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L’ignoble traitement des prisonniers

Des bourreaux qui ont la mémoire bien courte ; un Etat hors la Loi

Source : Palestine en marche

vendredi 22 septembre 2006

N’oublions pas
Saïd Atabeh (détenu depuis 1977),
Nael Barghouty (détenu depuis 1978),
Samir Kintar (détenu depuis 1979),
Akram Mansour (détenu depuis 1979),
Muhammad Abu Ali (détenu depuis 1980),
Sami Younes (détenu depuis 1983),
Bishr Miqt (détenu depuis 1985).

Prisonniers palestiniens et arabes détenus dans les prisons sionistes :
Résistants otages du terrorisme sioniste

Israël poursuit ses crimes et son agression, contre le peuple palestinien : tous les jours, il tue des résistants, il tue des civils innocents, il détruit des maisons, il rase des champs. Israël poursuit son blocus avec l’aide des Etats-Unis et l’Europe, et la complicité de certains Etats arabes, limitrophes surtout. Et Israël, tous les jours, kidnappe des Palestiniens lors de rafles commises à toute heure de la journée, de préférence à l’aube. Dans les prisons israéliennes, les mesures répressives contre les prisonniers s’accentuent. Les enfants sont utilisés pour travailler et le comble de l’ignonimie des sionistes reste dans leurs justifications : « la rééducation des enfants palestiniens ». Cela ferait sans doute plaisir à Segolène Royal. Des témoignages émouvants parviennent des prisonniers, sur les conditions de détention, sur les tortures légalisées dans cet Etat. A l’approche du mois de Ramadan, les familles comptent avec douleur le nombre d’années passées sans leur fils, fille, mère ou père, détenus année après année, alors que les différentes promesses de libération ont été incapables d’aboutir. Déjà à l’approche de la rentrée scolaire, les familles pleuraient le sort de leurs enfants détenus, qui ne pourront pas rejoindre, comme les enfants du monde, leurs classes et leurs amis.
Deux à trois fois par semaine, la parade médiatique sioniste se renouvelle : convocation des ministres et députés kidnappés au tribunal militaire, semblant de mener des enquêtes ou des délibérations comme dans des Etats ordinaires, déclarations à la presse et retour des kidnappés à leurs gêoles.
De plus, Israël veut diviser les prisonniers, refusant d’admettre que les prisonniers palestiniens issus des régions occupées en 48 sont « échangeables », puisque cet Etat les considère comme des citoyens israéliens. Pour cela, il n’hésite pas à interdire une des structures les plus importantes de la société civile palestinienne de l’intérieur, l’association Ansar el-Sageen qui non seulement défend les prisonniers de 48 mais aussi, par le biais de ses bureaux dans les principales villes de la Cisjordanie, défend les prisonniers et les familles des prisonniers. Le raid policier sur le local de l’association et son pillage ainsi que l’intimidation de son président témoignent de la violence étatique sioniste lorsque les Palestiniens vivant dans leur pays, occupé en 48, se mobilisent.
Lorsque Kofi Anan, secrétaire gérénal de l’ONU, s’était rendu récemment dans la région, il a exprimé la position de la « communauté internationale » vis-à-vis de ces 10.000 otages de l’Etat sioniste : ils ne mériteraient pas l’intérêt de l’ONU, leur sort serait lié à des négociations. Bafouant la dignité de ces milliers de détenus, il ne s’est intéressé qu’au sort des trois soldats israéliens capturés au début de l’été. Qui prétend que l’ONU et les instances internationales défendent les droits des peuples à vivre dans la dignité et l’indépendance ?
Nos prisonniers, palestiniens et arabes, détenus dans les prisons israéliennes, seront libérés, grâce à la résistance légitime palestinienne et libanaise. Cependant, nous avons un rôle important à jouer : ne pas oublier les prisonniers dans nos actions et mobilisations, rester en contact avec leurs familles, leur envoyer des lettres ou des cartes d’amitié, participer à notre échelle à aider leur résistance quotidienne.

Prison de Telmond : répression des prisonnières
La prisonnière Su’ad Abu Hamad, de la ville de Nazareth, a déclaré qu’une sauvage campagne de répression s’est abattue sur les prisonnières, la direction de la prison prétendant que deux prisonnières avaient essayé de s’enfuir, en creusant un tunnel. Lors de sa rencontre avec l’avocat de Nadi al-asir, au centre d’interrogatoire d’al-Jalame, le 17 septembre 2006, où elle avait été isolée avec trois autres prisonnières : Arin Ahmad, Abir Amrou et Shirine Sheikh, elle a déclaré que la direction de la prison a transféfé les prisonnières suivantes à la prison de Ramleh : Laila Bukhari, Nisrine Abu Zaina, Tahani Zaki, Aysha Abiyat, Ramah Habayeb, Manal Ghanem, Lamia Jalgoum, Sana’ Amrou, Su’ad Ghazal, Lina Hadayda, Hala Jabr, Maysoun Abu Ayshe, Riham Ayyash, Firyal Jaara et Amina Mouna.
La direction de la prison avait prétendu que deux prisonnières avaient creusé un tunnel dans la cellule n°16, le 12 septembre dernier, pour justifier sa répression et le transfert des prisonnières.
Le prisonnier Anwar Saoud Hafez Barahma, de Tubas, 30 ans, arrêté depuis le 12 août 2006 a témoigné à son avocat de l’association nadi al-asir, avoir été torturé sauvagement au cours de son arrestation et dans le centre d’interrogatoire d’al-Jalame.
Il a affirmé avoir été arrêté lorsqu’il était parti, à Ramallah, pour acheter un médicament à sa mère. Il a été arrêté au barrage de Attara, puis transféré au centre de détention de Ofer. Le 22 août, il a été transféré au centre d’interrogatoire d’al-Jalame, où il se trouve jusqu’à présent. Il été sauvagement torturé lors des interrgatoires, il a perdu connaissance 5 fois de suite, les séances d’interrogatoire étaient de 9 heures d’affilée, surtout les premiers jours, puis entre 4 et 5 heures, les jours suivants. Mais cela dure depuis 26 jours.
Dans ce centre, il a été enfermé dans une cellule minuscule, où il s’est senti suffoquer. Il s’est mis à crier pour qu’il soit sorti et a menacé les gardiens de se suicider. Ils l’ont alors sorti et mis dans une autre cellule, où il a été attaché au lit, avec des chaînes, pendant plus de 9 heures. « Lorsque je demandais à boire, ils versaient l’eau sur mon corps et ma bouche, pour me faire souffrir psychologiquement ».
Alors qu’il se trouvait attaché sur ce lit, il a été cogné sur ses oreilles, les gardiens hurlaient cntre lui et l’insultaient. Ils l’ont menacé de le garder ainsi pendant trois mois.
Le prisonnier affirme ne pas savoir pourquoi il a été arrêté, et quelles sont les charges retenues contre lui, mais les instructeurs ont affirmé qu’il est un « terroriste ».
Il avait déjà été fait prisonnier en 1993 et passé 15 mois en prison.

Nadi al-Asir al-Filistini, organisation de soutien aux prisonniers et de leurs familles, a lancé une campagne à la solidarité à l’occasion du mois de Ramadan, pour soutenir les prisonniers qui vivent des conditions difficiles, au moment où le blocus économique contre le peuple palestinien et ses institutions se poursuit par « Israël et la communauté internationale ». La campagne vise à envoyer aux prisonniers des produits alimentaires et des produits de première nécessité.

Dans la prison de Nafha
Les prisonniers dans la prison de Nafha, située à l’extrême sud du désert du Naqab occupé, ont déclaré le 14 septembre dernier à l’avocat de Nadi al-Asir que les conditions de détentin sont extrêmement pénibles, et qu’ils sont soumis à des punitions collectives de la part de l’administration pénitentiaire.
Ils souffrent des transferts incessants des prisonniers, et actuellement, 95% des prisonniers de Nafha sont ceux qui ont été condamnés, alors que la plupart de ceux qui étaient seulement arrêtés ont été transférés. Les prisonniers affirment que ces changements visent à faire de la prison de Nafha une prison pour les condamnés, pour faire de la section Ohali Kedar, dans la prison de Beer Saba’, une prison pour les arrêtés.
Les prisonniers se sont plaints des amendes très lourdes que les geôliers leur imposent (racket organisé par les autorités), et les punitions collectives qui touchent les cellules en entier : mise en isolement individuel, interdiction des visites, interdictions des promenades, et des visites entre cellules. Ces punitions constituent des pressions psychologiques intenses sur les prisonniers.
Les prisonniers de Nafha se sentent isolés : les familles sont rarement autorisées à visiter, les stations des télévisions locales ont été interdites et les radios ont des difficultés à recevoir, les avocats ont des difficultés pour les visiter. La Croix-Rouge internationale organise peu de visites, une visite tous les quatre mois, ce qui a de graves conséquences sur la famille du prisonnier. En effet, celle-ci est contrainte d’attendre la visite de la Croix-Rouge pour régler tous les problèmes liés aux moyens de vie de la famille, comme les procurations que doivent donner les prisonniers à leurs familles pour toutes les démarches administratives et financières. Les prisonniers se sont plaints également de l’interdiction qui leur est faite de poursuivre leurs études dans les universités, prétextant des raisons de sécurité.
Les prisonniers de Nafha sont également privés des vêtements, même apportées par la famille. Selon les règlements, les prisonniers peuvent recevoir tous les trois mois des vêtements en provenance des familles, mais l’administration gêne ces règlements, en mettant des interdits, ce qui fait que les prisonniers sont privés de renouvellement de leurs vêtements, allant jusqu’à 6 mois ou 9 mois d’affilée.
Quatre nouvelles sections ont été nouvellement ouvertes dans la prison, chaque section pour 120 prisonniers. Les prisonniers de Nafha s’attendent à l’ouverture de trois nouvelles sections pour que la prison de Nafha puisse contenir 850 prisonniers. Mais ces nouvelles sections manquent de tous les constituants nécessaires à une vie digne. De plus, les prisonniers ont demandé à toutes les associations de solidarité de leur envoyer des livres.
(Rapports de Nadi al-asir al-Filistini)

La prisonnière Arij Arqawi, de Jénine, témoigne
Ali Samoudi

La prisonnière Arij Mustafa Arqawi, de Jénine, a lancé un appel aux organismes internationaux et humanitaires pour agir et faire cesser la campagne répressive israélienne contre les prisonnières, et notamment dans la prison de Telmond - Hasharon, suite à l’annonce par la direction de la prison avoir découvert une tentative de fuite de la part des prisonnières.
Dans un entretien avec la prisonnière, condamnée à quatre ans de prison, Arij a démenti les allégations de l’administration pénitentiaire, affirmant qu’il s’agit d’une nouvelle mesure inventée par l’administration pour accentuer sa répression contre les prisonnières, arracher leurs droits et les priver de toute vie digne.
Arij Arqawi a déclaré que les prisonnières ont été surprises par la mobilisation de l’administration pénitentiaire, parlant d’un tunnel creuse, pour commencer à fouiller et à investir les cellules, pour brutaliser les prisonnières, les insulter et finalement, les séparer en isolant des prisonnières et en transférant d’autres.
Détenue depuis 38 mois, Arqawi a déclaré que les conditions de détention sont de pire en pire, surtout depuis la capture des soldats israéliens, à Gaza et au Liban, comme s’il y avait une volonté de vengeance sur les prisonnières, les empêchant d’être reliées au monde extérieure. Les chaînes satellitaires ont été supprimées, les visites et la cantine aussi. Les prisonnières malades ont été privées de soin, sauf à l’akamol (aspirine) et à l’eau.
Les pressions psychologiques prennent plusieurs formes : concernant les visites des familles, l’administration pénitentiaire supprime la visite à la dernière minute, après que la famille ait passé une demi-journée, à partir de 4 ou 5 heures du matin, à se rendre à la visite. Quant aux visites elles-mêmes, quand elles sont autorisées, les prisonnières ne peuvent saluer, embrasser ou toucher leurs familles. C’est derrière une vitre épaisse et par téléphone que les prisonnières communiquent.
Arij a déclaré que les prisonnières sont en colère contre les mesures de transfert de plusieurs prisonnières. Elle lance un cri d’appel à la Croix-Rouge Internationale et à toutes les institutions humanitaires pour agir et mettre fin à ces violations flagrantes du droit humanitaire.

Le prisonnier Hamze Zayed : sa mère attend courageusement sa libération
Jénine, Ali Samoudi

La maladie et l’âge n’ont pas entamé la volonté et la détermination de cette mère palestinienne, Jamila Zayed, dont le fils Hamze est en prison depuis vingt ans, condamné à la prison à perpétuité. Israël a refusé de le libérer tout au long de ces années, ni dans les opérations d’échanges ni dans les « mesures de bonne invention ». Malgré sa tristesse et son âge avancé, elle continue à espérer sa libération, à espérer assister à son mariage, comme tous ceux de sa génération qui ont été diplômés, qui ont des familles alors que Hamze passe année après année derrière les barreaux. Ils l’ont privé d’études, il a été arrêté alors qu’il était étudiant à l’université de Beer Zeit, et ils empêchent sa mère de l’embrasser. Depuis 20 ans, elle vit cette amertume. Son père est décédé alors qu’il était en prison, il aurait bien voulu le voir et l’embrasser avant sa mort.
Jamila se rappelle les instants de l’arrestation, vingt ans plus tôt. Elle n’oublie pas quand les forces de l’occupation ont arrêté ses deux fils, Hamze, 21 ans et Umar, 23 ans, avant de les condamner à la prison à vie, en 1986, avec leur camarade Samer Mahroum, accusés d’avoir tué un coln israélien, Ilyahu Amidi, dans la ville d’al-Quds, dans une opération du FPLP. Pour l’occupation, l’arrestation des deux frères n’était pas suffisante, "ils ont démoli une partie de notre maison et clos une autre partie. Ils ont pratiqué la torture la plus sauvage, les ont privés de visites pendant de longues périodes, par esprit de vengeance après cette opération qui a suscité des remous dans la rue israélienne.
"Nous avons patienté, nous avons supporté toutes ces souffrances, nous avons espéré leur libération lorsque le processus de paix a cmmencé, mais malgré toutes les opérations de libération ou d’échanges de prisonniers, le geôlier israélien a insisté pour supprimer le nom de Hamze et de son camarade Samer de toutes les listes, car ils sont considérés comme ayant du sang sur les mains. Malgré tous les efforts que nous avons faits, Hamze et Samer n’ont pu être libérés. Et l’espoir se renouvelle constamment, mais la vie passe rapidement, et Hamze est toujours en prison.
« A chaque mois de Ramadan qui vient, et ce sont les mêmes souvenirs qui reviennent, Ramadan s’achève puis la fête, et mon coeur bat pour le voir, pour le sentir près de moi, à la maison ». Et en ce mois de Ramadan, je crie : « n’oubliez pas Hamze, j’en appelle à Sayyid Hassan Nasrallah, à la résistance à Gaza, je leur demande d’être fermes et déterminés, de mener des négociations pour faire libérer ceux qui ont des lourdes peines, ceux que Israël insiste à vouloir maintenir en prison. Donnez nous l’occasion de nous rencontrer, laissez entrer la joie dans ma vie en serrant dans mes bras celui qui a maintenant 40 ans, et qui est derrière les barreaux ».

Traduit par Palestine en marche