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Terrorisme, pillage et torture d’Etat (ndlr)

« Démolir les maisons palestiniennes »

Dimanche, 28 juillet 2013 - 10h30 AM

dimanche 28 juillet 2013

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Fadwa Nassar

Une des pratiques les plus courantes de l’entité coloniale sioniste consiste à démolir les maisons des Palestiniens, que ce soit dans les territoires occupés en 1948 ou occupés en 1967. D’après les statistiques palestiniennes, de différentes sources, plusieurs centaines de milliers de maisons palestiniennes ont été démolies depuis l’installation de la colonie, sans compter les villages entièrement détruits lors de la Nakba.

Démolition d’une maison palestinienne à Al-Quds occupée, 2012.

Dans les territoires occupés en 1948, plusieurs milliers de maisons sont encore sous la menace de la démolition, notamment dans les villages non-reconnus du Naqab et d’al-Jalil, mais aussi dans les villes dites "mixtes", c’est-à-dire dans les villes palestiniennes envahies par les colons, comme al-Lid, al-Ramlé, Yafa, et Akka. Parmi ces milliers de maisons, certaines existent avant même la formation de la colonie sioniste.

Dans la ville d’al-Quds, 20.000 maisons palestiniennes sont à présent menacées de démolition par les colonisateurs.

Les officiels et non officiels sionistes, les médias de l’entité coloniale et leurs écrivains et journalistes, les propagandistes de leur ministère des Affaires étrangères, mais aussi leurs amis dans le monde, qu’ils soient à la tête des Etats ou dans les partis politiques, tous protestent contre l’assimilation de l’Etat colonial sioniste à la pratique de l’apartheid sud-africain. Certains libéraux même, journalistes ou personnalités politiques, mettent en garde leurs dirigeants de poursuivre leur politique actuelle vis-à-vis des Palestiniens, politique qui conduirait selon eux à une certaine forme d’apartheid. Mais ils visent, dans ces mises en garde, la politique coloniale vis-à-vis des territoires occupés en 1967, à l’exclusion de la ville d’al-Quds et des territoires envahis en 1948.

Dans un court passage du film "The Skin" (co-production britannique et africaine du sud, 2008) qui décrit le système de l’apartheid en Afrique du Sud, une terrible scène de destruction d’un village et des maisons construites par les Africains sur des terrains dont veulent s’emparer les colons blancs, nous plonge brutalement en Palestine occupée.

La similitude des deux situations est flagrante, saisissante, radicale, avec une légère différence toutefois (selon le film) : les policiers de l’ancien régime raciste en Afrique du Sud préviennent les habitants et leur laissent un semblant de temps pour prendre leurs maigres effets personnels avant la démolition et le passage des bulldozers..

Alors qu’en Palestine occupée, non seulement les policiers et l’armée sioniste ne permettent souvent pas aux Palestiniens de rassembler leurs affaires avant la destruction de leurs maisons, mais il arrive que des colons viennent en camion pour se servir, comme cela a eu lieu plusieurs années auparavant, lors de la destruction des maisons dans un village non-reconnu du Naqab.

Autre différence : les propriétaires des maisons démolies, en Palestine occupée, sont contraints de payer les frais de la démolition, y compris l’essence de l’hélicoptère qui survole la zone, le déploiement des services de la répression sioniste au moment de la démolition (comment est-ce calculé ?) et le bulldozer qui démolit, mais aussi le travail de nettoyage des gravas, après la démolition ; tout est à la charge du propriétaire qui vient de perdre sa maison.

Pourquoi détruire les maisons des Palestiniens ? L’administration coloniale prétend que ces maisons sont construites illégalement, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas reçu l’aval de cette même administration, même si elles furent construites avant même la présence de l’entité coloniale en 48, et dans les territoires occupés en 67, avant même l’extension de cette administration sur ces territoires.

En réalité, pour l’administration coloniale en Palestine occupée, que ces maisons datent d’avant l’occupation ou après, elles restent sous la menace de la destruction, dans l’attente d’une planification "étatique" de ce qui pourrait être construit sur les terrains où ces maisons existent, au profit des colons juifs, exclusivement. En attendant leur démolition, elles n’existent pas, aux yeux de l’administration, comme n’existent pas la plupart des villages du Naqab. Ce ne sont que des villages ou des maisons "en puissance" en attente de destruction et de démolition.

Des centaines d’ordres de démolition sont délivrés tous les ans aux propriétaires de ces maisons, qui doivent vivre, dès la réception de ces ordres, dans l’incertitude et l’inquiétude, mais aux yeux de l’administration coloniale, ce ne sont que des Palestiniens « en attente d’expulsion ». Selon l’idéologie sioniste, comme la Palestine fut en attente de colonisation avant l’arrivée des colons, les villages et les maisons palestiniennes sont également en situation d’attente, tant que l’administration coloniale n’a pas planifié que faire des terres sur lesquelles ils se trouvent.

La destruction des villages en Palestine occupée depuis 1948 et la démolition des maisons palestiniennes sont une pratique inhérente à l’occupation sioniste. Même le système de l’apartheid en Afrique du Sud n’avait pas atteint ce degré de barbarie, non par humanisme, mais parce qu’il avait besoin de la main d’œuvre africaine. Mais dans l’entité sioniste, l’administration coloniale vise autre chose : la disparition du peuple palestinien, le nettoyage ethnico-religieux. Pire que l’apartheid.

L’Union européenne et la “communauté internationale”, l’ONU et ses différents départements, sont complices de ces crimes, puisqu’il est difficile de prétendre qu’ils n’en savent rien. Dénoncer verbalement ce qui leur semble être des « excès » n’est que de la « poudre aux yeux », juste pour empêcher les révoltes et amadouer les faibles.

27 juillet 2013 - publié en français sur ISM et Info Palestine