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Discours de Stuttgart

dimanche 10 octobre 2004

AU NOM DU DROIT

Mesdames et messieurs, chers Amis,

Notre présence à Stuttgart, aujourd’hui, à vos côtés, n’est pas un épisode ponctuel d’une manifestation de solidarité avec vous, c’est le résultat d’une action entreprise depuis longtemps et qui s’est traduit, au cours des derniers mois, par une série d’évènements internationaux considérables, déclenchant des prises de conscience collectives et nouvelles. La plupart des médias n’y ont pas été attentifs ou les ont, sur ordre, ignorés.

Face à cette situation, je joindrai ma voix à celles qui viennent de s’exprimer et parlerai

au nom :

-  Des « Campagnes Civiles internationales pour la protection du Peuple palestinien » qui, depuis 3 ans, ont envoyé plus de 3 000 citoyens européens en Palestine occupée, pour faire, sur place, le terrifiant constat de la situation réelle et en témoigner à leur retour ; là également en vue de suppléer à la carence partisane des médias.

-  Du « Collectif judéo-arabe et citoyen pour la paix » qui depuis 3 ans, réunit dans un même combat pour la vérité, des citoyens français de toutes confessions et notamment, comme son nom l’indique des juifs et des musulmans qui en sont les fondateurs.

-  De la « Coordination de l’Appel de Strasbourg » (représentant 451 organisations ou personnalités de 17 pays de l’Union européenne) et qui, le 12 Juin 2004, lors d’un rassemblement public à Strasbourg, à décidé d’une action positive et concrète en direction du Parlement européen

-  Des délégations de 8 pays européens ( Belgique, Danemark, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et République Fédérale d’Allemagne) qui, la semaine dernière, les 14 et 15 septembre, au Parlement européen à Strasbourg, ont, pendant deux journées de travail intense, mis en route avec des parlementaires européens un partenariat inter-actif qui, dès lundi dernier 20 septembre a commencé à fonctionner concrètement. C’est l’aboutissement de ce qu’avaient souhaité les 451 signataires de l’Appel de Strasbourg le 12 Juin et la rapidité de la mise en place témoigne du besoin réel qui existait de part et d’autre.
- 

Et par qui tout ceci n’est plus acceptable ?

Par certaines Institutions qui, démocratiquement élues, constatent que les avis, recommandations ou décisions qu’elles émettent ne sont pas pris en considération et qui, de ce fait, se tournent vers la bapar un vote de l’ONU, reconnaissant la justesse des termes des avis émis, restent sans effet.

Pourquoi avons-nous pris la décision de nous exprimer haut et fort :
Parce que, le constat se fait, partout et maintenant, qu’il est vital pour l’avenir de la démocratie, pour l’avenir de nos enfants et pour le respect de nous mêmes, de faire cesser les situations de non-droit qui actuellement prévalent et l’exemple de ce qui se passe en Palestine occupée en est une démonstration flagrante.

Il n’est plus acceptable que le Droit international soit bafoué comme il l’est,

Il n’est plus acceptable que les Conventions de Genève sur le sort des populations civiles en temps de guerre soient foulées aux pieds,

Il n’est plus acceptableque les décisions du Parlement européen soient purement et simplement balayées par un Conseil des Ministres qui s’arroge le droit de se considérer comme au dessus des décisions des élus des peuples européns

Il n’est plus acceptable que les décisions de la Cour Internationale de justice, renforcées par un vote de l’ONU reconnaissant le bien-fondé des avis émis, restent sans effet.

Et par qui tout ceci n’est plus acceptable ?

- Par certaines Institutions qui, démocratiquement élues, constatent que les avis, recommandations ou décisions qu’elles émettent ne sont pas prises en considération et qui, de ce fait, se tournent vers la base de leur électorat et de ses représentants de la ((Société Civile)) pour amplifier la dénonciation de ces pratiques.

- Par la Société Civile elle-même que nous représentons tous ici et qui rassemble au travers de nos quelques 700 associations, ONG et autres structures, une très forte majorité des citoyens d’Europe, lassés d’assister, impuissants, à la mise en pièces des valeurs démocratiques élémentaires auxquelles ils étaient et demeurent attachés.

Cette Société civile qui, pendant que nous travaillions la semaine dernière en partenariat avec le Parlement européen, était également réunie à l’invitation de l’Onu les 13 et 14 septembre à New-York . Il lui était demandé d’ examiner le rôle qu’elle pourrait jouer pour sortir de l’impasse, et le peuple palestinien digne et résistant sous occupation permanente depuis des dizaines d’années et le peuple israélien qui, de la responsabilité d’un gouvernement qui ne connaît que la force et le mépris des droits les plus élémentaires, souffrent de plus en plus de cet interminable conflit.

Au même moment, du 17 au 19 septembre, à Beyrouth, au Liban, se réunissait, là-aussi, une conférence internationale de la Société Civile de 54 pays, venant de tous les continents. Dans une déclaration finale ils ont apporté leur soutien sans failles au peuple palestinien dans sa résistance à une occupation meurtrière et totalement illégale. Ils ont exprimé leur souhait que nous rassemblions toutes nos forces afin de faire enfin respecter le Droit.

Cette simultanéité de réunions internationales, de concertations et de rassemblements n’est pas le fait du hasard. Elle est le résultat, à un moment donné, maintenant, d’une exaspération générale devant les agissements sans scrupules et uniquement basés sur des démonstrations de force de certains Etats au détriment de peuples martyrs, humiliés, déplacés, torturés sur leur propre territoire.

Notre outil essentiel, mais combien puissant, est le rappel permanent et inlassable à un retour immédiat au Droit. L’outil complémentaire de notre action étant notre nombre et notre représentativité.))

A cet appel au respect du Droit que nous réclamons et qui doit être notre principal objectif, rien ne peut nous être opposé de façon crédible. Ce n’est pas sans raison que, mardi dernier devant les Nations-Unies, son secrétaire général Koffi-Anan, lors d’une courte mais combien significative allocution, a ouvert les débats de la session actuelle en proclamant un « état de droit en danger », et en affirmant très énergiquement que « c’est le droit qui doit prévaloir sur la force et non l’inverse"

Les élus de nos assemblées, qu’elles soient nationales ou internationales, prennent de plus en plus conscience de cette situation et de l’affaiblissement progressif de leur rôle de représentant des peuples. C’est la raison pour laquelle, certains d’entre eux, de plus en plus nombreux et nous les rencontrons au quotidien, réclament, de notre part, une mobilisation de plus en plus militante afin de brandir inlassablement le droit international et d’exiger son respect et son application.

Des instances de justice internationale ont été crées récemment pour faire comparaître devant elles celles ou ceux qui bafouent ces droits. Nul doute que l’existence de ces instances de justice commencent à faire réfléchir certains dirigeants pour qui, jusqu’à présent, seule la force était une façon de gouverner en toute impunité. Cette prise de conscience doit être accélérée par un vaste mouvement réclamant le respect intégral du Droit par les individus et par les Etats. Lorsqu’il y a violation du Droit par un Etat , cette violation est d’autant plus grave qu’elle résulte d’une concertation interne et d’une réflexion au plus haut niveau. En droit pénal on parlerait de préméditation et cela constitue une circonstance aggravante.

Mesdames et Messieurs, chers Amis réunis aujourd’hui ici à Stuttgart pour dénoncer une situation intolérable et pour souhaiter qu’une paix juste et durable s’instaure en Palestine et en Israël, sachez que l’arme pacifique du droit est actuellement le seul moyen de faire revenir à la raison des décideurs qui n’ont à nous opposer que la force. Nous devons aussi être de plus en plus en relation les uns avec les autres. Nos réseaux déjà très denses doivent encore resserrer leurs liens et agir ensemble et, si possible, simultanément. Nous sommes à un moment stratégique durant lequel ceux qui décident d’utiliser la force se trouvent confrontés à ceux, infiniment plus nombreux, qui veulent rétablir la paix par le Droit

Nous sommes des millions à pouvoir faire prévaloir la raison, ils ne sont qu’une poignée à décider pour nous, sachons nous faire entendre

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