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Marie Nassif-Debs :

Les Libanais ont vécu, ce dimanche 10 décembre 2006, une journée mémorable !

Source : Al Faraby - Aloufok

dimanche 10 décembre 2006

Plus d’un million cinq cent mille se sont massés dans le centre de Beyrouth et les artères y conduisant. La ville était noire de monde. Ils étaient venus de partout en cars et voitures privées, brandissant le drapeau libanais au vent.

Des jeunes et des vieux, des femmes et des hommes ; les plus chanceux, se tenaient droit dans les deux grandes places du centre-ville, pouvant à peine bouger tellement la cohue était grande. Ils sont restés ainsi pendant plus de trois heures... D’autres, par contre, n’ont pas eu la chance de se rapprocher du cœur de la capitale et ont dû s’arrêter à plus d’un kilomètre, voyant de loin la place Riad Solh d’où partaient les voix des tribuns de l’opposition traditionnelle appelant à la démission du gouvernement de Fouad Sanioura qui n’a rien fait pendant 17 mois pour assainir les crises vécues : la dette publique grandit à un rythme infernal, tandis que les impôts indirects et les taxes augmentent sans cesse ; l’inflation (camouflée) est galopante, de même que le chômage et les faillites (des petites entreprises, notamment). Rien sauf des privatisations qui se profilent à l’horizon et qui inquiètent la majorité des Libanais.

A cela s’ajoutent des chefs d’accusation, prouvés, sur le rôle du gouvernement, en général, et de certains ministres, en particulier, lors de la dernière agression israélienne ; et les nouvelles preuves avancées viennent confirmer les paroles d’Ehoud Olmert sur les communications qu’il avait reçues en juillet et qui contenaient des incitations à poursuivre la destruction jusqu’à la liquidation pure et simple des résistants du Hezbollah (et d’autres)...

D’un autre côté, et à quelques mètres des manifestants les ministres se terrent au sérail, entourant leur chef du gouvernement qui refuse toute concession, appuyé en cela par l’ambassadeur des Etats-Unis qui, il y a deux jours et à partir de la résidence du chef des Forces libanaises, Samir Geagea a voulu tranquilliser ses « amis » libanais en leur disant que l’administration de G. Bush ne va pas appliquer les propositions contenues dans le rapport de la Commission Baker-Hamilton sur le Liban et, si elle le fera, elle aura « toujours en conscience l’intérêt de ses amis libanais qu’elle ne va pas délaisser ».

Et le sit-in devant le palais gouvernemental se poursuit, pour la seconde semaine... et « jusqu’au départ du gouvernement », disait le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Cheikh Naïm Kassem, tandis que Sanioura se fait envoyer des centaines de « supporters » d’un peu partout, dont le mufti sunnite.

La tension monte et risque de dégénérer, parce que les partisans du gouvernement, qui ne peuvent pas faire une contre manifestation grandiose, en réponse aux masses mobilisées par l’opposition, vont avoir recours à tendre la situation, comme ils l’ont déjà fait au cours de la semaine passée qui s’est soldée par un manifestant mort et plus de cinquante blessés...

Seule une solution basée sur la formation d’un gouvernement provisoire et des élections anticipées pourra amener le calme sur le plan politique. Voilà pourquoi l’entente déclarée entre le Parti Communiste libanais et le Courant populaire libre de Michel Aoun fut accueillie favorablement par nombre de formations politiques démocratiques.

Marie Nassif-Debs

Beyrouth, le 10/12/2006