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Entretien avec Nassan Nasarallah

« Nous voulons que notre expérience bénéficie au plus grand nombre et que notre victoire soit celle de tous. »

Source Al Faraby - Aloufok

jeudi 7 septembre 2006

( Mardi, 5 septembre 2006 )

http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=3363

Il est primordial de défendre les acquis de la Résistance. Des tentatives existent pour la vider définitivement de son contenu.
Il est important que l’ensemble des forces ayant pris part à cette Résistance participent à sauvegarder sa victoire. Ceci est plus important que de l’avoir réalisée. C’est une tâche difficile à accomplir partout dans le monde, encore plus au Liban.
L’armée israélienne a perdu sa légendaire supériorité. Elle a, dans cette bataille, mis en oeuvre l’ensemble de son armement à l’exception de son arme nucléaire, sans pour autant atteindre son objectif déclaré, celui d’en découdre avec la Résistance et libérer les deux soldats capturés. « Tout au plus, aura réussi à me convaincre de me mettre à l’abri », a déclaré Hassan Nasrallah.
Quand à savoir si Israël va déclencher une deuxième guerre régionale, Nasrallah répond : « Cette question nécessite beaucoup de temps pour ne pas répondre par la négation. Pour ce qui est du Liban, Israël devra désormais effectuer de longs calculs avant de s’engager dans une nouvelle guerre contre lui. Surtout si le déploiement de l’armée libanaise et des forces de La Finul se réalise sans atteinte à la Résistance contre laquelle l’armée israélienne a subi une défaite cinglante. »
Il a évoqué des données qui démontrent qu’Israël cherche à éviter toute confrontation avec la Syrie, de même qu’il devra désormais longtemps réfléchir avant de se lancer dans une nouvelle guerre contre le Liban.
Nasrallah a confirmé la décision de la Résistance de ne pas exhiber ses armes dans la zone se situant a Sud du fleuve Litani.
Désormais, il incombe à l’armée libanaise, déployée à la frontière, de riposter aux intrusions israéliennes. La Résistance, entrée en clandestinité, soutiendra l’armée.
Il n’y aura aucun problème avec l’armée nationale ni avec les forces de la Finul, car la Résistance est fidèle à ses engagements. Sachant que la décision prise en Conseil des ministres concernant la mission de l’armée nationale est d’assurer la défense de la Patrie et non désarmer la Résistance ou de l’affaiblir.
Nasrallah préconise une stabilisation de la situation intérieure à l’instar des six denières années et propose une réflexion autour d’une stratégie défensive qui s’appuie sur la dernière expérience.
La Résistance a occupé un vide laissé par l’État, si ce dernier est désormais en capacité de garantir la sécurité et la défense des citoyens, alors cela pourrait servir d’approche pour résoudre la question des armes de la Résistance.
Il confirme que le Hezbollah gardera ses missiles comme il l’a fait tout au long des années entre 1996 et 2006. ll en aura recours qu’en cas d’une agression militaire généralisée contre le Liban.
Nasrallah déclare : "Nous sortons d’une guerre et nous ne sommes pas pressés d’accomplir des opérations dans les « fermes », sachant que cela reste notre droit et que personne ne peut garantir une sécurité gratuite à Israël"
Nasrallah a par ailleurs mis l’accent sur la solidarité humanitaire manifestée tout au long de la guerre, comme jamais vu au cours de l’histoire moderne du Liban. Elle est d’une valeur inestimable, aussi importante que la solidarité politique.
Il a confirmé l’ouverture du Hezbollah à l’ensemble des milieux libanais, sans exception, Il n’a jamais refusé le dialogue avec quiconque et sa politique consiste à ne jamais boycotté quelqu’un même quand le désaccord est au plus profond.
« Le Hezbollah n’a aucun projet spécifique pour la communauté chiite. Ceux qui nous invitent à intégrer l’État sont ceux là même qui ont refusé de le faire en 1992 et 1996 quand nous y étions. Leur surenchère sur nous est stérile. Quand nous insistons sur la nécessité d’un État fort, c’est sur la base d’une vision intellectuelle, structurelle et idéologique. »
Concernant les rapports avec le monde arabe, Nasrallah se dit prêt à réexaminer certains d’entre eux, particulièrement ceux avec l’Arabie Saoudite. Des contacts sont en cours à travers des amitiés communes afin d’aller de l’avant.
Il déclare : « Ceux qui prétendent que nous obéissons aux injonctions de la Syrie et de l’Iran pour ne pas rétablir ces rapports-là sauront très bientôt que nous sommes le Mouvement le plus indépendant que le Liban n’a jamais eu au cours de son histoire. »
En appui sur la Résistance contre l’agression israélienne, Nasrallah déclare que « le Hezbollah ne se pose en dirigeant ni dans le monde arabe, ni musulman, ni au Liban. Nous voulons que notre expérience bénéficie au plus grand nombre et que notre victoire soit celle de tous. »
Sur le plan intérieur libanais, Nasrallah rend un hommage appuyé à l’action des trois présidents, Emile Lahoud, Fouad Siniora et Nabih Berry. « Ce dernier ayant assuré la direction politique du combat. Notre souci permanent a été celui de la sauvegarde de la cohérence du Gouvernement pendant la guerre et celui de garantir la force de son chef sur la scène internationale. »
Plus loin, Nasrallah précise : « Les contacts indirects avec le député Saad Hariri n’ont jamais été interrompus.
Nous avons salué la position du député Walid Joumblatt au commencement de la guerre. Nos relations avec lui demeurent, cependant, en-deçà de leur niveau d’il y a un an. Nous n’avons aucune objection à les rétablir, car leur rupture ne nous est pas due. »
C’est l’occasion pour lui de mettre l’accent sur la solidité des relations existant avec le « Courant national libre » du député Michel Aoun, comme avec le Président Salim El Hoss, l’ancien ministre Soleiman Frangié ainsi qu’avec les forces politique du « 8 mars » et tous les partis nationaux dont certains ont pris une part active à la Résistance jusqu’au martyr.

Synthèse de l’entretien avec H.Nasarallah réalisée par Talal Salmane pour Assafir du 5 septembre 2006
rédigée pas Al Faraby
http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=3363

Intégralité de l’entretien en arabe sur :
http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=3361