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Le chaos dans le camp « Rebelles et consorts », à chaque heure sa surprise, irresponsabilité collective (ndlr)

Syrie : la levée de l’embargo de l’Union européenne conforte Moscou

Jeudi, 30 mai 2013 - 7h38 AM

jeudi 30 mai 2013

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La levée par l’Union européenne de l’embargo sur les livraisons d’armes aux rebelles syriens donne des arguments à la Russie, qui s’affiche en défenseur scrupuleux du droit international, voire lui délie les mains pour ses propres livraisons d’armes au régime de Damas. La décision des 27, annoncée lundi soir alors que Moscou et Washington, malgré les divergences, s’efforçaient d’asseoir gouvernement syrien et opposition à la table des négociations pour une conférence de paix, « est un signal psychologique et politique fort pour la Russie », souligne Alexandre Choumiline, un spécialiste du Proche-Orient à l’institut USA-Canada de Moscou.

Alliée du régime syrien depuis l’époque soviétique, la Russie s’est employée depuis le début de la crise il y a deux ans à opposer le droit international, l’intégrité territoriale des États et le principe de non-ingérence aux velléités occidentales de sanctionner Damas à l’ONU, voire d’intervenir par la force dans le conflit. Membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, elle a bloqué avec la Chine toute résolution contraignante, martelant que lorsqu’elle avait laissé faire, au moment de la crise libyenne, les pays de l’Otan avaient outrepassé le mandat qui leur avait été accordé pour une zone d’exclusion aérienne, et avaient de facto opéré un changement de régime par la force.

« Illégitime par principe »

La diplomatie russe a donc tiré à boulets rouges sur la décision de l’UE. « La levée de l’embargo rend la situation encore plus difficile, et met de sérieux obstacles à la tenue d’une conférence internationale sur la Syrie », a déclaré mercredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. La veille, il avait souligné que cette décision de l’UE, soutenue par les États-Unis, était « illégitime par principe », le droit international n’autorisant pas de livraisons d’armes autres qu’à un État.

La Russie de son côté maintient qu’en l’absence d’un embargo onusien, elle est en droit de livrer des armes au régime syrien, y compris des systèmes sol-air sophistiqués S-300, l’équivalent russe des Patriot américains. Ces S-300, qui sont à même d’empêcher des frappes en territoire syrien, voire l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne, donnent des sueurs froides aux dirigeants israéliens qui y voient aussi un danger potentiel pour leurs avions civils. « La levée de l’embargo donne à la Russie un atout pour continuer ce jeu », estime Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue La Russie dans la politique mondiale.

« Toute décision est à double tranchant »

Cet expert observe du reste que les Européens sont convenus de ne pas livrer d’armes pour l’instant, et que les livraisons de S-300 à Damas semblent rester pour l’instant à l’état de menace. « Puisqu’il est permis officiellement de livrer des armes aux rebelles, la Russie va marteler avec une force renouvelée qu’elle ne permettra pas de déséquilibre », a ajouté Fedor Loukianov. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a été plus loin mercredi, au cours d’une visite en Finlande. « Toute décision est à double tranchant. Si une des parties lève les restrictions, alors l’autre partie peut considérer qu’elle n’est plus tenue d’observer les obligations prises auparavant », a déclaré le ministre.

Un expert militaire russe, Léonid Sajine, a estimé que cela signifiait que Moscou pouvait envisager de livrer à Damas d’autres types d’armements. « Il peut s’agir de davantage que des systèmes S-300 », a déclaré cet expert à l’agence de presse Interfax-AVN. Pour Alexeï Malachenko, de l’antenne russe du Centre Carnegie, la Russie va utiliser l’argument de la levée de l’embargo européen pour s’efforcer de justifier ses propres livraisons d’armes au régime de Damas, y compris pour les systèmes S-300.

Mais la livraison effective de ces armements va dépendre de l’évolution diplomatique et du succès de l’initiative commune en vue d’une conférence dite Genève-2, dont la Russie a sa propre vision. « Si la Russie sent que la conférence peut avoir lieu, alors elle ne le fera pas (livrer des S-300, ndlr), mais si elle sent qu’il n’y aura pas de conférence, alors pourquoi pas », juge cet expert. La Russie exclut toute condition préalable, notamment sur l’avenir du régime syrien et du président Bachar el-Assad, à cette conférence, et pèse pour la participation d’un autre de ses alliés régionaux, l’Iran.

Source : ASSAWRA avec les agences de presse