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Indignons-nous aux côtés de Maurice Lefort, élu courageux et qui fait honneur à son mandat

Lettre ouverte au Ministre des Affaires Etrangères

Sachons aussi, lors de nos prochains actes citoyens, exiger de nos élus le même courage

jeudi 5 avril 2007

Courrier de Jean Claude Lefort, député, au Ministre des Affaires Étrangères.

Ivry, le 2 avril 2007

M. Philippe Douste-Blazy,
Ministre des Affaires étrangères,
37, Quai d’Orsay,
75007 Paris.

Monsieur le Ministre,

Ainsi que je ne cesse de vous l’écrire, sans retour de votre part sur ce point pourtant majeur, les exigences unilatérales et les sanctions tout aussi unilatérales qui frappent les seuls Palestiniens ne sont pas de nature, pas de nature du tout, à faire avancer le processus de paix au Proche-Orient.

J’ai cité maints exemples flagrants de non respect par les autorités israéliennes du droit international et des accords passés avec l’OLP et protesté, en conséquence, auprès de vous quant à l’absence de réactions ou de mesures de notre pays et des membres du Quartet sur ce point. Ne pas le faire c’est non seulement perpétuer le ″deux poids, deux mesures″ insupportable qui frappe les Palestiniens mais c’est aussi à coup sûr encourager les autorités israéliennes à poursuivre puisque aucune borne n’est fixée.

Voici que l’actualité confirme malheureusement de manière éclatante ce point de vue.

Le sommet de la Ligue arabe qui vient tout juste de se tenir à Riyad, en Arabie saoudite, a relancé le plan de paix arabe de 2002 présenté à Beyrouth. Cette initiative a été généralement jugée positive.

En Israël un certain flottement s’est fait sentir qui n’a pas duré longtemps.

Ainsi Monsieur Shimon Pérès a-t-il qualifié ce plan de ″diktat″ tandis que Monsieur Ehud Olmert, après avoir salué ce plan de ″révolutionnaire″, a aussitôt expliqué en substance, dans une interview au journal ″Jerusalem Post″ de vendredi dernier 30 mars, que le retour d’Israël aux frontières de 1967 était inacceptable ; que le ″droit au retour″ des réfugiés était une question qui ne pouvait être sujette à discussion ; que Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien était une chimère.

Voilà qui est clair si besoin était : Israël ne respecte pas et n’entend pas respecter le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale de l’ONU énoncées depuis 60 ans. Et que disons-nous ? Que dit l’Union ? Que dit le Quartet ? Rien ! C’est absolument intolérable.

C’est à suivre cette ligne depuis des décennies que l’occupation israélienne des Territoires palestiniens se poursuit et que la guerre perdure au Proche-Orient. C’est inexcusable.

Il est temps, grand temps, que les autorités israéliennes soient mises au pied du mur de la paix et du droit. Il est temps, grand temps, que l’idée soit admise selon laquelle la sécurité d’Israël passe par l’existence d’un État palestinien. Il est temps, grand temps, que s’imposent des mesures conformes au Chapitre VII de la Charte des Nations unies. Il est temps, grand temps, que des sanctions soient prises contre cet Etat qui ne respecte pas le droit international ni sa propre signature au bas des accords d’Oslo.

Le chemin de la paix au Proche-Orient passe clairement par des mesures fermes.

L’Union européenne vient d’en prendre vis-à-vis de la Guinée.

Dans un courrier en date du 21 mars, suite à ma lettre du 9 février, vous m’écrivez en effet que : ″Après les récentes violations des droits de l’homme et des principe de l’État de droit, l’Union européenne a été amenée à geler ses projets de coopération et à reconsidérer, sur la base de l’article 96 de l’accord de Cotonou dont la Guinée est signataire, l’octroi des crédits communautaires à ce pays au titre du FED. Nous entendons demeurer vigilants en ce domaine pour inciter les autorités guinéennes à sortir leur pays de la crise actuelle.″

On pourrait aussi parler de l’Iran.

Monsieur le Ministre : Israël ne peut être considéré comme un pays qui bénéficierait d’un statut qui le placerait au-dessus des autres pays membres de l’ONU.

L’Union européenne ne manque pas de moyens pour aller en ce sens conformément à l’article 2 de l’Accord d’association avec Israël tandis que la France, en particulier, poursuit une coopération militaire et des ventes d’armes avec ce pays que rien ne justifie en ces conditions.

Ces mesures de fermeté s’imposent plus encore aujourd’hui où des efforts majeurs sont notés du côté palestinien.

C’est l’objet de cette lettre que de vous demander de faire preuve de courage vis-à-vis des autorités israéliennes afin qu’elles respectent enfin elles aussi le droit international et qu’elles s’engagent dans des discussions de paix pour un accord global au Proche-Orient.

La paix – rien ne devrait pour de sombres raisons vous dévier de sa recherche de manière prioritaire.

Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de mes salutations distinguées.

Jean-Claude Lefort,
Député du Val-de-Marne,
Membre de la Commission des
Affaires étrangères.