l’hebdomadaire libanais L’Hebdo Magazine du 16 février 2007, donnaient déjà des éclaircissements d’une extrême importance, quant au sponsorat du Cou-rant du futur de Saad Hariri au groupe terroriste du Fatah al-Islam et à l’organisation de ce que Saad Hariri appelle discrètement sa « sécurité ». Bien avant, donc, qu’on ait entendu parler de Fatah al-Islam et bien avant le début des accrochages du 20 mai dernier à Nahr el-Bared contre l’armée libanaise.
Voici ce que relate donc L’Hebdo Magazine :

« [...] Le député Saad Hariri et ses conseillers ont réussi à accomplir une avancée de taille, dans la mise en place d’une structure regroupant partisans et sympathisants du Courant du futur [...]. La source du Courant du fu-tur qui rapporte toutes ces informations, reconnaît l’attribution d’une fonction à l’ex-islamiste Kanaan Naji et à l’officier dissident [...] Ahmed el-Khatib, chargés tous deux des questions sécuritaires. Kanaan Naji aurait déjà mo-bilisé quelque 200 palestiniens qui ont créé l’organisation Fatah al-Islam après s’être séparé du mouvement Fatah-Intifada dans le camp palestinien de Nahr al-Bared, en décembre passé »(31).

Or, si le Fatah al-Islam – comme le prétendent tous les mass média politiquement corrects et serviles des israélo-américains – n’est qu’une branche d’Al-Qaïda, où et dans quel rôle placerait-on Saad Hariri, pilier du “14 mars” et du gouverne-ment Siniora-Feltman, chouchou des “États-Unis-d’Israël” ?

Dans le rôle de trait d’union entre Usraël-CIA-Mossad et Al-Qaïda ?

Pour “soutenir” le Liban et le “démocratiser” ?

Quand l’agresseur se trouve à son tour en difficulté, l’agressé commence à espérer de s’en débar-rasser. C’est un concours de circonstances qui a mis terme à l’occupation ottomane du Liban suite à la défaite de la Turquie dans la première guerre mon-diale. Un concours de circonstances qui a mis terme en 2005 à l’occupation syrienne du Liban.

Ce sera probablement aussi un concours de circonstances qui aidera le Liban à délier ou trancher tous les noeuds gordiens qui prétendent aujourd’hui l’étrangler.

Aujourd’hui au Liban on s’attend à l’éruption du volcan qui ne s’est pas éteint.

Israël bat le tambour de la guerre, car il ne veut pas reconnaître et accepter sa défaite de l’été 2006.

Les terroristes de Fatah al-Islam (“terroristes mercenaires” de plusieurs nationalités de pré-dominance arabe) provoquent la belligérance avec l’armée libanaise à Tripoli, capitale du Liban du
nord, dans le camp palestinien de Nahr el-Bared.

Et les islamistes palestiniens infiltrés, armés et entraînés par les israélo-américains, reste-raient-ils à l’écart ? Ou bien, épaulés par Jound al-Cham (ou Jound el-Sitt) – un autre des groupes ter-roristes mercenaires organisés et financés par le Mouvement du futur de Saad Hariri et par Bahia Ha-riri, tante de Saad et soeur de Rafic(32) – prendraient-ils part aux événements, ouvrant le feu aussi au sud, à partir de Aïn el-Hilweh (camp de réfugiés palestiniens près de Sidon) ?

Tous complices dans le projet d’affaiblir l’armée libanaise, d’impliquer dans les conflits inter-nes le Hezbollah et de faciliter ainsi l’entrée en scène de l’armée israélienne et/ou américaine, dans des futures expéditions offensives – ou “protectives” – contre le Liban.
Conflits, troubles, boucheries.

Comme d’habitude, les seuls pris entre deux feux seront toujours les libanais qui devront en-core et encore se battre pour leur liberté et la paix.