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Pitoyable classe politique française ! (ndlr)

QUAND LA RÉPUBLIQUE COURTISE LE LOBBY ISRAÉLIEN

Guy-Virgile Martin

samedi 17 février 2007

Le Conseil représentatif des Institutions juives de France (CRIJF*) usurpe l’épithète dont il s’est gratifiée : il ne représente qu’une minorité de sionistes, bellicistes et théocrates et il n’a aucune légitimité à se constituer en porte-parole des Français d’ascendance juive, dévots ou incroyants, pratiquants ou pas.

En réalité le CRIJF est le lobby d’Israël en France.

Il n’a pas sa place comme institution de la République, une et indivisible qui rassemble sous la devise Liberté, Égalité, Fraternité, les citoyens qui, dans la diversité de leurs convictions religieuses, athées, philosophiques, sociales et culturelles, ont la volonté de vivre ensemble et refusent que la France soit un manteau d’Arlequin de communautés.

Des organismes comme le CRIJF vont à l’encontre de cette conception de la nation qui fut forgée dans notre grande Révolution française, la première au monde à faire des Juifs des citoyens. Le CRIJF a certes le droit de se constituer en association et de s’exprimer. Mais il est inadmissible qu’il s’érige en moyen de pression sur la politique de notre pays, en censeur qui l’interpelle avec arrogance et qui somme ses dirigeants de venir s’expliquer devant son aréopage.

Au nom de quels principes les plus hauts responsables de l’Etat et des partis se précipitent-ils comme des poulets à l’appel de la fermière (au moins leur distribue-t-elle des graines) pour afficher leur collusion et courtiser les va-t-en guerre sionistes, paranos de l’antisémitisme (leur fonds de commerce) qu’ils évoquent si souvent hors de propos, et que les médias relayent sans précaution comme cela est maintes fois advenu

. Le CRIJF, pour condamner l’Iran, a convoqué à la Mutualité, mardi 14 Février, tout le gratin politique qui a répondu présent à l’appel. Ce geste est déjà en soi un acte d’allégeance. Nicole Borvo, au nom du PCF, y prononça un discours confus et embarrassé parsemé de prudentes litotes : « Il faut craindre une escalade (des USA), loin de résoudre les problèmes cette escalade pourrait au contraire les aggraver ». On ne saurait aborder profil plus bas. Le tout enrobé dans une diatribe visant à diaboliser l’Iran dans le plus pur style de Bush. Mais combien indulgente fut-elle pour l’occupant israélien qui depuis 40 ans s’accapare un territoire où il fait la loi.

En comparaison l’occupation allemande de la France n’a duré que quatre à cinq ans et on voit quels souvenirs terribles elle a laissés. Cette comparaison sera sans doute taxée d’antisémitisme. Or une occupation militaire est un acte arbitraire et d’oppression qui dénie au peuple sous la botte un droit inaliénable, fondement de sa souveraineté, une nation. Les représailles sont des crimes et la Résistance est une riposte légitime… Cela n’a pas été dit de crainte de scandaliser. Que les petits fils des victimes de la Shoa se livrent à des exactions, bombardent, expulsent, détruisent, spolient, affament… cela ne saurait les absoudre. Israël est bien plus criminel et depuis bien plus longtemps que l’Iran. Ses chefs d’Etat, ses généraux, depuis Golda Meir et les terroristes d’Itzhak Shamir ont du sang sur les mains. Le CRIJF n’est nullement enclin à en convenir et encore moins à le déplorer. Néanmoins, Nicole Borvo a multiplié ses entreprises de séduction du lobby sioniste. Son désaveu sans nuances de Téhéran (qui était l’objet même du meeting du CRIJF) allait à l’encontre de ses timides suggestions fort peu impératives.

Mais tout est dans le ton lénifiant de son laïus dont les suggestions susceptibles d’être désapprouvées glisseront sur le plumage du CRIJF comme l’eau de la mare sur les plumes du canard. Passer sous les fourches caudines du groupe de pression israélien en France pour tenir des propos aussi conciliants et faire des ronds de jambes alors que s’imposait un acte d’accusation de l’impérialisme fauteur de guerre dont Israël est un rouage régional majeur, cela valait la peine de se poser la question : « J’y va t’y, j’y va t’y pas ». Il ne fallait pas y aller, le CRIJF n’est pas qualifié pour distribuer à la République des bons et des mauvais points et imposer son point de vue étranger à la France ni la sommer de jeter un anathème menaçant sur l’Iran. La Perse, l’une des plus anciennes civilisations de l’humanité, Nicole Borvo la voit à travers les verres déformants de l’impérialisme qu’on ne peut condamner en s’abstenant de le nommer et en reprenant ses analyses. Certes l’islamisme dominant en Iran y est porteur de pratiques que nous réprouvons. Certes Ahmadinjade tient des propos provocateurs qui d’ailleurs ne sont pas unanimement approuvés par ses propres compagnons islamistes, certes l’expression de la pensée n’est pas libre, mais les élections le sont, les femmes y participent en nombre, elles ont le droit de vote, elles ne sont pas écartées des postes importants de l’administration de l’Etat. Elles sont majoritaires dans les universités.

L’Iran, ce n’est pas l’Egypte ni l’Arabie Saoudite. Le peuple tout entier souhaite que sa nation ait la maîtrise de l’énergie nucléaire civile et absolument rien n’indique que son utilisation militaire soit envisagée par le gouvernement. D’une part tous les dirigeants le nient, le traité de non prolifération qu’il a signé et duquel il ne se dédit pas exclut la bombe thermonucléaire et l’accusation est pour l’heure un procès d’intention, comme la prétendue rage dont on accuse le chien à abattre et sur laquelle unissent leurs abois les Etats-Unis, Israël et son officine française, le CRIJF.

Chirac a montré, en dépit de sa reculade, plus de pertinence dans l’approche de ce problème, de même que l’ancien ministre socialiste des Affaires étrangères, Dumas. Mais Nicole Borvo n’était pas venu dire des vérités, elle venait caresser le CRIJF dans le sens du poil (ça fera, s’illusionne-t-elle, peut-être quelques électeurs pour M.G. Buffet encore qu’on en doive douter car l’homme du CRIJF, c’est Sarkosy, cet inconditionnel de l’Etat hébreux). Le faux-jeton d’Enrico Macias ne s’y est pas trompé qui pour cette raison essentielle le soutien.

Il est désormais une évidence, le lobby juif a son candidat, Sarkozy, celui-ci tient solidement cette part de son électorat. Les autres postulants au trône essaient de grappiller ce qu’ils peuvent. Pitoyable. Mais le PCF se devait-il, par sa présence à cette mise en scène, par ses anathèmes contre Téhéran et par son refus de condamner clairement l’impérialisme, d’apporter sa caution à l’opération du CRIJF ?

(*) Il devrait plus honnêtement se nommer « Comité Représentant d’Israël en France