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Terrorisme israélien (ndlr)

Mahmoud Sarsak, une jeunesse brisée

Vendredi, 24 mai 2013 - 8h37 AM

vendredi 24 mai 2013

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par Olivier Pironet, Le Monde Diplomatique

En visite en France (22 mars-14 avril 2013), à l’invitation de plusieurs municipalités, des associations et des clubs de football, Mahmoud Sarsak peine à contenir sa colère lorsqu’on l’interroge sur ce qu’il pense de la tenue sur le sol israélien du championnat d’Europe de football des moins de 21 ans, du 5 au 18 juin 2013 (lire « Euro Espoirs de football en Israël, les droits des Palestiniens piétinés »).

La carrière sportive de ce footballeur, sorti très affaibli de son incarcération en Israël, est actuellement au point mort. Il ne sait pas s’il retrouvera un jour son niveau d’antan et demeure sans travail depuis sa libération (il était en 2e année d’études informatiques avant son arrestation). Aujourd’hui, il s’est donné pour mission de « défendre la cause palestinienne dans le monde entier », et de faire entendre « les cris de désespoir » de ses compatriotes qui « croupissent par milliers dans ces tombes pour vivants » que sont les prisons israéliennes, où l’on trouve de nombreux enfants, « dont certains n’ont même pas 13 ans », et même des « femmes enceintes qui accouchent dans des conditions effroyables ».

Ce jeune Gazaoui âgé de 26 ans a été arrêté en juillet 2009 par l’armée israélienne au terminal frontalier d’Erez (point de passage entre Israël et la bande de Gaza), au motif qu’il représentait « un danger pour Israël », alors qu’il se rendait en Cisjordanie pour s’entraîner avec l’équipe nationale de Palestine et y intégrer le club de Balata (Naplouse).

Accusé sans preuve d’appartenir au Jihad islamique — ce qu’il a toujours formellement démenti —, il a été détenu en Israël pendant trois ans en tant que « combattant illégal » (selon la terminologie israélienne), sans procès, ni avocat, ni droit de visite, subissant au début de sa détention « quarante-cinq jours de séances d’interrogatoire », accompagnées de « tortures si violentes » qu’il a « dû être hospitalisé cinq fois ». En juillet 2012, à l’issue d’une grève de la faim de trois mois au cours de laquelle il est passé de 76 à 45 kg — frôlant la mort —, et sous la pression d’une campagne internationale de soutien relayée par des personnalités du monde de la culture et du sport, il a finalement été libéré et renvoyé à Gaza.

La Fédération française de football (FFF) et le ministère des sports, sollicités par M. Sarsak alors qu’il était à Paris pour évoquer, entre autres, la situation de deux coéquipiers de l’équipe nationale, Omar Abou Rouis et Mohammed Nemer, emprisonnés sans raison depuis plus d’un an dans les geôles israéliennes, n’ont pas daigné le rencontrer, « même à titre privé ».

Il a toutefois pu être reçu par des parlementaires européens, à Strasbourg, le 11 avril dernier, bien que la mission israélienne au Parlement ait cherché à les en dissuader en distribuant des tracts alléguant que M. Sarsak était un terroriste — une nouvelle preuve, s’il en était besoin, qu’Israël tente de « manipuler l’opinion publique ».