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Source : La Nouvelle République

Yémen : une impasse diplomatique, militaire et humanitaire

Mercredi, 6 mai - 8h45 AM

mercredi 6 mai 2015

Un nœud gordien bien difficille à trancher car il est, en plus, une épée de Damoclès suspendue au dessus d’un foyer volcanique en alerte rouge tout à côté d’une mer du même nom qui, grâce à un certain canal par lequel une part importante du commerce mondial transite, relie le nord au sud et constitue, pour certains pays bordiers, une artère vitale.
Le comité de rédaction

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La situation humanitaire s’aggrave tandis que les belligérants poursuivent leurs combats, notamment dans le sud du pays. - La situation humanitaire s’aggrave tandis que les belligérants poursuivent leurs combats, notamment dans le sud du pays. - (AFP) La situation humanitaire s’aggrave tandis que les belligérants poursuivent leurs combats, notamment dans le sud du pays. - (AFP)

Malgré l’arrêt des frappes aériennes, les combats au sol entre loyalistes et rebelles se poursuivent, rendant l’intervention humanitaire impossible.

Si l’espoir d’une pause armée laissait croire, il y a une dizaine de jours, que l’intervention humanitaire était possible, sur le terrain, rien n’a changé. Les combats n’ont connu que d’épisodiques répits entre les rebelles chiites et les partisans du président en exil forcé soutenus par une campagne aérienne arabe dirigée par l’Arabie saoudite.

L’Arabie qui aurait utilisé des munitions à fragmentation fournies par les États-Unis  : l’accusation émane de l’organisation HRW (Human Rights Watch). Ces munitions qui explosent après-coup et ont fait l’objet d’un traité d’interdiction signé par 116 pays en 2008… Mais ni par les États-Unis, ni par l’Arabie saoudite, ni par le Yémen  !

"Difficultés logistiques énormes"

D’autre part, des soldats de la coalition auraient été déployés à Aden, en soutien aux combattants locaux. Mais après cinq semaines d’intervention militaire aérienne arabe, et malgré les promesses des deux camps, le programme d’assistance aux civils ne s’est toujours pas matérialisé pour cause de violences meurtrières.

Jeudi, malgré le cri d’alarme lancé par le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon sur la situation humanitaire et son exhortation à épargner les hôpitaux et à rétablir l’appro- visionnement en carburant, rien n’a changé. D’autant moins que le Conseil de sécurité, réuni à New York, n’a pas trouvé de terrain d’entente sur un projet russe de pauses humanitaires. Le conflit a fait officiellement 1.244 morts et 5.044 blessés depuis le 19 mars selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et plus de 12.000 personnes ont fui le pays, la plupart vers Djibouti et la Somalie, d’après l’Organisation internationale pour les migrations.

La pénurie d’essence a déjà contraint le Programme alimentaire mondial à stopper la distribution de vivres dans certaines régions. L’accès de plus en plus difficile aux routes reliant la capitale Sanaa (au nord) aux régions de Taëz, Aden, Dhaleh et Lahej (sud).

Dans un rapport du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le directeur de l’hôpital koweïtien de la capitale yéménite Sanaa a déploré des « difficultés logistiques énormes pour faire fonctionner l’établissement. Nous manquons de carburant. Nos ambulances ne peuvent plus transporter les malades et la moitié de notre personnel ne peut plus travailler, nos bus ayant cessé de rouler. »

La situation semble inextricable et les enjeux dépassent le seul Yémen… Depuis le 26 mars, l’Arabie saoudite sunnite dirige une coalition de neuf pays arabes qui bombardent les positions de la rébellion. Une rébellion soutenue par le rival iranien chiite et qui a réussi, en moins d’un an, prendre de larges pans du territoire, dont la capitale Sanaa.

Au sol, les partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie saoudite, résistent aux rebelles. Et la situation est très difficile à Aden, deuxième ville du pays, où les belligérants s’affrontent pour prendre ou reprendre la cité.