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LEMONDE.FR avec AFP, Reuters et Associated Press | Mis à jour le 29.01.07 | 19h20

L’utilisation par Israël de bombes à fragmentation américaines dénoncée par Washington

Washington encaisse d’abord et condamne ensuite. L’argent n’a pas d’odeur !

mardi 30 janvier 2007

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-861218@51-861228,0.html

Le gouvernement américain soupçonne Israël d’avoir utilisé dans le sud du Liban, durant la guerre contre le Hezbollah à l’été 2006, des bombes à fragmentation d’origine américaine, contrevenant ainsi à un accord conclu entre les deux pays sur l’exportation de ces munitions.

« Il y a eu des violations probables », a indiqué, lundi 29 janvier, un porte-parole du département d’Etat qui a expliqué qu’un rapport préliminaire allait être transmis au Congrès. Il n’a toutefois pas voulu se prononcer sur les suites qui seront données à cette enquête, notamment sur de possibles sanctions à l’encontre d’Israël.

Les bombes à fragmentation – ou à sous-munitions – peuvent être lâchées par des avions ou tirées par l’artillerie. Elles sont constituées d’un conteneur initial qui, en cours de trajectoire et avant l’impact, s’ouvre en libérant des centaines de sous-munitions. Ces dernières n’explosent pas immédiatement : entre 5 % et 30 % tombent intactes au sol et se transforment alors en mines anti-personnel. Elles tuent ainsi davantage après un conflit que pendant celui-ci.

Israël dispose de ses propres bombes à fragmentation. En achetant ce type d’arme aux Américains, il s’est engagé à en faire un usage « restreint ». Mais une enquête a été ouverte en août 2006 après que des bombes à fragmentation de fabrication américaine ont été retrouvées dans le sud du Liban où elles avaient provoqué la mort de civils.

PLUS D’UN MILLION DE BOMBES À FRAGMENTATION AURAIENT ÉTÉ UTILISÉES

Depuis la fin des hostilités, ces engins auraient fait plus de 20 morts et de 70 blessés. Selon les Nations unies, Israël aurait lancé plus d’un million de bombes à sous-munitions lors du conflit libanais, entre le 12 juillet et le 14 août 2006. Un rapport du Centre de coordination pour le déminage des Nations unies, publié mercredi 24 janvier, a indiqué que des centaines de ces sous-munitions, fabriquées aux Etats-Unis et qui n’avaient pas explosé, ont été retrouvées dans 250 endroits différents dans le sud Liban.

Réagissant à l’annonce du département d’Etat américain, un porte-parole du ministère des affaires étrangères israélien a déclaré prendre « les préoccupations exprimées par les Américains très au sérieux ». Il a ajouté que les autorités israéliennes mènent leur « propre enquête sur cette affaire ».

L’ambassade d’Israël à Washington avait déclaré, dimanche avant l’annonce des premières conclusions du rapport américain, que l’utilisation des bombes à fragmentation avait relevé de la « légitime défense » et qu’elle avait été motivée par la volonté de « faire cesser les attaques à la roquette du Hezbollah contre les centres de population civile ».

Suite à la communication du rapport du département d’Etat, le Congrès pourra demander des sanctions. En 1982, une enquête du Congrès avait conduit l’administration Reagan à interdire la vente de bombes à fragmentation à Israël durant six ans. Ces armes avaient été utilisées durant la première guerre du Liban dans des zones civiles.