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Prisonniers palestiniens et arabes :

Exigeons leur libération immédiate et inconditionnelle

Comportement sadique de soldats et garde-chiourme.

dimanche 20 août 2006

Mardi 22 août : journée internationale de solidarité avec les prisonniers

1 - Enlèvement du vice-premier ministre palestinien et ministre de l’éducation, Nasir Din Sha’er

La question des prisonniers palestiniens et arabes détenus dans les prisons sionistes est une question primordiale pour la résistance, en Palestine et au Liban.
Refusant d’échanger ses soldats capturés à Gaza et au sud du Liban, Israël a lancé ses guerres : défaite écrasante de l’armée sioniste après un mois de guerre, de massacres et de destructions au Liban, mais poursuite sans relâche de la guerre contre le peuple palestinien. Pas un jour ne passe sans que l’armée sioniste tue, bombarde, enlève et commet des massacres en Palestine, dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie.
Aujourd’hui, la question des prisonniers, et notamment des responsables de l’Autorité, députés et ministres, prend une tournure politique importante : le premier ministre palestinien, Isma’il Haniyye a exigé, avant la formation du gouvernement d’union nationale, la libération de tous les membres arrêtés de son gouvernement et tous les députés, et notamment dr. Abdel Aziz Dweik, président du conseil législatif palestinien, dans un souci que les pressions internationales s’intensifient pour faire libérer tous ces responsables politiques.

2 - L’arrestation de dr. Abdel Aziz Dweik a suscité une grande émotion dans la rue palestinienne. A Gaza, des manifestations ont récemment eu lieu, exigeant sa libération. Mais ce sont les conditions de sa détention qui soulèvent une grande colère : le président du conseil législatif a été enfermé dans une cellule à Kfar Youna, infestée de cafards, loin de ses frères et avec des criminels israéliens.
L’avocat de Nadi al-asir al-Filistini, a pu le visiter le 16 août dernier. Il a confirmé le fait que dr. Dweik n’a pas été frappé, lors de son séjour à la prison militaire de Ofer, mais qu’il avait été transféré à l’hôpital suite à un malaise dû aux mauvaises conditions de détention après son enlèvement par les forces sionistes.
L’administration carcérale lui a cependant administré par force des remèdes qui lui ont fait perdre son équilibre et sa capacité à se mouvoir.
Dr. Dweik a affirmé à l’avocat que l’un des instructeurs israéliens lui a dit : « Nous avons commis une erreur en t’arrêtant, il fallait qu’on te tue ». Et lors de son interrogatoire, dr. Dweik n’a dit aucun mot.
Dans sa cellule, il est interdit de parler à quiconque, d’ailleurs il n’entend aucun mot arabe, il n’a pas de télévision, tout comme il ne peut lire le Coran à cause de la lumière diffuse et faible dans la cellule. Il dit avoir reçu un exemplaire du Coran il y a deux jours, sans savoir qui le lui a envoyé.
Concernant les repas, dr. Dweik affirme que les plats sont très salés, alors que son état de santé ne peut l’autoriser à manger ainsi. De plus, il n’a pas accès à la promenade qu’une fois par jour, pendant une heure.
Concernant son enlèvement, dr. Dweik affirme qu’il a été enlevé à cause de sa fonction en tant que président du conseil législatif. Il refuse de reconnaître les tribunaux israéliens, car il représente l’ensemble des masses du peuple palestinien et qu’il n’est pas soumis à la loi israélienne. « Le tribunal est illégal, je ne reconnais pas sa légalité ». Il déclare avoir été enlevé dans le cadre de la capture du soldat israélien à Gaza, les sionistes pensant pouvoir l’échanger, avec ses compagnons, avec le soldat. De plus, il considère qu’Israël cherche à détruire le gouvernement palestinien, parce qu’il a été élu par le peuple.
Dr. Dweik a salué le peuple palestinien qui refuse toutes formes d’interventions dans ses affaires internes. Tout comme il a remercié les membres du conseil législatif palestinien ayant exigé sa libération ainsi que celle de tous les députés et ministres arrêtés, leur demandant de poursuivre leurs tâches, comme forme de résistance à l’occupation (Nadi al-Asir al-Filistini)

3 - 30 ans de détention : Sa’id Atabeh, le plus ancien prisonnier
Le 29 juillet, le résistant Sa’id Atabeh a franchi les 30 ans de sa détention dans les prisons sionistes. Il avait été arrêté le 29 juillet 1977.
Cette date nous rappelle l’urgence d’exiger la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers palestiniens et arabes, et notamment ceux qui ont passé plus de 20 ans de détention, qui sont au nombre de 46 prisonniers. Jusqu’à présent, les autorités sionistes refusent d’ouvrir le dossier des prisonniers, considérant que ces résistants sont des « criminels ». Les accords d’Oslo (1993) n’ont pu faire libérer 480 prisonniers détenus avant ces accords.
Les prisons de l’occupation, au nombre de trente (prisons et centres de détention) sont actuellement surpeuplées par environ 10.000 prisonniers, dont 124 femmes, 400 enfants et 1200 détenus administratifs, sans compter les centaines de malades et de handicapés.
A l’occasion des 30 années de détention de Sa’id Atabeh, les prisonniers et leurs familles se posent la question, à nouveau, sur les efforts déployés par la communauté internationale pour exiger leur libération. Pour eux et pour le peuple palestinien, aucun règlement ne peut aboutir sans que les prisonniers ne soient libérés. Ceux qui s’imaginent faire appliquer une quelconque mesure de règlement, genre feuille de route ou autre, sans la libération de tous les prisonniers, doivent réaliser qu’il n’en sera rien.
C’est d’ailleurs face à l’intransigeance israélienne d’ouvrir le dossier des prisonniers et commencer à les libérer que les groupes de la résistance ont pris l’initiative de capturer un soldat israélien de nationalité française qui se préparait à tuer la population civile à Gaza et deux autres soldats dans la zone occupée du Liban, l’un d’eux étant un proche parent d’un responsable politique israélien.
Parmi les prisonniers palestiniens et arabes ayant passé plus de 20 ans de détention :
Sa’id Atabeh, Na’il Barghouty, Fakhry Barghouty, Samir Qintar, Akram Mansour, Muhammad Abu Ali Yata (élu député au conseil législatif), Fouad Razzam, Ibrahim Jaber, Hassan Salma, Uthman Muslih, Sami Younis, Karim Younis, Maher Younis, Salim Kayyal, Huzaa Saadi, Bashir Miqt, Asim Wali, Sitan Wali, Sidqi Miqt, Hani Jaber, Ghazi Nams, Walid Duqqa, Alaa Baziane.
(Nadi al-Asir al-Filistini)

4 - Témoignages (rapport de Nadi al-asir al-Filistini)
- Fitna Mustafa Khalil Abu Aysh, de Nablus, âgée de 21 ans. Elle a été arrêtée le 21 juillet 2006. Elle a déclaré : Lors de mon passage de Tel Aviv à Nablus, la police israélienne m’a arrêtée. En contrôlant mon identité, elle a su que j’étais de Nablus. Les policiers m’ont fait entrer un restaurant proche et m’ont fait fouiller par des policières. Ils m’ont ensuite menottée, m’ont emmenée au centre de la police de Tel Aviv et ont commencé leur interrogatoire, me questionnant à propos de personnes que je ne connais pas. Je suis restée près d’une heure et demi avant qu’ils ne m’emmènent au centre d’interrogatoire de Petah Tikva, où j’ai été tout de suite interrogée, jusqu’à 5 heures du matin, de façon continue. J’ai demandé à boire, mais les instructeurs ont refusé. Ils ont même refusé que je me rende aux toilettes.
Au cours de l’interrogatoire, ils m’ont attaché à une chaise, les mains attachées derrière le dos. Mes pieds ont également été attachés. Ils se sont mis à me frapper, sur la tête, sur la figure. Puis, ils m’ont jetée par terre. L’un des instructeurs m’a donné un coup de pied dans le ventre, l’autre m’a mis un coup de poing sur l’oeil.
Pendant 13 jours de suite, j’ai subi ce traitement, interrogatoires et coups. Ils m’ont insultée et menacée d’emprisonner mes parents. Durant toute cette période, je n’avais pas le droit de prendre une douche, et a subi l’appareil de détecteur de mensonges deux fois de suite.
Fitna se trouve actuellement emprisonnée dans la section 11 de la prison Asharon.

- Mustafa Ibrahim Muhammad Ramaha, de Nablus, âgé de 21 ans, arrêté le 9 juillet 2006.
Détenu dans le centre d’interrogatoire de Petah Tikva, il a témoigné avoir subi un interrogatoire extrêmement dur.
"Le 9 juillet 2006, vers quatre heures du matin, les soldats de l’armée d’occupation ont investi la maison, ils nous ont tous rassemblés près de la porte, puis ont demandé les pièces d’identité, ils m’ont appelé puis ont rendu les papiers aux membres de la famille. Ils m’ont attaché avec des liens en plastique, et un officier m’a interrogé avant de m’emmener à la maison de mon oncle, qui a été fouillée. Puis j’ai été emmené vers la maison d’un voisin, qui a été fouillée, et ensuite, j’ai été emmené au centre de détention de Huwwara.
J’ai été fouillé à nu, au centre de Huwwara. Un soldat a voulu m’enlever la bande qui couvrait mes yeux, avec un rasoir, il m’a blessé. Le sang coulait également de mes mains, mais ils ne m’ont rien donné pour arrêter l’écoulement du sang.
Je suis resté des heures à Huwwara, avant d’être transféré à Petah Tikva. Là ils m’ont encore fouillé à nu, avant d’être transféré à la pièce des interrogatoires. J’ai passé plusieurs heures, le premier jour, jusqu’à une heure du matin. L’un des instructeurs m’a mis l’appareil de détecteur de mensonges, et comme il paraissait négatif, il m’a menacé d’avoir un interrogatoire « militaire ». Le second jour, j’ai été transféré à Moskobiyya.
Il y avait trois instructeurs, ils ont serré les liens autour de mes mains, ils m’ont posé sur une chaise, mais le dos de la chaise était de côté, mon dos était libre, les mains et les pieds attachés, chaque pied attaché à un pied de la chaise, qui était fixée au sol. L’instructeur faisait pression sur ma poitrine, faisait revenir mon dos à l’arrière, et ma tête frappait sur le sol, vers l’arrière. Cette position a duré de longues heures. Il a ajouté que les instructeurs ont utilisé également la situation accroupie, l’obligeant à se mettre plié sur ses genoux, sans qu’ils ne touchent à terre. Cette position lui causait des douleurs atroces.
Le prisonnier a été ramené à Petah Tikva, où il est depuis son interrogatoire. Il a passé deux heures dans la pièce des interrogatoires, les pieds et les mains liées à ne chaise, puis a été emmené vers une salle plus vaste, où il a été torturé comme dans la prison de Moskobiyya, mais plus durement encore, en lui faisant tirer les bras et les jambes de telle sorte qu’il ressente comme des déchirements.
Il a été menacé par l’arrestation des membres de sa famille et de la destruction de sa maison.

- Jamil Haytham Fuqha, de Nablus, âgé de 22 ans, arrêté depuis le 10 juillet 2006. Blessé avant d’être arrêté, il a fait le témoignage suivant :
le 10 juillet 2006, j’étais rentré tard chez moi, et vers sept heures du matin, les forces spéciales et l’armée sioniste ont encerclé la maison. Ils ont commencé à m’appeler par haut-parleur, me demandant de me rendre, sinon elles feraient exploser l’immeuble. Je me suis rendu. J’ai été tput de suite interrogé par les forces spéciales, puis par l’armée. Un dénommé Shaker, officier de l’armée, m’a dit que j’étais recherché, vif ou mort, par lui. Lorsque je me suis rendu, ils m’ont déshabillé, me gardant en vêtements intérieurs, ils m’ont attaché les mains, avec des liens en plastique, très douloureux.
Après les premiers interrogatoires, sur le terrain, ils m’ont emmené dans une jeep militaire, m’ont bandé les yeux. Le chauffeur roulait très vite, et je tombais d’un côté et de l’autre de la voiture, ma tête cognait sur la portière. J’ai demandé à rouler moins vite, alors l’un des soldats m’a dit : « si tu dis encore un mot, je t’attache à l’arrière de la voiture et nous te tirons ».
Nous sommes ensuite arrivés à un lieu, je ne sais pas où, ils m’ont posé par terre, et ensuite, j’ai eu droit à une auscultation médiclae, puis des soldats et soldates sont venus, ils étaient jeunes, et ont pris des photos, me raillant et plaisantant, ils m’amenaient des photos de femmes nues, les posant sur ma poitrine, et me prenaient en photo dans ces positions, avec leurs téléphones portables. Ensuite, ils m’ont attaché sous un arbre, à une chaise, me laissant près de deux heures les mains attachées à l’arrière.
Puis j’ai été transféré à Huwwara, où j’ai passé trois jours. Toutes les nuits, j’étais réveillé par une fouille de la cellule, où les soldats enlevaient tout, de fond en comble. Ils ont trempé les matelas, de trois centimètres d’épaisseur. Toute personne qui protestait était punie. Dans la cellule, les prisonniers étaient nombreux, et tous les prisonniers ont été fouillés à nu.
Ensuite, il a été transféré à Petah Tikva, où il se trouve toujours détenu. Il a été menacé d’interrogatoire « militaire ». Trois instructeurs m’ont interrogé, j’étais attaché à une chaise, fixée au sol. L’un des instructeurs m’a pris par les cheveux, pendant que l’autre criait et insultait, et donnait des coups de pieds. Lorsque je me suis mis en colère, j’ai commencé à crier et à les repousser, ils se sont jetés sur moi, me cognant sur tout le corps, sauvagement.
Les interrogatoires à Petah Tikva se sont poursuivis plusieurs jours de suite, de 9 h du matin jusqu’à des heures avancées dans la nuit.
C’est uniquement vingt jours après son arrestation qu’il a pu rencontrer un avocat et 14 jours après qu’il a réussi à prendre sa première douche.

Traduction : Palestine en marche