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Egypte : « les » pouvoirs en ont assez de l’ingérence étrangère et le font savoir (ndlr)

Echec de la médiation internationale au Caire

Jeudi, 8 août 2013 - 7h02 AM

jeudi 8 août 2013

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Nouvel Observateur Monde

par Michael Georgy et Maggie Fick

LE CAIRE (Reuters) - Le pouvoir égyptien mis en place par l’armée a proclamé mercredi l’échec de la médiation internationale tentée pour trouver une issue pacifique à la crise en Egypte et a prévenu les Frères musulmans qu’ils seraient tenus responsables des conséquences de cet échec.

Les Etats-Unis et l’Union européenne ont réagi de façon commune à l’échec de leur médiation, à laquelle ont aussi participé le Qatar et les Emirats arabes unis, en regrettant que « le gouvernement et les dirigeants de l’opposition ne soient pas encore parvenus à trouver une issue pour sortir d’une impasse dangereuse ».

« Cela reste une situation très fragile », ont écrit dans un communiqué commun John Kerry, secrétaire d’Etat américain, et Catherine Ashton, porte-parole de la diplomatie de l’UE.

Dans un message prononcé à l’occasion de la fête de l’Aïd el Fitr, qui marque la fin du ramadan, le président par intérim Adli Mansour, a reconnu que l’Egypte était désormais dans une situation critique.

« Le train de l’avenir est parti (...) et tous ceux qui se ne rendent pas compte de ce moment doivent assumer les responsabilité de leur décision », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre par intérim, Hazem el Beblaoui, a lui appelé dans l’après-midi les participants aux deux principaux rassemblements de soutien à Mohamed Morsi, au Caire, à quitter rapidement les lieux.

« La patience du gouvernement à supporter tout cela est pratiquement épuisée », a-t-il ajouté à la télévision.

Selon le quotidien public Al Ahram, il s’est entretenu de la poursuite de ces sit-in avec le général Abdel Fattah al Sissi, chef d’état-major des forces armées et ministre de la Défense, et le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ibrahim.

« Cela signifie qu’ils se préparent à un plus grand massacre encore », a commenté Gehad el Haddad, porte-parole des Frères musulmans. Ils devraient nous envoyer des signaux positifs, pas des balles réelles"

Parmi les émissaires internationaux, William Burns, le représentant des Etats-Unis, a quitté le pays, tandis que Bernardino Leon, l’envoyé de l’UE, a décidé de rester au Caire.

BARRICADES

L’Egypte est en crise depuis le renversement par l’armée de Mohamed Morsi, le 3 juillet. L’intervention des généraux était consécutive à de vastes manifestations contre son régime, accusé d’accaparer le pouvoir et d’être incapable de sortir le pays de la crise économique.

Un mois après, le bilan des violences qui ont suivi la destitution frôle les 300 morts, dont 80 tués par les forces de sécurité au cours de la seule journée du 27 juillet.

Le président déchu reste détenu dans un lieu tenu secret et ses partisans continuent à camper par milliers sur deux sites du Caire, à Rabaa al Adaouia et al Nahda.

Dans l’après-midi de mercredi, malgré l’annonce du Premier ministre, des sympathisants islamistes ont rallié en nombre le rassemblement de Rabaa al Adaouia, où des barricades de briques et de sacs de sable ont été érigées et où les manifestants s’arment de pierres et de bâtons.

L’Alliance nationale de soutien à la légitimité, à laquelle les Frères musulmans appartiennent, a appelé les partisans de Morsi à descendre jeudi dans les rues pour participer à un « Aïd de la victoire ».

La gauche, hostile à Mohamed Morsi, entend elle aussi profiter de la fin du ramadan. L’une de ses formations, le Courant populaire, a donné rendez-vous sur la place Tahrir, au Caire, et dans d’autres villes du pays « pour célébrer l’Aïd, annoncer l’avènement de la révolution et soutenir l’indépendance nationale ».

La conjonction de ces rassemblements fait craindre de nouvelles violences. Signe de l’inquiétude qui prévaut, l’université Al Azhar, plus haute autorité religieuse sunnite du pays, a proposé la tenue d’une « grande réunion » après les fêtes de l’Aïd, qui durent de jeudi à dimanche, rapporte l’agence officielle de presse Mena.

Avec Adrian Croft à Bruxelles ; Danielle Rouquié, Pascal Liétout, Henri-Pierre André et Julien Dury pour le service français