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Marwan Barghouti. Source : L’Humanité.fr

Libérons le Nelson Mandela palestinien d’aujourd’hui

Mercredi, 18 septembre 2013 - 7h34 AM

mercredi 18 septembre 2013

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Il est devenu une personnalité qui symbolise la Palestine comme Nelson Mandela symbolisait 
la lutte contre l’apartheid. Du village du monde à la grande scène, une campagne internationale pour 
la libération de Marwan Barghouti a été lancée 
par son épouse Fadwa 
et le directeur de l’Humanité.

Il s’est passé à la Fête, cette année, un événement considérable que les médias ont passé sous silence  : le lancement d’une campagne internationale pour la libération de tous les prisonniers palestiniens, à commencer par Marwan Barghouti, élu député par le peuple palestinien en 1996 et, malgré cela, kidnappé par l’armée israélienne en 2002 et détenu depuis lors en Israël, en violation du droit et de la simple justice.

Cette campagne, qu’il veut «  au moins égale à celle que nous avons menée pour la libération de Nelson Mandela, symbole de la lutte du peuple sud-africain contre l’apartheid  », c’est le directeur de l’Humanité, Patrick Le Hyaric, et Fadwa Barghouti, épouse et avocate de Marwan, qui l’ont lancée côte à côte, vendredi soir, au village du monde, devant le portrait emblématique du dirigeant palestinien, levant le poing de la résistance lors de son procès, en 2004.

Fadwa était invitée d’honneur de cette Fête qu’elle fréquente depuis des années – «  Je viens, dit-elle, y puiser de la force.  » Pour elle, séparée de son mari depuis plus de dix ans par les barreaux des prisons, «  la libération de Marwan n’est pas celle d’un individu mais du symbole qu’il est devenu. La question de la libération de tous les prisonniers est politique, car ce sont tous des militants pour la liberté de leur peuple  ».

Elle est si importante, cette douloureuse question qui touche la plupart des familles de Palestine occupée, qu’il existe, dans le gouvernement palestinien, un ministre chargé des Prisonniers. Issa Qaraj, présent aussi (1) lors du débat qu’animait Lina Sankari, énumère les questions que le monde devrait poser à Israël à ce propos  : «  Comment est-il possible que Marwan, élu du peuple palestinien, ait passé tout ce temps en prison  ? Que sur la cinquantaine de députés qui ont été arrêtés, 13 y soient encore  ? Comment peut-on tolérer qu’Israël arrête et juge des enfants, parfois dès l’âge de dix ans  ? Que les morts en prison soient monnaie courante  : il y en a déjà eu quatre cette année, un, sous la torture, et trois, faute de soins. Que l’on ne rende les corps de ces martyrs à leurs familles qu’à la fin de la peine qu’ils devaient faire  ? J’en appelle à une intensification des pressions pour mettre fin aux violations des droits élémentaires de près de 5 000 prisonniers.  »

Car, alors qu’on reparle de négociations de paix, les arrestations, comme la colonisation, continuent. Ce que le député européen qu’est aussi Patrick Le  Hyaric juge aussi «  intolérable  » que l’arrestation des parlementaires palestiniens. «  Comment se fait-il que les États-Unis, les gouvernements de l’Europe, le nôtre ne se révoltent pas contre cela  ? Nous allons faire une campagne internationale, comme celle que nous avons menée pour Mandela, jusqu’au boycott des produits d’Afrique du Sud. Il faut continuer la campagne lancée en Europe pour ne plus utiliser les produits des colonies. Le droit est de notre côté. Un comité international pour la libération de Marwan Barghouti est en cours de constitution avec des juristes, des avocats, des élus. En France, des élus communistes l’ont déjà fait citoyen d’honneur de leur ville.  »

Un mouvement qu’encourage vivement Fernand Tuil, coprésident de l’Association de jumelage des villes françaises avec les camps de réfugiés palestiniens. «  Tous les camps de réfugiés, dit-il, sont aussi des camps de prisonniers. Nous devons être leur parole, car ils en sont privés.  »

Et de mettre l’accent sur le sort terrible fait aux réfugiés palestiniens de Syrie, forcés de fuir encore ailleurs et qui «  s’entassent dans des conditions inhumaines dans les camps du Liban  ».

L’ambassadeur de Palestine en France, Hael Al Fahoum, soulignait l’importance politique de la question des prisonniers au moment où les négociations israélo-palestiniennes reprennent cahin-caha, sous la pression des États-Unis. «  C’est, dit-il, le cœur même des pourparlers. La libération de notre frère Marwan est une solution, et pas un problème comme le prétend Israël, car il est un homme de paix et non un homme de guerre. Israël refuse d’entendre cela, car ses dirigeants sont dans une stratégie de négation de l’identité palestinienne. Grâce à votre soutien, nous pouvons y faire échec.  » Il ajoute, à propos de la situation dans la région  : «  On est en train de vivre la balkanisation du monde arabe qui est le résultat du poison de cette politique israélienne. La société israélienne elle-même risque d’être victime de la mafia politico-sécuritaire qui est à sa tête.  »

Tous les intervenants insistent  : il ne peut y avoir de paix sans la libération des prisonniers. De tous les prisonniers, qui sont plus de 5 000, dont 13 parlementaires, 12 femmes et 193 enfants, selon la brochure du secteur international du PCF distribuée à la Fête (2).

C’est ce message que Fadwa et les anciens prisonniers ont porté. Ahmed Kathrada, compagnon de Marwan, mais aussi Salah Hamouri, qui n’a pas oublié la campagne menée par l’Humanité pour sa libération. C’est pour mieux se battre, nous confiait-il, qu’il poursuit à Jérusalem des études de droit. Tous ont pérégriné dans une Fête où Marwan était partout présent, invité des villes qui l’ont adopté ou ont donné son nom à une rue – exemple à suivre  ! Jusqu’à la grande scène où le groupe Al Manara, du nom de la place centrale de Ramallah, lieu de toutes les résistances, donna en musique son interprétation de ce grand moment de solidarité universelle.

(1) Le ministre de la Culture, Anouar Abou Aisheh, 
était aussi présent.

(2) Réalisée par Nathalie L’Hopitault 
et Patrick Margaté. Contact  : international@pcf.fr.