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Paix et Justice au Moyen-Orient (volet N° 13)

Aujourd’hui : La « méthode Coué » d’un Empire obtus

Suite de notre rubrique géopolitique

vendredi 12 janvier 2007

STRASBOURG le 12 janvier 2007

cpjmo@yahoo.fr

Dans le cadre de sa « nouvelle stratégie de victoire », G.W.Bush a décidé d’envoyer 21500 soldats supplémentaires en Irak.

Lors de l’audition devant la commission des forces armées du Sénat, Robert Gates, le nouveau secrétaire américain à la défense , à la question d’un sénateur qui lui demandait : « Sommes- nous en train de gagner en Irak ? » a répondu sans équivoque : « Non, monsieur. »

Cet avis est amplement partagé par Henry Kissinger, l’ancien secrétaire d’Etat américain qui juge impossible une victoire militaire américaine : « Si vous voulez dire par victoire militaire claire, un gouvernement irakien dont l’autorité s’étende à l’ensemble du pays, qui en finisse avec la guerre civile et les violences interconfessionnelles, je ne pense pas que cela soit possible » (Le Monde du 21/11/06).

Pour asseoir son autorité sur l’ensemble du territoire, le gouvernement irakien doit s’appuyer sur son armée. Peut-on véritablement parler de « l’armée irakienne », dans la mesure où, depuis l’intervention américaine, des doutes existent quant à l’existence même de la nation irakienne, dévastée par une guerre civile entre différentes communautés : Sunnites contre Chiites et Kurdes et vice versa ? La tension inter Chiites n’est pas moindre. La lutte pour le pouvoir déchire l’ensemble de la société irakienne. C’est le « chaos irakien ». « L’armée irakienne est divisée en bataillons largement homogènes de sunnites, chiites et kurdes dont les unités refusent de manière régulière d’obéir aux ordres de la direction civile légale si ces ordres vont à l’encontre des souhaits de leurs chefs religieux ou ethniques » (Peter W . Galbraith- Le Monde du 22/12/06).

Officiellement, la « souveraineté irakienne » a été transférée au gouvernement irakien « démocratiquement élu », alors que l’Irak est toujours sous la botte de l’occupant américain. Mais, le premier ministre irakien s’est plaint récemment de ne « pas pouvoir déplacer une seule compagnie de l’armée irakienne sans l’accord des Américains » (Le Monde du 15/11/06). Un gouvernement sans souveraineté et sans armée est donc sans autorité. C’est le bilan de l’intervention américaine en Irak, première étape de la « démocratisation » du Moyen-Orient par les Etats-Unis !

L’intervention en Irak ayant été jugée « un désastre » par Tony Blair, le premier ministre britannique, Londres et Varsovie, alliés de Washington, ont annoncé le retrait de leurs soldats d’Irak fin 2007.

Malgré les évidences sur le terrain, maintes fois reprises par les alliés des Etats-Unis, G.W.Bush répète inlassablement, à qui veut l’entendre, « Nous allons gagner (…) Nous sommes sur la voie du succès ». Et ce d’autant plus que : « Les forces armées (américaines) sont à ce point ébranlées et démoralisées qu’elles ne parviennent à regarnir leurs rangs qu’en enrôlant des grands- mères de 41 ans » (Martin Van Creveld- Le Monde du 20/12/06).

En effet, l’armée américaine a porté l’âge maximum des engagés à 41 ans et nettement revu à la baisse ses exigences en matière d’aptitudes physiques et intellectuelles et le Pentagone a demandé l’autorisation au Congrès de porter à 42 ans la limite d’âge du recrutement (Le Monde du 8/12/06).

Les propos de G.W.Bush traduisent l’attitude d’un Empire obtus qui ne comprend qu’une seule logique, celle de l’agression et de la guerre, qui l’a conduite à sa déroute humiliante au Vietnam.

Le comité de rédaction