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Source CAPJPO-EuroPalestine

Condamnation d’Israël

par le célèbre écrivain Jostein Gaarder

mardi 22 août 2006

Une condamnation d’israël par Jostein Gaarder, historien norvégien, auteur du bestseller "le Monde de Sophie", tirés à 26 millions d’exemplaires et traduit danbs 53 langues, qui revisite Amos, le prophète juif, pour souligner qu’Israël s’est éloigné depuis longtemps de ses préceptes.

Merci à Carole Sandrel pour sa traduction et à Sirocco pour nous avoir signalé ce texte que les "presstitués" français se sont bien gardé de publier, malgré la célébrité de son auteur.

Le peuple élu de Dieu

"On ne revient pas en arrière. Il est temps d’apprendre une nouvelle leçon : nous ne reconnaissons plus l’Etat d’Israël. Nous n’avons pas reconnu le régime d’apartheid de l’Afrique du Sud, et nous n’avons pas non plus reconnu le régime afghan des Talibans. Et beaucoup d’entre nous n’ont pas reconnu l’Irak de Saddam Hussein ou le nettoyage ethnique des Serbes. Nous devons maintenant nous habituer à cette idée : l’Etat d’Israël dans sa forme actuelle, c’est de l’histoire.

Nous ne croyons pas dans cette notion de peuple élu de dieu. Nous rions des inventions de ce peuple et pleurons de ses méfaits. Agir en tant que peuple élu de Dieu ce n’est pas seulement idiot et arrogant, c’est un crime contre l’humanité. Nous appelons cela racisme.
Les limites de la tolérance

Il y a des limites à notre patience et il y a des limites à notre tolérance. Nous ne croyons pas aux promesses divines pour justifier l’occupation et l’apartheid. Nous ne sommes plus au Moyen Age. Nous rions avec inquiétude de ceux qui croient encore que le Dieu de la flore, de la faune, et des galaxies a choisi un peuple particulier pour chouchou et lui a donné de drôles de tablettes de pierre, un buisson ardent et la permission de tuer.

Nous appelons les meurtriers d’enfants des « meurtriers d’enfants » et n’accepterons jamais que certains aient un mandat divin ou historique pour excuser leurs offenses.

L’art crapuleux de la guerre

Nous reconnaissons, et tenons compte de l’énorme responsabilité européenne dans le malheur des Juifs, dans leur honteux harcèlement, les pogroms et l’Holocauste. Il était historiquement et moralement nécessaire que les Juifs aient leur propre patrie.
Mais l’état d’Israël avec son art de la guerre crapuleux et ses armes répugnantes, a lui-même saboté sa propre légitimité. Il s’est systématiquement joué de la loi Internationale, des conventions internationales sans compter les résolutions des nations unies, et il ne peut plus en attendre protection. Il a pilonné la reconnaissance du monde. Mais n’ayons crainte ! Le temps de la peine sera bientôt fini. Nous sommes maintenant à la ligne de partage des eaux. Il n’y a pas de retour en arrière. L’état d’Israël a violé la reconnaissance du monde et n’aura pas la paix qu’il n’ait déposé les armes.

Nous sommes maintenant à un tournant. A un point de non retour. L’état d’Israël a profané la reconnaissance mondiale et ne connaîtra pas la paix tant qu’il ne déposera pas les armes.

Sans défense, sans peau

Puissent l’intelligence et le verbe emporter les murs d’apartheid d’Israël. L’état d’Israël n’existe pas. Il est maintenant sans défense, sans peau. Puisse alors le monde être clément pour la population civile. Car ce n’est pas contre les civils que nous dirigeons nos paroles de condamnation.

Nous ne souhaitons que du bien au peuple d’Israël, rien que du bien, mais nous nous réservons le droit de ne pas manger d’oranges de Jaffa tant que leur goût sera odieux et venimeux. Il a été supportable de vivre des années sans les raisins bleus de l’apartheid.

Ils célèbrent leur triomphe

Nous ne pensons pas qu’Israël pleure quarante enfants libanais assassinés. Nous remarquons que bien des Israéliens célèbrent ces triomphes de la même manière qu’ils exaltaient jadis les fléaux de Dieu, « punitions appropriées » du peuple d’Egypte. (Dans ce récit, Dieu, le Dieu d’Israël, se montre en vrai sadique insatiable)). Nous nous demandons si l’ensemble des Israéliens croient qu’une seule vie israélienne vaut plus que 40 vies palestiniennes ou libanaises.

Car nous avons vu les images de ces petites filles israéliennes rédigeant leurs voeux haineux pour les bombes qui allaient être larguées sur la population civile du Liban et de Palestine. Les petites filles israéliennes ne sont nullement mignonnes quand elles se pavanent avec allégresse devant la mort et les tourments à travers les frontières.

Le châtiment de la vengeance par le sang

Nous ne reconnaissons pas la rhétorique de l’Etat d’Israël. Nous ne reconnaissons pas la spirale du châtiment de la vengeance par le sang selon le "oeil pour oil, dent pour dent". Nous ne reconnaissons pas le principe d’un seul ou d’un millier d’yeux arabes pour un seul oil israélien. Nous ne reconnaissons pas les punitions collectives ni les restrictions alimentaires contre toute une population en guise d’armes politiques. Deux mille ans ont passé depuis qu’un rabbin juif a critiqué l’antique doctrine du « oil pour oil, dent pour dent ».

Il a dit « Faites à autrui ce que vous voudriez qu’ils vous fassent ». Nous ne reconnaissons pas un état fondé sur des principes anti-humanistes et sur les ruines d’une archaïque religion nationale et guerrière. Ou bien comme Albert Schweitzer le disait : « l’Humanisme consiste à ne jamais sacrifier un être humain pour un objectif »

Compassion et pardon

Nous ne reconnaissons pas le vieux royaume de David comme modèle de la carte du Proche-Orient pour le XXIè siècle. Le rabbin juif a affirmé "il y a deux mille ans que le royaume de Dieu n’est pas la restauration guerrière du royaume de David, mais que le royaume de Dieu est en nous et parmi nous. Le royaume de Dieu est compassion et pardon.
Deux mille ans ont passé depuis que ce rabbin juif a

démilitarisé et humanisé le vieux guerrier. Même en son temps, les premiers terroristes sionistes sévissaient.

Israël n’écoute pas

Pendant deux mille ans, nous avons répété la profession de foi de l’humanisme, mais Israël n’écoute pas. Ce n’est pas le Pharisien qui a aidé l’homme qui gisait sur le bord de la route, après avoir été la proie des voleurs. Ce fut un samaritain. Aujourd’hui nous parlerions d’un Palestinien. Car nous sommes des humains avant tout, chrétiens, musulmans ou juifs. Ou comme le disait le rabbin juif : « Et si vous n’accueillez que vos frères, que faites-vous de plus que les autres ? ». Nous n’acceptons pas le rapt de soldats. Mais nous n’acceptons pas la déportation de toutes les populations ou le rapt de parlementaires légalement élus et de ministres en activité.

Nous reconnaissons l’état d’Israël de 1948 mais pas celui de 1967. C’est l’état d’Israël qui échoue à reconnaître, respecter ou s’incliner devant l’état israélien internationalement reconnu de 1948. Israël veut davantage ; davantage d’eau et davantage de villages. Et pour les obtenir, il y a ceux qui veulent, avec l’aide de Dieu, une solution finale au problème palestinien. Les Palestiniens ont tellement d’autres pays, ont allégué certains hommes politiques d’Israël ; nous n’en avons qu’un seul.

Les USA ou le monde ?

Ou bien comme le plus grand protecteur de l’état d’Israël le déclare : « Puisse Dieu continuer à bénir l’Amérique ». Une petite fille avait remarqué ça. Elle s’est tournée vers sa mère et a dit : « Pourquoi le président termine-t-il toujours ses discours par « Dieu bénisse l’Amérique ? Et pourquoi pas « Dieu bénisse le monde ? »

Et il y a eu un poète norvégien qui a laissé échapper ce cri du coeur enfantin : « Humanité, pourquoi progresses-tu si lentement ?". C’est lui qui avait parlé de si belle façon des Juifs et des juives. Mais il avait rejeté la notion de peuple élu de Dieu. Il aimait personnellement à s’appeler Mohamad.

Calme et clémence

Nous ne reconnaissons pas l’état d’Israël. Pas aujourd’hui, pas comme celui de cet écrit, pas à l’heure du chagrin et de la colère. Si toute la nation israélienne succombait sous ses propres explosifs et qu’une part de sa population devait fuir des régions occupées vers une autre diaspora, alors nous disons « Puisse la région rester calme et leur témoigner clémence. C’est à jamais un crime absolu que de lever la main sur des réfugiés et sur un peuple sans état.

La paix et la libre circulation pour évacuer la population civile n’est plus protégé par un état. Ne tirez pas sur les fugitifs ! Ne les prenez pas pour cibles ! Ils sont vulnérables maintenant comme des escargots sans coquilles, vulnérables comme ces lentes caravanes de réfugiés palestiniens et libanais, sans défense comme les femmes, les enfants et les personnes âgées de Qana, Gaza, Sabra et Chatila. Donnez un abri aux réfugiés israéliens, donnez leur du lait et du miel !

Qu’aucun enfant israélien ne soit privé de sa vie. Bien trop d’enfants et de civils ont déjà été assassinés."

Jostein Gaarder

Publié par « Aftenposten » le 5 août 2006
*Gaarder, historien, spécialiste de l’histoire des idées, se dépeint lui-même comme un ami du peuple juif mais se demande si on peut en dire autant de l’Etat d’Israel.

Traduit par Carole SANDREL pour CAPJPO-EuroPalestine
CAPJPO-EuroPalestine

publié le dimanche 20 août 2006