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Paix et Justice au Moyen- Orient (volet N° 20)

Aujourd’hui : Bilan sans appel de l’unilatéralisme

Notre rubrique géopolitique

lundi 19 février 2007

Strasbourg le 14 février 2007

Que vient faire Condoleezza Rice en Palestine ?

L’unilatéralisme, théorie des néoconservateurs pour la domination sans partage du monde, avait pour objectif de créer un seul centre de décision planétaire, construit autour des seuls intérêts politiques, économiques et culturels des Etats-Unis ; centre organisé autour de l’emploi de la force brute sans limites et de la terreur destructrice à l’encontre des peuples et nations résistants, en particulier du Moyen-Orient, cœur névralgique du monde. Le plan qui sous-tend cette domination se nomme le « chaos constructif ». Il a été appliqué à la Palestine, à l’Afghanistan, à l’Irak et finalement au Liban.

Si le « chaos » s’est bel et bien installé en Afghanistan, en Irak et, en partie, en Palestine, c’est la destruction, l’anarchie, l’instabilité chronique qui ravagent actuellement les pays et région précités. « Plus de deux millions d’Irakiens sont réfugiés à l’étranger, auxquels s’ajoutent 1,8 million de déplacés à l’intérieur du pays. Quelque 50 000 Irakiens fuient leur foyer chaque mois. » (Le Monde du 16/02/07). Ces réfugiés, fuyant le rouleau compresseur de la « civilisation américano-bushienne », sont à rajouter aux millions de réfugiés palestiniens dans le monde. On est tenté de dire que « fabriquer des réfugiés » est devenu l’art absolu des gouvernements américain et israélien !

Mis à part en Afghanistan, la France et l’Allemagne n’ont jamais voulu mettre leur diplomatie ou leurs armées au service des ambitions planétaires des Etats-Unis. D’autres pays européens tels que l’Italie et l’Espagne prennent leurs distances. La grogne monte en Grande-Bretagne, au Japon et en Pologne. La Grande-Bretagne a même manifesté son désir de retirer la majeure partie de ses forces d’Irak. Seul, l’Etat d’Israël se tient encore fermement aux côtés des Etats-Unis.

Alors que l’unilatéralisme visait la destruction des « islamistes », "ennemis jurés des Américains", les actions « antiterroristes » menées par les Etats-Unis au Moyen-Orient ont produit l’effet contraire : le renforcement des « islamistes » dans les pays arabo-musulmans du Moyen-Orient et de l’Aise centrale. Le nombre d’attaques contre les forces afghanes et étrangères a triplé en 2006. Selon la presse, les talibans contrôleraient un territoire quatre fois plus grand qu’en 2005 (...) Leur réservoir de combattants pour faire le djihad (guerre sainte) est quasi inépuisable. » (Le Monde du 17/02/07). En Irak, la puissance des milices chiites et sunnites a considérablement augmenté depuis l’intervention américaine.

Du côté de la Palestine, les actions israéliennes s’inspirant de l’unilatéralisme américain (s’appuyer sur la force brute pour imposer sa politique coloniale ou néo-coloniale, ne reconnaître aucun interlocuteur), ont produit l’effet contraire de celui recherché par Israël : le renforcement du Hamas et du Hezbollah.

Pour relancer le « processus de paix », Condoleezza Rice s’est déplacée une énième fois au Moyen-Orient, samedi 17 février. A chaque déplacement de « l’ange de la mort », la tension franchit un nouveau seuil entre Palestiniens d’une part et entre Palestiniens et Israéliens d’autre part. Pourquoi les choses bougeraient-elles lors de ce voyage ? Avec l’administration de G.W.Bush, la paix a été vidée de son sens.

Le même phénomène s’observe au Liban. La résistance libanaise s’est considérablement renforcée depuis l’agression israélienne de juillet- août 2006.

Conséquence de l’unilatéralisme américano- israélien, les mouvements de résistance islamique se développent également dans les « pays amis » des Etats-Unis : l’Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar, le Pakistan où les attentats suicides se succèdent à un rythme accéléré, mettant en danger l’existence du régime de Pervez Musharraf. On dénombre six attentats en un mois.

En s’enfonçant chaque jour davantage dans les bourbiers moyen-orientaux, les Etats-Unis risquent d’entraîner, dans leur chute, tous les « pays amis ». Dans le cadre de la « nouvelle stratégie américaine » pour « sécuriser » Bagdad, les Kurdes envoient deux brigades (officiellement 6 000 hommes). Ce qui augmentera la suspicion à l’égard des Kurdes et leur isolement national voire régional.

L’exacerbation des tensions, suite à la politique moyen-orientale des Etats-Unis, a conduit les dirigeants arabes de la région (les Saoudiens, les Jordaniens et les Qataries) à demander l’aide de la Russie pour contribuer au règlement des multiples crises qui secouent la région. « Ce qui compte, ce sont nos intérêts et notre sécurité et le renforcement des relations avec toutes les parties qui peuvent nous les garantir » a écrit, lundi 12 février, l’éditorialiste d’Al-Riad, le grand quotidien saoudien, cité par le Monde du 14/02/07.

Six ans après l’accession au pouvoir de G.W.Bush, le bilan de l’unilatéralisme est sans appel. Le discrédit grandissant américano-israélien, l’émergence de la Russie sur la scène du Moyen-Orient, le renforcement de l’influence iranienne, syrienne et des mouvements de la résistance islamique au Moyen-Orient et en Asie centrale.

Les Etats-Unis et Israël sont les grands perdants de l’unilatéralisme des néoconservateurs représentés par G.W.Bush. L’insistance de G.W.Bush dans ses erreurs stratégiques laisse espérer que les peuples et nations martyrs de la région ne vont pas tarder à récolter les fruits des erreurs de l’administration Bush et des sacrifices consentis en résistant aux colonialistes américano-israéliens.

Le comité de rédaction