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Tout simplement scandaleux

L’IGN cartographie le Grand Israël

Accumulation de fautes professionnelles et d’incurie (voulue ?) politique !

vendredi 20 octobre 2006

Que ce soit intentionnel ou non, cette « erreur » est significative du peu de sérieux de certains responsables politiques ou « exécutants », qui, on le constate une fois de plus, sont à des années-lumière des citoyens consommateurs que nous sommes et qui n’imaginent même pas que quiconque puisse remarquer des erreurs ou omissions participant tout simplement de la manipulation de l’opinion publique, voire d’outils d’éducation populaire.
Le fossé se creuse, qui y tombera le premier ?
MF

Yasser Arafat doit se retourner dans sa tombe : Rmallah, Naplouse et Jénine sont devenues des villes israéliennes. En tout cas, d’après ’Institut géographique national, référence française en matière de cartographie.

Depuis 1994 - juste après les accords d’Oslo, censés préparer la coexistence de deux Etats - l’IGN vend au grand public une carte de ’Etat hébreu où ne figurent ni la Cisjordanie, ni la bande de Gaza.

Même avec la meilleure loupe, impossible de détecter une quelconque délimitation de territoire palestinien. De Jérusalem-Est à Hébron en passant par Jéricho et Tulkarem, tout est sur le sol israélien, avec en prime, le nom hébreu de ces villes inscrit en gras. Le rêve sioniste du Grand Israël cartographié, co-financé par nos impôts.

« Je comprends que l’on puisse être choqué », estime un responsable de l’IGN, « mais cette carte n’est pas fausse : la topographie est bonne, et c’est le principal. Ce qui nous intéresse, c’est l’image du terrain, pas la
politique ».

Au Ministère des Affaires étrangères, chargé de vérifier la conformité des documents d’instituts publics avec la position officielle française, on est beaucoup plus gêné. « Cette carte est une erreur, le fruit d’une série de négligences coupables. Le ministère a aussi ses torts
, convient un haut fonctionnaire du Quai d’Orsay. « A l’époque, nous avions fait une remarque orale à l’IGN, pensant naïvement qu’il allait faire quelque chose. Mais ce fut sans effet, et à tort, nous n’avons pas insisté. »

Il faut dire que les cartes des pays étrangers ont un statut particulier au sein de l’IGN : ne relevant pas d’une mission publique, elles ne donnent >droit à aucune subvention et sont gérées comme de purs produits
commerciaux. Le but est de les fabriquer à moindre coût, avec des partenaires des pays concernés, et d’en tirer un bénéfice.

En 1993, le service commercial de l’IGN - qui ne ouhaite pas nous parler - achète le fond de carte de la région et la licence d’exploitation à « Survey of Israel », équivalent de l’IGN israélien. Aussitôt reçue, aussitôt traduite, la carte ressort de l’imprimerie sans vérifications sérieuses, ni à l’Institut, ni au Quai d’Orsay. Un cartographe se souvient avoir vu le document mais ne se rappelle pas voir été choqué. « Quand nous
avons réalisé cette carte, les accords d’Oslo n’étaient pas encore signés. Je suppose que nous avons suivi la position officielle française de l’époque ». « C’est faux ! », rétorque le Ministère. « La France n’a jamais estimé que Gaza et la Cisjordanie étaient en Israël. Même si
l’appellation officielle des territoires a changé, notre position a hie le Grand Israël toujours été très claire. »

Sauf que depuis douze ans, mise à part une remarque orale, personne au Quai d’Orsay n’a jamais semblé offusqué par l’oubli de tout un peuple.

C’est seulement cette semaine, suite à notre découverte, que le Ministère s’est décidé à écrire à l’IGN pour lui demander de corriger la carte ou de la retirer des ventes. En 2001, il avait déjà envoyé un courrier à ’Institut : sur sa toute nouvelle carte de l’Europe politique allant jusqu’au Proche-Orient, fabriquée cette fois en interne, les territoires palestiniens avaient été oubliés. Encore une fois !