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Paix et Justice au Moyen- Orient (volet N° 30)

Séisme au Maghreb

Notre rubrique géopolitique

samedi 5 mai 2007

Strasbourg le 5 mai 2007

Le début de la présidence de G.W.Bush s’est traduit par une offensive généralisée des Etats-Unis contre le « Grand Moyen-Orient ». L’objectif affiché : renforcer la mainmise colonialiste des Américains sur une zone qui s’étend de l’Afghanistan à l’océan Atlantique.

Après avoir acquis l’assentiment de la Russie, l’ancienne superpuissance, le rouleau compresseur s’est mis en marche. Tour à tour, et sous des prétextes fallacieux, l’Afghanistan, puis l’Irak, furent annexés à l’Empire, l’infrastructure de la Palestine ainsi que l’autorité de l’« Autorité palestinienne » furent détruites par l’armée israélienne, alors que les menaces d’une intervention militaire contre la Syrie et l’Iran, n’ont pas cessé d’alimenter les spéculations politico médiatiques.

L’offensive militaire contre la Syrie débuta en été 2006 lorsque Tsahal prit d’assaut le Sud Liban. Mais la résistance libanaise fit échouer le plan des unilatéralistes américano-israéliens qui rêvaient de la naissance d’un « Nouveau Moyen-Orient », entièrement sous la coupe des Etats-unis et de son satrape régional, Israël.

Avec le recul, la défaite israélienne de juillet-août 2006 au Liban, est riche d’enseignements. Elle marque le début d’une nouvelle ère : celle de la fin du rêve des néoconservateurs de créer un « Grand Moyen-Orient » américain. Elle marque les limites de la puissance militaire et politique des Etats-Unis et de son larbin israélien, la faillite morale de l’Empire et le début de l’offensive des nations et des peuples épris de paix du « Grand Moyen-orient » libre, en pleine renaissance.

Le fiasco irakien et libanais des américano-israéliens encouragea la résistance somalienne à s’emparer du pouvoir. Même si le pouvoir en Somalie fut repris par l’armée éthiopienne, la résistance mène actuellement la vie dure aux envahisseurs et rien n’indique une issue favorable aux Ethiopiens, sous traitants, dans la Corne de l’Afrique, du colonialiste américain.

Le recul de l’influence américaine ne signifie pas encore sa défaite. Ce qui se traduit par une sorte d’attente, voire d’impasse, à Washington, en Irak, au Liban, en Palestine et en Somalie. Mais, le reflux de la puissance américaine est suffisant pour faire vaciller quelques gouvernements corrompus et autoritaires du « Grand Moyen-Orient », à la solde des Etats-Unis. Ainsi, l’Algérie et le Maroc, pays où règnent l’arbitraire et la corruption, s’ajoutent à la liste des pays en proie à l’agitation révolutionnaire. Les récents attentats ont visé explicitement les symboles du pouvoir en place et son soutien étranger, en particulier, américain.

Bien sûr, la propagande officielle s’efforce de montrer que le GSPC algérien (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) s’est transformé en Al-Qaida pour le Maghreb. Ceci, dans le but de « prouver » que, grâce aux efforts du gouvernement d’Abdelaziz Bouteflika, la société algérienne s’assainit progressivement et que les jeunes kamikazes travaillaient pour une « puissance étrangère ». Personne n’est dupe. Florence Beaugé a publié dans Le Monde du 14 avril 2007 une analyse intitulée : « Le désespoir, matrice du terrorisme algérien ». Elle brosse un tableau noir de la jeunesse algérienne, désespérée, avec un horizon bouché dans un pays dont les perspectives de changement sont nulles. « Chômage, injustice, mal-vie, paupérisation, hogra (humiliation)… » poussent les jeunes, n’appartenant pas à la nomenklatura, à vouloir quitter le pays coûte que coûte. Les auteurs des derniers attentats ne visaient que le pouvoir algérien et l’Occident. Le 10 décembre 2006, un attentat a ciblé la société américaine BRC, une filiale de la compagnie publique algérienne Sonatrach et de Halliburton (Le Monde du 13 avril 2007).

Certains journalistes tentent de rattacher les attentats au scrutin du mois de mai. C’est oublier que, dans un système politique toujours fermé, 70% des Algériens boycottent les élections et que le multipartisme n’est qu’apparent, au service du pouvoir militaire.

Que dire des jeunes kamikazes marocains qui, selon Ali Amar, directeur de l’hebdomadaire Le Journal, « viennent des bidonvilles et sont le produit de la fracture sociale marocaine » (Le Monde du 12 avril 2007). Là encore le parti d’« opposition » (PJD, le parti de la Justice et du Développement) est choisi par la Cour afin de jouer le rôle d’« islamiste modéré » pour contrer la montée en puissance de la contestation sociale.

Voici ce que dit Amnesty international de l’Egypte, un autre pays « ami » des Etats-Unis, accusé : « d’arrestations arbitraires, de détentions prolongées sans jugement, d’actes de torture et de mauvais traitements. » (Le Monde du 14/04/07).

Il est vraiment terrible que ce soient encore et toujours les civils qui paient le plus lourd tribu dans ces affrontements.

Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte : tous les pays « amis » des Etats-Unis sont menacés d’implosion. Le retrait américain d’Irak, inévitable, créera une situation favorable à l’opposition, encouragée à arracher l’indépendance nationale et les libertés démocratiques tant attendues.

Le comité de rédaction