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Beït Hanoun, ville assiégée et sous le choc

"Nous sommes sous le choc, moi et d’autres femmes. C’est incroyable.

Dimanche, 5 novembre 2006 - Source Al Oufok / Al Faraby

dimanche 5 novembre 2006

Les poteaux électriques ont été arrachés, la route est éventrée.
Les égouts se déversent dans les rues."

La « Paix » de l’occupant ...
( dimanche, 5 novembre 2006 )

Rasmiya Mahmoud n’en est pas à son premier raid israélien sur Beït Hanoun, mais cette Gazaouite de 52 ans n’avait encore jamais rien vu de tel.
Depuis mercredi, des dizaines de chars ont bouclé cette ville de 30.000 habitants. Des soldats lourdement armés, qui disent vouloir faire cesser les tirs de roquettes sur Israel, se livrent à des batailles rangées avec la résistance.
L’armée d’occupation a demandé à la population de rester chez elle et interrogé de nombreux hommes. Il est difficile, pour les journalistes, de circuler entre les faubourgs et le centre-ville.
Samedi, cependant, l’armée a autorisé les femmes à sortir pendant deux heures pour se procurer de la nourriture. « Nous sommes sous le choc, moi et d’autres femmes. C’est incroyable », explique Rasmiya Mahmoud, une enseignante, contactée au téléphone à son retour. « Les poteaux électriques ont été arrachés, la route est éventrée. Les égouts se déversent dans les rues. »
Une trentaine de Palestiniens, pour moitié des civils, ont été tués à Beït Hanoun ces quatre derniers jours, selon des responsables médicaux. Un soldat des forces d’occupation a aussi trouvé la mort.
L’armée affirme n’avoir pas pris le contrôle de la ville mais décrit sa situation comme un « bouclage général ». « On laisse entrer certaines choses, et notamment de l’aide humanitaire », explique un porte-parole.
Mahmoud dit s’être rendue à l’hôpital pour recharger son téléphone portable. Sur place de nombreuses femmes s’employaient à se procurer de l’eau potable.
A chaque carrefour sont positionnés un ou deux chars, selon cette enseignante qui ne se souvient pas avoir vu une opération d’une telle ampleur à Beït Hanoun.
Plusieurs dizaines de maisons ont été partiellement ou fortement endommagées au centre-ville, ajoute-t-elle. L’armée d’occupation prend souvent pour cible Beït Hanoun depuis que des résistants tirent, depuis ce secteur, des roquettes sur Israël. L’opération actuelle s’inscrit dans le cadre d’une agression qui a débuté fin juin, après l’enlèvement par des résistants d’un soldat des forces d’occupation.
Au moins 4.000 hommes ont été rassemblés et conduits dans une école à la lisière de la ville pour être interrogés, selon des habitants.
D’après ces sources, certains ont été arrêtés, dont trois fils d’Atef Odouane, ministre chargé des Réfugiés dans le gouvernement palestinien. Deux de ses gardes du corps ont été tués dans des affrontements à Beït Hanoun, et sa maison a été confisquée par les forces israéliennes.
L’armée d’occupation a déclaré qu’elle interrogeait ces hommes en ville, qui devraient pour la plupart être autorisés bientôt à rentrer chez eux.
Mais nombre des personnes interrogées n’ont pas été autorisées à revenir en ville et ont été contraintes à aller ailleurs dans la bande de Gaza, selon des habitants, qui ajoutent que certains ont été conduits en Israël. « Ceux qui ont été libérés ont évoqué des humiliations », a déclaré un habitant qui a requis l’anonymat. « Ils ont dû se mettre en sous-vêtements à leur entrée dans le camp de détention où on les a questionnés. »
On évoque aussi, à Beït Hanoun, l’incapacité de nombreuses familles à enterrer leurs morts.
Saïd Djouda, qui travaille dans un hôpital de Beït Lahiya, localité voisine, a déclaré que neuf corps d’habitants de Beït Hanoun se trouvaient dans sa morgue. Il craint bientôt manquer de place. « Si le raid se poursuit et qu’il y a de nouveaux morts, nous devront réfléchir à une solution », a-t-il déclaré à Reuters, ajoutant qu’il faudrait au préalable obtenir l’assentiment des familles.
L’islam requiert une inhumation rapide des corps, idéalement avant la tombée du jour.