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Par Jean-Claude Lefort, président d’honneur de l’AFPS

« Pour Frédéric Encel nous méritons l’asile psychiatrique ! »

Samedi, 28 septembre 2013 - 10h04 AM

samedi 28 septembre 2013

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Il court de plateau de télé en plateau de télé. On le voit partout, ou presque. Sa parole est même choisie et sou­haitée dans cer­tains minis­tères. Dès qu’un événement sur­vient au niveau inter­na­tional, on fait appel à lui. On le pré­sente comme spé­cia­liste en géo­po­li­tique et en rela­tions inter­na­tio­nales. Et il com­mente les événe­ments avec un talent égal à sa mécon­nais­sance inson­dable du monde actuel. Plus exac­tement en fonction du seul prisme poli­tique par­tisan par lequel il regarde toute chose. Il n’a qu’une boussole : la poli­tique des diri­geants israé­liens qu’il défend bec et ongles. A ses yeux, et il n’en fait d’ailleurs pas mystère même s’il se cache parfois, « tout ce qui est bon pour Israël est bon pour la planète ». C’est son message unique.

Sa marque de fabrique. Une pensée « Made in Israël »

Cela devient vraiment obscène et très dan­gereux. L’opinion publique pour être éclairée mérite tout autre chose que de la pure et simple pro­pa­gande. Combien de temps encore cela va-​​t-​​il durer cette insup­por­table indé­cence intel­lec­tuelle et morale ? Une coque­luche… c’est est aussi une maladie contagieuse.

Je parle natu­rel­lement de Fré­déric Encel, le type même de l’« intel­lectuel faus­saire » comme le démontre Pascal Boniface dans son livre sur le sujet. F. Encel est un ancien membre du Betar, ce mou­vement sio­niste extré­miste qui milite pour un État juif sur les deux rives du Jourdain.

Il vient de sortir un nouveau livre [1] qu’on pré­sente à l’image, en inséré, à chacune de ses appa­ri­tions média­tiques. Il n’y a pas de petits béné­fices, n’est-ce pas… Le journal « Le Monde », sous la plume d’un dénommé Gaîdz Minassian, lui a consacré ce qu’on appelle com­mu­nément une cri­tique. En l’espèce ce papier constitue une variété d’hagiographie qui aboutit à ce que le sérieux du cri­tique et la cré­di­bilité du livre en soient atteints. Cela restera une feuille morte. Il est vrai que c’est l’époque…

Et dans ce livre, théo­ri­quement censé éclairer ou informer le lecteur de manière rigou­reuse, que peut-​​on lire sur le Proche-​​Orient qui mobilise toute notre attention et notre action ?

F. Encel explique savamment, cela va sans dire, que le « conflit israélo-​​palestinien » ce n’est rien. Un petit bobo sur la planète, un petit bobo qui dure certes mais sans grandes consé­quences, voire sans aucune consé­quence, dans et pour le monde. Certes, écrit-​​il « gen­timent » pour les Pales­ti­niens, « La cause pales­ti­nienne fut et reste lar­gement ins­tru­men­ta­lisée par des dic­ta­tures natio­na­listes aux abois et des ter­ro­ristes isla­mistes » (rien de moins que : détes­table) mais pour lui ce n’est qu’un « Conflit ni plus ori­ginal, com­plexe ou dan­gereux qu’un autre au regard de l’histoire et de la géo­graphie actuelle des rela­tions inter­na­tio­nales. » Un conflit tout à fait banal, en somme. Et sans risque d’élargissement régional ou mondial. Car, œil de lynx qu’il prétend être, la rivalité entre les deux parties « n’a jamais débordé son propre cadre spatial (fort réduit) ni dégénéré en guerre régionale » (sic). En somme, cir­culez, il n’y a rien à voir ni à s’inquiéter…

Pour un « spé­cia­liste de « géo­po­li­tique » moi je dis que c’est un vrai spé­cia­liste de l’irresponsabilité.

Une seule chose semble le hanter, à voir ce qu’il écrit men­son­gè­rement, c’est « l’importation du conflit dans les villes d’Europe ».

Il faut citer, pour pénible que cela soit, l’intégralité du dis­cours de F. Encel à ce sujet. Alors, tenez-​​vous bien, je cite : « Menée par des mili­tants d’extrême gauche ou isla­mistes, la stig­ma­ti­sation hai­neuse et parfois délic­tueuse d’Israël (ainsi de cer­taines cam­pagnes de boycott à l’égard de pro­duits israé­liens) et de ses pré­tendus « sou­tiens » (juifs ?) est une manœuvre irres­pon­sable qui accroît la ten­tation com­mu­nau­ta­riste et aggrave l’antisémitisme dans cer­taines ban­lieues défa­vo­risées, tout cela sans que la cause pales­ti­nienne qu’ils pré­tendent défendre en tire le moindre bénéfice. »

Ce serait manquer de respect pour nous et s’abaisser que de réfuter pareils propos. Car il continue de plus belle, si on peut dire. Je cite tou­jours : « On recom­mandera à cer­tains obsédés du conflit de consulter les mânes de la psychanalyse ».

Obsédés… Fous… Voilà ce que nous sommes à ses yeux « com­pé­tents » tandis que notre combat ras­semble des hommes et des femmes de toutes les sen­si­bi­lités poli­tiques, à l’exception de l’extrême droite. Car le combat pour l’application du droit inter­na­tional – concept qu’il ne cite jamais, et pour cause – n’est ni de droite ni de gauche. On est « pour » ou « contre » le droit, c’est tout autre chose. Il n’en dit rien ! On ne s’abaissera donc pas, pour ce qui nous concerne, à flétrir notre dignité en polé­mi­quant avec lui. Mais là où le bât blesse se résume dans une seule question : comment peut-​​on inviter de manière répétée un tel per­sonnage sur les pla­teaux télés ou ailleurs, non pas du fait de son enga­gement par­tisan patenté qu’il a le droit d’avoir mais au titre d’une com­pé­tence sup­posée car auto­pro­clamée par lui seul ? Qu’on l’invite comme militant sio­niste patenté, c’est accep­table si cela est iden­ti­fiable, mais l’inviter comme un expert « objectif et qua­lifié » en géo­po­li­tique il y a une vraie « trom­perie à l’origine » sur la « marchandise ».

D’autant que pour nous, mili­tants de la paix sur la base du droit, à l’inverse de lui, c’est « le bâillon pour la bouche et pour la main le clou. » Cela ne marche pas ni ne passera.

Chacun, à com­mencer par Fré­déric Encel, doit l’admettre et en tirer les justes conclu­sions : Betar un jour, Betar toujours !

Jean-​​Claude Lefort

[1] « De quelques idées reçues sur le monde contem­porain » Précis de géo­po­li­tique à l’usage de tous. Edi­tions « Autrement »