Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Syrie : Non aux frappes annoncées !

Source CPJPO - Luxembourg

Syrie : Non aux frappes annoncées !

Lundi, 9 septembre 2013 - 7h21 AM

lundi 9 septembre 2013

============================================

<

Non à la guerre permanente, oui à un monde fondé sur la charte des Nations Unies !

Une fois encore, des gouvernements occidentaux menacent de frappes militaires un Etat souverain, la Syrie, tentant d’entraîner leurs alliés dans la logique de guerre, sans même attendre les résultats de l’enquête des Nations Unies sur l’utilisation d’armes chimiques. Les motifs d’une intervention restent hypothétiques et les objectifs affichés paraissent peu logiques. Surtout, en l’absence d’une résolution du conseil de sécurité, des bombardements sur la Syrie seraient une atteinte grave à la charte des Nations et aux règles de coexistence que les Etats se sont données. En s’affranchissant ainsi du droit international et en cumulant les interventions militaires unilatérales, le plus souvent au Moyen-Orient, ces gendarmes autoproclamés de la planète provoquent une banalisation de la guerre, s’arrogeant en passant le droit d’imposer leurs intérêts économiques et géostratégiques par la pure force.

L’emploi de gaz chimiques, quels qu’en soient les responsables, est un crime horrible, comme d’ailleurs le commerce et l’usage de toutes les armes de guerre. Mais nos seigneurs de la guerre font preuve, comme si souvent, de « deux-poids, deux-mesures ». Faut-il rappeler la guerre chimique menée par les Etats-Unis au Vietnam, l’emploi massif de gaz chimique par l’armée irakienne – soutenue alors par l’Occident - contre l’Iran, le phosphore blanc déversé par Israël sur les zones urbaines de la bande de Gaza ou les bombes à sous-munition sur le Liban du Sud, l’utilisation d’armes à uranium « appauvri » par l’armée US à Falloujah et ailleurs, engendrant des épidémies de cancers et de leucémies… ?

Evidemment que la Syrie de Bachar al-Assad est un régime brutal et peu démocratique, comme il en existe beaucoup dans le monde. Evidemment que les aspirations vers plus de dignité et de justice sociale d’une partie de la population méritent d’être soutenues, surtout qu’aux débuts elles se sont manifestées sans violence. Mais comment réagirait un gouvernement occidental, confronté à une rébellion armée sur son territoire, financée et armée par l’étranger et gonflée par des combattants étrangers sectaires ? Et que dire d’un régime saoudien, allié de l’Occident, le moins démocratique qu’on puisse imaginer, qui finance la rébellion armée ? Si demain Bachar Al-Assad prenait ses distances vis-à-vis de la Russie et de l’Iran et ouvrait son territoire à une base militaire états-unienne, il passerait pour un chef d’Etat modéré.

Nombreux sont les médias occidentaux se plaisant à opposer Bachar al-Assad et le peuple syrien. Or, dans la situation actuelle, la population syrienne, mosaïque d’ethnies et de religions, soutient majoritairement le président élu, ne fut-ce que par peur de l’agenda extrémiste d’une bonne partie de la rébellion armée. Ce que ces mêmes médias appellent "communauté internationale" prête à « punir » la Syrie, se réduit essentiellement à deux pays, les Etats-Unis et la France, sur un total de 197 au monde.

A travers la Syrie, on vise l’Iran, qui pourrait être la prochaine cible d’une frappe. Pendant ce temps, Israël, puissance nucléaire et facteur d’instabilité dans la région, peut continuer tranquillement à avaler la terre palestinienne morceau par morceau et à expérimenter ses nouvelles armes sur une population sans défense. On se plaint que l’ONU soit aujourd’hui paralysée sur la question syrienne en raison notamment de l’opposition de la Russie. Mais on oublie la paralysie de l’ONU sur le dossier palestinien, qui dure depuis soixante ans, du fait du veto américain.

Il y a 10 ans la France avait eu la sagesse de refuser son ralliement à la « croisade » de W Bush contre l’Irak, autre guerre illégale dont nous pouvons observer quotidiennement encore les horribles suites. F. Hollande aujourd’hui fait preuve de suivisme atlantiste, mettant ses collègues européens devant des faits accomplis, sans laisser le temps à l’UE de trouver une position commune face au drame syrien.

L’opinion publique occidentale est fatiguée de la stratégie de guerre permanente et il faut saluer le refus des parlementaires britanniques. Il n’y a pas de solution militaire pour la Syrie. Seuls un dialogue et un accord politique peuvent mener à la fin du conflit. La diplomatie européenne doit s’activer pour faciliter la conférence Genève II et mettre autour d’une table tous les acteurs, Iran inclus – un Etat dont les intérêts légitimes en matière de souveraineté, de sécurité et d’économie doivent aussi être pris en compte-. De nouveaux bombardements sur la Syrie, suite aux frappes israéliennes, ne feraient que renforcer la guerre civile et aggraver les souffrances de la population, causant davantage de victimes et de réfugiés. La Syrie n’a pas besoin de nouvelles bombes financés par les contribuables occidentaux, mais d’aide médicale et humanitaire pour tous ses citoyens, et avant tout pour les millions de réfugiés !

Conseil d’administration du CPJPO