Marwan Barghouti transféré dans une prison du Néguev

édition du 31 août 2006.

Le célèbre prisonnier politique palestinien des geôles
israéliennes, député et dirigeant du Fatah, a été déplacé dans le désert.

C’est à la veille d’une nouvelle rencontre, prévue pour mardi, que l’épouse de Marwan Barghouti, député et chef du Fatah en Cisjordanie, a été informée du transfert de ce dernier à la prison An Nasha dans le désert du Néguev lundi soir. Ces derniers temps, Fadwa Barghouti allait généralement rendre visite à son mari une fois par mois au moins, par le biais de la Croix-Rouge, dans le cadre général des règles régissant les visites aux prisonniers palestiniens par leurs proches. Elle n’a aujourd’hui aucune garantie sur la prochaine date à laquelle elle pourra voir son époux.

Dès qu’ils ont appris ce nouveau transfert, les avocats ont entrepris la procédure habituelle pour obtenir le droit de lui rendre visite et espèrent avoir des résultats dans les prochains jours. Les conditions actuelles de détention de Marwan Barghouti ne sont pas connues, aucun de ses proches et avocats n ’ayant pu lui parler ces deux derniers jours, mais pour Fadwa Barghouti, il est clair « que les conditions de vie générales du centre pénitencier d’An asha sont beaucoup plus dures que les autres ».

Depuis le début de sa captivité en avril 2002, Marwan Barghouti a été transféré dans de nombreuses prisons, pour éviter selon ses proches qu’il « s’ installe », prenne des habitudes : « c’est une autre manière, estime son épouse, de tenter de le décourager psychologiquement et émotionnellement et de tenter de l’empêcher de maintenir son influence depuis sa cellule sur la scène politique palestinienne. » Elle rappelle que c’est dans la prison précédente qu’ a été élaboré le document des prisonniers, à l’initiative de son mari et de plusieurs autres leaders de mouvements, dont le Hamas, incarcérés. Un document accepté par les factions palestiniennes, et reconnu par le premier ministre, Ismaïl Haniyeh (Hamas), devant être la base d’un programme commun à un futur gouvernement d’union nationale que le Fatah et le Hamas tentent en ce moment, très difficilement, de mettre sur pied. Les proches du dirigeant du Fatah restent néanmoins convaincus que, quel que soit le lieu de son incarcération, on ne fera pas taire Marwan Barghouti. Ce dernier, sont-ils persuadés, continuera de faire passer ses instructions à l ’extérieur via ses avocats et pourra donc encore peser sur la scène politique palestinienne.

Les organisateurs de la campagne pour la libération de Marwan Barghouti ont qualifié ce nouveau transfert de « mesure arbitraire » visant à l’isoler des autres prisonniers. Côté israélien, un porte-parole des centres pénitenciers a affirmé qu’il ne s’agissait que d’une mesure de routine habituelle.

Valérie Féron
Jérusalem,
correspondance particulière.