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Egypte dans la rue sous surveillance rapprochée de l’armée (ndlr)

Égypte : manifestations monstres contre le président Morsi

Lundi, 1er juillet 2013 - 6h43 AM

lundi 1er juillet 2013

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Deux personnes ont été tuées dimanche dans des heurts entre partisans et adversaires du président islamiste égyptien Mohamed Morsi, en marge de manifestations monstres à travers tout le pays à l’appel de l’opposition pour réclamer son départ.

L’armée estime à « plusieurs millions » le nombre de manifestants anti-Morsi descendues dans la rue, un an jour pour jour après son investiture, a déclaré à l’AFP une source militaire.

"Il s’agit « de la plus grande manifestation dans l’histoire de l’Egypte », a ajouté cette source sous couvert de l’anonymat.

Une personne a été tuée à Beni Suef et une autre dans la province d’Assiout, au sud du Caire, lors d’affrontements qui ont aussi fait des dizaines de blessés aux abords de locaux des Frères musulmans, selon les services de sécurité.

Au Caire, le QG de la confrérie islamiste, dont est issu M. Morsi, a été attaqué dans la soirée avec des cocktails molotov et des tirs de chevrotine.

Sur la place Tahrir, site emblématique de la révolte contre M. Moubarak début 2011 puis de nombreux autres rassemblements politiques, la foule a afflué en brandissant des cartons rouges à l’adresse du président.

« Je suis ici parce que Morsi, pour qui j’ai voté, m’a trahi et n’a pas tenu ses promesses. L’Egypte va être libérée une nouvelle fois à partir de Tahrir », affirmait Mohammed Samir, venu de Mansourah, dans le delta du Nil, pour manifester dans la capitale.

Les manifestants se sont également massés aux abords du palais présidentiel, dansle quartier d’Héliopolis, et sur d’autres places de la capitale, en scandant « dégage » et « le peuple veut la chute du régime ».

Des manifestations anti-Morsi ont aussi lieu à Alexandrie (nord), deuxième ville du pays, à Menouf et Mahallah, dans le delta du Nil, ainsi qu’à Port-Saïd et Suez, sur le canal du même nom, ou encore dans la ville natale de M. Morsi, Zagazig, au nord-est du Caire.
La présidence a réagi en affirmant que « le dialogue est la seule façon pour parvenir à une entente » et qu’elle était « ouverte pour lancer un véritable et sérieux dialogue national ».

Mais la principale coalition de l’opposition égyptienne a appelé les manifestants à rester dans la rue jusqu’à la démission du régime « dictatorial » du président Morsi, accusé de gouverner au seul profit des islamistes et de laisser l’économie s’effondrer.

Redoutant de graves troubles, l’armée et la police se sont déployées à travers le pays pour renforcer la protection des installations vitales, notamment le canal de Suez.
Les militaires se sont dit récemment prêts à intervenir si le climat dégénérait, après que des heurts eurent déjà fait huit morts, dont un Américain, dans les jours qui ont précédé les rassemblements de dimanche Non loin du palais présidentiel, des militants islamistes campent depuis vendredi dansle quartier de Nasr City pour défendre la « légitimité » du premier chef de l’Etat égyptien librement élu. Ils étaient 25.000 dimanche soir, selon l’armée.

Cette journée constitue le point d’orgue de la campagne Tamarrod (rébellion en arabe), le mouvement à l’origine des appels à manifester massivement pour réclamer le départ de M. Morsi le jour même de l’anniversaire de son investiture.

Tamarrod, soutenu par de nombreuses personnalités et mouvement de l’opposition laïque, libérale ou de gauche, assure avoir collecté plus de 22 millions de signatures pour une présidentielle anticipée, soit plus que le nombre d’électeurs de M. Morsi en juin 2012 (13,23 millions).

Après un an d’une présidence mouvementée, déjà marquée par plusieurs crises, M. Morsi vit son « Jour du jugement », titraient dimanche certains journaux.

L’instabilité persistante en Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe avec plus de 80 millions d’habitants, pèse lourdement sur une économie marquée par une inflation et un chômage en hausse, et une chute de sa monnaie.

Les adversaires de M. Morsi dénoncent une dérive autoritaire du pouvoir destinée à instaurer un régime dominé par les islamistes, ainsi que son incapacité à relancer l’économie.

Ses partisans en revanche soulignent qu’il puise sa légitimité dans la première élection présidentielle libre de l’histoire de l’Egypte. Ils accusent l’opposition laïque de faire le jeu des nostalgiques de l’ancien régime.

Samedi, le président américain Barack Obama demandait à M. Morsi et à l’opposition d’engager un dialogue « plus constructif ».

Craignant des dérapages, le département d’Etat a annoncé le départ d’une partie de son personnel diplomatique et plusieurs pays, dont la France et la Grande-Bretagne, ont diffusé des consignes de prudence à leurs ressortissants.

La crainte d’une aggravation de la crise provoque en outre depuis plusieurs jours une ruée des automobilistes sur les stations service, et pousse de nombreux Egyptiens à stocker des vivres.
Dimanche, premier jour de travail de la semaine, de nombreuses entreprises et bureaux étaient fermés par mesure de sécurité.

Source ASSAWRA avec les Agences de presse