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Les vrais responsables !

Risque majeur en Palestine

Par M. Saadoune, Le Quotidien d’Oran (Algérie), 4 octobre 2006 (source : Al Faraby - Aloufok)

mercredi 4 octobre 2006

L’Europe et les Etats-Unis devraient applaudir : ils ont réussi, en infligeant la pire des punitions au peuple palestinien, à créer les conditions d’une escalade des violences entre Palestiniens. Sans absoudre les Palestiniens de ce qui leur arrive, on peut dire sans hésiter que les Américains et les Européens sont directement responsables d’une politique visant délibérément à miner la démocratie palestinienne.

Son but consiste, ni plus ni moins, pour le mouvement Hamas à reconnaître l’Etat d’Israël, alors que ce dernier ne reconnaît pas les Palestiniens. Le gouvernement palestinien élu ne l’a pas fait et il a d’excellentes raisons pour cela. L’OLP et le Fatah l’ont fait, mais la contrepartie a été et demeure un outrage constant à des territoires palestiniens mutilés et morcelés par la colonisation sioniste.

La punition infligée par les Euro-Américains touche brutalement les Palestiniens dans leur vie quotidienne. Les salaires ne sont pas payés car même les fonds levés par le gouvernement palestinien ne peuvent entrer dans les territoires en raison des menaces occidentales contre les banques.

Le Fatah, dont l’échec et la corruption lui ont valu d’être renvoyé par les électeurs, n’a jamais supporté cette mise à l’écart et il instrumente sans difficulté la grogne des fonctionnaires, issus de ses rangs, contre le gouvernement. De là à penser à la préparation d’un coup d’Etat institutionnel avec la bénédiction des Occidentaux, il n’y a qu’un pas... Les violences qui se sont déroulées ces derniers jours montrent, si telle est leur intention, que Mahmoud Abbas et le Fatah jouent une partie très risquée.

L’approbation des Américains et des Européens ne changerait rien au désastre que constitue une remise en cause, même camouflée par des impératifs vitaux, du choix des électeurs palestiniens. Parce que les Palestiniens, qui se reconnaissent dans le Hamas, ne vont pas se laisser faire, mais aussi parce qu’une telle remise en cause s’appuie sur des arguments infondés.

Le gouvernement palestinien n’est pas responsable du non-paiement des salaires, c’est la politique des grandes puissances et d’Israël qui en est directement responsable. Si cette grogne des fonctionnaires militants du Fatah non payés devient la cause de la chute d’un gouvernement, cela ne présage rien de bon sur la capacité de négociation de Mahmoud Abbas. De l’argent affluerait peut-être dans les caisses de l’Autorité palestinienne mais la suspicion, déjà fortement présente, d’un renoncement à la défense des droits nationaux au profit d’intérêts de castes ne pourra que se renforcer. Il y a une arrogance irresponsable à entendre les groupes liés au Fatah menacer de mort les dirigeants du Hamas et M. Abbas ferait bien d’y mettre le holà. Car ces menaces à la guerre civile et à la liquidation encadreraient d’une bien dangereuse manière l’intention qu’on lui prête de dissoudre le gouvernement.

On peut ne pas aimer le Hamas pour des raisons idéologiques ou politiques, mais on peut difficilement lui reprocher de ne pas sauter le pas de la reconnaissance explicite d’Israël, comme l’exigent les Etats occidentaux qui donnent des leçons de démocratie. Car cette concession faite inutilement par le Fatah doit avoir une réelle contrepartie. Et provoquer une guerre civile pour la reconnaissance d’Israël serait vraiment la pire des choses qui puisse arriver aux Palestiniens.