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Paix et Justice au Moyen- Orient (volet N° 24)

Aujourd’hui : Manœuvres de division des colonialistes au Moyen-Orient

Notre rubrique géopolitique

lundi 12 mars 2007

Strasbourg, le 11 mars 2007

L’Iran est particulièrement visé par les manœuvres de division des colonialistes américano-israéliens

Le Moyen-Orient est une région très riche de sa diversité, de son histoire et de sa culture millénaire. Chaque pays de cette région, au carrefour du monde, est constitué d’une multitude d’ethnies et de religions. Selon les sociologues, c’est l’extrême vitalité historique de cette région qui a donné naissance aux trois religions monothéistes.

Les tensions ont toujours existé entres les diverses ethnies et adeptes de différentes religions, sans pour autant ébranler la cohésion millénaire de certaines contrées, caractérisées par une langue, une culture et une histoire communes, qui ont conduit, plus tard, à la formation de nations, au sens moderne du terme, comme la Turquie, l’Afghanistan, la Syrie ou le Liban.

L’apparition de la Grande- Bretagne en Asie centrale depuis 1809, a bouleversé la cohésion millénaire et pourtant fragile de cette région. Avant de quitter le sous-continent indien, la Grande- Bretagne avait encouragé la formation de deux pays sur une base purement religieuse, l’Inde et le Pakistan, ce dernier constitué en fait de deux pays, le Pakistan actuel et le Bangladesh, distants de deux milles kilomètres et unis simplement par l’islam. Faut-il rappeler que le Pakistan regroupe tous les « Indiens » de religion musulmane qui vouent une haine indescriptible aux indiens « impurs », donc non musulmans ? Une haine et une division exacerbées et savamment encouragées par les colonialistes britanniques adeptes de la devise « diviser pour mieux régner » ?

L’Histoire montre cependant que la politique colonialiste ne suit pas toujours la même logique.

Si l’intérêt des Britanniques a conduit au dépeçage du sous-continent indien en trois pays distincts (l’Inde, le Pakistan et le Bengladesh), une autre logique a conduit la Grande Bretagne à dessiner des pays comme l’Irak, le Koweït, l’Arabie saoudite, etc. dans les bureaux du Foreign office. L’Irak est, à ce titre, emblématique de la politique colonialiste qui avait réuni une mosaïque d’ethnies et de religions seulement grâce à la continuité territoriale. Avant de quitter l’Irak, les Britanniques avaient cédé le pouvoir aux sunnites arabes qui ne représentent que 20% de la population, alors que les chiites, ethniquement et politiquement hétérogènes, en constituent 60%.

Créé en 1747 et malgré ses multitudes d’ethnies, l’Afghanistan forme un pays avec toutes les caractéristiques qui lui sont propres : continuité territoriale, culture commune et langues de même origine indo-iranienne (Dari, persan, pachtoune, etc.). C’est en exacerbant les tensions interethniques que les Etats-Unis ont conquis l’Afghanistan dressant les Tadjiks, Ouzbeks et Hazaras contre les Pachtounes, ethnie majoritaire, formant traditionnellement la colonne vertébrale de l’Etat afghan. Ce qui a conduit les colonialistes américains à placer un Pachtoune servile, Hamid Karzai, à la tête de l’Etat afghan.

L’Iran, le plus vieux système politique du monde, n’est pas épargné par les tentatives de division des colonialistes. Pays centralisé depuis sa naissance il y a 25 siècles, l’Iran est constitué d’une multitude d’ethnies de mêmes origine, langue et culture. Contrairement à certains pays de la région, le pouvoir central en Iran n’est pas accaparé par une seule ethnie. Mais comme tout pays, il existe des régions qui sont moins développées (Kurdistan, Baloutchistan) que les autres. Ces régions, maillons faibles de l’Iran, sont visées par des manœuvres de déstabilisation américaines, britanniques et israéliennes. Lors de sa conférence du 25 février au Caire, Seymour Hersh, le célèbre journaliste du journal « The New Yorker » a révélé l’existence d’« opérations clandestines américaines menées en Iran mais aussi au Liban et en Syrie visant à déstabiliser l’Iran et à affaiblir le Hezbollah ».

En Iran, les poètes, savants et héros originaires de Fars, d’Ispahan, de Khorasan et d’Azerbaïdjan constituent le ciment qui lie tout un peuple. Ils sont adulés et respectés par l’ensemble de la nation. Les héros nationaux modernes des Iraniens sont deux Azéris appelés Sattar Khan et Bagher Khan qui ont conduit la révolution constitutionnelle de 1906 à la victoire. Ils se sont battus contre la monarchie absolutiste de la dynastie des Kadjar, par ailleurs originaire d’Azerbaïdjan. Le mathématicien et poète qui a marqué l’Iran moderne est un autre Azéri appelé Professeur Hachtroudi. Les Azéris sont connus pour leur amour du pays et forment l’essentiel de l’armée nationale. Malgré toutes ces évidences, les colonialistes n’hésitent pas à opposer Perses et Azéris en créant de multiples « fronts de libération » azéris dont l’objectif serait la « libération » de l’Azerbaïdjan du « colonialisme » persan. Au dix-neuvième siècle la Russie tsariste, désireuse d’accéder aux « mers chaudes », avait réussi à arracher une partie de l’Azerbaïdjan iranien et la Russie soviétique avait essayé de parfaire l’œuvre des tsars en créant des « républiques soviétiques azéri et kurde » serviles, une espèce de « couloir » rapprochant la Russie du Golfe persique. La vigilance nationale et les conditions internationales aidant, les manœuvres de partition de l’Iran ont échoué.

Pour affaiblir le front intérieur iranien afin de faciliter la réussite d’une agression colonialiste en projet contre l’Iran qui leur résiste, les colonialistes américano-britanniques et israéliens reviennent à la charge et créent de toutes pièces des « fronts de libération » d’Ahwaz (chef lieu du Khouzistan, région pétrolifère), d’Azerbaïdjan ou du Kurdistan.

Il est à remarquer que les colonialistes et l’extrême droite européenne ont ceci de commun qu’ils « ethnicisent » les problèmes politiques : Français (patrons, ouvriers, salariés, commerçants,…) contre étrangers ; Alsaciens contre Parisiens ; catholiques contre musulmans ; chiites contre sunnites ; indous contre musulmans, etc.

Sans vouloir minimiser les injustices sociales, les problèmes existentiels ou politiques dans un pays vaste comme l’Iran, il est important que les anti-colonialistes restent vigilants, ressoudent leurs rangs et ne se laissent pas entraîner, au nom des droits de l’homme amplement exploités par les colonialistes, dans des manœuvres de divisions ethniques ou religieuses qui favorisent les plans de domination américano-israéliens.

Le comité de rédaction