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Le vent du boulet n’est pas passé loin ! Vigilance nécéssaire et vitale.

Marginaux

Source Al Faraby - Aloufok

vendredi 18 août 2006

Certes l’histoire est un éternel recommencement et les « récupérateurs », ces vautours toujours à l’affût, étaient présents, ouvertement et stupidement ; ils avaient simplement oublié, perchés sur leur nuage stratosphérique et doré, que le peuple n’est plus dupe, que leur présence « in fine » était, elle aussi, prévue et qu’ils étaient attendus avec tous les honneurs qu’ils n’attendaient pas.

Désormais, tapis dans l’ombre, ils restent dangereux mais, démasqués, dûment identifiés, ils ne sont plus que le pâle reflet d’une société politique qui a fait son temps.
M.F.

par Joseph Smaha
www.arabs48.com

Des jours inquiétants furent ceux qui ont accompagné la parution de la résolution 1701,et les suivants, ils étaient surtout inquiétants pour le Liban. A cours de ces jours, les forces marginales de la majorité gouvernante ont décidé de se vêtir de kaki, et se sont comportées comme si les opérations militaires israéliennes avaient réalisé leurs objectifs, et qu’il était temps d’en cueillir les fruits politiques. Le minimum de réflexion politique et de décence les ont abandonnés, et elles ont failli lancer leurs ordres cassants aux résistants : venez au conseil des ministres pour déposer vos armes sur la table.

Les marginaux de la majorité se sont comportés avec les dirigeants du Parti (Hizbullah) comme si, ces dirigeants, sont des officiers ayant commis une traîtrise, une désobéissance ou un acte honteux : nous allons vous arrêter sur les places publiques et vous dépouiller de vos insignes, et tout ce que nous vous autoriserons est de ne pas baisser la tête. Le temps des comptes est venu, et c’est nous qui allons demander des comptes, ont proclamé les marginaux. N’est-ce pas nous qui avons déjeuné, avant Cana, avec Condoliza Rice et qui avons reçu à table, après Cana, David Walsh ? Sur cette base, nous avons le droit de convier au grand repas. Voilà, nous convions donc à ce repas, même si nous serons les seuls.

Ce furent des moments difficiles et amers. Les marginaux se sont comportés comme si les morts en Israël et les martyrs du Liban sont à leur actif. Ils ont dépassé en bêtise, à l’approche de la trêve, celle de Ihud Olmert, de ’Amir Peretz et de Dan Halutz au début de la guerre. Et au moment où les Israéliens découvraient l’ampleur de leurs erreurs, les marginaux libanais se sont présentés pour accueillir la scène, ignorant que nous ne sommes pas dans une course de remplacement, et que le dernier pion, l’armée israélienne, n’avait pas encore franchi la surface qui lui a été imposée. Si les Israéliens, par tous leurs aveux, ont mésestimé la « force et la capacité de la résistance », les marginaux libanais ont commis une erreur encore plus grossière : ils se sont montrés insensibles envers leurs concitoyens et n’ont pas réalisé, à sa juste mesure, la sensibilité du public où affluent deux courants extrêmement enflammés : l’immense perte et la saveur de la victoire...

Les marginaux de la majorité sont libanais, dans le mauvais sens du terme, ce qui signifie qu’ils pensent que l’appareil militaire israélien et le poids politique américain sont à leur service. Ils ignorent les leçons qu’ont tiré les Israéliens de leur invasion en 82, la plus importante étant de ne pas se noyer au Liban et d’éviter d’assurer un appui direct à des forces intérieures souhaitant renforcer leurs positions.

Il est clair que ces leçons s’appliquent merveilleusement à l’état de ces marginaux, qui parient sur le fait que l’histoire récompense les paresseux rien que parce qu’ils ont demandé leur adhésion au nouveau moyen orient.

L’illusion qui a pris d’assaut ces maginaux libanais leur a fait croire qu’il suffisait de quelques déclarations soutenant les objectifs de l’agression pour avoir une place parmi ceux qui la menaient, ils n’ont même pas réalisé que les gens sérieux avaient leurs propres calculs, différents.

Ce furent vraiment des instants inquiétants. Mais ce qui a suivi a clarifié la situation. Il fut rapidement clair qu’un fossé séparait les résultats de la confrontation sur le terrain et la résolution 1701. Il fut aussi clair, dans ce cadre, que toute tentative de faire plier la réalité pour faire appliquer la résolution, dans une lecture américano-israélienne, est une tentative de passer du bord de l’abîme vers... l’abîme.

Dans cette situation précise, les pressions furent plus grandes pour arriver à un règlement correspondant aux données, traduisant d’une part le rapport de force sur le terrain au sud, et d’autre part, la résolution émanant du conseil de sécurité. Et la décision de déployer l’armée au sud, selon la formule admise au conseil des ministres libanais, n’est que l’expression de ce règle
ment. Cela fut précédé par la reconnaissance, par Kofi Anan et Condolizza Rice, de la capacité limitée pour faire exécuter les revendications maximales.

Nous pouvons supposer, dans ce cadre, que les Etats-Unis sont parvenus à une conclusion admettant que la poursuite effective de la pression, hors d’un cadre ordonné, conduirait à l’anarchie. Ensuite, que cette anarchie, dans les conditions actuelles, n’est pas favorable à l’alliance américano-israélienne. Ce qui fait pencher vers cette supposition, c’est la situation embrouillée israélienne qui a ouvert la voie à une nouvelle crise intérieure qui risque de s’accroître et de recomposer une nouvelle carte politique. L’"effondrement" des deux fronts, à l’avant et à l’arrière, est tel que le fait d’avancer n’est plus facile.

Il nous faut ajouter que la pression des « cauchemars » irakiens sur l’administration de George Bush conduit à maintenir l’homme dans une popularité zéro, à la fatigue du public américain et à la défaite des démocrates de la guerre.

Les calculs nouveaux conduisent à une possibilité de règlement, en tant qu’occasion pour prendre du repos. Lorsque les forces sérieuses se dirigent vers cette formule, et c’est alors l’attente de l’arrivée d’une force internationale selon les conditions admises au Liban, lorsque cela se produit, les voix des marginaux libanais restent élevées, se transformant en échos incapables d’empêcher les résultats du règlement.

Nous pouvons dire que les marginaux libanais disent à haute voix ce que pensent ou chuchotent d’autres. Mais la différence entre les deux comportements ne doit pas mener à une critique morale. La différence tient à des calculs politiques, à l’estimation du possible, du difficile et de l’impossible. La différence tient aussi à la qualité de la représentativité et aux responsabilités qui lui sont attachées. La différence tient, finalement, à la contrainte de tenir compte des sentiments des différents milieux.

Les sages ont fait taire les marginaux dans leur propre camp. Pas tout à fait, mais ont calfeutré leurs voix. Nous les voyons cependant sur les écrans des télés, et nous nous imaginons qu’ils poussent des cris, ils poussent effectivement des cris, mais nous les entendons à peine.

Traduit par Centre d’Information sur la Résistance en Palestine