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Source : Info-Palestine

La fourniture d’avions militaires fait de l’Italie la complice des crimes israéliens

Mardi, 5 août 2014 - 15h14

mardi 5 août 2014

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Stephanie Westbrook

Pour sa grande honte, l’Italie apparaît déterminée à maintenir des relations proches avec les militaires israéliens. Début juillet encore, elle a offert deux avions d’entraînement à réaction M-346 à l’armée israélienne.

Sans doute plus que tout autre pays européen, l’Italie a offert un soutien concret à la dernière attaque israélienne sur Gaza. Quand les massacres ont commencé, début juillet, elle a offert deux avions d’entraînement à réaction M-346 à Hatzerim, une base aérienne dans le Néguev (*). Ces avions de guerre – les plus « avancés » de leur type, selon leurs fabricants – seront utilisés pour l’entraînement des pilotes dans des opérations simulant celles qui sont actuellement exécutées aux dépens de 1.800.000 Gazaouis.

Rome ne peut sérieusement prétendre que le calendrier fixant la livraison du 9 juillet – deux jours après le début de l’assaut contre Gaza - est pure coïncidence. Israël a entrepris des offensives contre le Liban et contre Gaza et commis d’innombrables violations des droits de l’homme rien que cette dernière décennie. Et malgré tout l’Italie a approfondi sa coopération militaire avec Israël.

Les deux avions sont les premiers d’un lot de trente avions d’entraînement M-346 achetés par Israël en 2012 à Alenia Aermacchi, une firme du Finmeccanica Group, le premier fabricant d’armes italien. Ils font partie d’un marché public « réciproque » qui favorise largement Israël. Les 28 avions restant doivent être livrés en 2016.

Malhonnêteté

Roberta Pinotti, Ministre de la Défense dans le gouvernement de Rome, a déclaré la semaine dernière que « l’Italie ne fournit pas d’armes de nature offensive à Israël ». Elle a dit également que l’Italie respecte le code de conduite de l’UE sur les exportations d’armes, lequel est juridiquement contraignant depuis 2008.

Ces deux allégations étaient malhonnêtes. Comme les M-346 sont militaires et que leur utilisateur final – Israël – occupe la terre d’un autre peuple, ils sont offensifs par définition même.

Le code de conduite de l’UE, quant à lui, interdit les ventes d’armes si les armes en question sont susceptibles de faciliter les abus en matière de droits de l’homme ou de droit international. Il existe des preuves en abondance qu’Israël se sert des armes pour violer les droits des Palestiniens et le droit international.

Filippo Bianchetti, un porte-parole pour le ’Comité Israël du Non aux M-346’, a expliqué que les avions étaient militarisés dans l’usine Alenia Aermacchi près de Turin avant leur livraison à Israël. Les avions sont « prêts pour servir dans des actions offensives comme celle de Gaza » ajoute-t-il.

L’élite italienne courtise Israël depuis un certain temps. En 2005 un gouvernement dirigé par Silvio Berlusconi signait avec Israël un accord engageant les deux parties à coopérer dans le développement de nouveaux armements, l’échange de technologies de l’armement et l’entraînement militaire.

Récemment ont été lancés des appels à rompre l’accord et à instaurer un embargo sur les armes destinées à Israël. Ainsi Giulio Marcon, membre du parlement italien, a demandé si l’objectif de la coopération était de « massacrer des civils et d’occuper la bande de Gaza ».

Des relations honteuses

Pour sa honte l’Italie apparaît déterminée à maintenir des relations proches avec les militaires israéliens. La semaine dernière, les Nation unies annonçaient qu’Israël avait tué un enfant par heure les deux jours précédents. Ce même jour (le mercredi 23 juillet) où étaient publiées les désolantes statistiques, on annonçait que la Sardaigne a l’intention d’accueillir un exercice militaire multinational en septembre prochain. L’armée de l’air israélienne – celle qui bombarde en ce moment les femmes et les enfants à Gaza – doit y participer.

Connue des touristes pour ses belles plages, la Sardaigne accueille également plus de 60 % des zones militaires italiennes, y compris trois des plus grandes d’entre elles en Europe. Quand les exercices se déroulent, les zones interdites sur terre et sur mer couvrent une superficie plus grande que celle de l’île elle-même.

Ce qui se passe dans ces zones de feu est classé secret-défense, mais une chose est sûre : de longues années de bombardements et l’usage d’armes expérimentales y ont provoqué de graves problèmes de santé publique et d’environnement. Le sol, l’air, l’eau et la chaîne alimentaire sont contaminés par les métaux lourds. Une étude menée en 2010 prouve que 65 % des éleveurs de brebis sardes dans un rayon de 2,7 km d’un site testant l’armement souffrent de leucémies ou de lymphomes. Elle montre aussi des anomalies congénitales chez les enfants et des monstruosités chez les animaux, comme la naissance d’agneaux à deux têtes. La fréquence de tels problèmes est si importante qu’ils y sont maintenant connus comme le « syndrôme de Quirra », d’après le nom d’une de ces bases militaires.

Plein feu sur le boycott

Environ 40 % de l’activité dans ces zones militaires relève de fabricants d’armes privés qui louent les installations au Ministère de la Défense italien pour tester les armes expérimentales et mettre en vitrine les systèmes d’armement à destination d’acheteurs potentiels.

Les militaires italiens n’ont aucun scrupule sur les essais d’armes contre des civils. Les médecins travaillant dans les hôpitaux de Gaza ont rendu compte de lésions inhabituelles qu’ils croient être causées par l’usage de DIME (dense inert metal explosives) et autres armes expérimentales.

Rosalba Meloni du Forum Social de Cagliari, un groupe qui s’oppose aux bases militaires en Sardaigne, dit que « deux tours de style hollywoodien pour jeux de guerre, l’une européenne et l’autre levantine » sont construites sur l’île dans l’extension de la zone de feu de Teulada. C’est une indication sans ambiguïté sur les lieux où sont prévues les guerres futures.

Une campagne nationale est organisée contre la participation israélienne aux exercices en Sardaigne. « Nous allons aussi nous concentrer sur les campagne de boycott d’Israël » dit Meloni. L’Italie a actuellement la présidence (tournante) de l’UE. Son mépris flagrant des lois européennes sur les ventes d’armes et les abus à l’encontre des droits de l’homme est un problème d’autant plus grave. Malheureusement il semble que peu de gouvernements de l’UE aient l’intention de demander des comptes à l’Italie.

L’UE a effectivement soutenu l’attaque israélienne contre Gaza en prétendant - sans la moindre preuve – qu’elle n’est qu’une réponse à des tirs de roquettes du Hamas. Il est encourageant que les campagnes anti-guerre ici soutiennent l’appel au boycott mené par les Palestiniens. Avec des institutions et des gouvernement européens trop heureux de régurgiter la propagande israélienne, il est capital que les gens ordinaires en Italie et ailleurs en Europe passent à l’action.

(*) où se trouve également l’Académie de l’Armée de l’Air.

NB : ’Le Premier Ministre italien Matteo Renzi a participé au Caire aux pourpalers sur un cessez-le-feu à Gaza, le Président Abdel Fattah al-Sisi saluant l’initiative de paix de son pays comme une "chance véritable" de stopper le bain de sang à Gaza’.

* Stephanie Westbrook est une citoyenne des Etats-Unis basée à Rome depuis 1991. Ses articles sont publiés dans Common Dreams, Counterpunch, The Electronic Intifada, In These Times et Z-Magazine. Contact : steph@webfabbrica.com.
Twitter : @stephinrome.

1er août 2014 -The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.eu -AMM