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Tout se tient : l’hypocrisie, l’arrogance et l’incompétence (ndlr)

L’incroyable hypocrisie de Cecilia Malmström sur Lampedusa

Lundi, 6 janvier 2014 - 6h39 AM

lundi 6 janvier 2014

Ceci se passe à l’intérieur du Bassin méditerrranéen, notre terrain privilégié d’intervention informative ; c’est la raison pour laquelle nous reproduisons sur ce site cet article d’Olivier Ravanello qui fustige fort justement les déclarations irresponsables d’une commissaire européenne suédoise donneuse de leçons et type même du légendaire égoïsme anglo-saxon assorti d’une morgue indécente au point qu’elle en devient ridicule mais cependant porteuse d’effets potentiellement dévastateurs.

Le Comité de rédaction

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Cecilia Malmstroem, Commissaire européenne aux Affaires intérieures

Ah elle a beau jeu Cecilia Malmström de donner des leçons. C’est vrai que c’est un peu une seconde nature pour ces pays du nord de l’Europe, plein de grands principes, toujours prêts à donner des leçons mais rarement à s’impliquer dans les dossiers difficiles. Elle demande des comptes à l’Italie qu’elle menace de sanctions après la diffusion de la vidéo de la honte sur Lampedusa. Évidemment. Vu de loin c’est facile.

Vu de loin on ne voit pas que Lampedusa doit faire face chaque semaine à l’arrivée de bateaux chargés de personnes démunies de tout. 20 000 à 30 000 par an. 200 000 depuis 10 ans. 10 ans que cette île de 6 000 habitants fait face comme elle le peut. Le bâtiment dédié à l’accueil est censé assurer un transit de 78 heures, le temps d’effectuer les formalités administratives. Mais vu l’embouteillage, les migrants restent et le bâtiment est devenu un centre d’accueil qui déborde.

Vu de loin Cecilia Malmström doit savoir que les structures d’accueil sont gérées par des associations. Des hommes et des femmes qui ont fait le choix de travailler à aider ceux qui n’ont rien. Ce ne sont pas des matons de prison, ni des policiers. Ce n’est pas l’État qui gère ces structures. De loin, Cecilia Malmström n’a pas voulu entendre le responsable de ce centre expliquer que le jour de cette vidéo, un nouveau bateau de plus de 100 personnes venait d’arriver. Que des cas de gale s’étaient révélés.

Le centre était plein comme un œuf, et il n’y a pas de bâtiment annexe vide pour les mettre à l’écart et éviter une épidémie. Il fallait donc parler au plus vite. Traiter en urgence avec des jets, enlever les vêtements porteurs de germes et trouver au débotté des habits de rechange. Tout ça sans avoir le temps ni la possibilité, à cause de la barrière de la langue, d’expliquer à ces gens pourquoi on leur inflige un traitement aussi expéditif. Ajoutez à cela l’exaspération de se sentir seul, abandonné des pouvoirs publics, et vous avez en effet des comportements déplorables.

Car Lampedusa et l’Italie sont laissées seules depuis 10 ans pour gérer ce drame humain. L’Europe s’en moque. Les pays du nord, comme la Suède de Madame Malmström, considèrent que Lampedusa est la frontière sud de l’Italie, pas la frontière sud de l’Europe. C’est l’Europe à la carte, quand elle arrange. Il faut leur arracher les financements et impossible d’avoir leur accord pour changer une directive absurde qui fait que si un migrant arrive en Italie, et bien c’est à l’Italie de gérer le problème. Idem pour la Grèce ou l’Espagne. C’est vrai qu’on immigre peu par la mer du nord...

Alors que Cecilia Malmström aille plutôt demander des comptes au gouvernement suédois, qui fait comme si tout cela ne le concernait pas, avant de demander des sanctions contre Rome. Et que Bruxelles torde le bras de Hollandais, des Polonais, des Allemands et des Belges pour qu’ils comprennent que l’Europe, c’est d’abord affaire de solidarité plutôt que d’envoyer Barroso verser des larmes de crocodiles quand un bateau coule. Parce que quand un bateau coule, les habitants de Lampedusa regardent les corps emballés dans des sacs en plastiques s’aligner devant leurs fenêtres. Et quand ils sont sauvés, ils viennent aider les secours débordés. Chaque semaine. Depuis 10 ans.