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Source : Le Monde.fr

Israël-Palestine : reprise des discussions sur des bases modestes

Mercredi, 31 juillet 2013 - 6h52 AM

mercredi 31 juillet 2013

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Début des négociations de paix, lundi 29 juillet à Washington.
Les représentants palestiniens et israéliens ont repris, lundi 29 juillet dans la soirée, les discussions à Washington pour entamer les négociations dont le principe a été arraché de haute lutte par le secrétaire d’Etat américain, John Kerry.

La ministre de la justice israélienne, Tzipi Livni, a pris place à côté du négociateur en chef palestinien, Saëb Erakat, autour d’une table de neuf personnes pour le dîner de rupture du jeûne du ramadan, l’iftar, offert par John Kerry. En accueillant ses hôtes, tous souriants, le patron de la diplomatie américaine a salué un moment « très, très particulier ».

« L’atmosphère a été positive, a ensuite assuré Mme Livni. Tous les sujets sont sur la table, mais nous avons décidé que ce qui est dit dans la salle des discussions ne sorte pas à l’extérieur ». Elle a également souligné que les négociations n’ont pas repris « pour répondre à une exigence des Etats-Unis mais parce qu’il s’agit de l’intérêt des deux parties ». M. Kerry, qui est l’artisan de cette reprise de contacts directs entre Israéliens et Palestiniens, les avait exhortés lundi à trouver un « compromis raisonnable ».

« ÉTABLIR UNE ATMOSPHÈRE AMICALE »

Après plus de six décennies de conflit et de multiples échecs de relance du processus de paix, le département d’Etat avait indiqué que ces négociations pourraient durer « au moins neuf mois ». Le président Barack Obama avait salué un moment « prometteur » tout en avertissant les deux camps qu’ils devront faire des « choix difficiles ». Les dernières négociations de paix directes israélo-palestiniennes avaient capoté en septembre 2010, au bout de trois semaines, en raison de la poursuite de la colonisation israélienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.

Si l’objectif, à terme, est de parvenir à un « statut final » des relations entre les deux entités, les discussions ne seront cependant, dans un premier temps, qu’informelles. Selon le quotidien israélien Haaretz, le premier contact « aura pour but premier d’établir une atmosphère amicale ». Ce qui ne sera pas une mince affaire pour les deux parties qui ont cessé toute négociation officielle voilà presque trois ans.

Selon le secrétariat d’Etat américain, il ne s’agit là que du « commencement de ces discussions » qui permettront de dresser un « plan de travail » afin que « les deux parties parviennent à des négociations dans les prochains mois ». En clair, selon un officiel américain cité par le New York Times, ils devront s’entendre sur le « lieu, le calendrier et le format » des négocations.

SUJETS QUI FÂCHENT

La route est longue, donc, et les causes potentielles d’échec de ces énièmes pourparlers de paix sont légion. Et ce d’autant plus que pour parvenir à ce « statut final », Palestiniens et Israéliens devront s’entendre sur les sujets qui fâchent depuis plus d’un demi-siècle : les frontières israéliennes et celles d’un futur Etat palestinien, la colonisation, le statut de Jérusalem, le sort des réfugiés et des prisonniers.

Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le 19 juillet.
Sur ce dernier point, dont les Palestiniens avaient fait un préalable, le cabinet du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a accepté formellement, dimanche 28 juillet, le principe de la libération de 104 prisonniers palestiniens.

Mais pour le gouvernement israélien, il est exclu de revenir à la « ligne verte » des frontières de 1967, tout comme il est politiquement difficile de mettre un terme à la colonisation. Soit deux points qui étaient des conditions sine qua none pour l’Autorité palestinienne. « Chacune des parties est persuadée que le maximum qu’elle peut accorder ne correspond pas au minimum que l’autre peut accepter », résume, sur son blog, Charles Enderlin, correspondant de France 2 à Jérusalem.

LES FRONTIÈRES DE 1967, « BASE » MOUVANTE

Dans ces conditions, comment John Kerry a-t-il réussi à faire accepter aux deux parties de participer à ces discussions – fussent-elles limitées, pour l’heure, à définir les conditions de négociation ? Comme l’indiquait Le Monde, samedi, les Américains auraient offert la garantie que les discussions se feraient sur la base des frontières de 1967. Tout comme ils auraient fait accepter à Israël un « gel silencieux » de la colonisation, à l’exception de certaines zones existantes. Selon l’agence AP, les Palestiniens auraient pour leur part admis que certaines des colonies construites depuis 1967 au-delà de la ligne verte puissent être acquises à Israël en cas d’accord.

Les pistes de discussion sont donc fragiles et personne ne semble exagérément optimiste quant à une issue favorable. Et si les négociateurs parvenaient, dans les mois qui viennent, à un accord, ce dernier serait soumis à un référendum en Israël. Ainsi en a décidé, dimanche soir, le cabinet de M. Nétanyahou, qui a jugé « important que, pour de telles décisions historiques, chaque citoyen vote directement ».

Martin Indyk nommé émissaire spécial

Pour mener à bien ces négociations, John Kerry a annoncé lundi la nomination de l’ancien ambassadeur en Israël Martin Indyk comme émissaire spécial.

M. Indyk est actuellement vice-président et directeur du programme de politique étrangère au Brookings Institute, un think tank influent installé à Washington.

Envoyé comme ambassadeur en Israël entre 1995 et 1997, il a travaillé au processus de paix d’Oslo avec Yitzhak Rabin, alors premier ministre d’Israël, assassiné en 1995. Il a mené à nouveau ce travail en 2000, mais les négociations ont échoué.

En 2003, il a appelé à l’établissement dun protectorat international palestinien sous l’égide des Etats-Unis, préconisant la libération de prisonniers palestiniens par Israël et le démantèlement des groupes terroristes palestiniens.