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Par Amira Hass, dans Haaretz

Le scandale du « watergate » israélien : les faits sur l’eau palestinienne

Jeudi, 20 février 2014 - 16h31

jeudi 20 février 2014

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Israël a choisi d’alimenter en eau les Palestiniens par perfusion au lieu de leur laisser le contrôle sur leurs ressources naturelles.

Rino Tzror et un intervieweur qui argumente avec ses sujets plutôt qu’il ne les flatte. Pourtant jeudi dernier, il n’a pas fait son boulot et à laissé la Ministre de la justice Tzipi Livni jeter au public de la poudre aux yeux sur tout ce qui concerne la gifle à Martin Schulz, président du Parlement européen, à propos de l’eau.

Livni était invitée dans le programme de la Radio de l’Armée comme voix raisonnable qui critiquerait le comportement du Ministre de l’économie Naftali Bennett et Co. face a Schulz (le parti Habayit Hayehudi de Bennett a quitté bruyamment la Knesset pendant un discours de Schulz quand il se permit de se demander si les Israéliens recevaient effectivement quatre fois plus d’eau que les Palestiniens). « J’ai dit [au président du parlement de l’UE], vous avez tort, ils vous ont trompé volontairement’ » a-t-elle dit à Tzror. « L’eau n’est pas allouée ainsi, Israël donne aux Palestiniens plus d’eau que nous le devons d’après les accords intérimaires ».

Pour Tzror, le simple mot « donne » aurait dû mettre le feu aux poudres. Mais Livni a continué de l’amollir de son ton érudit, avec ses grognements contre la position palestinienne sur l’eau désalinisée et sur le Comité mixte de l’eau.

Alors voici les faits :

Israël ne donne pas d’eau aux Palestiniens. Il leur vend l’eau à plein tarif.

* Les Palestiniens n’auraient pas été forcés d’acheter l’eau à Israël s’il n’était pas une puissance occupante qui contrôle leurs ressources naturelles et s’il n’y avait pas les accords d’Oslo II qui limitent le volume d’eau qu’ils peuvent produire ainsi que le développement et la maintenance de leur infrastructure en eau.

* Cet accord intérimaire de 1995 était supposé conduire un accord permanent après cinq ans. Les négociateurs palestiniens ont eu l’illusion qu’ils obtiendraient la souveraineté et ainsi le contrôle total sur leurs ressources en eau.

Les Palestiniens constituaient la partie faible, désespérée, facilement tentée et négligente quand on en venait au détails. Par conséquent, dans cet accord Israël a imposé une division scandaleusement inégale, humiliante et exaspérante des ressources en eau de la Cisjordanie.

* La division est basée sur le volume des eaux que les Palestiniens produisaient et consommaient à la veille de l’accord. Les Palestiniens se firent allouer 118 millions de mètres cubes (Mm3) par an des trois aquifères, par les puits forés et agricoles, les sources et les précipitations. Notez bien, Rino Tzror : le même accord allouait à Israël 483 Mm3 annuels des mêmes ressources (et il a aussi dépassé cette limite certaines années).

En d’autres termes, quelques 20 % vont aux Palestiniens vivant en Cisjordanie et quelque 80 % vont aux Israéliens - des deux côtés de la ligne verte - qui bénéficient aussi des ressources du reste du pays.

Pourquoi les Palestiniens devraient-ils accepter de payer pour de l’eau désalinisée d’Israël qui leur vole constamment l’eau coulant sous leurs pieds ?

* Le deuxième scandale majeur de désaccord : l’économie/gestion de l’eau à Gaza a été condamnée à l’autosuffisance et rendue dépendante de l’aquifère dans ses frontières. Comment illustrer l’injustice ? Supposons que les habitants du Néguev doivent survivre avec les aquifères de la région Beersheva-Arad sans la Canalisation nationale israélienne et sans qu’on tienne compte de la croissance de la population. Le pompage excessif à Gaza, qui conduit à l’entrée d’eau de mer et d’eaux usées dans l’aquifère, a rendu 90 % de l’eau non potable.

Pouvez vous imaginer ? Si les Israéliens avaient la paix et la justice en tête, les accords d’Oslo auraient développé une infrastructure des eaux liant la bande de Gaza au reste du pays.

* D’après l’accord, Israël continuera de vendre 27,9 Mm3 d’eau annuellement aux Palestiniens. Dans sa générosité colonialiste, Israël accepta de reconnaître 80 Mm3 annuels de besoins additionnels des Palestiniens dans le futur . Tout ceci est détaillé dans l’accord avec la méticulosité avaricieuse d’un magnat capitaliste. Israël en vendra une partie, et les Palestiniens foreront pour le reste, mais pas dans l’aquifère occidental de Cisjordanie. C’est interdit.

Mais aujourd’hui les Palestiniens ne produisent que 87 Mm3 en Cisjordanie, 21 Mm3 de moins qu’autorisé par Oslo. La sécheresse, les limitations israéliennes de développement et de creusement de nouveaux puits et les limites sur les déplacements en sont les raisons principales. La mauvaise gestion palestinienne est secondaire. Aussi, Israël « donne » - ou plutôt vend - environ 60 Mm3 par an. Exact. C’est plus que les accords d’Oslo II lui donnaient le droit de vendre. Et la conclusion dévastatrice : la dépendance palestinienne de l’occupant n’a fait qu’augmenter.

* Israël conserve le droit du plus fort de limiter les initiatives de développement d’infrastructures et de remise en état. Par exemple Israël a imposé à l’Autorité palestinienne des tuyaux plus étroits que ceux demandés, interdit la connexion de communautés de la zone C à l’infrastructure des eaux et retarde les autorisations de forage et le remplacement des tuyaux endommagés. D’où les 30 % d’eau perdue dans le réseau palestinien.

* 113 000 Palestiniens ne sont pas connectés au réseau d’eau. Des centaines de milliers d’autres sont privées d’une fourniture régulière pendant l’été. Dans la zone C, Israël interdit même le creusement de citernes pour récolter l’eau de pluie. Et on appelle ça donner ?

* Au lieu de passer du temps à calculer si la consommation d’eau des foyers israéliens est quatre fois ou « seulement » trois fois celle des Palestiniens per capita, ouvrez les yeux : les colonies baignant dans la verdure, et de l’autre côté de la route les quartiers urbains palestiniens et les villages soumis à une politique d’eau intermittente. Les gros tuyaux de Mekorot (la compagnie nationale des eaux d’Israël) menant aux colonies de la vallée du Jourdain et à côté d’eux, un tracteur palestinien qui amène de loin une citerne rouillée remplie d’eau. En été, les robinets sont à sec à Hébron et ne cessent jamais de couler à Kiryat Arba et à Beit Hadassah.

Tout ceci est-il « intentionnellement trompeur » ?

Source : http://www.haaretz.com/news/middle-...