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Par Abdel Bari Atwan*

Inquiétudes israéliennes

Vendredi, 8 mars 2013 - 0h26

vendredi 8 mars 2013

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Israël pouvait se sentir plus en sécurité contre les menaces extérieures, ces derniers temps, après avoir vu l’armée irakienne de Saddam Hussein totalement démolie à la suite de l’invasion américaine et l’occupation de ce pays (invasion pour laquelle Israël avait toujours fait pression), et parce que l’armée syrienne était affaiblie et engagée dans une violente guerre civile.

Cependant, Israël a maintenant deux nouvelles raisons de s’inquiéter :

1) L’armée égyptienne, qui possède des armes américaines de pointe, y compris des avions F16, des chars modernes, est dans un état d’esprit qui considère qu’Israël est la plus grande menace pour le pays.

2) Le chaos grandissant qui règne en Syrie permet l’arrivée de groupes djihadistes sur ses frontières avec la Syrie, le Liban et la Jordanie.

Le processus de démocratisation qui a renversé le régime du président Hosni Moubarak en Égypte a perturbé l’armée israélienne et ses calculs sécuritaires. Tout avait été calme depuis 40 ans sur le front égyptien, grâce d’une part aux Accords de Camp David et, d’autre part, à l’insistance de l’ancien régime égyptien de les respecter.

Le premier résultat de l’anxiété d’Israël par rapport aux fronts égyptien et syrien a été la construction d’une nouvelle barrière le long de sa frontière avec le Sinaï, qui est maintenant presque terminée. Une autre barrière à la frontière du plateau du Golan est au stade de la planification.

La construction de clôtures est une précaution coûteuse qui peut empêcher des violations des dites frontières israéliennes, mais cela ne permet pas de limiter les attaques de roquettes, telles que celles venant de la bande de Gaza et du sud du Liban.

Les fusées de la résistance palestinienne lancées depuis la bande de Gaza, ont atteint Tel Aviv et les villages environnants de Jérusalem sous occupation.

Certes, le Dôme de Fer israélien a été en mesure d’intercepter une partie des roquettes avant qu’elles n’atteignent leurs cibles, mais il est également vrai que certaines d’entre elles sont passés à travers et ont atterri là où elles n’auraient pas dû.

La démolition des armées irakienne et syrienne était censée contribuer à réduire le budget de la défense d’Israël, au milieu d’une crise économique écrasante, mais c’est exactement le contraire qui se produit maintenant. Le budget reste le même et il y a des demandes pour l’augmenter et ajouter des armes plus avancées à l’arsenal israélien.

L’armée israélienne et les experts en sécurité observent de près l’évolution en Égypte. Il y a des craintes que l’instabilité interne ne pousse les dirigeants égyptiens à exporter la crise à l’extérieur par la révocation des Accords de Camp David, ce qui pourrait conduire à des tensions et, potentiellement, au déclenchement d’une guerre.

Avec des changements de régime ici, des pouvoirs affaiblis là et le chaos encore ailleurs, Israël, qui a bénéficié de sécurité et de stabilité pendant plus de 40 ans, comprend maintenant que cet âge d’or est peut-être arrivé à sa fin.

Ceci est accompagné de pressions croissantes de l’Ouest pour qu’il abandonne ses politiques arrogantes, d’une impopularité croissante en Occident où la plupart des gens voient Israël comme un fardeau militaire et politique.

Post-scriptum : ce mardi, la Chambre des représentants aux États-Unis votera sur un projet de loi soutenu par 13 000 lobbyistes de l’AIPAC, qui verrait accorder à Israël le statut nouvellement créé « d’allié stratégique majeur ».

* Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du quotidien al-Quds al-Arabi, grand quotidien en langue arabe édité à Londres. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.

Source : Info-Palestine