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Petit Robert:Complicité = participation à la faute, au délit ou au crime commis par un autre (ndlr)

Complicité des entreprises dans la détention administrative israélienne : G4S

Samedi, 13 avril 2013 - 18h17

samedi 13 avril 2013

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G4S

Né de la fusion des groupes 4 Falck et Securicor en 2004, G4S est la plus grande compagnie de sécurité au monde, avec des exploitations dans 125 Pays[1]. Elle opère en Palestine et dans les territoires de 1948 par sa filiale, G4S Israel[2]. En 2007, G4S a signé un contrat avec l’autorité carcérale israélienne pour fournir des systèmes et services de sécurité à toutes les prisons israéliennes et centres de détentions principaux. G4S assure actuellement l’entretien d’un nombre de centres de détention et prisons où les palestiniens en détention administrative sont retenus sans accusation, ni procès, sur la base d’ordres de détention de six mois, renouvelables indéfiniment.

Prisons & Centres de détention : G4S fournit des systèmes de sécurité aux prisons de Ketziot, Damon et Megiddo, ainsi qu’à l’enceinte Russe (Al-Moskobiyeh) et Kishon (Al-Jalameh) et aux centres d’interrogatoires et de détentions[3]. G4S est responsable des systèmes de contrôle et de surveillance de ces bâtiments, en plus des systèmes de visites et de CCTV[4]. G4S fournit également les systèmes de sécurité dans la salle de commandes centrale dans l’enceinte Hasharon – Prison de Rimonim, qui inclue une aile pour les prisonniers politiques palestiniens[5].

Complicité de torture : Les centres Al-Moskobiyeh et Al-Jalameh, dont l’entretien est assuré par G4S, sont réputés pour leur utilisation de la torture, y compris sur les enfants[6]. En 2013 par exemple, le détenu Arafat Jaradat est mort sous la torture qu’il a endurée sous la garde des interrogateurs israéliens à Al-Jalameh[7]. Le détenu administratif Loai Ashqar a eu trois de ses vertèbres cassées à cause de la torture qu’il a endurée à Al-Jalameh en 2005, paralysant définitivement sa jambe gauche[8]. En vertu du droit militaire israélien, les détenus peuvent être retenus en interrogatoire jusqu’à 60 jours sans accès à un avocat, empêchant effectivement des contrôles appropriés sur les méthodes d’interrogatoires.

Tribunaux militaires : G4S a installé et exploite une salle de commandement centrale ainsi que le système de défense périphérique dans la prison d’Ofer en Cisjordanie[9], qui abrite également les tribunaux militaires israéliens qui prennent les ordres de détention administrative.

Détenus administratifs : Tou(te)s les prisons et centres de détention exploité(e)s par G4S abritent des détenus administratifs. Dès le 1er mars 2013, il y avait 70 détenus administratifs à Ketziot, 56 à Ofer et 27 à Megiddo.

Détention dans les territoires de 1948 : Ketziot, Megiddo, Al-Jalameh, Al-Moskobiyeh, et Hasharon-Rimonim sont tous situés dans les territoires de 1948. La politique israélienne de détenir des prisonniers politiques de Cisjordanie et Gaza dans ces prisons est illégale en vertu du droit international, spécifiquement en vertu de l’article 76 de la Quatrième Convention de Genève, qui interdit le transfert des prisonniers des territoires occupés. Ce transfert, couplé d’un système restrictif de permis utilisé par Israël, signifie que beaucoup de détenus ne reçoivent que quelques visites familiales, voire aucune[10].

Appel à l’action : En avril 2012, lorsque des milliers de palestiniens ont lancé une grève de la faim en protestation de la détention administrative, cellules d’isolement et limitations des visites familiales, 12 organisations de la société civile palestinienne en ont appelé au mouvement de solidarité international pour tenir G4S responsable de sa participation active aux violations du droit international et des droits humains qui ont lieu dans les prisons et centres de détention israéliens[11]. L’appel à l’action fait partie de la campagne palestinienne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre Israël.

Efficacité de la pression internationale : L’action internationale contre G4S a mené àa la perde de contrats en Europe pour la compagnie, incluant la perte de contrats avec l’Université d’Oslo, le Syndicat Etudiant de l’Université Dundee, et la société d’énergie du RU Good Energy[12]. Plusieurs organismes de bienfaisance néerlandais ont annoncé qu’ils n’accepteraient plus les dons de G4S. G4S s’est également montré sensible à la pression publique, s’engageant à se retirer des contrats servant les colonies et les checkpoints en Cisjordanie occupée. Toutefois, aucune date exacte pour la fin des contrats n’a été donnée, et G4S ignore totalement la critique de son rôle dans les prisons à l’intérieur des territoires de 1948 et de Cisjordanie[13].

Profils des enfants en détention administrative :

Emad Al-Ashhab : A l’âge de 17 ans, Emad a été arrêté et détenu durant presque une année sur la base de quatre ordres de détention administrative successifs. Le jour de son arrestation, les soldats israéliens ont recouvert son visage d’un sac en laine, enchaîné ses mains et pieds, et l’ont battu sur tout le corps avec une matraque. Ils ont également brûlé sa main avec des cigarettes[14]. Dans un sondage exercé sur 50 cas d’enfants prisonniers mené par Defense for Children International en 2000-2001, 100 pourcent des enfants interrogés ont été sujets à la torture, et 95 pourcents ont été battus des soldats durant leur arrestation[15]. Emad a été détenu dans la prison d’Ofer, entretenue par G4S.

Salwa Salah : Salwa était âgée de 16 ans lorsqu’elle a été violemment enlevée de sa maison à Bethlehem par des soldats israéliens et des membres de l’Agence de Sécurité israélienne (ASI). Elle a été détenue en détention administrative durant 7 mois dans la prison Damon, exploitée par G4S. Après avoir rendu visite à Salwa en prison, sa mère se rappelle : « elle pleurait et me suppliait de l’aider à sortir et à rentrer à la maison. Elle ne cessait de dire qu’aucune accusation n’était portée à son encontre et qu’elle était en prison sans raison. Elle voulait retourner à l’école et était vraiment bouleversée de manquer ses cours. […] Je me suis sentie étouffée parce que je savais que je devais laisser ma fille dans ce lieu misérable. J’étais tellement bouleversée que j’ai commencé à pleurer. Après 30 minutes, les gardiens de la prison ont commencé à nous crier dessus pour que je quitte immédiatement le bâtiment. Comme si nous étions des animaux »[16].

[1] http://www.corporatewatch.org/?lid=337

[2] http://www.corporatewatch.org/?lid=4360

[3] Ibid.

[4] Ibid.

[5] http://whoprofits.org/company/g4s-israel-hashmira

[6] http://www.whoprofits.org/articlefiles/WhoProfits-PrivateSecurity-G4S.pdf, p. 14-15.

[7] http://www.maannews.net/eng/ViewDetails.aspx?ID=568699

[8] http://www.addameer.org/etemplate.php?id=164

[9] http://www.corporatewatch.org/?lid=4360

[10] http://www.addameer.org/files/Reports/administrative-detention-analysis-report-final.pdf, p. 36.

[11] http://www.corporatewatch.org/?lid=4360

[12] http://www.bdsmovement.net/activecamps/g4s

[13] http://electronicintifada.net/blogs/adri-nieuwhof/security-firm-g4s-provides-services-israeli-prisons-police-and-army

[14] http://www.addameer.org/etemplate.php?id=154

[15] Defense for Children International – Palestine Section, Torture of Palestinian Child Prisoners : A Clear Violation of Human Rights, 2002.

[16] http://www.addameer.org/etemplate.php?id=136