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Frontalier de l’Egypte et de l’Ethiopie + part majeure de la côte occidentale de la Mer-Rouge (ndlr)

Soudan : les manifestations prennent de l’ampleur

Jeudi, 26 septembre 2013 - 11h19 AM

jeudi 26 septembre 2013

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Les manifestations anti-gouvernementales ont gagné en ampleur mercredi au Soudan, paralysant la capitale et tournant à l’émeute dans certains quartiers, au troisième jour d’un mouvement de contestation qui a déjà fait trois morts.

Ces protestations, provoquées par la décision lundi du gouvernement de lever les subventions sur les prix des carburants, sont les plus importantes dans ce pays depuis l’arrivée au pouvoir du général Omar el-Béchir en 1989.

Des manifestations, à caractère spontané selon des militants, ont éclaté mercredi dans plusieurs quartiers de Khartoum, dont certains proches du centre, selon le correspondant de l’AFP.

« Liberté, liberté », « le peuple veut la chute du régime », scandaient les manifestants, dont beaucoup d’étudiants, reprenant le slogan phare du « printemps arabe ».

Ils ont lancé des pierres sur la police, qui a répliqué en tirant des grenades lacrymogènes.

Les magasins étaient fermés à Khartoum et sa ville jumelle, Oumdurman.

Plusieurs routes étaient coupées, les manifestants ayant mis le feu à des pneus usagés ou des branches d’arbres, et une épaisse fumée noire se dégageait de plusieurs quartiers de la capitale.

Des manifestants ont mis le feu à plusieurs voitures sur le parking d’un grand hôtel situé à 500 mètres de l’aéroport de Khartoum et à une station-service sur cette même route, selon le correspondant de l’AFP.
Les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les manifestants à coups de grenades lacrymogènes et une vingtaine de personnes ont été arrêtées.

Dans le quartier de Khartoum Bahri, un témoin a affirmé avoir vu six voitures incendiées par les manifestants.

La police bloquait à la mi-journée une partie de l’axe routier menant à l’aéroport, et les transports publics ne fonctionnaient pas en milieu de journée.

« Je dois faire dix kilomètres à pied. C’est vrai que les manifestants défendent nos droits, mais ils nous rendent la vie plus difficile », a affirmé Ahmad Amer, un employé qui rentrait chez lui après son travail.
Face à l’extension des troubles, les autorités ont annoncé la fermeture des écoles à Khartoum jusqu’au 30 septembre.

Les connexions internet étaient en outre coupées dans la capitale, selon plusieurs utilisateurs, mais il n’était pas possible de déterminer s’il s’agissait d’une panne ou d’une coupure délibérée de la part des autorités.

Des appels à manifester contre le gouvernement avaient circulé sur les réseaux sociaux.

Un étudiant qui participait aux manifestations à Oumdurman, Omar Mohammed Ahmed Al-Khidr, a été tué mercredi, a affirmé sa famille à l’AFP.

Et la police a fait état d’un mort dans la capitale, tué selon elle lors d’une tentative de pillage.

Mardi, des manifestants avaient pillé et incendié le siège du Parti du congrès national, au pouvoir, à Oumdurman, selon des témoins.
Les manifestations qui y avaient éclaté mardi, ainsi qu’à Khartoum, se sont prolongées jusqu’à l’aube.

Les protestations ont fait tache d’huile dans le pays, et des centaines de personnes, dont des étudiants, ont marché mercredi à Port-Soudan, unique port du pays à un millier de kilomètres au nord-est de Khartoum, selon des témoins qui ont indiqué que la police a dispersé les manifestants à coups de grenades lacrymogènes et de matraques.
Quelques centaines d’étudiants ont également manifesté à Atbara, à 400 km au nord de Khartoum, selon des témoins.

Les manifestations avaient commencé lundi à Wad Madani, chef-lieu de la province d’Al-Jazira au sud-est de Khartoum, où un manifestant a été abattu par des inconnus, selon la police.

Elle a indiqué qu’un groupe de manifestants dans cette province avait tenté mardi « de prendre d’assaut les bâtiments de la télévision et de la compagnie d’électricité », et des blessés légers dans les rangs des manifestants et de la police ont été signalés.

Le mouvement de protestation a également touché la région du Darfour, dans l’ouest du pays.

Le gouvernement a annoncé lundi une forte hausse du carburant à la suite de la suspension des subventions de l’Etat, dans le cadre d’une série de réformes économiques.

En 2012, des violentes manifestations contre le régime de M. Béchir avaient déjà eu lieu après l’annonce de mesures d’austérité similaires, dont des hausses d’impôts et du prix du pétrole.

Khartoum a perdu des milliards de dollars de revenus pétroliers depuis l’indépendance il y a deux ans du Soudan du Sud, qui a récupéré près de 75% de la production de brut du Soudan d’avant la sécession.
Depuis, le Soudan est touché par une inflation galopante et connaît une grave pénurie de dollars pour financer ses importations.

Source : ASSAWRA avec les agences de presse